Document classe de mer Piriac
DESCRIPTION
Le mazout ne se disperse pas dans l’eau, sa viscosité est élevée. Donc il flotte et se fragmente peu.
L’épandage de dispersants chimiques sur les nappes en mer n’était pas adapté à la nature de ce mazout.Le produit a évolué lors de son déplacement en mer : une émulsion s’est formée (sorte de liquide provenant du frottement et du mélange de l’eau et du mazout), ce qui a pour conséquence de doubler le volume du produit, et diminuer son adhérence.
Cette caractéristique permet d’envisager un pompage des cuves. Le fioul déversé par l’Erika ressemblait à d’épaisses plaques de magma, collantes, graisseuses, renfermant des petites poches d’eau et des bulles d’air. C’est sous cette forme que nous avons pu les observer lors de leur arrivée sur les plages. Aujourd’hui, le mazout déposé en haut des plages et qui n’a pas été ramassé devient sec et noir, il semble maintenant bien cramponné au rocher, sûrement difficile à nettoyer maintenant. On ne sait pas encore comment sera retraîté le mazout récolté, en tous cas il semble faiblement biodégradable, mais il existe d’autres solutions
TOXICITE
D’après le CEDRE qui a effectué des analyses dés le 13.12.1999, le produit serait peu toxique (déclaration valable encore au 10.01). Le centre antipoison de Rennes a décelé 40 composants toxiques mais présents à une tellement faible proportion qu’ils ne sont pas dangereux, il a aussi affirmé que le mazout était peu volatile (pas d’émanations de produits dangereux, fait confirmé par des analyses de la qualité de l’air sur les zones de dépollution exécutées régulièrement par la DDASS).
D’ autres organisations ou analystes semblent moins
convaincus. Alors en qui avoir confiance, qu’en est-il réellement
du risque d’empoisonnement ?
Ceci dit, les consignes de sécurité quant au ramassage
sont : utiliser des gants épais, se protéger toutes les parties
du corps en contact avec le polluant (en cas de faible contact, rinçage
à l’eau et au savon, puis application d’une crème hydratante.
Si ce contact était plus important, il est conseillé d’aller
consulter un médecin), porter des lunettes afin de ne pas recevoir
de projection de mazout dans les yeux qui sont sensibles au produit (surtout
pour les ramasseurs d’oiseaux).
De plus, la DDASS a très vivement déconseillé
le nettoyages des plages aux jeunes enfants (la participation des scolaires
doit être limités, et uniquement avec accords des communes),
seul les jeunes des lycées pourraient participer aux chantiers,
à raison d’une durée maximum d’une demi-journée.
On a constaté des troubles de santé
chez des bénévoles (maux de tête, démangeaisons
de la peau, projections dans les yeux, étourdissements, affection
respiratoire). Une étude est menée sur les symptômes
cutanés, digestifs et respiratoires pouvant avoir rapport aux manipulations
d’hydrocarbures par la DDASS de Loire-Atlantique. Pas de certitude sur
la toxicité réelle du produit, certains tentent d’expliquer
les troubles de santé par la forte odeur du polluant, mais qui serait
sans toxicité, et au caractère irritant du produit, sans
conséquence durable, ainsi qu’à la toxicité des solvants
de nettoyage du matériel (ne pas les utiliser pour se nettoyer la
peau)
La présence de métaux lourds reste inquiétante : ils ne sont pas assimilables par l’organisme et donc pas éliminés, ce qui veut dire qu’en cas d’absorption par les animaux, ces métaux lourds seront introduits dans la chaîne alimentaire (on connaît l’exemple de certaines particules de plomb présentes dans les gaz d’échappement et qui se déposent sur le sol. On retrouve ces mêmes particules dans les plantes poussant sur ce sol, et dans les animaux qui mangent ces plantes). Cependant ils sont présents à faible taux, sans danger après la 1ere analyse.
La présence d’hydrocarbures aromatiques est aussi préoccupante.
En effet, certains d’entre eux sont toxiques, d’autres (les hydrocarbures
polycycliques aromatiques ou HPA) sont cancérigènes , mais
on ne sait pas encore dans quelle proportion ces éléments
peuvent être dangereux, il semblerait que cela soit à la suite
d’une longue exposition répétée.
