| JOUR DE VENUS | |
Septième mois de l'annéeNous sommes cloîtrées dans ce camp depuis plusieurs jours à présent. Et depuis que l'on m'a séparée de ma famille, je ne dors plus, je ne mange plus. En un mot, je ne vis plus. Je peine à me lever le matin tant ma journée sera longue et difficile. Chaque heure, chaque minute, chaque seconde passée ici accroît un peu plus mon désespoir. Et la présence continuelle des gardes qui siègent devant notre tente ajoute à notre angoisse. Seuls les ordres les animent. Malgré le temps qu'ils passent à nous surveiller, jamais je n'ai pu entendre leur voix. Ils n'éprouvent aucune pitié envers nous. Aucun de nos cris ni de nos larmes ne les émeuvent. Si j'étais un Coclès ou un Scaevola, je saurais trouver les armes pour vaincre leur mépris. Au lieu de cela, j'erre avec mes compagnes le long du Tibre. La nuit, j'aperçois les lueurs de notre cité. J'implore les mânes de mes ancêtres et guette un signe de la volonté des Dieux. En vain. Et les nombreuses heures que j'ai passées à imaginer un plan m'ont prouvé que l'Étrusque a raison de se montrer aussi arrogant. Alors peut-être faut-il me résigner à rester aux mains du roi Porsenna. Et peut-être m'habituerai-je à cette vie de captive. Les quelques rayons de soleil qui traversent le tissu épais de notre tente me rappellent pourtant que la liberté existe. Depuis quelques jours, j'ai l'occasion d'observer une colombe chaque matin, à la même heure. Elle se pose sur une branche, me regarde longuement et s'envole en direction du Tibre pour enfin disparaître à l'horizon. Je continue de penser que c'est un signe des Dieux... |
|
|
A. LEBRETON |
|