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revue de Presse - évolution humaine - année 2017

mis à jour le 26/12/2017


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Cette revue de presse correspond à une lecture critique des articles sur l'évolution des hominidés parus dans certaines revues scientifiques francophones en 2017. Les articles sont classés par ordre chronologique.

mots clés : Evolution Humaine, Hominisation, Homme, hominidé, primates, préhistoire, outil, paléontologie, anthropologie


Décembre 2017


Une nouvelle histoire de l'homme - La Recherche N° 531S p 60

Thibault Panis, journaliste scientifique, revient dans ce numéro spécial de fin d'année, sur la nouvelle datation des fossiles de Jebel Irhoud. Elle contribue à modifier profondément les scénarios conduisant à l'homme moderne. Ces hommes modernes datés de 300 000 ans ne sont probablement pas les ancêtres directs de ceux qui sont sortis d'Afrique. Trois fossiles trouvés en Ethiopie mais beaucoup plus récents sont de meilleurs candidats mais c'est la notion même de berceau de l'humanité qui est remise en cause. Il faut plutôt imaginer une évolution des hommes modernes au sein d'un ensemble de populations couvrant toute l'Afrique.

Un article de synthèse qui remet en cause les scénarios simplistes exposés par les médias "grand public". Pour cela il peut être utile à nos élèves.


Grâce à la domestication le chat a gagné le monde - La Recherche N° 531S p 65

La domestication est un sujet à la mode. Elle ne concerne pas toutes les espèces exactement de la même façon. Si l'on peut retracer assez facilement les déplacements des chats domestiques au néolithique et pendant la période historique, il apparaît cependant qu'ils sont très peu différents génétiquement des chats sauvages de la sous espèce lybica. Cela traduit à la fois une faible pression de sélection et une permanence des échanges génétiques avec les souches sauvages. Ce sont les chats les moins farouches qui auraient été à même de limiter la prolifération des rongeurs exploitant les réserves de grains des agriculteurs. Les analyses des ADN mitochondriaux anciens montrent que le chat a gagné l'Europe de l'Ouest principalement par la voie maritime.

Le chat apparaît comme une sorte d'exception génétique au sein des espèces domestiques. Il relève plus du commensalisme que de la véritable domestication. A ce titre il peut éclairer les premières étapes de la domestication des autres espèces. La sélection active par les humains n'ayant débuté que pendant la période historique. Bien que la domestication ne figure nulle part dans nos programmes, le sujet peut intéresser nos élèves. A noter une nouvelle fois l'utilisation du mot "variant" à la place du mot "allèle". Ce néologisme d'origine anglaise surcharge le lexique de la biologie mais il a l'avantage d'être plus compréhensible intuitivement.


L'homme s'est-il autodomestiqué ? - Pour la science N° 483 p 92

Cette chronique d'Hervé Le guyader utilise des informations venant de l'anthropologie classique, de l'éthologie, de la génétique et de l'embryologie causale. Sans reprendre dans le détail les faits rapportés par l'auteur, il semble que l'homme moderne et les animaux domestiques ont connu des modifications notables de quelques gènes responsables du développement embryonnaire de la crète neurale. Ce moindre développement aurait des conséquences dans l'apparition des traits anatomiques communs à tous les animaux domestiques et surtout sur leurs comportements prosociaux. Voilà un très bel exemple de pléiotropie dont les travaux de Belyaev sur le renard argenté furent les précurseurs.

Une chronique tout à fait passionnante qui montre combien le travail pluridisciplinaire est essentiel dans l'étude de l'évolution. C'est un sujet qui mériterait presque de se trouver prochainement dans nos programmes. Un excellent encadré montre la localisation de tous les caractères concernés. A lire pour soi-même d'abord même si l'on peut rester dubitatif quant à la domestication de l'homme par le riz.

 

Novembre 2017


Le génome néandertalien se révèle - Pour la science N° 481 p 92

Ce court article correspond à l'année 2013 dans ce numéro rétrospectif. C'est en effet à cette date que l'ADN nucléaire néandertalien a été séquencé. L'homme moderne surtout s'il est originaire d'Eurasie est porteur d'une petite part de cet ADN mais il semble que le métissage entre les deux espèces ait été très réduit suite à la faible fertilité des hybrides.

Un article concis qui peut illustrer l'étude de la notion d'espèce.


