Plus jamais de pâtisseries, de confiture, ni le chocolat que j'aimais tant. Exclus les pâtes d'amande, la délicieuse angélique, les glaces à la pistache, les éclairs au café, les babas au rhum, les pêches Melba... les crèmes au caramel, le riz Marie-Louise, et celui que maman préparait sur la cuisinière de mon enfance au doux chant du feu de bois. Écartés : les liqueurs (j'adorais le Cointreau de mon pays angevin), et la Marie-Brizard, et les anis, et les vins rosés et sucrés, tous les alcools. Adieu les plats mijotés, le couscous, et le cassoulet, le boeuf bourguignon, le veau Marengo, et les sauces dont je raffolais. Adieu, adieu, adieu... toutes mes amours gustatives ! Finis les repas entre amis, les agapes familiales, les conviviales ripailles. Je serais désormais, en ces lieux de joie, le pisse-froid, le buveur d'eau et le mangeur de nouilles, qui gâche tout, éteint le plaisir par ses humeurs aigres et ses sombres envies. « Un mal baisé de la gueule », comme me nomma un jour un cousin peu délicat.