Contenu

sciences de la vie et de la Terre

Recherche simple Vous recherchez ...

espace pédagogique > disciplines du second degré > svt > enseignement > lycée > Spécialité SVT > terminale

Revue de Presse - évolution humaine - année 2015

mis à jour le 06/11/2015


vigentte revue presse

Cette revue de presse correspond à une lecture critique des articles sur l'évolution des hominidés parus dans certaines revues scientifiques francophones en 2015. Les articles sont classés par ordre chronologique.

mots clés : Evolution Humaine, Hominisation, Homme, hominidé, primates, préhistoire, outil, paléontologie, anthropologie


Décembre 2015


Lévolution de l'Homme au XIX° siécle, revue de presse en forme

Little Foot plus vieux que Lucy - La Recherche N°506 p 52

Le contexte géologique de la découverte de cet australopithèque sur africain est notablement différent de celui qui entoure les fossiles d'Afrique de l'Est. Le squelette quasi complet de Little foot a été retrouvé dans un ébouli consolidé dans un contexte karstique. Il a fallu treize ans pour le dégager complètement. Sa datation n'était pas réalisable par des procédés classiques. C'est finalement les quartz tombés en même temps que le corps qui ont donné un âge qui correspond à leur soustraction aux rayons cosmique soit 3.57 ma à 0.160 ma près.
Cet âge considérable place cet australopithèque parmi les proches parents des ancêtres de la lignée humaine.

Malgré l'intérêt de ce fossile, il sera très difficile d'exploiter cet article avec nos élèves. Les techniques de datations utilisées tant relatives qu'absolues sont très complexes. Quant à la parenté avec notre espèce, on attend avec impatience la description anatomique de Little Foot.


Comment Homo sapiens a conquis la planète - Pour la science N° 458 p 26

Dans cet article très développé, Curtis Marean tente d'apporter une réponse à cette étrange question : Pourquoi l'humanité est maintenant réduite à une seule espèce maintenant répandue à la surface de la Terre entière ? Son scénario repose sur l'importance des zones refuges lors des maxima glaciaires, sur les sciences sociale et sur des traces d'extinctions. Les premiers hommes anatomiquement modernes seraient longtemps restés cantonnés en Afrique et la conquête des autres continents n'aurait commencée que tardivement. L'auteur voit dans l'exploitation des ressources halieutiques côtières une mode de subsistance pour les populations réfugiées dans l'Ouest de l'Afrique du sud lors du dernier maximum glaciaire. La défense de ces ressources à la fois abondantes et prévisibles contre les autres groupes auraient rapidement sélectionné les individus les plus aptes à coopérer pour les défendre collectivement.
L'auteur appelle "hyperprosociabilité" cette innovation qui permet aux hommes de collaborer avec des individus et des groupes non apparentés pour atteindre un but commun. Il considère cette prosociabilité comme une particularité génétique d'Homo sapiens. Pour lui, la défense des ressources, la compétition entre les groupes et l'existence de conflits avec d'autres groupes sont des facteurs favorables à la propagation de la prosociabilité aux sein de l'espèce. L'apparition des armes de jet a donné à ces groupes un avantage décisif face aux autres humains et à la mégafaune. Curtis Marean trace une carte de la conquête du monde partant de l'Afrique du sud et qui se traduit par l'élimination des autres espèces humaines et de la mégafaune des autres continents. Quelques encadrés viennent tempérer ce récit épique en rappelant les principales objections formulés par les paléoanthropologues.

La convocation des sciences sociales est sans doute l'aspect le plus intéressant de cet article mais l'auteur est quelque peu péremptoire en écrivant que les autres espèces humaines n'étaient pas capables de coopérer de façon aussi efficace. L'article est volontiers provoquant mais parfois de façon habile quand il affirme qu'aucune espèce n'est capable d'attendre paisiblement sur le tarmac d'un aéroport et d'éviter de se battre pendant tout un trajet en avion. Cet éloge de la coopération au sein de grands groupes non apparentés ne laissera pas nos élèves indifférents mais il nous faudra sans doute aborder ce scénario avec beaucoup de prudence car il fait peu de cas des travaux des autres paléoanthropologues


Le cousin africain des Sardes - Pour la science N° 458 p 13

Le premier séquençage complet d'un africain fossile a concerné un chasseur cueilleur enterré dans une grotte en Ethiopie. Il révèle des séquences très voisines de celles de habitants actuels de la région mais aussi des celles des Sardes. Il apparaît ainsi que les premiers agriculteurs du Proche Orient doivent être comptés parmi les ancêtres de ces deux populations.

La conservation de l'ADN étant très difficile en climat chaud, ce premier séquençage est particulièrement important d'autant qu'il montre que les migrations et les échanges génétiques n'ont pas été univoques. Un article intéressant mais le manque d'éléments factuels ne permet guère de l'exploiter avec nos élèves.


Nos ancêtres dormaient peu - Pour la science N° 458 p 10

En étudiant des populations actuelles préindustrielles africaines, il a été mis en évidence que leurs membres dormaient peu et faisaient peu la sieste. Ce résultat a été extrapolé aux populations anciennes.

Cette brève en dit trop peu sur les conditions d'enquête et sur les biais qui ont pu y être introduits. On attendra donc plus de précisions mais il faut remarquer qu'actuellement les huit heures quotidiennes de sommeil ne sont le lot que d'une minorité d'adultes.



Retour

Novembre 2015


Lévolution de l'Homme au XIX° siécle, revue de presse en forme

Neandertal : à la recherche des génomes perdus - La Recherche N°505 p 100

Dans cette critique du livre de Svante Pääbo au titre éponyme, Catherine Hänni explique la démarche de ce précurseur de l'analyse de l'ADN ancien.

Une critique qui donne envie de le lire malgré les difficultés signalées.