COMPORTEMENT DU PRODUIT
Le produit pétrolier transporté par l’ERIKA est un fuel
lourd, produit utilisé pour deux types d’applications : la combustion
industrielle (centrales thermiques, fours, cimenteries, ...) et l’alimentation
des navires propulsés par des moteurs diesels lents et de grosse
puissance.
Les fuels lourds
sont les résidus de la distillation des pétroles bruts.
I
COMPORTEMENT EN MER
Les propriétés importantes qui influencent le comportement
d’un produit pétrolier déversé accidentellement en
mer sont :
· sa volatilité ;
· sa solubilité ;
· sa tendance à former des émulsions ;
· son aptitude à se dégrader.
Comportement et lutte en mer
La viscosité est un paramètre essentiel à prendre
en compte lors du choix des techniques de lutte en mer et lors du nettoyage
sur le littoral. Un produit lourd comme le pétrole de l’ERIKA est
un produit visqueux qui sera peu volatilisé dans l’atmosphère
et peu dissous dans l’eau.
il est apparu que le produit n’avait aucune tendance à
se disperser naturellement dans l’eau, restait flottant et se fragmentait
peu. . En mer, le produit s’est également émulsionné
mais les teneurs en eau sont restées plus faibles, aux alentours
de 30%. Les analyses effectuées sur des échantillons prélevés
sur la côte ont montré des teneurs en eau voisines de 50%.
La formation d’émulsion augmente le volume de produit polluant dérivant
en mer et en même temps diminue sa capacité d’adhérence
CARACTERISTIQUES PHYSICO-CHIMIQUES DU PRODUIT
Propriétés physiques
Le bulletin d’analyse du produit fourni par Totalfina permet de situer
les principales propriétés physiques du produit et les concentrations
de différentes impuretés, soufre et métaux. Les métaux
proviennent du pétrole brut lui-même (nickel et vanadium)
et de sels métalliques apportés par les catalyseurs des installations
de distillation (sodium, aluminium).
Paramètre Résultat
Masse volumique (15°C) 1,0025 kg/l
Point d’écoulement 3°C
Viscosité (50°C) 555 mm2/s
Asphaltènes 3,78 %
Soufre 2,28 %
Aluminium 36 ppm
Nickel 45 ppm
Sodium 10,8 ppm
Vanadium 82,7 ppm
(source : Totalfina)
Composition chimique
Le fuel a subi d’une part une analyse de ses principaux constituants
(C, H, N, O) et de trois éléments considérés
comme des impuretés (S, Ni, V) et d’autre part, une analyse semi-quantitative
des métaux présents.
Analyse élémentaire du fuel de l’ERIKA
Analyse élémentaire carbone 86,0 %
Analyse élémentaire hydrogène 10,2 %
Analyse élémentaire oxygène 1,6 %
Analyse azote (Kjeldahl) 0,4 %
Analyse soufre 2,5 %
Nickel 39 ppm
Vanadium 89 ppm
(source : IFP)
Répartition en familles chimiques.
Le produit a été séparé selon les quatre
familles chimiques qui caractérisent un produit pétrolier
:
· les hydrocarbures saturés ;
· les hydrocarbures aromatiques ;
· les résines ;
· les asphaltènes.
Les données actuelles sont des premiers résultats qui vont être affinés pour une meilleure cohérence.
Composition chimique du fuel de l’ERIKA (sources IFP Cedre MNHN)
Hydrocarbures saturés 22 % 30 % 26 %
Hydrocarbures aromatiques 42 % 48 % 50 %
Résines 31 % 15 % 21 %
Asphaltènes 5 % 8 %
Nous retiendrons que le produit transporté par l’ERIKA contient de l’ordre de 25% de produits lourds (résines et asphaltènes) et près de 50% d’hydrocarbures aromatiques. Les aromatiques regroupent les composés pétroliers qui présentent un certain potentiel toxique, soit sous forme de une toxicité directe (intoxication), soit par un effet mutagène ou cancérigène. L’incidence de ce potentiel toxique sur le milieu vivant dépend des conditions d’exposition (solubilité des composés, durée d’exposition) ou des possibilités de transfert dans la chaîne alimentaire.