Toumaï confirme que nous sommes tous des africains - Pour la science N° 481 p 70

Cet article de Michel Brunet correspond à l'année 2002 de la rétrospective de cette revue. Il en profite pour faire un historique assez complet des découvertes concernant les hominidés fossiles. Pour lui Toumaï est à la fois le plus ancien des hominidés et le plus proche du groupe ancestral ayant produit par la suite Arditipithecus, Australopithecus, et Homo. Il insiste en particulier sur le fait que l'environnement de cette espèce était plutôt boisé.

On reconnaît les éléments de la polémique qui a opposé l'auteur aux tenants de" l'East Side Story". Si celle-ci est maintenant dépassée, l'article peut être précieux dans la mesure où il précise la chronologie des découvertes et des théories.



Les trésors de la grotte chauvet
- Pour la science N° 481 p 51

Dans ce numéro spécial célébrant les quarante ans de la revue, la découverte de la grotte Chauvet correspond à l'année 1994. Sa plus grande conséquence est la remise en cause d'une vision linéaire du progrès technologique. Les auteurs aurigniaciens et gravettiens étaient capables des mêmes raffinnements que les magdalénien qui peignirent Lascaux.

A la lecture de cet article nous comprenons pourquoi les datations par les faits culturels sont peu fiables. A l'époque, il semblait impossible que des peintures aussi belles soient aussi anciennes. Un article facile à lire par nos élèves nonobstant le fait que les manifestations culturelles de l'évolution humaine ne sont guère présentes dans nos programmes.


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Octobre 2017


45 000 ans d'impact sur les forêts tropicales - Pour la science N° 480 p 7

Cet entretien avec Stéphen Rostain résume une étude publiée par l'institut Max Planck. Il est montré que les forêts tropicales ont été exploitées et modifiées par l'homme depuis 45 000 ans. Ces interventions d'abord très limitées dans leur étendu et leur durée étaient tout à fait soutenables et favorisaient la régénération. Les modes d'exploitation actuels conduisent à une dégradation considérable de ces écosystèmes fragiles.

Cet article peut servir de base de départ pour des travaux d'équipe en MPS ou en TPE dans la mesure où des images satellitaires diachroniques permettent de documenter les évolutions récentes.


L'homme moderne à Sumatra - Pour la science N° 480 p 15
 

Deux dents d'homme moderne trouvées dans la grotte de Lida Ajer dans l'Ouest de Sumatra ont été datées de 68 000 BP. L'homme moderne aurait donc atteint cette île dès cette date. Cela confirme que de la sortie de l'homme anatomiquement moderne d'Afrique peut avoir eu lieu vers 80 000 BP.

Une brève à verser au corpus des documents sur les migrations.

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Septembre 2017


L'émergence de formes d'Homo sapiens a été un phénomène panafricain - La Recherche N°527 p 4


Dans cet entretien, Jean-Jacques Hublin apporte beaucoup d'informations sur la découverte de restes d'Homo sapiens à Jebel Irhoud au Maroc. Son âge en fait le plus vieux fossile d'Homo sapiens trouvé jusqu'à présent. Outre l'historique des découvertes, l'association des restes avec un outillage qualifié de Middle Stone Age en Afrique est décrite. Il en découle une série d'hypothèses sur l'occupation de l'Afrique par différentes populations d'Homo sapiens. Jean-Jacques Hublin souligne à ce propos que d'immenses territoires n'ont pas été étudiés par les paléoanthropologues alors que plusieurs autres se targuent d'abriter le "berceau de l'humanité".

Voilà un texte qui apporte de nombreuses informations nécessaires à l'actualisation de nos cours. Pour autant les illustrations fournies risquent de provoquer un peu de perplexité chez nos élèves. La reconstitution du crâne avec ses gros bourrelets sus-orbitaires et son menton à peine marqué fait penser au crâne des néandertaliens. C'est d'ailleurs une erreur qui a été faite par les premiers découvreurs du site. Il faudra donc bien insister, comme le fait l'auteur, sur les caractères comme la saillie du menton qui font que ce crâne est bien celui d'un Homo sapiens.


Le fémur qui précise l'évolution des néandertaliens - Pour la science N° 479 p 6

Le séquençage de l'ADN mitochondrial issu du fémur de néandertalien trouvé dans la grotte de de Hohenstein-Stadel il y a 80 ans montre qu'il est assez différent de celui des autres néandertaliens. Il est assez proche de celui des hommes modernes. La diversité génétique des néandertaliens aurait été plus grande qu'on le pensait jusqu'à maintenant. Dès 220 000 BP des échanges génétiques avec des hommes modernes africains auraient introduits chez les néandertaliens un ADN mitochondrial relativement moderne.