Percée dans l'analyse de l'ADN ancien - La Recherche N°505 p 31

L'ADN nucléaire d'os et de dents issus des fouilles de la grotte de Sima de los Huesos en Espagne a pu être séquencé par une équipe de l'institut Max Planck de Leipzig. La performance est grande au vu de l'âge de ces restes (300 000 à 400 000 ans). Cette étude permet de rapprocher les fossiles des néandertaliens plutôt que des denisoviens ou des hommes modernes. Cela atteste l'ancienneté de l'installation de cette espèce en Europe.

Cette avancée ne bouleverse pas les théories généralement admises sur les différents peuplements de l'Europe. On pourra éventuellement utiliser cet article avec nos élèves car il montre que les scénarios basés sur l'ADN mitochondrial doivent être confortés par ceux issus de l'analyse de l'ADN nucléaire.


Homo naledi, l'homme sans âge - La Recherche N°505 p 26

Dans cet entretien, Sandrine Prat revient sur les publications de l'équipe de Lee Berger concernant Homo Naledi. Tout en soulignant l'importance de la découverte, elle formule les nombreuses restrictions qui font que, pour l'instant, la place de cette espèce dans le buisson humain ne peut être déterminée.

Des réponses précises qui pourront être utilisées en classe si cette découverte fait l'objet d'une demande d'explication de la part des élèves.


L'énigmatique Homo naledi : 1550 os dont 137 dents, mais pas de dates - Pour la science N° 457 p 6

Cette imposante collection de restes a été étudiée par une équipe internationale dirigée par Lee Berger, paléoanthropologue américain travaillant en Afrique du sud et spécialiste aussi des coups médiatiques. Ses confrères, probablement irrités, ne manquent pas de critiquer les lacunes de l'étude en matière de datation. Celle-ci n'est pas du tout accessoire. Les éboulis karstiques où ont été trouvés ces restes échappent aux datations géologiques classiques. Homo naledi est proche à la fois des Australopithèques et des premiers représentants du genre Homo. Berger penche plutôt pour la seconde solution proclamant presque que l'on est là en présence des premiers représentant de ce genre. Il est possible aussi qu'Homo naledi soit bien postérieur à la divergence entre les australopithèques et les hommes. C'est pour cela que sa datation et si importante.

Il est rare qu'un article se montre aussi critique envers une publication qui apparaît de toute façon très importante. Cela illustre bien le fait qu'en paléoanthropologie les couteaux sortent facilement de leur fourreau surtout si l'auteur est un peu provocateur. Sans doute faudra-t-il être prudent et attendre la datation de ces fossiles pour les intégrer au corpus de connaissances sur l'évolution de l'homme.



Retour
 

Octobre 2015


Lévolution de l'Homme au XIX° siécle, revue de presse en forme

Des massacres déjà fréquents au Néolithique - La Recherche N°504 p 24

Des fosses communes contenant des corps suppliciés empilés en désordre ont été découvertes dans des localités d'Europe centrale. Les corps présentent généralement fractures du crâne et des jambes qui résultent de coups de haches en pierre polie. Ces inhumations sont datées de 7 000 BP et rattachées à la culture rubanée. Pour les auteurs de la découverte il pourrait s'agir de massacres perpétrés au cours d'une période de disette.

Un article qui n'entre pas du tout dans les préoccupations de nos programmes. Les massacres ne sont malheureusement pas l'apanage de la période historique et on peut s'interroger, comme les auteurs de l'étude, sur les causes probables de ces évènements. Il reste que la récupération par des idéologues de tous bords de ce "fait divers préhistorique" est un risque important qui nous détournera de ce sujet.



Retour
 

Septembre 2015


Lévolution de l'Homme au XIX° siécle, revue de presse en forme

Reste-t-il des secrets de famille chez les hominidés ? - La Recherche N°503 p 64

Sous ce titre accrocheur et un peu en porte-à-faux car il s'agît uniquement des hominines, l'auteur se livre à un inventaire des découvertes récentes concernant les hominines entre 4 et 1 ma. L'impression qui domine est celle d'une grande diversité de formes aussi bien chez les australopithèques que chez les représentants du genre Homo. Une excellente frise chronologique donne à voir cet aspect buissonnant des hominines. Très classiquement la conclusion de l'article retourne aux vieilles lunes de l'influence du changement climatique pour expliquer la divergence des paranthropes et des hommes

Un article précieux et facile à lire pour nos élèves. Il ne s'agît pas bien entendu de nier le changement climatique qui a eu lieu vers - 3 ma mais lui attribuer la responsabilité complète des spéciations semble abusif. La grande diversité des espèces à cette époque, liée à la petite taille des populations et leur grande dispersion sur un vaste territoire, obligent à penser que ces spéciations rapides ont pu résulter pour une grande part de la dérive génétique et de l'effet fondateur. Décidemment, on a toujours autant de difficultés même dans la vulgarisation scientifique à prendre en compte les effets du hasard.


Des migrations préhistoriques confirmées par de l'ADN ancien - La Recherche N°503 p 12

Le séquençage de l'ADN de 101 individus des cultures Cordées, Yamna et d'Afanasievo conduit à considérer que ces peuples de l'âge du bronze ont de très fortes parentées génétiques. A telle point que les Yamnas et les hommes d'Afanasievo ne sont pas différentiables. Ces éléments génétiques confortent le scénario de peuplement de l'Europe basé sur la comparaison des éléments culturels. La population de culture Yamnas serait assimilable aux peuples qualifiés autrefois d'indo-européens. Cette culture indo-européenne a-t-elle acquise par métissage des nouveaux arrivants avec les occupants anciens ou par acculturation ? Ces travaux renforcent la première hypothèse.

Un article qui pourrait prendre place dans un dossier sur les migrations lors de l'étude du peuplement de la planète par les hommes.


Une dent humaine de 550 000 ans à Tautavel - Pour la science N° 455 p 13

L'incisive trouvée en juillet par deux archéologues amateurs dans la grotte de Tautavel a été datée de 550 000 ans soit 100 000 de plus que l'homme de Tautavel.

