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les MOOC's : une déferlante aux nombreux enjeux

La question n'est plus d'être pour ou contre. Elle est d'en tirer le meilleur parti pour chaque acteur.

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Moocs, FLOT, FUN, OCEAN : autant d'abréviations qui symbolisent les avancées de ces dispositifs depuis ces derniers mois.



Qu'est qu'un MOOC ?


Les Moocs (Massive On line Open Courses) sont déjà cités en 2001 lors de l'annonce d'un projet du Massachusetts Institute of Technology visant à consacrer 100 millions de dollars pendant 10 ans afin de mettre en ligne des cours sur un site dédié.

Il s'agit d'un cours en ligne, le plus souvent sous forme de vidéo présentant l'exposé de l'enseignant, parfois accompagné d'encarts d'illustrations. Ce cours est accompagné d'activités et comporte le plus souvent un dispositif d'évaluation individuel. Le tout est hébergé sur une plate-forme en ligne.

FLOT ? SPOC ? TORC ? XMOOC ?

La diversité des abréviations reflète, entre autres, la diversité des formules existantes.

  • Le CLOM (Cours en Ligne Ouverts et Massifs) et FLOT (Formation en Ligne Ouverte à Tous) sont la forme francisée de l'acronyme originel, le second étant plutôt associé à des cours donnés en langue française.

  • Les xMOOCs font référence à une logique descendante de la formation : le cours vient d'une institution éducative, l'accompagnement est assuré par des tuteurs dédiés (étudiants, professeurs...). C'est la forme principale du MOOC tels qu'on le trouve sur Coursera, Udemy, par exemple.

  • A l'opposé, le cMOOC répond à une logique connectiviste : co-élaboration du contenu, accompagnement par l'agrégation des réactions et apports des formés, auto-évaluation (par exemple itypa2).

  • Enfin, il existe d'autres typologies. Par exemple les TORC (Tiny Online Restricted Course), les SOOC (Small Online Open Course), les SPOC (Small Private Online Courses) illustrent la particularité de certains MOOCs orientés vers un public restreint, éventuellement sélectionné.

Dans les lignes qui suivent, nous nous attacherons surtout aux xMOOCs.

Des  atouts indéniables

  •   offrir, en théorie à la planète entière, la possibilité d'accéder aux cours des meilleurs spécialistes des plus grandes universités.

  • permettre aux universités de lutter contre l'absentéisme lié aux difficultés de déplacements dans les zones urbaines ou au cumul emploi/études.

  •   proposer des dispositifs d'accompagnement aptes à favoriser l'appropriation, au rythme de chacun, du cours magistral précédemment suivi.

  • générer grâce à l'approche connectiviste une dynamique de formation associant de manière coopérative et incitative les formés au processus de formation, ces derniers devenant des acteurs à part entière de leur formation.


Des critiques toutefois

En suivant la logique de la classe inversée, la démarche pédagogique consiste à partir d'un cours magistral théorique, que les internautes vont ensuite intégrer au moyen d'activités. Ils ne participent pas, la plupart du temps,en tant qu'acteurs à la construction des éléments dont la synthèse mènera au cours théorique. Cette approche est critiquable ne serait-ce que par la posture de consommateur de l'apprenant, consommateur d'un contenu asséné comme vérité.

La forme magistrale, proche du cours de faculté, interfacée par l'écran, suppose des pré-requis, une capacité d'abstraction qui peut rendre ardu le suivi du cours par certains formés. Apprécié en formation continue, cet outil est moins évident en formation initiale.

Ce d'autant plus que la solitude dans laquelle se trouve l'internaute - indépendamment des relations virtuelles avec les autres formés ou les tuteurs -  peut rendre difficile l'astreinte à suivre régulièrement les heures d'enseignement chez soi.

De plus, si poussée que soit l'interaction de la plate-forme avec le formé, l'absence de brassage, de relation avec une population de co-formés peut ôter un atout qu'offre le présentiel.

De même, la nature de l'accompagnement, par sa forme automatisée, n'offre pas la richesse de l'échange en direct à plusieurs.