Voilà un article beaucoup trop difficile à lire et à comprendre pour nos élèves. Il présente cependant l'intérêt de monter que les lignées néandertaliennes n'ont jamais été durablement isolées génétiquement des autres lignées humaines.

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Août 2017



L'enfant qui en avait plein le dos - Pour la science N° HS96 p 111

La colonne vertébrale de Selam, australopithèque âgé de 2 à 3 ans trouvé par Zeresenay Alemseged à Dikika possède 12 vertèbres thoraciques comme les humains alors que par ailleurs il avait été établi qu'il grimpait facilement aux arbres. Un cas classique d'évolution en mosaïque.

Ce petit article illustré pourrait permettre d'aborder la notion de forme intermédiaire mais il est ainsi rédigé qu'il ne sera pas très prudent de l'utiliser. Une lecture superficielle pourrait conduire à une inversion de la chronologie. Au reste cette notion est souvent confondue par nos élèves avec celle du chaînon manquant.

Des techniques de taille simples, mais exigeantes - Pour la science N° 478 p 40

Dans cet entretien Michel Brenet expose les différentes techniques de taille des outils au tout début du Paléolithique. Les études expérimentales montrent que la technique de taille sur percuteur dormant utilisée à Lomekwi nécessite des grandes capacités d'anticipation et une force musculaire considérable en rapport avec la taille des blocs exploités. A cause de ces caractéristiques les techniques oldowayiennes ne semblent pas issues des techniques lomekwiennes.
Un article intéressant et bien illustré qui permet de comprendre le rôle de l'archéologie expérimentale dans l'étude des outillages lithiques.

Les plus vieux outils du monde - Pour la science N° 478 p 26

Cet article de Kate Wong est consacré aux outillages antérieurs à l'apparition du genre humain. Sur le site de Lomekwi au Kenya une industrie des éclats est datée de 3.3 ma tandis qu'à Dikika en Ethiopie des traces de boucherie datées de 3.4 ma ont été découvertes sur des os d'ongulés. L'auteur insiste sur la chronologie et la méthodologie des découvertes. Elles posent en elles-mêmes plusieurs questions importantes : Celle de l'identité des artisans et celle d'une possible disparition de ces techniques avant même l'apparition des cultures oldowayiennes. Les blocs travaillés sont beaucoup plus gros que ceux des périodes postérieures. Il faut en outre abandonner le paradigme d'une incompatibilité entre la main pourvue de phalanges courbées qui favorisent la brachiation et la main qui façonne les outils. Un encadré est consacré aux travaux de Zeray Alemseged sur les traces de découpes de Dikika.

Ces données remettent en cause bien des éléments du discours classique sur l'hominisation. Il faudra sans doute parler bientôt d'un buisson des cultures comme nous parlons du buisson des hominidés. On est bien loin de la marche uniforme vers le progrès. Fort heureusement cette question des cultures est assez marginale dans nos programmes. Un article très intéressant cependant même si le "story telling" à l'américaine mélange les éléments factuels et biographiques. La frise chronologique proposée au début de l'article souffre d'un manque de lisibilité due à l'adoption d'une échelle de temps logarithmique. Il sera prudent de ne pas l'utiliser d'autant qu'elle s'appuie sur un arbre phylogénétique tout à fait contestable.

Sur les traces du chat - Pour la science N° 478 p 12

Les études génétiques des chats domestiques actuels confirment qu'ils sont issus de la sous-espèce Felis silvestris lybica alors que les premières traces de domestication concerne Felis silvestris silvestris dans le croissant fertile. C'est donc d'Egypte que proviennent nos chats actuels. Ils auraient été disséminés par l'homme.

Le séquençage haute fréquence des génômes et la diminution de son coût ont permis la parution de nombreuses études sur la domestication de diverses espèces. Ce n'est pas un sujet qui est abordé par nos programmes actuels sauf peut-être sous l'angle de l'amélioration des espèces végétales.

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Juillet 2017


Homo sapiens vieillit d'au moins 100 000 ans - Pour la science N° 477 p 6

Des restes osseux et des outillages levalloisiens trouvés dans les années soixante sur le site de Jebel Irhoud au Maroc avaient été rattachées aux néandertaliens. De nouvelles fouilles par l'équipe de Jean-Jacques Hublin ont mis au jour des restes osseux de cinq individus présentant une morphologie proche des hommes modernes. Les datations par thermoluminescence des outillages indiquent que ces hommes anatomiquement modernes ont occupé le site il y a 300 000 ans. C'est à ce jour les restes les plus anciens de cette espèce.