La dent étant une incisive, il est quasiment impossible de connaître les caractéristiques de son ancien propriétaire. Le seul intérêt de ce fossile est de montrer que des hommes occupaient déjà les lieux à cette époque reculée.


Un métissage tardif avec des néandertaliens en Europe - Pour la science N° 455 p 13

L'ADN issu d'une mandibule d'Homo sapiens découverte en Roumanie et datée de 40 000 ans permet d'éclairer une partie de l'histoire du métissage des sapiens et des néandertaliens. Contrairement aux européens actuels, le taux d'ADN néandertalien s'élève à 7,3%. L'étude détaillée de certaines séquences montre que l'ancêtre néandertalien se situait 4 à 6 générations avant lui. Pour les auteurs de l'article cité en référence, cette première population de sapiens, qualifiée d'aurignacienne, proche des extrêmes orientaux actuels aurait été remplacée par des gravettiens, beaucoup plus nombreux et moins métissés.

Un article dont la lecture peut être délicate pour un élève de lycée. Il faut, pour le comprendre, avoir intégré les différents éléments qui fondent cette idée du métissage entre les deux espèces. Dans la version initiale de la théorie, il s'agissait de quelques occurrences au Moyen-Orient dès -100 000 ans. L'apport néandertalien aurait été considérablement diminué par l'hypofertilité des hybrides. Cette découverte à le mérite de montrer que le métissage a été possible de façon répétée et que l'apport génétique n'était parfois pas négligeable. C'est une fois de plus un fait démographique qui semble expliquer le mieux la faiblesse des apports néandertaliens dans le génome des européens.



Retour
 

Août 2015



Pas d'article ce mois-ci.
Retour
 

Juillet 2015


Lévolution de l'Homme au XIX° siécle, revue de presse en forme

Cussac : les chercheurs au pays des merveilles - La Recherche N°501-502 p 90

La grotte de Cussac, découverte en 2000, montre de très nombreuses gravures mais aussi des restes humains. Jacques Jaubert, qui dirige l'équipe chargée de l'étude de cette grotte exceptionnelle, expose dans cet article toutes les procédures qui vont être mises en oeuvre pour récolter le maximum d'informations en détruisant le moins possible le site. Il donne un aperçu en image des gravures gravettiennes de cette grotte longue de 1 600 mètres.

La lecture de cet article passionnera ceux de nos élèves qui rêvent d'être paléoanthropologues. Il montre en particulier le luxe de précautions dont s'entoure l'équipe pluridisciplinaire, loin des pratiques destructrices des fouilles anciennes.


Nouvel australopithèque - La Recherche N°501-502 p 18

Cette brève relate les mêmes faits que l'article un peu plus développé de "Pour la Science".

Mais qui a fabriqué les premiers outils ? - La Recherche N°501-502 p 8

149 outils de pierre ont été découverts sur le site de Lomekwi-3 à l'ouest du lac Turkana au Kenya. Des strates de cendres volcaniques ont permis de les dater de 3,3 ma, ce qui fait qu'ils sont plus anciens de 700 000 ans que les premiers restes d'Homo habilis. Les techniques de taille utilisées ont pu être reconstituées. Bien qu'assez frustes, elles montrent que les blocs de roche volcaniques ont été travaillées sur des enclumes de pierre. Il faut pour cela anticiper les gestes et posséder des mains capables d'une préhension précise. Kenyanthropus, trouvé à quelques centaines de mètres pourrait en être l'artisan mais ses restes sont tellement partiels que l'on ne connaît pas la morphologie de sa main. Restent les australopithèques comme Lucy dont l'anatomie de la main est compatible mais dont les restes n'ont pas été trouvés dans la région.

Voilà un article plus détaillé et plus illustré que celui de "Pour la Science". Il est parfaitement exploitable en classe en particulier pour ce qui concerne les techniques de datation. Il met fin au paradigme ancien : "l'outil, c'est l'homme".


Un nouveau proche parent australopithèque - Pour la science N° 453 p 9

Deux maxillaires et de deux mandibules datées de 3.3 à 3.5 découvertes en Ethiopie permettent à Johannes Hailé-Sélassié de définir une nouvelle espèce nommée Australopithecus deyiremeta. Ses caractéristiques sont différentes de celles des autres australopithèques de la région qui apparaissent ainsi très divers.

Cette remise en cause du statut "d'ancêtre de l'humanité" de Lucy n'est pas en soi nouvelle. Cette découverte ne fait que renforcer l'aspect buissonnant de l'évolution des hominidés.


Des outils de pierre plus vieux que l'humanité - Pour la science N° 453 p 6

Les outils lithiques trouvés à Lomewki-3 (Kenya) sont antérieurs de 700 000 ans à L'Oldowayen, considéré jusqu'à maintenant comme la plus vieille industrie humaine. La "percussion sur enclume" semble avoir été utilisés pour obtenir des éclats à partir d'un nucléus. Elle semble être dérivée des pratiques de certains anthropomorphes lorsqu'ils travaillent à casser des noix. Les objets réalisés n'atteignent pas la qualité des outils oldowayens. Compte tenu des datations, ces objets ne peuvent pas avoir été réalisés par des humains mais peut être par Kenyanthropus platyops découvert à proximité.

Un article assez clair et facilement utilisable pour montrer que les industries lithiques ne sont peut-être pas l'apanage des seuls humains. Cette découverte bat en brèche le paradigme qui associait les industries lithiques aux seuls humains.



Retour
 

Juin 2015


Lévolution de l'Homme au XIX° siécle, revue de presse en forme

Le singe, solidaire par nature - La Recherche N°500 p 30

En s'appuyant sur le développement de l'empathie chez le jeune humain, des chercheurs ont testé les capacités de différentes espèces de singes. Chez le chimpanzé, malgré des résultats controversés, il semble que le développement de l'empathie n'atteigne pas le stade de l'empathie cognitive des enfants de plus de quatre ans. Ils resteraient au stade où ils seraient capables d'aider les autres mais sans lui attribuer de croyances ou de désirs.

