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mis à jour le 05/04/2012
L'apparition récente du Pizzly, hybride fertile de l'ours polaire et du grizzly, semble être une des conséquences des modifications de l'environnement liées aux activités humaines. Son étude peut permettre d'étudier les limites de la notion d'espèce classiquement établie, et de la mettre en perspective avec l'évolution récente des Ursidés et ses relations naturelles avec un environnement en pleine mutation.
mots clés : hybridation, espèce, hybride fertile, pizzly, ours polaire, grizly, ours brun, terminale S, évolution, réchauffement climatique
Extrait de "La reproduction de l'Ours. Etude bibliographique. Thèse pour le Doctorat vétérinaire, présentée et soutenue publiquement à la faculté de médecine de Créteil par Caroline Jourdain de Muizon en 2006) http://theses.vet-alfort.fr/telecharger.php?id=166
- Nombreux cas d'hybridations fertiles observées en captivité, puis plus récemment dans la nature, entre l'ours polaire (Ursus maritimus) et l'ours brun (Ursus arctos) de l'Amérique du nord.
- Un hybride recueilli ourson dans la nature et étudié en 2005 par Galbreath et al, au Cambodge, entre un ours des cocotiers (Ursus malayanus) et un ours à collier ((Ursus thibetanus).
- Un hybride né en captivité, entre un ours des cocotiers (Ursus malayanus) et un ours lippu (Melursus ursinus).
- Plus étonnant peut-être, un hybride né en captivité d'un croisement entre un ours à collier (Ursus thibetanus) et un ours à lunettes ( Tremarctos ornatus) ! Les études menées ont montré que cet hybride était fertile.
Ainsi, le critère biologique d'interfécondité, généralement utilisé pour définir la notion d'espèce, peut parfois être mis en défaut. Il est donc nécessaire d'appliquer une dimension temporelle à la notion d'espèce.
"Chez les animaux comme chez les plantes, on sait aujourd'hui qu'il existe beaucoup de cas d'hybridations spontanées", confirme Franck Cézilly, professeur d'écologie comportementale à l'Université de Bourgogne (Dijon). La nouveauté, c'est que cet évènement pourrait considérablement s'amplifier parmi les mammifères polaires sous l'effet du réchauffement climatique. Du fait, d'une part, de la remontée vers le nord de certaines espèces. Et d'autre part, parce que les populations sur le déclin, au-delà d'un certain seuil, ne sont plus assez nombreuses pour que deux individus reproducteurs se rencontrent, ce qui augmente les chances d'hybridations lorsqu'ils entrent en contact avec des représentants d'espèces proches.
(...) "Avant la fin du siècle, l'océan Arctique sera sans doute libre de glace durant l'été, explique le chercheur. Les phoques et les baleines qui, jusqu'à présent, sont restés isolés par la mer de glace, évolueront alors dans les mêmes eaux." La baleine du Groenland et la baleine franche de Biscaye pourraient alors s'accoupler, de même que les représentants d'espèces différentes de phoques, de marsouins(...)
S'ils sont fertiles, ces croisements risquent (...) de donner naissance à des animaux moins adaptés à leur environnement. Particulièrement bien protégé du froid grâce à sa fourrure doublée d'une épaisse couche de graisse, l'ours blanc, une fois mâtiné de grizzly, pourrait se révéler nettement moins apte à supporter les rudes conditions du Grand Nord. Et certains de ces "pizzly", observés dans un zoo allemand, ont montré qu'ils avaient la même aptitude à chasser le phoque que l'ours polaire, mais pas ses capacités de nageur hors pair."
"L'hybridation n'est pas forcément une mauvaise chose, et peut constituer une importante source de renouvellement biologique. Mais si elle est provoquée par les activités humaines, elle se produit vite et risque de réduire la diversité des gènes et des espèces", estiment les chercheurs américains, pour qui il est urgent de mettre en oeuvre le suivi génétique des animaux de l'Arctique. "Il faudra étudier le comportement des nouveaux hybrides, les suivre sur plusieurs générations, vérifier s'ils gardent leur vigueur biologique et s'ils se reproduisent entre eux", renchérit Franck Cézilly.
Cet exemple permet donc de comprendre que la définition de l'espèce est délicate, peut reposer sur des critères variés, et qu'une population identifiée comme constituant une espèce (Ursus arctus ou Ursus maritimus) n'est définie que durant un laps de temps fini. L'ours polaire semble être actuellement une espèce en voie de disparition, non seulement parce qu'il cesse d'être isolé génétiquement, mais aussi parce que son milieu de vie disparaît.
Catherine Martin, Professeur de SVT - Lycée Europe - CholetPatrick Ferreira, Professeur de SVT - Lycée Joubert - Ancenis
niveau : Terminale S
type pédagogique : article
public visé : enseignant
contexte d'usage : non précisé
référence aux programmes : Terminale S. Thème 1-A-3 : De la diversification des êtres vivants à l'évolution de la biodiversité.
sciences de la vie et de la Terre - Rectorat de l'Académie de Nantes