Les documents iconographiques fournis montrent des différences notables avec les crânes d'hommes modernes actuels ou sub-actuels. Cela constituera sans doute un obstacle pour nos élèves. Ce document mérite cependant d'être utilisé dans la mesure où il permet de montrer que les hommes anatomiquement modernes ont comme les autres espèces humaines connu dans leurs premiers temps une grande diversité morphologique associée à une dispersion dans une vaste aire géographique. Nous ne descendons donc pas de tous les hommes modernes africains mais de l'une de ses populations. La datation permet aussi de comprendre que ces individus étaient les contemporains des premiers néandertaliens typiques.

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Juin 2017


De l'ADN fossile dans la boue - Pour la science N° 476 p 17

En extrayant l'ADN mitochondrial des sédiments trouvés dans des grottes fréquentées par des néandertaliens ou des denisoviens les chercheurs de l'équipe de Svante Pääbo ont établi quelles espèces de mammifères avaient laissé des traces dans ces grottes. En mettant au point des sondes spécifiques de l'ADN mitochondrial des deux espèces humaines en question, ils ont pu établir la durée d'occupation des lieux.

La métagénomique et les programmes bio-informatiques commencent à apporter de très grandes quantités d'informations jusqu'ici inaccessibles. Il s'agit de deux secteurs de pointe qui risquent de modifier profondément le travail des généticiens. Il serait sans doute intéressant d'utiliser cet article avec nos élèves dans le cadre d'un travail sur l'orientation dans les filières de la biologie.

Néandertal en Amérique ?
- Pour la science N° 476 p 13

Des os de mastodontes brisés accompagnés de gros pavés ont été trouvés à San Diego en Californie. L'ensemble est daté de 130 000 BP et fait penser à un site de boucherie. Si cette hypothèse était confirmée cela obligerait à considérer qu'une vague de migrants auraient atteint l'Amérique au moment de l'avant dernière glaciation. Quant à l'identité de ces migrants, la brève lance comme une provocation qu'il pourrait s'agir de néandertaliens.

Bien évidement on pourrait aussi considérer que ces bouchers étaient des denisoviens ou même des hommes modernes car ces trois espèces existaient alors. Il est donc urgent d'attendre d'autres études.

Aux origines de l'homme de Florès - Pour la science N° 476 p 9

Cette brève rapporte les éléments issus d'une étude anatomique détaillée de l'homme de Florès. Sur le plan strictement anatomique il se rapproche plus d'Homo habilis que d'Homo ergaster ou Homo erectus.

Bien que l'information soit importante, il faut la prendre avec prudence pour plusieurs raisons. La première est que la convergence vient souvent altérer la pertinence des études purement anatomiques, la seconde tient au lien temporel. Il faudrait imaginer que ce rameau du buisson humain est resté caché pendant plus d'un million d'années. La troisième tient aux outillages. Les Hommes de Florès ont façonné des outils beaucoup plus complexes que ceux présents sur les sites fréquentés par Homo habilis.

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Mai 2017


Entre l'homme et l'abeille une histoire de 9 000 ans - La Recherche N°523 p 46
Le chromatographie en phase gazeuse et la spectroscopie de masse ont permis de montrer que beaucoup de céramiques néolithiques avait été en contact avec de la cire d'abeille. Il est difficile de savoir quel était le degré de domestication de ces abeilles car les ruches sont faites de matières périssables. Il est par contre indéniable que ces abeilles ont fait l'objet d'une exploitation ayant conduit à leur domestication. Elles ont été exploitées pour leur miel et leur cire.

Un article intéressant mais qui aura du mal à trouver sa place dans le cadre des programmes actuels. Il peut-être par contre intéressant d'en signaler l'existence au cours d'un TPE ou d'activités de MPS.

L'énigme des crânes du Xuchang - La Recherche N°523 p 16
Les crânes du site de Lingjing font ici l'objet d'un article assez développé et bien illustré. L'auteur exprime clairement les deux hypothèses en présence. La première rattacherait directement ces individus relativement récents (105 000 à 125 000 ans) à des Homo erectus déjà présents dans la région depuis près de 600 000 ans. L'autre est plus classique et consiste à voir, dans ces crânes présentant à la fois des traits propres au néandertaliens et une certaine gracilité, des populations proches des dénisoviens. Ce débat n'est pour l'instant pas tranché.

