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2018-19

Classe(s) inversée(s) et plan de travail

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Un exemple de pratique en mathématiques qui vise à développer l’autonomie, le tutorat entre pairs et la différenciation dans une classe de lycée. M Péault s’est intéressé à l’utilisation du plan de travail en classe pour répondre aux deux questions suivantes : Comment différencier classe entière ?  La correction des devoirs en classe n’est-elle pas une perte de temps ? 

François Péault, professeur de mathématiques au lycée Victor Hugo, Château Gonthier (53)
francois.peault@ac-nantes.fr
 
Objectifs pédagogiques

- Engager davantage les élèves dans leurs apprentissages ;
- Différencier pour permettre à tous les élèves d’améliorer leurs résultats ;
- Optimiser le temps de travail en classe.
 

Contexte et modalités pédagogiques

- Classe de seconde de 35 élèves ;
- Cours de mathématiques ;
- Salle de classe ordinaire « en autobus », salle utilisée par d’autres enseignants sur d’autres créneaux horaires.
 

Descriptif


1. Le plan de travail est distribué à chacun des élèves. Les différentes tâches indiquées sur le plan sont à réaliser sur plusieurs séances. Le plan de travail est identique pour tous les élèves.
Les exercices sont gradués. Niveau 1, 2 et 3. Les exercices de niveau 3 ne sont pas obligatoires. Certains exercices de niveau 1 non plus (c’est selon le "chemin" suivi). Cette notion de parcours choisi est donc une façon de différencier.

2. L’élève choisit l’ordre dans lequel il souhaite traiter les exercices, ceci bien sûr dans la limite de ce que l’enseignant a planifié : la lecture du plan de travail se fait de haut en bas pour chaque colonne.  Même s’il a une marge d’autonomie, l’élève doit malgré tout respecter la logique de la progression pédagogique pensée par l’enseignant. L’élève remplit au surligneur de couleur les cases « fait » et « vérifié » ce qui permet de voir très rapidement l’avancement du travail. Selon leur préférence, les élèves travaillent seuls ou à plusieurs. Le plus souvent, ils sont en binôme avec un expert.
 
3. Le plan de travail est également vidéoprojeté. Sur ce plan, les élèves tuteurs s’inscrivent en face de chaque exercice, et à la place des cases « fait » et « validé ». Deviennent tuteurs les élèves qui ont validé l’exercice. Les élèves experts peuvent soit aider un autre élève demandeur, soit valider l’exercice comme pourrait le faire l’enseignant.

4. Pour certains points clés du programme, le plan de travail renvoie vers les liens vidéos lisibles facilement grâce aux QR codes.

5. Les élèves passent l’évaluation formative lorsqu’ils se sentent prêts.
 

Points forts et points de vigilance

Le plan de travail permet également de différencier plus efficacement. La différenciation s'opère par le choix du parcours par l’élève lui-même. Cette différenciation est renforcée par l’individualisation grâce à l’aide apportée par l’enseignant ou les élèves experts.

Les élèves sont plus engagés dans la tâche car ils gardent une part de contrôle sur leurs apprentissages. Dans la limite de ce que l’enseignant autorise, l’élève va à son rythme et choisit ses exercices. L’élève est responsabilisé. Le retour des élèves est très positif, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a jamais d'élèves qui abusent. Ce cas de figure est très rare. La plupart du temps, les élèves comprennent leur intérêt et s’investissent pour achever leur plan de travail et l’évaluation dans le temps imparti.
Il n'y a plus de correction au tableau, les élèves sont obligés d'avancer. Ce n'est plus possible d'attendre que l’enseignant résolve l'exercice au tableau pour prendre la correction. Dans un cours classique, lorsqu’il y a correction au tableau, celle-ci arrive trop tôt ou trop tard selon les élèves.
Au final, avec l’utilisation du plan de travail, les élèves gagnent en autonomie et en maturité.