Un article qui illustre les controverses importantes entre les chercheurs. Il est donc difficile à exploiter mais l'utilisation de l'échelle du développement de l'empathie peut conduire nos élèves à une réflexion essentielle sur les comportements de coopération et d'apprentissage dans notre espèce.


Bébés, câblés pour la bonté - La Recherche N°500 p 24

S'opposant aux points de vue de Freund et de Piaget, des expérimentateurs ont cherché à savoir comment l'empathie et le sens moral apparaissent chez les très jeunes enfants. Des batteries de test et des électroencéphalographies ont montré que de très jeunes enfants sont doués d'empathie et cherchent à aider ou à consoler ceux qui semblent en avoir besoin. Plus tard, cette aide est portée préférentiellement à ceux qui se sont montrés "aidants" pour les autres. Utilisant d'abord des structures profondes de l'encéphale comme l'amygdale et l'insula, cette activité sollicite ensuite les structures liées à la cognition comme le cortex préfrontal. Ces résultats semblent indépendants de la culture dont sont issus les enfants. Pour ces chercheurs, il existe donc une sorte de "précâblage" conduisant à l'établissement d'un sens moral dès le plus jeune âge.

Un article difficile à utiliser en classe mais qui va pouvoir être confronté à ce qui se passe chez les chimpanzés, objet d'un autre article dans cette revue. Il se pourrait donc que ce précâblage fasse partie de ce que nous partageons partiellement avec les Chimpanzés.


Little Foot plus ancien que Lucy - La Recherche N°500 p 16

Les problèmes de datation de cet australopithèque retrouvé dans les éboulis d'un gouffre en Afrique du Sud ont été tels que vingt ans ont été nécessaires pour proposer une datation robuste. L'utilisation de l'Aluminium 26 et du Béryllium 10 des cailloux tombés en même temps que l'individu permet de dater cette chute de 3.67 ma. Ce qui en fait un individu antérieur à Lucy.

Si la méthode de datation n'est pas accessible à des élèves de lycée, le résultat vient conforter l'idée d'un peuplement d'une grande partie de l'Afrique par des Australopithèques. Cela ne permet pas cependant de dire si ceux-ci sont effectivement nos ancêtres ou un groupe-frère séparé antérieurement.


Orientation simiesque - La Recherche N°500 p 15

Les chimpanzés réussissent un test de sortie de labyrinthe aussi vite que des enfants de 28 mois à 5 ans, ce qui pour les auteurs de l'article cité dans cette brève serait la marque de leur capacité à anticiper.

Les détails de l'expérience ne sont pas cités, ce qui fait que cette information n'est guère exploitable. Elle s'ajoute aux nombreuses informations qui placent l'apparition de certaines capacités cognitives antérieurement à la divergence homme/chimpanzé.


Dans la tête de Néandertal - Pour la science N° 452 p 48

Dans cet article de synthèse Kate Wong tente de clarifier les débats autour de l'humanité des néandertaliens. Longtemps représenté comme une brute épaisse, il apparaît maintenant comme quasiment aussi bien adapté à son environnement que les hommes modernes avec qui il cohabita durant plusieurs milliers d'années. Les ébauches d'études neurologiques aussi bien morphologiques que génétiques n'apportent pas d'éléments concluants. Les découvertes récentes de vestiges culturels très élaborés attribués avec certitude à des néandertaliens témoignent de cognitions quasiment identiques dans les deux espèces. Pour l'auteur, l'explication de l'extinction résiderait plutôt dans les phénomènes démographiques. Les néandertaliens n'ont jamais été nombreux. Ils comptaient très peu de reproductrices. A l'opposé les sapiens possédaient avant même leur arrivée en Europe une dynamique démographique forte au point de présenter une densité de population quatre fois plus forte. Dans ces conditions la différence de diversité génétique aurait contribué à a disparition des néandertaliens non sans avoir laissé quelques témoignages dans notre génome.

Les facteurs démographiques ont le vent en poupe dans les scénarios évolutifs en ce début de siècle. Ils volent la vedette aux études anatomiques qui n'ont pas réussi à ce jour à apporter des réponses fiables au problème de nos origines. Un article intéressant et assez facile à lire pour des lycéens. L'entretien avec Silvana Condemi qui est publié en encadré est quasiment plus précieux que l'article principal.

La néoténie humaine, une idée à relancer - Pour la science N° 452 p 14

Ce point de vue rédigé par deux philosophes plaide pour une meilleure prise en compte de la néoténie humaine dans les recherches sur l'évolution humaine. Partant du constat que l'homme adulte conserve des aspects morphologiques et des comportements de jeunes mammifères, ils attribuent à cette néoténie un grand nombre de traits propres à notre espèce. Ils citent en particulier le rôle du jeu dans les décisions humaines même les plus funestes. Cet aspect ludique de nos comportements, loin des automatismes d'autres espèces a aussi généré chez nous la naissance de la morale. Ils plaident enfin pour une étude de cette transition néoténique et de ses mécanismes afin de mieux comprendre notre propre humanité.

Cette dernière proposition comporte le risque d'une sorte de "d'eugénisme comportemental" mais l'idée de rattacher notre plasticité neuronale persistante à notre néoténie est très intéressante et mérite peut-être un débat avec le professeur de philosophie.



Retour
 

Mai 2015


Lévolution de l'Homme au XIX° siécle, revue de presse en forme

A la rencontre des premiers artistes de l'humanité - La Recherche N°499 p 26

Sous se titre ronflant et sans doute dépourvu de pertinence, La Recherche nous livre de magnifiques illustrations du travail d'analyse et de reconstitution de la grotte de Pont d'Arc découverte en 1994. Sa contribution majeure à l'étude de l'art pariétal a été de démontrer qu'en matière d'art l'idée de "progrès" est une illusion longtemps entretenus pour des raisons souvent idéologiques. Certes les techniques changent avec le temps et surtout les artistes mais cela ne permet pas de décrire une "progression culturelle". La seconde partie de l'article est consacrée aux travaux des réalisateurs de la copie visitable par le public. On y découvre que les peintres et dessinateurs ont été obligés de reconstituer la succession des gestes des aurignaciens et qu'à cette occasion ils ont pu enrichir les données collectées par les scientifiques.