Ces fossiles vont probablement faire parler d'eux assez longtemps. On remarquera la tentative, teintée de nationalisme, de faire évoluer ces hommes "in situ" comme les branches d'un chandelier. Ce modèle d'une longue évolution locale se heurte à la très grande homogénéité de l'espèce humaine actuelle. On imagine mal une évolution à ce point convergente des différentes lignées humaines du paléolithique moyen. Il y a fort à parier que la seconde hypothèse l'emportera sous peu. Un article qui pourra intéresser nos élèves à condition de les mettre au courant des arrière-pensées de certaines équipes de paléoanthropologues.

Le plus vieux des Portugais - Pour la science N° 475 p 10
Cette brève signale la découverte d'un crâne apparenté à Homo heidelbergensis dans la grotte d'Aroeira. La roche encaissante a pu être datée de 400 000 ans.

En l'absence de tout document iconographique, il n'est guère possible d'exploiter cette information avec nos élèves.

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Avril 2017


Mâchez-moi, mâchez-moi - Pour la science DS N°95 p 112

L'étude des stries portées par les dents d'Homo antecessor trouvés dans la grotte d'Atapuerca en Espagne montrent que ces hommes consommaient en grande quantité des végétaux durs et abrasifs.

Un article qu'il sera difficile d'utiliser sauf peut-être pour combattre certaines représentations erronées qui font des hommes du Paléolithique des carnivores presque exclusifs.

Un petit pas (très ancien) pour l'humanité - Pour la science DS N°95 p 110

Des os et particulièrement un fragment de mandibule de cheval trouvés dans le Yukon portent des stries produites incontestablement par des hommes. La datation au Carbone 14 indique un âge de 24 000 ans soit 10 000 de plus que les autres traces humaines découvertes en Amérique du Nord. Cette datation très ancienne confirme que le détroit de Behring, alors à sec a été franchi beaucoup plus tôt qu'on ne le pensait.

Un article que l'on pourra exploiter dans le cadre de l'étude des migrations humaines. Il est cependant curieux de penser que les hommes ont été bloqués dans la Yukon pendant 10 000 ans par le dernier maximum glaciaire alors que le cheval et le bison pouvaient gagner ces terres australes à partir du Sud. Il faut donc s'attendre à de nouvelles révisions dans la datation de l'arrivée de l'homme moderne en Amérique du Nord.

Une nouvelle espèce humaine découverte en Chine - Pour la science N° 474 p 6

Faute de pouvoir en extraire l'ADN, il n'est pas possible pour le moment d'attribuer les crânes découverts à Lingjing en Chine à des denisoviens et pourtant l'hypothèse est séduisante. Tout en présentant une forte capacité cranienne, ces crânes sont pourvus d'attributs typiquement néandertaliens tels le torus susorbitaires, cependant ils sont assez graciles comme les crânes d'hommes modernes. La datation de 105 000 à 125 000 ans est compatible avec deux hypothèses en présence : une population hybride Néandertal/moderne ou de proches parents des dénisoviens découverts à 4 000 kilomètres de là.

Cet article présente l'intérêt de montrer la science en train de se faire. Les questions et les hypothèses sont ouvertes et plus nombreuses que les certitudes. Pour ce caractère, il mérite d'être lu par les élèves intéressés par le sujet.

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Mars 2017


L'homme, acteur de sa propre évolution - La Recherche HS N°21 p 67

Cet article assez développé est entièrement consacré à l'activité de constructeur de niche qui caractérise notre espèce. Cette construction est souvent une réponse adaptative qui n'implique aucun changement de notre génotype. Ce n'est pas toujours vrai et des exemples bien choisis illustrent cette influence de nos actions culturelles sur le génotype des populations. Du fait de la rapidité des acquisitions culturelles et de leur transmissions efficaces l'homme se trouve engagé dans une course de vitesse qui est un défi pour sa biologie.

Un article intéressant sur le fond car il croise le domaine des cultures et celui de la génétique. Cette activité de constructeur de niche est rarement prise en compte par les généticiens. Malheureusement l'emploi du terme gène à la place du mot allèle nous condamne à donner des explications préalablement à son exploitation.

