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résister dans les camps nazis

mis à jour le 04/01/2012


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Intervention le 20 octobre 2011 aux archives départementales de Maine et Loire de Mme Christine Levisse-Touzé Directrice du Musée du Général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris et du Musée Jean Moulin de la Ville de Paris
Membre du jury de l'académie de Paris et du jury national du CNRD (directeur de recherche associé à Montpellier III).

mots clés : CNRD, témoin, histoire, mémoire, résistance


« Résister dans les camps nazis ».

« On présentera les différentes formes qu'a pu prendre cette résistance et les valeurs qu'en transmettent les déportés par leurs témoignages »
 
Ce thème  montre un cas extrême de résistance, celui de femmes et d'hommes auxquels les nazis ont voulu enlever non seulement la vie mais aussi la dignité en les ravalant au rang d' « animaux humains » (Himmler) et qui ont prouvé par leur action leur indéniable humanité. En choisissant ce thème les membres du jury national  ont voulu susciter l'étude et la réflexion par les collégiens et les lycéens sur  des aspects moins connus. On privilégiera la voix des rescapés-déportés qui ont leur propre  perception de la résistance,  chaque déporté ayant une expérience unique.

En effet,  il s'est trouvé dans les pires circonstances, des êtres humains pour contrecarrer les desseins les plus odieux, pour préserver l'humanité, là où le système concentrationnaire mis au point par les nazis,  a voulu broyer les âmes.
Dans l'historiographie française ou allemande, il n'y a pas  d'ouvrage synthétique sur la résistance dans les camps. Cependant, deux études de déportés s'en approchent, Hermann Langbein, La Résistance dans les camps de concentration nationaux-socialistes (édit all en 1980) et Germaine Tillion sur Ravensbrück. 

Il faut aborder cette thématique par une approche de ce que fut  le monde concentrationnaire qui par sa barbarie, est un monde à part. Résister à un système de terreur clos suppose d'autres ressources, d'autres moyens et génère d'autres types de conflit internes. La résistance organisée à l'exemple du comité international à Buchenwald, à Mauthausen ... ne représente qu'une part de cette résistance.
« Le risque encouru dans ces enfers oblige à reconsidérer l'étalon de mesure et à intégrer la «  résistance civile » (entraide, solidarité) dans la Résistance. Tout acte qui tend à conserver au détenu son apparence d'humanité relève de la Résistance. En font partie :

  • .la lutte quotidienne pour maintenir sur soi et dans la baraque un minimum d'ordre et de propreté ;
  • l'organisation solidaire des moyens de survie, nourriture et vêtements pris dans les stocks pillés par les nazis et triés par les détenus ;
  • le refus du travail, le sabotage en usine  (dans la plupart des camps ou des kommandos annexes des camps, ont été installées des usines de production d'armement où les déportés travaillent à soutenir l'effort de guerre nazi contre les leurs) ;
  • le sauvetage des détenus directement menacés soit en les cachant comme « les lapins »  Polonaises soumises aux expériences médicales de Ravensbrück soit en substituant leur numéro à celui de déportés décédés ;
  • le sauvetage d'enfants juifs à Buchenwald évacués d'Auschwitz fin janvier 1945 (plus de 900 enfants) comme des bébés nés à Ravensbrück ;
  • la. diffusion d'informations à l'intérieur ou captées de l'extérieur par des postes de radio pirates  et l'arrivée des nouveaux déportés qui apprennent la nouvelle du débarquement allié le 6 juin 1944 ou l'annonce de l'insurrection parisienne ;
  • les photographies clandestines prises  (enterrées et développées après la guerre) à Auschwitz ou par des déportés comme Georges Angeli à Buchenwald qui travaillait au service photo.
  • la production d'œuvres artistiques, pièces de théâtre (opérette de Germaine Tillion) ou concours de poésie organisé à Buchenwald par Julien Cain, conférences et réalisation d'objets - cadeaux pour les déportés à l'occasion d'anniversaires ou de fêtes..
 

 
Ce sont des faits de résistance au même titre que les évasions individuelles ou collectives  des centres de mises à mort, (à Treblinka le 2 août 1943, 200 parvinrent à s'échapper ; le 14 octobre 1943 des prisonniers de Sobibor tuèrent 11 SS et auxiliaires de police et mirent le feu au camp ; 300 s'évadèrent plus de 100 furent repris ; le 7 octobre 1944 des prisonniers affectés au  Sonderkommando du four crématoire IV d'Auschwitz Birkenau se révoltèrent et les deux évasions réussies d'avril 1944 des deux slovaques d' Auschwitz-Birkenau Rudolph Vrba et Alfred Wetzler...L'insurrection et la libération du camp de Buchenwald  (11 avril 1945) par le Comité international de Buchenwald  est une exception.

Ces grandes lignes sont destinées à vous permettre de cerner l'ensemble du thème. Le croisement des monographies de camp, des récits et  des témoignages  des déportés,  montrera l'extrême variété des situations. Par exemple Résister dans un camp de concentration n'a pas le même sens que résister dans un camp d'extermination. La Résistance ne se définit pas dans l'abstrait mais dans l'interaction avec le régime de terreur.
En s'interrogeant sur les raisons de la déportation, il conviendra d'analyser les situations spécifiques  et  le mode de  Résistance, organisée ou spontanée, collective ou individuelle. La Résistance a aussi impliqué des choix dramatiques avec des conflits d'ordre moral : le système de terreur en vase clos faisait peser sur les résistants les conséquences tragiques de leur action et les risques de punitions collectives ou de dénonciations des kapos généralement des déportés de droit commun (criminels). Dans la situation de la famine, l'aide apportée aux plus faibles, diminuait nécessairement la maigre portion des autres. 

Comme l' a écrit l'historienne Claire Andrieu « Résister dans les camps nazis élevait le moral, contribuait à la survie, compliquait le travail des bourreaux et plaçait des grains de sable dans la machine de guerre nazie. Mais les résistants des camps n'ont pas vraiment connu le bonheur de résister dont ont parlé ceux qui résistaient au sein de leur peuple opprimé ». Enfin pour terminer sur des propos de déportés laissons la parole à Hermann Langbein (1912-1995) résistant déporté autrichien arrêté en France, « Même dans une situation limite, l'Humanité est plus forte que l'inhumanité ».
 

 
Site du Musée : sur Paris.fr

Pour aider les collégiens et lycéens à écrire un devoir individuel ou élaborer un dossier collectif, le Musée du général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris-Musée Jean Moulin (Ville de Paris) propose de mettre à leur disposition et à celle de leurs enseignants :
les ressources du Musée pour le CNRD
 
auteur(s) :

Christine Levisse-Touzé

éditeur(s) :

Claudie Ferchaud

information(s) pédagogique(s)

niveau : tous niveaux

type pédagogique : article

public visé : chef d'établissement, enseignant

contexte d'usage :

référence aux programmes :

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