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le grand oral du bac : une affaire collective !

mis à jour le 02/09/2021


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Le grand oral du bac est une épreuve à laquelle les élèves espèrent être bien préparés. Il ne s’agit pas de faire des élèves des récitants d’un contenu appris, mais de donner du sens à cette épreuve. Enseignante en H2GSP (Histoire-Géographie, Géopolitique et Sciences Politiques) à Château-Gontier (53), Marie-Christine Gallard a tenté une expérience d’évaluation entre pairs en permettant à chacun d’être à tour de rôle évalué et co-évaluateur. Le dispositif adopté induit de partager l’évaluation et aide les élèves à mieux cerner les attendus d’une telle épreuve. Ce dispositif va permettre de comprendre comment l’évaluation peut devenir un acte de formation motivant.

mots clés : lycée, Grand Oral, évaluer, H2GSP, baccalauréat, langage, échanger


En vue de préparer ses élèves à l’oral du baccalauréat, Marie-Christine Gallard avait pris l’habitude de proposer à ses élèves une présentation orale classique de sujets, mais les productions des lycéens donnaient régulièrement des résultats plutôt décevants : manque d’entrain, étude superficielle, ... De même, les élèves auditeurs apportaient un retour sans épaisseur, se satisfaisant trop souvent d’un ressenti global.
Cette enseignante a donc souhaité dynamiser ce type de travail oral en se mettant à la recherche de nouveautés, notamment sur la forme de cet oral, espérant que ses élèves comprendraient les intérêts pour eux de cette épreuve du bac.
Or, du fait du confinement et d’un souci d’alternance entre présentiel et distanciel en demi-classe, un décalage des contenus est apparu entre les groupes élèves au moment du retour en classe entière. Pour y remédier, l’enseignante a demandé aux élèves qui avaient de l’avance de jouer les tuteurs auprès de ceux qui n’avaient pas pu assister à toutes les séances.

 
Ces échanges entre pairs ont été fructueux : les élèves ont coopéré, ont davantage pris la parole, se sont montrés manifestement plus engagés. Marie-Christine Gallard a donc tenté de reprendre ce type d’échanges entre pairs en le mettant au service d’une préparation du grand oral du bac et en développant ainsi la co-évaluation entre pairs. C’est donc d’événements imprévus qu’a émergé ce dispositif.
 
La démarche proposée amène les élèves à s’emparer d’un sujet, à le préparer, puis à le présenter devant un jury de pairs avant d’être à eux-mêmes membres de ce jury évaluateur. Pour aider ses élèves à s’approprier les exigences et les documents mis à leur disposition et pour bien préparer le contenu de leur oral, l’enseignante a organisé ce travail lors de séances réparties sur trois semaines.

En première semaine
, en prenant appui sur un diaporama explicatif, elle leur a présenté son projet et expliqué les règles de cet oral, a constitué les groupes (à savoir cinq groupes de sept élèves) et permis à chacun de réaliser de premières recherches ; recherches qu’ils ont pu poursuivre ensuite à plusieurs.

En deuxième semaine
, l’enseignante a distribué et commenté les trois échelles descriptives qu’elle souhaitait utiliser comme support final d’évaluation.

En troisième semaine
, lors de trois séances d’une heure, les élèves ont été répartis dans une grande salle en groupes de sept (un jury de six évaluateurs et un candidat). Chacun a pu bénéficier de quinze minutes pour sa prestation : cinq minutes d’oral, puis délibération du jury composé des six autres élèves, puis débriefing avec l’élève évalué.

La finalité de ce travail est plurielle : amener les élèves à s’investir doublement dans une démarche (réaliser un oral et évaluer des oraux), comprendre les enjeux de cet oral du bac et développer des compétences (notamment compétences langagières, esprit critique).
 
S’il a fallu trois séances pour que les trente-cinq élèves fassent leur oral, chacune de ces trois séances a suivi un déroulement similaire.

Organisation spatiale
 : l’enseignante a constitué cinq îlots dans une grande salle polyvalente du lycée. Chaque îlot est constitué d’un jury de six élèves et devant lui un emplacement détermine l’espace où l’élève-candidat va réaliser sa présentation. À tour de rôle, chacun va faire son oral devant ce jury et être membre de ce jury pour un autre orateur.
 
