Occurrences des mots "jeune" et "jeunesse" dans la nouvelle.
Boxeur professionnel, il réservait toute sa brutalité pour ses apparitions en public. En dehors du ring, c'était un homme paisible et de bon caractère, un peu trop enclin dans sa jeunesse à ouvrir sa bourse alors bien garnie. Sans rancune, il ne se connaissait guère dennemis.
Il examinait fixement ses mains, et un instant il crut les revoir dans toute leur jeune splendeur, avant que sa première jointure se fût brisée sur la tête de Benny Jones, surnommé la Terreur du Pays de Galles.
Il songeait à certain bull-terrier que dans sa jeunesse il avait nourri de biftecks pendant un temps considérable.
Lui-même représentait alors la jeunesse et l'aurore, eux l'âge et le couchant.
Maintenant, par expérience personnelle, il se rendait compte qu'en cette soirée de vingt ans auparavant, Stowsher Bill se battait pour quelque chose de plus sérieux que ce jeune Tom King, ambitieux simplement de gloire et d'argent de poche.
Oui, lui-même avait livré plus de batailles que la plupart des autres, et affronté plus que sa part de ces pénibles rencontres qui vous tendent cur et poumons presque au point de les faire éclater, qui détruisent l'élasticité des vaisseaux et pétrifient en nodosités les muscles souples de la jeunesse, qui usent les nerfs et fatiguent les os par excès d'effort et d'endurance.
. Et voici qu'il était un ancien, et qu'on lui opposait les jeunes, par exemple ce type de Sandel, arrivant de la Nouvelle-Zélande avec une célébrité derrière lui.
A force de réflexions pareilles, Tom King en arriva, chose bizarre, à entrevoir une vision de la Jeunesse, se dressant magnifique, triomphante, invincible avec ses muscles souples et sa peau soyeuse, avec son cur et ses poumons jamais fatigués ni déchirés, et se riant des limites de l'effort. Oui, la Jeunesse prenait forme de Némésis. Elle démolissait les vieux sans songer qu'en agissant ainsi elle se détruisait elle-même. L'effort lui élargissait les artères et lui brisait les jointures, et son tour venait d'être annihilé par la jeunesse. Car la jeunesse est toujours Jeune, et il n'y a que l'âge qui vieillisse.
Une bande de jeunes chenapans flânant à la porte s'écarta respectueusement sur son passage et il entendit l'un d'eux dire à un camarade :
A l'intérieur, comme il se dirigeait vers le vestiaire, il croisa un jeune homme à l'il vif et de mine éveillée, qui lui serra la main.
De jeunes aspirants poids lourds grimpaient l'un après l'autre sur la plate-forme et étaient présentés au public par l'arbitre, qui proclama également trois défis en leur nom.
Le jeune Pronto alla d'un coin à l'autre de l'estrade, serrant la main aux 255 principaux boxeurs, puis en descendit.
. Les défis continuèrent. De nouveaux jeunes gens grimpaient entre les cordes, toute une jeunesse inconnue mais insatiable, proclamant au genre humain que par sa force et son habileté elle pouvait rivaliser avec le vainqueur. Quelques années auparavant, dans sa propre fougue de lutteur invincible, Tom King se serait senti amusé et ennuyé de tous ces préliminaires. Mais aujourd'hui il demeurait assis, fasciné, incapable d'effacer de devant ses yeux cette vision de la Jeunesse.
Ces jeunes montaient sans relâche à l'assaut de la plate-forme de boxe, franchissaient les cordes et criaient leur défi : et toujours les vieux descendaient devant eux. Les jeunes grimpaient au succès sur le corps des anciens. Et toujours il en arrivait, toute une jeunesse avide et irrésistible, des jeunes chassant les vieux, devenant vieux eux-mêmes et descendant la pente, tandis que derrière eux se pressait une autre jeunesse éternelle, les générations de bébés grandis et désireux de repousser leurs aînés, suivis à leur tour d'une procession de bébés se prolongeant jusqu'à la consommation des siècles, une jeunesse à qui tout cède et qui ne meurt jamais.
Tom King put contempler alors la Jeunesse incarnée : une poitrine vaste aux muscles énormes glissant comme des bielles vivantes sous la peau blanche et satinée. Tout ce corps fourmillait de vie, et cette vie, Tom King s'en rendait compte, n'avait rien perdu de sa fraîcheur au cours de ces combats prolongés où la jeunesse paie son tribut et s'en retourne un peu moins jeune qu'en entrant.
. Il avait soutenu trop de combats, et contre trop de jeunes, pour ne pas apprécier à leur juste valeur ces coups trop rapides et trop adroits pour être dangereux. Evidemment, Sandel voulait précipiter les événements dès le début. Il fallait s'y attendre. C'était la manière de la jeunesse, avide de dépenser sa valeur superbe en folles révoltes et furieuses attaques, d'accabler l'adversaire sous sa force glorieuse et son désir sans limites.
Il connaissait son affaire et comprenait la jeunesse maintenant qu'elle ne lui appartenait plus. Rien à faire avant que l'autre eût perdu un peu de vapeur, pensait-il ; et il souriait en lui-même en se baissant exprès pour recevoir sur le crâne un coup lourdement asséné.