Un article passionnant qui a la vertu de mettre à bas les représentations archaïques du "progrès dans l'art" calquées sur celle du "progrès technologique" voir celle du "progrès dans la pensée". Il sera aussi possible d'utiliser ce document en MPS dans le thème "Science et vision du monde".


Néandertal, orfèvre bien avant sapiens - La Recherche N°499 p 20

En revisitant des collections de fouilles datant de plus d'un siècle dans la grotte de Krapina en Croatie, les chercheurs ont découvert huit serres d'aigle datées de 130 000 ans. Ces serres sont percées et usées comme si elles avaient été portées en collier. La pensée symbolique chez les néandertaliens est donc bien antérieure aux contacts avec les hommes modernes.

De découvertes en découvertes l'homme de Neandertal quitte l'image de brute épaisse qui lui a longtemps été prêtée. La "supériorité culturelle" de l'homme moderne s'émousse et il faut sans doute chercher ailleurs les causes de la disparition des néandertaliens.


Tous égaux - La Recherche N°499 p 18

L'analyse des stries d'usure laissées par les différents objets mastiqués par les néandertaliens espagnols ne montre aucune différence entre les sexes. Les chercheurs en ont donc déduit que le partage des tâches était équitable au sein des groupes humains.

Une observation qu'il serait sans doute hasardeux de généraliser tant les groupes humains diffèrent en ce qui concerne les moeurs. Cela rend cette brève difficilement utilisable en classe.


Le genre Homo a vieilli de 400 000 ans - La Recherche N°499 p 12

Une portion de mandibule gauche portant six dents a été trouvée en Ethiopie. Elle est datée de 2.8 Ma. Les caractéristiques des dents les rattachent au genre Homo et en font le plus vieux reste de ce genre connu actuellement. Pour autant les relations phylogénétiques entre le propriétaire de cette mandibule, les Australopithèques et les hommes plus récents sont loin d'être élucidées. On se trouve sans doute dans un cas d'évolution en mosaïque car le matériel osseux de la mandibule est assez proche de celui de Lucy.

Une découverte qui renforce l'idée d'une évolution buissonnante. L'article, tout à fait accessible pourra être mis dans les mains des élèves par exemple pour situer le fossile dans une frise chronologique et ainsi mettre en évidence le fait que diverses espèces d'hominidés peuplaient l'Afrique au même moment.


Intelligence : Les babouins passent le test - Pour la science N° 451 p 60

Des protocoles utilisant des écrans tactiles placés dans des cabanes au sein d'enclos contenant des groupes de babouins ont permis de tester la réalisation de tâches assez complexes. Il apparaît ainsi que ces animaux sont capables de détecter des analogies, de reconnaître leur ignorance et même de transmettre les bonnes "solutions" à leurs compagnons de captivité. Comme les humains le stress diminue leurs capacités.

Un article assez complexe à lire en raison de la sophistication des expériences menées. Les résultats sont spectaculaires, mais le fait que les individus aient réalisé librement plus de mille essais par jour en diminue la portée. Heureusement les humains n'ont pas besoin de tant de répétitions pour réaliser des tâches de cette sorte.


L'âge de Little Foot - Pour la science N° 451 p 11

Ce squelette de d'Australopithèque est particulièrement difficile à dater car il a été découvert dans des éboulis karstiques. Une nouvelle méthode basée sur l'aluminium 26 et le Béryllium 10 des quartz consiste à évaluer le temps écoulé depuis leur dernière exposition aux rayons cosmiques. L'âge de 3.67 Ma trouvé par cette méthode fait de Little Foot un contemporain de Lucy.

Cette brève permet de resituer le fossile dans la frise chronologique. Elle pourrait mettre fin à la théorie qui faisait de ce fossile un australopithèque tardif.



Retour
 

Avril 2015


Lévolution de l'Homme au XIX° siécle, revue de presse en forme

Chasseurs-cueilleurs commerçants - La Recherche N°498 p 15

Cette brève relate la découverte de restes de blé d'origine orientale dans des carottes de sédiments datés de 6 000 ans au large de l'Angleterre, c'est à dire 2 000 ans avant qu'il y soit cultivé.

Cette découverte remet fondamentalement en cause la chronologie classique de la néolithisation, le commerce ayant précédé la sédentarisation. Elle n'est pas sans rappeler les échanges importants de viande et de maïs entre les amérindiens chasseurs-cueilleurs des grandes plaines américaines et les agriculteurs du nouveau Mexique. Compte tenu du lieu de cette découverte on peut penser que cette marchandise de haute valeur a pu être utilisée pour fabriquer des breuvages alcoolisés.


Le fossé entre humains et chimpanzés se réduit - La Recherche N°498 p 12

Des expériences menées au zoo d'Edimbourg consistaient à intégrer progressivement au groupe de chimpanzés locaux des individus provenant des Pays-Bas. l'étude de leurs vocalises a montré que les nouveaux arrivants avaient progressivement acquis les cris utilisés par les "autochtones". Il y a donc une certaine plasticité neuronale concernant les vocalisations chez les chimpanzés adultes.

Comme le souligne l'article, la portée de cette expérience est faible étant donné que les chimpanzés ne changent jamais de groupe dans la nature. Il reste cependant que cette capacité d'apprentissage vocal que l'on croyait inexistante chez les chimpanzés adultes existe bel et bien comme chez les humains.


Ces gènes qui ont fait pousser notre cerveau  - Pour la science N° 450 p 8

Le gène régulateur ARHGAP11B a été associé chez l'homme à la période de la vie foetale où le cerveau se développe le plus vite. Des souris transgéniques exprimant ce gène ont un cortex qui s'étend considérablement jusqu'à former des replis. Malheureusement les capacités cognitives de ces souris n'ont pas été testées.

