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Engagement et parole des élèves en cours de philosophie

mis à jour le 05/08/2022


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Une  journée de formation continue a été consacrée à l'engagement et à la parole des élèves en cours de philosophie.
Elle était animée par trois collègues professeurs de l'Académie de Nantes : Alexis Avril, Céline Belloq et Karine Prévot

Vous trouverez ci-dessous le compte-rendu effectué à partir des notes de professeurs ainsi que deux fichiers sur les activités des élèves.

mots clés : philosophie, pédagogie, engagement, parole, activités, élèves


Compte rendu

Pourquoi ce choix de formation ?

Il peut être difficile à laisser aux élèves suffisamment de place pour s’engager et parler en cours de philosophie, du fait notamment de nos habitudes.

L’origine de la difficulté peut être recherchée dans différentes sources :

  • Disposition de la salle de classe reste inchangée depuis 1880.
  • Définition de la salle de classe par Ferdinand Buisson, dans son Dictionnaire de pédagogie et d'instruction primaire : lieu où les élèves sont « forcément astreints au silence et à l’immobilité ».
  • En 1880, Jean-Baptiste de La Salle propose l’enseignement simultané : une seule activité pour tous les élèves menée par un professeur. Avant cela, la méthode individuelle était la méthode privilégiée.
La méthode simultanée a gagné nos habitudes et a eu pour conséquence le même tableau pour tous et le même manuel.

Quel est son effet ? La sacralisation de la parole du maître.
En effet, si l’on se place du point de vue de l’élève, le maître est sur une estrade devant un grand tableau et une croix (du moins en 1880).

Il apparait une certaine difficulté au sein de la méthode simultanée de laisser la parole aux élèves à l’oral.


Vertus de l’oralité.

Le questionnement et l'explicitation à l’oral sont des compétences attendues et directement évaluées au Grand Oral.

La pratique de l’oral avec les élèves a des vertus propres en philosophie.

Exigence d’argumentation construite, en dissertation et en explication de texte.

 

Trois difficultés

  1. Cependant, il existe parfois une rupture en qualité des analyses formulées à l’oral par les élèves et celle des travaux écrits, comme si l’esseulement de l’élève devant sa copie lui faisait perdre ses moyens.
    L'idée est donc de trouver le moyen d’utiliser les capacités travaillées à l’oral pour les porter sans heurts vers l’écrit.
     
  2. Les difficultés existent aussi dans l’apprentissage, avec ces élèves apprenant par cœur la parole de l’enseignant (celui ou celle-ci demandant une répétition à l’identique). L'idée est donc de travailler à l’oral à la reformulation.

    Il s'agit de sortir d’un « descendant pur » pour favoriser la prise de notes autour de ce travail de reformulation.
     
  3. Il est également important que tous les élèves puissent parler en cours, et pas seulement ceux qui ont déjà une capacité oratoire développée. Souci du même groupe d’élèves participant exclusivement.
    Intérêt des activités proposées pour que chacun ait accès à la parole, sans rester dans l’ombre de leurs camarades participant davantage.
    On peut mettre en place des capacités qui valorisent la parole de tout le monde, où chacun peut développer sa pensée de façon autonome, afin de dépasser certaines angoisses et faire un lien entrer qualité de ces interventions orales et la trace écrite dans les cahiers comme dans les copies.

    Pour que l’élève parle, encore faut-il que le professeur se taise.
    Or, comme étudiant, nous avons été habitués à écouter parler pour s’en imprégner, puis l’imiter, pour savoir faire des distinctions conceptuelles et argumenter.
    Inconsciemment, on reproduit ce schéma plus ou moins.

Sébastien Charbonnier, maître de conférences, spécialiste de la didactique de la philosophie, l’analyse notamment dans un article de l'ouvrage collectif Qui enseigne qui ? Pour une pédagogie inverse en philosophie, éditions Lambert Lucas, 2019.

Un autre article interroge la notion de l’argument d’autorité en classe, assez ambivalent en classe de philosophie : à la fois interdit, mais avec nécessité de s’appuyer sur des auteurs, et le professeur a à la fin le dernier mot (pour l’interprétation d’un texte, par exemple).

 

Qu’est-ce qui fait que l’élève ne s’engage pas en classe de philosophie ?

Il y a donc tout à gagner à ce que l’élève emploie ses propres pensées. L’autorité du professeur sert dès lors à autoriser l’élève.

Il est par ailleurs important, quand on fait parler l’élève, dit Charbonnier, que l’on soit habité d’une émotion cognitive. « Me réjouir parce que l’autre parle », car cela permettra d’examiner une idée.

Mais est-ce facile pour un ou une professeure de philosophie ? On pousse parfois l’élève à dire vite ce qu’il a à dire pour aller rapidement au texte de philosophie. On dit à l’élève que ce qui est intéressant c’est qu’il anticipe ce qui est dit par l’auteur. On manipule ainsi la parole de l’élève et on l’annule.

 

Quelles sont les activités de groupes possibles ?

Plusieurs dispositifs sont possibles, ils premettent notamment d'apprendre à penser contre soi.

  1. Un Comité Consultatif National d’Éthique : voir document ci-dessous.

  2. Un procès : avec des rôles répartis, voir document ci-dessous.
     
  3. Un colloque des philosophes : à partir d'un problème, plusieurs philosophes défendent leur thèse. Par groupe, les élèves reçoivent le texte d'un ou une philosophe qui soutient une thèse. Il s'agira ensuite d'en faire la restitution aux autres groupes.
     
  4. Les groupes puzzle : il s'agit d'abord de diviser la classe en deux groupes. Chaque moitié de la classe étudie un texte différent de deux auteurs sur un sujet déterminé. Au sein de chaque moitié, on constitue des petits groupes de travail (3 élèves). Chacun de ces petits groupes travaille sur le texte pour le comprendre. Le ou la professeure passe auprès des groupes pour les aider dans cette compréhension.
    Après ce temps d'analyse en petit groupe, chacun devient le spécialiste du texte. 
    On constitue alors des binômes : un élève de la première moitié de la classe et un élève de la seconde moitié de la classe. En binôme, à tour de rôle, les élèves présentent à leur camarade le texte qu'ils ont étudié.
    On termine par une reprise en classe entière pour la prise de notes collective.
     
 

Activité de groupe : le comité consultatit d'éthique


 


 

Activité de groupe : le procès


 


 
contributeur(s) :

Alexis Avril, Professeur de philosophie
Céline Belloq, Professeure de philosophie
Karine Prévôt, Professeure de philosophie

information(s) pédagogique(s)

niveau : Terminale, enseignement supérieur, classes préparatoires

type pédagogique : connaissances, leçon

public visé : enseignant, élève, étudiant

contexte d'usage : non précisé

référence aux programmes : La justice, L'État, la liberté

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philosophie - Rectorat de l'Académie de Nantes