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Sujets de HLP terminale, bac 2021 candidats libres, 7 juin 2021

mis à jour le 09/06/2021


vignette sujet 02

Les deux sujets proposés aux candidats et candidates libres pour la spécialité Humanités, littérature et philosophie, terminale, le 7 juin 2021.

mots clés : sujets, bac, 2021, voie générale, spécialité, HLP, candidats libres


voie générale, spécialité HLP, terminale, sujet 1, 2021


 Le sujet du rêve ou la première personne onirique, c’est le rêve lui-même, c’est le rêve tout entier. Dans le rêve tout dit « je », même les objets et les bêtes, même l’espace vide, même les choses lointaines et étranges, qui en peuplent la fantasmagorie. Le rêve, c’est l’existence se creusant en espace désert, se brisant en chaos, éclatant en vacarme, se prenant, bête ne respirant plus qu’à peine, dans les filets de la mort. Le rêve, c’est le monde à l’aube de son premier éclatement quand il est encore l’existence elle-même et qu’il n’est pas déjà l’univers de l’objectivité. Rêver n’est pas une autre façon de faire l’expérience d’un autre monde, c’est pour le sujet qui rêve la manière radicale de faire l’expérience de son monde, et si cette manière est à ce point radicale, c’est que l’existence ne s’y annonce pas comme étant le monde. Le rêve se situe à ce moment ultime où l’existence est encore son monde, aussitôt au-delà, dès l’aurore de l’éveil, déjà elle ne l’est plus. C’est pourquoi l’analyse du rêve est décisive pour mettre au jour les significations fondamentales de l’existence.

Michel Foucault, Introduction, in Binswanger (L.), Le Rêve et l’Existence (1954).


Première partie : interprétation philosophique

En quoi l’expérience du rêve est-elle une expérience de soi ?

Deuxième partie : essai littéraire

Qu’est-ce que la littérature partage avec le chaos des rêves ?
 

voie générale, spécialité HLP, terminale, sujet 2, 2021


Publiée en 1947, L’Espèce humaine est un récit de l’expérience des camps de concentration et d’extermination pendant la Deuxième Guerre mondiale. Résistant, Robert Antelme a été arrêté et déporté d’abord à Buchenwald puis dans un camp de travail à Gandersheim. L’extrait proposé se situe au moment où prisonniers et officiers SS fuient sur les routes d’Allemagne l’avancée des armées alliées. Après une longue journée de marche, les prisonniers se retrouvent dans « une grande maison isolée » pour passer la nuit, tous entassés sur le plancher.

Dehors, la vallée est noire. Aucun bruit n'en arrive. Les chiens dorment d'un sommeil sain et repu. Les arbres respirent calmement. Les insectes nocturnes se nourrissent dans les prés. Les feuilles transpirent, et l'air se gorge d'eau. Les prés se couvrent de rosée et brilleront tout à l'heure au soleil. Ils sont là, tout près, on doit pouvoir les toucher, caresser cet immense pelage. Qu'est-ce qui se  caresse et comment caresse-t-on ? Qu'est-ce qui est doux aux doigts, qu'est-ce qui est seulement à être caressé ?
Jamais on n'aura été aussi sensible à la santé de la nature. Jamais on n'aura été aussi près de confondre avec la toute-puissance l'arbre qui sera sûrement encore vivant demain. On a oublié tout ce qui meurt et qui pourrit dans cette nuit forte, et les bêtes malades et seules. La mort a été chassée par nous des choses de la nature, parce que l'on n'y voit aucun génie qui s'exerce contre elles et les poursuive. Nous nous sentons comme ayant pompé tout pourrissement possible. Ce qui est dans cette salle apparaît comme la maladie extraordinaire, et notre mort ici comme la seule véritable. Si ressemblants aux bêtes, toute bête nous est devenue somptueuse ; si semblables à toute plante pourrissante, le destin de cette plante nous paraît aussi luxueux que celui qui s'achève par la mort dans le lit. Nous sommes au point de ressembler à tout ce qui ne se bat que pour manger et meurt de ne pas manger, au point de nous niveler sur une autre espèce, qui ne sera jamais nôtre et vers laquelle on tend ; mais celle-ci qui vit du moins selon sa loi authentique– les bêtes ne peuvent pas devenir plus bêtes – apparaît aussi somptueuse que la nôtre « véritable » dont la loi peut être aussi de nous conduire ici. Mais il n'y a pas d'ambiguïté, nous restons des hommes, nous ne finirons qu'en hommes. La distance qui nous sépare d'une autre espèce reste intacte, elle n'est pas historique. C'est un rêve SS de croire que nous avons pour mission historique de changer d'espèce, et comme cette mutation se fait trop lentement, ils tuent. Non, cette maladie extraordinaire n'est autre chose qu'un moment culminant de l'histoire des hommes. Et cela peut signifier deux choses : d'abord que l'on fait l'épreuve de la solidité de cette espèce, de sa fixité. Ensuite, que la variété des rapports entre les hommes, leur couleur, leurs coutumes, leur formation en classes masquent une vérité qui apparaît ici éclatante, au bord de la nature, à l'approche de nos limites : il n'y a pas des espèces humaines, il y a une espèce humaine. C'est parce que nous sommes des hommes comme eux que les SS seront en définitive impuissants devant nous. C'est parce qu'ils auront tenté de mettre en cause l'unité de l'espèce qu'ils seront finalement écrasés.

Robert Antelme, L'espèce humaine, (1947).


Première partie : interprétation littéraire :

Qu’apporte à la réflexion de Robert Antelme sa méditation poétique sur la nature ?

Deuxième partie : essai philosophique :

L’espèce humaine a-t-elle besoin de faire l’expérience de la violence pour éprouver
son unité ?
 

information(s) pédagogique(s)

niveau : Terminale

type pédagogique : sujet d'examen

public visé : enseignant, élève

contexte d'usage : non précisé

référence aux programmes : philosophie, bac, sujets, 2021, Amérique du Nord

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