Enfin, certains craignent que nombre de lieux de formations (écoles, collèges, lycées) dans une démarche d'économie, se nourrissent des cours en ligne pour organiser ensuite des activités en classe : les enseignants seraient alors assujettis à un contenu standardisé.

La question de l'évaluation

Du fait de la formation à distance dont il s'agit ici, l'évaluation s'appuie sur des critères spécifiques par des voies automatisées. Cette évaluation peut aboutir à une attestation de suivi de l'intégralité du cours en ligne à laquelle s'ajoutent les résultats à des tests de type QCM dont l'efficacité est à la fois réelle mais également restreinte du fait des caractéristiques propres à ce type d'évaluation (choix limité, aptitude à la synthèse délicate à mesurer...).
Par ailleurs, le fait que l'évaluation se produise chez soi hors de contrôle pose également une limite à sa valeur. Sans doute faut-il envisager cette formation et la validation qui s'y rapporte dans un paradigme différent de celui de la formation initiale scolaire.

Se pose alors la question de la reconnaissance de ce type de formation. Après une validation réussie, nombre de MOOCs délivrent des certificats (cf. la pratique des badges chez ITyPA.)

Du certificat au diplôme, il y a un pas, peu aisé à franchir, sans doute du fait des modalités d'évaluation. Voilà pourquoi les MOOCs à valeur diplômante sont rarissimes.

Il n'en reste pas moins qu'une forme de reconnaissance de la validation peut exister lorsque les certificats obtenus relèvent des ECTS.

La question de l'enjeu social

Cet enjeu peut s'aborder de différentes manières. Nous l'avons en partie évoqué dans l'approche pédagogique. Ici, nous nous limiterons à la liberté d'accès aux contenus.

Un point fort des Mooc's est d'offrir au grand nombre, de manière possiblement gratuite, l'accès aux meilleurs experts en matière disciplinaire, et ce sur des domaines immenses de formation.
Un autre avantage d'ordre financier est à mettre en avant : le mode de formation à distance induit des économies substantielles en termes de frais de logements et de déplacements quotidiens des formés.

Cependant des limites existent : la disparité des équipements informatiques et leur accès inégalitaire, socialement différencié.

Quant à la gratuité des MOOC's, elle ne constitue pas une règle, loin s'en faut : certains cours sont payants (quelques centaines d'euros, cf. Udemy, Canvas) ; d'autres exigent un paiement au moment de la certification.

La question de l'enjeu économique

La mise en place des MOOCs a été interprétée par certains comme une manière d'opérer de sérieuses économies dans les coûts en enseignants et infrastructures des universités ou écoles. La chose est possible mais des éléments atténuent cette dimension.

La mise en place des MOOCs a été interprétée par certains comme une manière d'opérer de sérieuses économies dans les coûts en enseignants et infrastructures des universités ou écoles. La chose est possible mais des éléments atténuent cette dimension.
D'une part, mettre en place un MOOC coûte cher en création de plate-forme ou en frais d'utilisation d'une plate-forme existante.
D'autre part, l'enseignant, outre le fait de créer le cours, peut ou doit participer aux activités d'appropriation du contenu en présentiel (TD, tutorat...). Cela peut d'ailleurs constituer un élément de valorisation de la carrière de l'enseignant (cf. les annonces de la ministre, Mme Fioraso, lors du lancement de  France Université Numérique).

Un second aspect concerne la marchandisation de la formation.
A l'offre publique s'ajoute maintenant une solution payante, les écoles devant financer les plates-formes, les formés assumer les frais de certains cours.
Cet outil va-t-il se cantonner à une partie de la formation des étudiants, voire des lycéens ? Va-t-il se limiter à l'accompagnement des apprenants (cf. la demande de soutien des familles auprès d'entreprises de formation) ou se substituer à l'offre gratuite ? En l'occurrence, si une discipline n'est pas proposée par un établissement, ce dernier ne va-t-il pas inciter l'élève à se tourner vers une formule en ligne ? Présentiel et cours en ligne : complémentarité, synergie ou progressive substitution ?