Un article intéressant pour ce qui est des gènes régulateurs mais qui risque de précipiter les lecteurs non avertis vers des hypothèses d'évolutions monogéniques tout à fait éloignées des programmes actuels.



Retour
 

Mars 2015


Lévolution de l'Homme au XIX° siécle, revue de presse en forme

Peinture néandertalienne à l'ocre - Pour la science N° 449 p 13

Des fragments de stalagmites et une géode contenant des traces d'ocre sont associés à des artéfacts moustériens dans une grotte de Roumanie. Des néandertaliens les auraient utilisés pour préparer des peintures.

Les éléments suggérant l'existence d'une pensée symbolique chez les néandertaliens s'accumulent.


Manot 1: un vieux crâne d'homme moderne qui en dit long - Pour la science N° 449 p 6

Cette brève résume une étude portant sur une calotte crânienne trouvée en Israël et datée de 55 000 ans. Comme les crânes de néandertaliens, elle comporte une bosse occipitale parfois appelée "chignon" par les spécialistes. La morphologie typiquement moderne par ailleurs ne permet pas d'attribuer cette calotte à un néandertalien. Elle représenterait pour les auteurs soit la preuve d'un métissage soit une population africaine pourvue elle aussi d'une bosse occipitale. Sa présence à cette époque au Moyen Orient en même temps que les néandertaliens ouvre la possibilités de métissages au moins culturels qui lui aurait ouvert le porte d'une Europe à cette époque très froide.

On serait tenté de dire "beaucoup de bruit pour rien". Notons en particulier que, comme souvent, l'hypothèse d'une variabilité morphologique de la population n'est pas même soulevée alors que les européens modernes présentent parfois le fameux chignon.


L'indo-européen a-t-il existé ? - La Recherche N°497 p 83

Ce débat entre Jean-Paul Demoule et Romain Garnier met en lumière un certain nombre de malentendus. Le premier met en doute l'existence d'un peuple ayant parlé cette langue originelle. Il note que la localisation de ce peuple a beaucoup varié au fils des études récentes. Il relate aussi que la notion d'indo-européen a été instrumentalisé par les idéologies d'extrême droite. Le second affirme son existence non en tant que langue d'un peuple fondateur mais en tant que langue d'un peuple colonisateur ayant soumis les précédents occupants de l'Europe. Cela expliquerait à la fois les parentés indéniables entre les langues du vieux continent et les différences qui résulteraient de l'influence des langues autochtones.

Deux argumentations intéressantes qui témoignent cependant d'un petit peu de parti pris. Une analogie avec la romanisation de la Gaule peut permettre de comprendre que les parentés linguistiques ne sont pas automatiquement expliquées par une vague de peuplement massive. Un débat qui pourra aider à nuancer les relations entre migration et histoire linguistique.



Retour
 

Février 2015


Lévolution de l'Homme au XIX° siécle, revue de presse en forme

Homo erectus : graveur de coquille  - La Recherche N°496 p 8

Eugène Dubois n'a pas découvert que l'Homo erectus à Java. Il a aussi rapporté des échantillons de l'environnement du fossile. C'est ainsi que l'Université de Leyde au Pays-bas recelait dans ses tiroirs des coquilles d'un bivalve d'eau douce du genre Pseudodon. Le réexamen de ces collections par un étudiant a montré que ces coquilles avaient été percées avec un outils de pierre pour parvenir à les ouvrir sans les casser. Certaines avaient ensuite servi de grattoir et quelques unes portaient des traces de gravures intentionnelles. Une telle découverte suscite la polémique car elles ferait remonter l'émergence de la pensée symbolique à 1.6 Ma. Devant la controverse des datations du site ont été à nouveau entreprises. Elles révèlent que les coquilles ont été enfouies entre 540 000 et 430 000 BP. Cela rajeunit considérablement le fossile découvert par Eugène Dubois mais dans le même temps la nouvelle analyse géologique du site plaide pour une apparition de la pensée symbolique chez Homo erectus dès cette époque. .

Une affaire à suivre bien entendue. Il est sans doute encore un peu tôt pour utiliser ces nouveaux documents avec nos élèves mais ils ont le mérite de bien présenter la démarche de ceux qui étudient les sites fossilifères associés à l'homme.


La diversité génétique africaine enfin étudiée - Pour la science N° 448 p 7

Une étude génétique à grande échelle, facilitée par les progrès du séquençage de l'ADN a pu mettre en évidence les grands mouvements de populations du passé récent de l'Afrique. Ainsi les variants appartenant au Bushmens sont fréquents dans la plus grande partie de l'Afrique sub-saharienne ce qui indique que ces populations étaient présentes avant la grande vague d'expansion bantoue qui s'est répandue dans toute la zone nigéro-congolaise et jusqu'en Afrique du Sud. Plus surprenant ces populations bantoues intègrent des variants eurasiatiques qui laissent penser que les échanges avec l'Eurasie n'ont pas été anecdotiques.

Un article que l'on pourra exploiter pour montrer que les migrations et les échanges génétiques sont la règle dans toutes populations humaines.


L'homme : un singe à un poil près - Pour la science N° D86 p 76

Les paléoanthropologues classiques ont accordé une importance énorme aux restes crâniens. L'étude de l'appareil locomoteur restait au second plan. Cet article de Nina Jablonski rend justice à une innovation majeure mais non fossilisable : la peau nue des hommes. Après avoir décrit l'efficacité de cette peau nue et de ses glandes eccrines dans la dispersion de la chaleur, l'auteur note la coïncidence de cette innovation avec les modifications du régime alimentaire et de l'appareil locomoteur. Il semble qu'Homo ergaster soit un des premiers porteurs de ces innovations qui sont sans doute à mettre en rapport avec des activités de chasse. Il ne faudrait cependant pas croire que la disparition presque complète de la pilosité soit une innovation isolée. La résistance à l'abrasion, aux éraflures et la pigmentation dépendent de variants génétiques propres à l'homme.