Le plan de travail ne peut pas être utilisé en permanence. Il fait partie d’une panoplie de dispositifs pédagogiques. Par ailleurs, l’enseignant a besoin de moments où la classe avance au même rythme, l’enseignant doit pouvoir obtenir l’attention de tous sur un même sujet à un même moment. L'organisation en plan de travail n’invalide pas le cours frontal.

Travailler en plan de travail demande un gros investissement en amont mais cela permet aussi une certaine souplesse. La séance peut être commencée de façon classique et à un moment donné l’enseignant a la liberté de dire à ses élèves "on termine avec le plan de travail". L'ambiance change alors d'un coup, les élèves savent ce qu'ils ont à faire et ils se mettent tout de suite au travail. Les temps de fonctionnement en plan de travail alternent avec les moments de face à face. Et cela c’est une vraie richesse.

Transférable à d’autres disciplines et d’autres niveaux d’enseignement en adaptant selon les contenus et les contraintes de la discipline.


Questions/ Réponses

J’utilise le plan de travail depuis 2013 en classe de seconde. Depuis cette date, ma pratique a évolué : mon plan de travail actuel ne ressemble plus du tout à mes premiers essais. Je réalise entre 5 et 6 plans de travail en classe de seconde. Les élèves en redemandent !
Bilan : énorme gain en autonomie, motivation, entraide et beaucoup plus de différenciation ! Je n'ai pas du tout l'intention d'arrêter, ça fonctionne vraiment bien.

Je circule tout le temps dans la classe. Je suis en permanence en train d'aider les élèves et de vérifier leurs exercices. Ils m'appellent quand ils le veulent. Lorsque je suis moins sollicité, je vais voir certains élèves bien précis.
Grâce aux tuteurs, les élèves peuvent avancer en autonomie. Cela me permet de passer plus de temps avec certains élèves et de faire une individualisation plus ciblée.
Pendant une séance en plan de travail, je ne suis plus devant les élèves mais je suis parmi eux.

Tous les élèves peuvent devenir expert à un moment ou un autre. Certains élèves veulent s'inscrire le plus possible en tant qu’expert, et d'autres moins.
Une partie importante de mon travail est d'inciter les élèves plus fragiles à aller s'inscrire lorsqu'ils ont fini et réussi un exercice. Et cela sans jamais les forcer ! Et ça fonctionne ! Les "bons" élèves vont alors faire vérifier leur exercice par des élèves qui ont des moyennes de maths bien inférieures. A la différence d’un système de tutorat classique, un élève peut être tuteur sur un exercice et tutoré sur un autre. Il n’y a donc pas d’effet de lassitude : ce ne sont pas les mêmes élèves, ni ceux qui ont les meilleures notes, qui sont toujours tuteurs. Ce système est très gratifiant. Tout cela se fait de façon assez naturelle.

En général, j’obtiens une franche adhésion, un "Ouais !!!" quand je leur dis que l’on va commencer un nouveau plan de travail. Ça bourdonne dans tous les sens, ça parle de maths, ça bouge, ça sourit. Bref, c'est très agréable.
J'ai testé avec différentes classes. C'est en seconde que cela fonctionne le mieux. C’est en seconde que je mets en œuvre le plus grand nombre de plan de travail.
Je rencontre très peu d’élèves réfractaires. Parfois, certains font trainer le temps en longueur et je suis alors contraint à poser une date limite pour l’évaluation formative.
Cependant il m’est arrivé de n’être pas satisfait. Je pense par exemple à une classe de terminale un peu complexe à gérer et avec peu d’heures de maths au programme. Cela n’a pas fonctionné comme je le souhaitais. Certains élèves de la classe qui avaient déjà expérimenté en 2nde ma méthode de travail m’ont réclamé un plan de travail. Mais la grande majorité des élèves, n’étant ni autonomes, ni motivés, ont avancé beaucoup trop lentement. J’ai eu l'impression d'un gâchis de temps. En dépit de cela, le ressenti des élèves étaient tout autre : ils étaient contents de l'expérience.