Organisation temporelle : vingt minutes sont nécessaires pour chaque prestation pour l’épreuve du bac, mais Marie-Christine Gallard a dû limiter ce temps à quinze minutes pour respecter le cadre horaire : cinq minutes de présentation par un candidat devant les six autres qui, en binômes, observent selon la grille définie par l’enseignante. En effet, les trois binômes de chaque jury remplissent leur échelle descriptive d’évaluation et prennent des notes en vue de la délibération et du débriefing qui suivront. Durant les cinq minutes qui suivent, les membres du jury ont un temps d’échange en binômes en vue d’arriver à une évaluation et à des appréciations globales. Enfin, les cinq dernières minutes sont consacrées à un débriefing qui se doit d’être constructif : les trois binômes du groupe font un retour à l’élève qui a fait son oral.
 
Lorsque le temps défini pour le premier oral est écoulé, l’élève-candidat rejoint le jury pour en devenir alors membre, tandis qu’un des membres de ce jury s’extrait du groupe pour aller présenter son oral devant ce jury. Quinze minutes plus tard, un autre élève sort du groupe-jury et ainsi de suite.
 
Pour que cette démarche d’évaluation par les pairs soit complète et efficace, trois échelles descriptives sont distribuées à chaque jury de six élèves : l’une porte sur la posture corporelle, une autre sur le contenu, et la dernière sur les aspects formels. De fait, chaque jury est subdivisé en trois binômes qui pourront ainsi évaluer la prestation sous trois angles différents.
Les élèves qui sont jury ont également à leur disposition un document récapitulant les savoirs qu’il est possible de convoquer pour cet oral.
De son côté, l’enseignante a construit pour elle une évaluation du groupe et de son fonctionnement interne.
 
Cette démarche présente différents intérêts : enseignante et élèves y trouvent des bénéfices.

Pour l’enseignante
 : Ce dispositif amène à repenser sa posture professionnelle par une mise en retrait afin d’observer et d’évaluer le travail individuel et la réflexion collective. Il permet aussi de redécouvrir ses élèves, d’identifier leurs progrès et d’examiner le fonctionnement de chaque groupe.

Pour les élèves : chacun a bénéficié de quatre retours sur son implication : un retour venant de chacun des trois binômes de son groupe, et un venant de l’enseignante. À cela s’ajoute un bilan personnel.
Chacun a pu mesurer les exigences d’une telle épreuve (durée, contenu, posture, etc.). La double posture adoptée lors de cet exercice a aussi révélé qu’il peut exister un écart entre le ressenti personnel et les différents points de vue d’un jury. Mais chacun a surtout pu comprendre l’acte délicat que constitue l’évaluation.
 
Le grand oral est une épreuve proposée aux candidats du baccalauréat des voies générale et technologique depuis les arrêtés du 16 juillet 2018. La note de service n° 2020-036 du 11 février 2020 précise que “L'épreuve orale terminale est l'une des cinq épreuves terminales de l'examen du baccalauréat.”
Sur le plan organisationnel, cette évaluation est préparée dans le cadre des cours d’enseignement de spécialité en terminale, soit un volume dédié de 12 heures.
Parmi les enjeux recherchés, les candidats vont, grâce à cette préparation, “Apprendre à s’exprimer, argumenter, écouter” et “travailler la prise de parole” ; ce qui rejoint des compétences qu’ils pourront ultérieurement mettre à profit dans le cadre professionnel.
Le temps imparti de 20 minutes est subdivisé en trois temps : 5 minutes d’exposé, 10 minutes d’échanges sur la question traitée, 5 minutes d’échanges sur le projet d’orientation du candidat. Durant ces 15 minutes, le jury va estimer les compétences langagières et argumentatives de chacun.
Pour qu’enseignants et candidats puissent comprendre les attendus de cette épreuve et efficacement préparer cet oral, le Ministère de l’Éducation nationale a mis en ligne différentes ressources, y compris une grille pour affiner cette préparation.
 
Cette expérience peut être réalisée régulièrement au cours de l’année scolaire. Marie-Christine Gallard donne quelques conseils pour s’approprier la démarche.
Selon elle, il faut accepter de modifier sa posture professionnelle en donnant davantage d’autonomie aux élèves et de partager l’évaluation, en permettant aux élèves de prendre le rôle d’évaluateurs de leurs pairs.
Un tel travail doit être bien préparé en amont : en imaginer l’organisation spatiale et matérielle, construire des outils (par exemple un diaporama) pour expliciter les attendus.
C’est aussi faire confiance aux élèves en leur donnant un rôle de jury.
 
À la suite de cette expérience, l’enseignante a accepté de se livrer à un jeu de questions-réponses, pour expliquer quels retours elle fait elle-même de tout ce travail effectué avec et par ses élèves.
 
auteur(s) :

C. Delogé

contributeur(s) :

M.-C. Gallard, Lycée Victor Hugo, Château-Gontier [53]

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