Un article important pour comprendre que l'évolution humaine n'est pas réductible à celle de son crâne. Les mécanismes sont clairement expliqués et sont très accessibles aux élèves.


La culture chez les gorilles - Pour la science N° D86 p 72

Dans cet entretien Sheila Masi décrit des comportements qui semblent culturels chez les gorilles. Le répertoire de ces comportement est assez pauvre dans la mesure où l'utilisation des outils est beaucoup plus rare chez les gorilles que chez les chimpanzés et les hommes. Dès lors les faits culturels résident essentiellement dans des pratiques sociales légèrement différentes selon les groupes et donc transmises d'un individu à un autre par l'observation. Cette acquisition semble limitée dans l'espace par les grandes distances interindividuelles et dans le temps à la période de l'adolescence.

Cette "culture" des Gorilles pourrait facilement être décrite comme l'état ancestral de la culture chez les hominidés. Les chimpanzés et les hommes auraient développé des innovations qui seraient autant d'autapomorphies. Ce point de vue fortement contestable supposerait que les gorilles n'auraient pas évolué sur ce point depuis près de dix millions d'années. Un article qui peut donc faire débat auprès de nos élèves.


Les chimpanzés : des grands singes pétris de culture - Pour la science N° D86 p 50

Cet article de Christophe Boesch rend compte des avancés de l'étude des cultures des chimpanzés depuis un demi siècle. Il est construit sur la remise en cause des préjugés de l'espèce humaine sur nos plus proches parents. Il ne propose pas de faits ou d'observations nouveaux mais tente de montrer qu'au fil du temps tout ce nous considérions comme le propre de l'homme avait été découvert chez le chimpanzé.

Ce article sera très difficile à exploiter pour plusieurs raisons. Très attachés à ses sujets d'études, l'auteur rédige plus un plaidoyer en faveur des chimpanzés qu'une étude destinée à répondre à la question qu'il pose comme axiale "Quel est le propre de l'homme ?" Ce qui apparaît confusément c'est que les chimpanzés ont su développer à leur niveau tous les aspects des cultures humaines. Dès lors la question posée ne reçoit pas de réponse, ce qui sera difficile à admettre pour nos élèves.


Un animal doué de raison ? - Pour la science N° D86 p 44

Dans cet article bien documenté sur les expériences qui conduisent à considérer que certains primates raisonnent, anticipent et comprennent les intentions de leurs congénères, Bernard Thierry expose surtout les innombrables difficultés qui attendent les observateurs et les expérimentateurs. La plus redoutable de toute est l'anthropocentrisme qui a tendance à enfermer l'expérimentateur dans une logique de maximisation du rendement tout à fait humaine. Il apparaît bien souvent que les grands singes s'accommodent de comportements qui permettent leur simple survie.

Un article qu'il sera très difficile d'utiliser avec les élèves d'autant que les sujets évoqués de son guère en relation avec nos programmes.


Pour quelques gènes de différence - Pour la science N° D86 p 38

Dans cet article Katherine Pollard décrit les différences génétiques majeures entre l'homme et le chimpanzé. Comme il se doit les exemples des gènes HAR et FOXP2 sont développés. Plus curieusement les variants des gènes AMY1 et LCT sont aussi évoqués alors qu'ils de concernent que certaines populations humaines et ne sont donc pas des gènes impliqués dans l'hominisation.

Un article qui semble bizarre dans la mesure où il parle essentiellement des mutations en les présentant comme des adaptations et sans jamais faire référence au phénomène de sélection. C'est un travers typiquement nord américain qui nous fera sans doute préférer de ne pas utiliser cet article avec nos élèves. Fort heureusement les encadrés dont l'un prend explicitement le contre-pied de l'article principal, aident à relativiser les affirmations du type "Et la parole fut".


Tous bipèdes - Pour la science N° D86 p 32

Cette affirmation, qui est aussi le titre de l'article de François Druelle et Gilles Bérillon ravira ceux qui parmi nous luttent contre la sempiternelle image du singe se redressant pour devenir un homme. Pour les auteurs de l'article la bipédie existe dans le répertoire locomoteur de tous les catarrhiniens. Ils en déduisent donc très logiquement qu'elle est ancestrale. La question devient donc celle de la différenciation des bipédies et non de leur apparition. Si l'anatomie du rachis et du pied fait de nous de véritables spécialistes de la bipédie, les autres primates ont développé des répertoires comportementaux bipèdes qui favorisent leur survie dans les milieux très divers qu'ils fréquentent. Les auteurs s'attachent ensuite à montrer combien les bipédies humaines ou non humaines sont l'objet d'apprentissages complexes et longs de la part des jeunes individus.

Un article intéressant et (presque) facile à lire qui permettra de répondre aux nombreuses questions de nos élèves sur le propre de l'homme.


En voir de toutes les couleurs - Pour la science N° D86 p 26

Cet article bien développé de Gerald Jacobs et Jeremy Nathans décrit le scénario d'apparition de la vision trichromate chez les singes de l'ancien et du nouveau Monde. Toutes les dimensions du problème sont abordées. Il est ainsi question de spectre d'absorption des pigments, de leurs gènes, de la localisation des gènes sur le chromosomes, d'hérédité liée au sexe, de phylogenèse, de sélection naturelle, de contrôle de l'expression des gènes, de traitement du signal visuel et de plasticité neuronale. Citée en fin d'article, une expérience montre que des souris génétiquement modifiées pour être trichromates se sont avérées spontanément capables de discerner des couleurs que les dichromates ne peuvent différencier. C'est une illustration brillante des capacités induites par la plasticité neuronale.

Un article passionnant, très clair et très pédagogique mais sans doute à réserver à notre usage personnel tant il serait complexe de mettre les élèves en situation de l'utiliser avec profit. Voilà pourtant une illustration parfaite de la notion d'innovation génétique sélectionnée.


