Contenu

mathématiques

Recherche simple Vous recherchez ...

espace pédagogique > disciplines du second degré > mathématiques > mutualisation > des livres

culture maths

Culture maths, Seuil, 2008



Culture maths, seuil, 2008Depuis le XIXème siècle, face à l'accroissement exponentiel des connaissances dans tous les domaines, les intellectuels ont petit à petit renoncé à accéder au rang de savant universel, rompant ainsi avec nombre de leurs illustres prédécesseurs : Platon, Aristote, Galilée, Descartes, Pascal... Leibniz ne disait-il pas : « Les mathématiciens ont autant besoin d'être philosophes que les philosophes, mathématiciens » ?
S'est alors insidieusement immiscée l'idée que littéraires et scientifiques peupleraient deux mondes disjoints. Aux lettres et sciences humaines, la culture ; aux sciences dures, le savoir ! Aujourd'hui encore, cette opposition est assez répandue. Toutes les réflexions visant à la remettre en cause doivent être privilégiées.

Indéniablement, ce livre en offre une !

En explicitant des liens entre les mathématiques et les arts, ce recueil d'articles publiés jusqu'en 2008 dans différents numéros de la revue Tangente, s'attache à montrer en quoi le potentiel créatif des mathématiques a influencé l'œuvre de nombreuses célébrités comme Queneau, Pérec, Edgar Alan Poe, Borgès en littérature, Bach, Xénakis, ou encore Boulez en musique, Klee, Kandinsky, George Rousse en peinture, Georges Hart en sculpture, Le Corbusier en architecture...

Ainsi découvre-t-on que, fasciné par l'obtention de proportions harmonieuses, Le Corbusier a intégralement construit sa « Maison Radieuse » de Marseille à partir de deux suites numériques (dites « rouge » et « bleue ») vérifiant la même relation de récurrence linéaire d'ordre 2 que la suite de Fibonacci ... contrainte moins scrupuleusement respectée pour la construction de celle de Rezé.

Mais ces contraintes imposées répondent-elles seulement à des choix esthétiques ou au plaisir du jeu, risquant d'enfermer les artistes qui y ont recours dans un carcan ?

Au contraire ! Aux détracteurs de la littérature potentielle qui ne voient qu'une forme de jeu dans l'écriture « sous contrainte », l'écrivain Raymond Queneau et le mathématicien François Le Lionnais, co-fondateurs de l'OULIPO, répondent que l'exploration par un auteur des différentes contraintes pour s'y plier accroît considérablement sa propre liberté, et, au-delà de sa propre expérience, élargit le champ de la littérature... Pour résumer la démarche oulipienne, Queneau dira : « Un oulipien est un rat qui construit lui-même le labyrinthe dont il se propose de sortir ».

Un autre des points forts de cet ouvrage est de détailler, parfois très précisément, les notions mathématiques utilisées par les artistes pour concevoir leurs œuvres. Ainsi apprend-on que la construction par Georges Pérec de La vie, mode d'emploi, est régie par des processus formels comme la polygraphie du cavalier ou les carrés gréco-latins. De quoi bâtir de nombreuses activités en classe, éventuellement en interdisciplinarité...

Et l'on ne saurait oublier quelques pépites improbables renfermées dans cet ouvrage : une tentative de mathématisation de la danse par l'étude des isométries de l'icosaèdre, ou encore, entre l'écriture de « Ta Katie t'a quitté » et d' « Aragon et Castille », la proposition du chanteur Boby Lapointe de remplacer le système binaire par un système « bibinaire », qui trouvera peut-être un jour d'intéressantes applications... !

Ce livre de culture mathématique est donc un manifeste de culture générale dont la lecture intéressera tout public curieux, matheux ou non. La bibliographie nourrie attachée aux  articles qui le composent permettra à chacun d'approfondir à loisir ses sujets de prédilection.



haut de page

mathématiques - Rectorat de l'Académie de Nantes