Par ailleurs, quel est le statut des cours en ligne déposés sur les plates-formes ? La propriété en reste-t-elle au créateur, à l'organisme qui l'emploie, ou devient-elle un produit à disposition de la plate-forme ? Cela peut dépendre du statut de cette dernière. Ainsi, dans le Mooc Inum : "La structure générale ainsi que les logiciels, textes, images animées ou non, sons, savoir-faire,... et tous les autres éléments composant le site sont la propriété exclusive de l'éditeur ou bien sont régulièrement exploités sous licence" (règles du Mooc Inum).

Au final, l'économiste ne peut éviter de s'interroger sur la pertinence économique des MOOC's, si l'on confronte coûts de mise en œuvre des plates-formes et efficacité de l'outil de formation (taux de décrochage, activité non diplômante).

La question de l'enjeu culturel

Concernant les Mooc's, un double défi est à relever :

  • veiller à leur développement en langue française, indispensable pour irriguer la francophonie face à l'étendue de l'offre en langue anglaise, cette dernière intégrant parfois les cours de grandes écoles francophones.

  • diffuser ces cours sur des plates-formes nationales, éventuellement créées par le secteur public et à faible coût, contribuant ainsi au rayonnement des instituts de formation français et francophones au sein d'une offre mondiale constituée par les grandes écoles et universités vers lesquelles se tourne une population estudiantine de plus en plus mobile, l'influence culturelle n'étant pas sans retombées économiques à long terme.

Le lancement de France Université Numérique fin 2013 est la concrétisation de ces ambitions.

Les MOOC's en 2014

2014, c'est l'entrée en activité de FUN, France Université Numérique, avec une vocation d'hébergement et de promotion des FLOTs.

Il s'agit d'encourager la production de ces ressources dans un cadre de gratuité et d'incitation des enseignants universitaires à accompagner les étudiants. FUN se veut une locomotive en matière de cours massifs ouverts en ligne en langue française, offrant une assistance technique et juridique à ceux qui désirent se lancer dans cette production.
En mars 2014, 200000 internautes suivent 25 MOOCs sur FUN, qu'il s'agisse de formation initiale ou continue.

2014 c'est aussi le développement de portails afin d'aider l'internaute à se retrouver dans l'offre des MOOCs, à l'échelle nationale, européenne ou mondiale :

  • Open Courseware France : issu de FUN
  • OCEAN : sélection de MOOCs labellisés, en langue française
  • Open Education Europa : espace d'échanges, de publication de revues sur la pédagogie et le numérique mais aussi annuaire de MOOC's à l'échelle européenne

 

En conclusion

2014, c'est un frémissement significatif, annonciateur de MOOCs à destination des lycées.

Le développement des MOOCs est un phénomène acquis que les interrogations en matière pédagogique, économique (quel modèle ?) ou sociale (quelle égalité d'accès ?) ne remettront pas en cause, tant sont prégnants les enjeux économiques et culturels.

Sans doute une diversification des démarches et des types d'offres caractérisera-t-elle bientôt ce monde émergeant : MOOCs descendants ou connectivistes, gratuits ou payants, accompagnement professionnalisé (tutorat) ou communautaire, plate-formes spécialisées ou déclinées d'outils existants (comme ITyPA, sous Claroline Connect).

Quoi qu'il en soit, l'initiative du Ministère constitue une étape importante pour l'émergence des MOOCs dans l'univers francophone - déjà habité par la présence canadienne -  et ce particulièrement dans l'hexagone.

Il restera à observer selon quelles logiques (quelles alliances) les fournisseurs de contenus tisseront des liens avec les plate-formes existantes : faisons le pari d'une relation gagnant-gagnant entre créateurs de contenus, plate-formes et formés, tant dans le domaine de la formation continue que de la formation initiale...


Quelques éléments de sitographie

lien externeLes universités se lancent dans les cours gratuits en ligne
Les Echos.fr, Marie-Christine Corbier 02 octobre 2013

lien externeSe former en ligne avec les MOOCs
Commentçamarche.net octobre 2013

lien externeLe MOOC. Définition
Blog Tuto.com. 25 juillet 2013
















 

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