Le dernier grand singe d'Europe - Pour la science N° D86 p 20

Cet article de Clément Zanolli est entièrement consacré à l'Oréopithèque. Cette espèce miocène n'a été découverte qu'en Italie et doit sans doute sa relative présence dans le registre fossile à l'endémisme insulaire puisqu'à cette époque la région tusco-sarde était une île. Les particularités de ce fossile ont conduit parfois à le rapprocher des ancêtres de l'homme. Il s'avère que son anatomie révèle des caractères très archaïques et des innovations qu'il est le seul à posséder. C'est un exemple parfait d'évolution en mosaïque et les ressemblances avec les honinines relèvent presque toujours de convergences. C'est le cas par exemple de l'émail épais des dents, de ses canines réduites et de sa face redressée.

La découverte d'un très beau fossile en 1950 et l'européocentrisme de la paléoanthropologie de l'époque avaient fait de l'oréopithèque un quasi ancêtre des hommes. Il figurait en bonne place dans les manuels scolaires des années 60. Cet article permet de rétablir une part de la vérité mais son étude en classe nous entraînerait plus vers l'histoire des sciences que vers l'évolution des hominidés, son appartenance à ce groupe étant encore discutée.


Une histoire des grands singes - Pour la science N° D86 p 8

Cet article assez détaillé est une sorte de catalogue de la diversité des grands singes. Chacun des rameaux montre une grande diversité de forme qui illustre bien le caractère buissonnant de l'évolution du groupe. Comme souvent cet article est marqué par le désir un peu vain de désigner l'ancêtre direct de notre espèce. L'évolution en mosaïque du groupe et quelques convergences importantes empêchent sans doute définitivement d'atteindre cet objectif.

Cette revue de détails ne sera pas facile à lire pour nos élèves. Sont seul intérêt pour eux est de montrer l'extrême diversité du groupe. Cette diversité est bien montrée par la figure de la page 12. Curieusement et alors que chacune des branches terminales ne comporte qu'un seul genre, Sahelanthropus, Australopithécus et Homo sont liés avec des relations d'ancêtres à descendants. Voilà un point tout à fait contestable qui peut décourager l'enseignant d'utiliser ce document.



Retour
 

Janvier 2015


Lévolution de l'Homme au XIX° siécle, revue de presse en forme

Neandertal aussi était un artiste - La Recherche N°495 p 56

Quelques traits gravés avec insistance sur la paroi d'une grotte à l'aide d'une pierre. Voilà la seule manifestation artistique attribuée à des néanderliens. C'est peu mais c'est énorme car cela remet en cause notre statut de "seul hominidé ayant manifesté une pensée symbolique". Pour autant les auteurs de l'étude restent prudents. La quantité et la qualité de ces manifestations culturelles est bien en deçà de ce que les hommes modernes produisaient à la même époque.

Un article intéressant mais qui trouvera difficilement sa place dans nos cours.


L'ADN des sapiens les plus vieux date la rencontre avec Neandertal - La Recherche N°495 p 14

L'étude de l'ADN de deux Homo sapiens eurasiatiques datés de 37 000 et 54 000 ans montre des fragments d'ADN néandertaliens trois fois plus longs que chez les eurasiatiques actuels. L'abondance de 2.4 à 3 % de cet ADN est bien supérieure à celle des hommes actuels (moins de 2%). L'apport néandertalien a donc tendance à "s'éroder" au cours du temps. Une démarche recursive conduit à dater l'hybridation de quelques centaines de génération c'est à dire entre 52 et 58 000 BP.

Cette étude permet d'établir indirectement que l'hybridation n'a pas conduit à un génotype stable. Il faut donc continuer à parler de deux espèces différentes. Un article qu'il serait intéressant d'utiliser en classe quand la notion d'espèce est discutée.


Des babouins transmettent leur savoir - La Recherche N°495 p 9

Cette brève est basé sur le même article que celle de "Pour la Science" mais elle insiste plus sur le protocole opératoire. Curieusement le succès grandissant des babouins semble plus lié à une manifestation de la théorie de l'esprit qu'à une transmission interindividuelle.

Il faudrait une description encore plus complète de l'expérience pour pouvoir travailler avec des élèves sur ces résultats surprenants.


La culture cumulative n'est pas le propre de l'homme - Pour la science N° 447 p 10

On croyait la cause entendue, ce qui nous distinguait des autres animaux était l'existence d'une culture cumulative, c'est dire la possibilité de transmettre en les améliorant des contenus culturels. Une expérience menée avec des Babouins montrent qu'ils sont capables d'améliorer les performances des congénères qui passent après eux en modifiant les contenus qu'ils transmettent.

La culture cumulative est une notion difficile à expliquer dans ce contexte. Pour simplifier on peut dire que les babouins ont été soumis à une sorte de "jeu du téléphone". Les modifications apportées facilitent la transmission par une sorte de rationalisation progressive. C'est ce qu'on fait les babouins.
Notre spécificité tiendrait donc plus dans le degré de sophistication de notre culture cumulative plutôt que dans l'existence de celle-ci.


Un bras pas encore néandertalien - Pour la science N° 447 p 7

Les trois os du bras de Tourville-la-Rivière font encore parler d'eux. Dans cet article un peu plus développé que les brèves du mois dernier, il est présenté comme celui d'un pré-neandertalien. Les spécialistes pensent que le type néandertalien n'est réalisé que vers 150 000 ans BP. Malgré son mauvais état de conservation, il a été possible de l'attribuer à un individu jeune qui utilisait intensément son bras pour jeter des objets.

La querelle de spécialiste pour savoir si l'individu en question était ou n'était pas un néandertalien typique peut paraître à juste titre tout à fait secondaire à nos élèves. Le fait que sa découverte dans une contrée septentrionale coïncide avec un interglaciaire modéré est plus intéressant pour montrer que les fluctuations climatiques ont un impact important sur les mouvements de populations.



Retour
 

haut de page

sciences de la vie et de la Terre - Rectorat de l'Académie de Nantes