C’est compliqué de répondre. Plus qu’une question de méthode c’est surtout une question de confiance et d’état d’esprit. Il y a bien sûr des collègues qui sont très traditionnels dans leur manière d’enseigner ; ils peuvent se sentir en danger dès que quelqu'un essaye quelque chose de différent. Je propose toujours aux collègues qui le désirent de leur montrer comment j’organise mes cours. Je peux les aider à mettre en place un fonctionnement en classe inversée. Un accompagnement entre pairs est toujours souhaitable. Le collègue qui essaie de fonctionner en classe inversée doit se préparer à une gestion de classe différente. Travailler en classe inversée fait tout changer y compris, et surtout, la posture de l’enseignant. L’inversion n’est pas une baguette magique et cela peut, parfois, ne pas fonctionner.

Ils utilisent leur propre téléphone portable. La lecture des QR codes en classe n'est pas indispensable. Ce n'est qu'un "plus". Toutes ces vidéos sont mises sur clé USB sur simple demande. En cas de besoin en classe, ils se prêtent les téléphones.

Bien sûr, les cours sont indiscutablement plus bruyants. Je gère les bavardages de la même façon que d’habitude. Les bavardages « hors-maths » n'ont pas complètement disparu. Bien souvent, lorsque j'ai un petit moment de répit, je "m'extrais" un peu en "scannant" la salle de classe. Je repère très vite s'il y a des élèves qui ne parlent pas de maths. Mais cela n'arrive pas très souvent.
Quand il y a du bruit, je constate que c'est bien souvent uniquement un bruit de travail, alors là, c'est une vraie satisfaction. Les élèves sont totalement engagés dans leurs apprentissages. Ce sont alors les cours dont je suis le plus fier !

Ressources

Document support de l'atelier

Présentation au format pdf
ou en ligne en ligne

Sources d'inspiration


- Vincent Faillet. La métamorphose de l’école. Edition Descartes & Cie. 2017
http://www.vincentfaillet.fr/

- Jean-Charles Cailliez. La classe inversée, l’innovation pédagogique par le changement de posture. Editions Ellipses. 2017 (2e édition à paraître en avril 2019)
 

Compléments

L’utilisation du BYOD Bring your own device ou AVEC Apportez votre équipement de communication (téléphones portables ou tablettes) n’est pas interdit.

La loi du 3 août 2018 encadre l’utilisation du téléphone des élèves, elle autorise une utilisation pédagogique tel que, par exemple, le travail en plan de travail et la lecture de QR codes.
Le chef d’établissement et les parents doivent être informés. De plus, le règlement intérieur doit préciser cet usage pédagogique du BYOD ou AVEC.
Il reste bien sûr nécessaire de prévoir des solutions techniques ou pédagogiques alternatives pour ne pas créer une fracture sociale supplémentaire.
  

L’utilisation de vidéo pédagogiques 
Les solutions possibles dans le respect du droit d'auteur :
-  Proposer un lien internet vers une vidéo hébergée sur une plateforme tierce. Dans ce cas, vous ne pouvez garantir l’environnement (publicités et autres sollicitations).
Ce lien est intégrable dans l’ENT e-lyco (lien internet URL ou code iframe intégré dans l’éditeur de texte riche).
- Lorsqu’il s’agit de vidéos pédagogiques réalisées par les élèves ou par l’enseignant, il est préférable d’héberger celles-ci sur Mediacad, plateforme d’hébergement de ressources multimédia. Ce service académique est activé par le chef d’établissement (demande AMIGO), tous les enseignants peuvent alors utiliser leur compte personnel.
Ces vidéos sont accessibles par QR code ou code d'intégration iframe ou lien URL. Tous ces liens sont intégrables dans l’ENT.
A noter : les fichiers vidéo au format mp4 peuvent également être déposés directement dans l’ENT en tant que ressource.


Compte-rendu rédigé par Catherine Lemonnier, chargée de mission à la DANE  

 

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