Il y aura un avant et un après Bruniquel - La Recherche N°521 p 48

Dans cet entretien Bruno Maureille dresse un portrait actualisé des néandertaliens. Il insiste sur le fait que l'on doit l'incorporer au "sapiens" car il en a les caractéristiques cognitives même s'il possède une morphologie différente de celle des hommes anatomiquement modernes.

Un texte que nos élèves devraient lire pour éviter les stéréotypes et les préjugés qui demeurent très vivaces.

Cinq témoignages d'un mode de vie organisé - La Recherche N°521 p 46

Cette frise chronologique permet de situer les principaux sites néandertaliens connus à ce jour. La récolte paraît mince et les datations souvent imprécises mais leur attribution aux néandertaliens n'est pas contestable.
Les difficultés de datation sont essentiellement liées à l'ancienneté des objets qui ne permet pas d'utiliser le Carbone 14. Cette frise sera très utile à ceux de nos élèves qui sont plutôt visuels.

A la découverte des étranges constructions de Neandertal - La Recherche N°521 p 38

Cet article très complet sur les structures découvertes dans la grotte de Bruniquel s'attache plus à la description des méthodes et des résultats qu'à une interprétation. Des fragments de stalagmites ont été utilisés par des neandertaliens anciens pour élaborer des structures circulaires à plus de 300 mètres de l'entrée de la grotte. Par chance la croissance de nouvelles stalagmites sur les débris accumulés a permis une datation précise par la méthode U-Th. Ces néandertaliens ont été capables de transporter plusieurs tonnes de matériaux et de s'éclairer pour édifier ces structures.

Si le site reste à ce jour quasiment unique, il remet en cause fondamentalement notre représentation des capacités cognitives et technologiques des neantertaliens anciens. Pour cette raison il peut être lu par nos élèves.


Quand les babouins singent la parole - La Recherche N°521 p 22

Dans les années 1970 le linguiste Philip Lieberman avait affirmé que la descente du larynx était un préalable à l'acquisition de la parole. Ainsi les néandertaliens, les bébés et les cercopithécidés étaient incapables de parler. Une étude récente vient de montrer que les babouins sont capables de produire des sons vocaliques comparables à nos voyelles. La capacité à former tels sons serait donc antérieure à la séparation de Hominoïdes et des cercopithécoïdes qui s'est produite il y a au moins 25 millions d'années.

Le titre très malheureux de cet article ne doit pas faire rejeter son contenu. Il ne s'agit pas, bien sûr, d'activités imitatives développées par les animaux étudiés. Contrairement à la brève parue dans Pour la Science, cet article est suffisamment développé pour être utilisé par nos élèves.

"La sélection naturelle a avantagé une réponse inflammatoire réduite" - La Recherche N°521 p 4

Dans cet entretien, Lluis Quintana-Murci évoque quelques traits de notre adaptation aux maladies infectieuses. S'étant intéressé essentiellement aux gènes responsables de notre immunité innée, il a pu, avec ses collègues, montrer qu'une bonne partie des gènes de cette immunité inné est hérité, chez les européens et asiatiques de l'homme de Néandertal. Les variants sélectionnés sont ceux qui minorent les réactions inflammatoires néfastes pour la santé. Chez les africains c'est la mutation du gène CCR1 qui entraîne une baisse de la réponse inflammatoire.

Bien que d'une lecture un peu difficile pour nos élèves, cet entretien permet de répondre à une question importante : celle de l'apport des néandertaliens à notre génôme. Il apparaît ainsi que les néandertaliens, implantés en Eurasie pendant plus de 200 000 ans avaient développé une immunité innée adaptée à leur environnement infectieux. Loin d'avoir simplement constitué un évènement anecdotique, l'hybridation avec l'homme moderne a été une chance de survie pour ce dernier.

Des voyelles chez le babouin - Pour la science N° 473 p 13

Malgré leur larynx en position haute, les babouins semblent capables d'émettre des sons correspondant à cinq de nos voyelles. Cela remet en cause le lien qui est fait ordinairement entre le langage articulé est la descente du larynx en position basse qui est propre à l'homme.

Une brève un peu courte pour une exploitation en classe. Cependant voilà encore un élément qui bouscule les chronologies classiques de l'évolution des primates. Les protolangues pourraient être antérieures à la séparation entres les hominoïdes et les cercopithécoïdes.

Les stocks de carbone au fil du néolithique - Pour la science N° 473 p 12

Un travail de simulation de l'évolution des stocks de Carbone depuis de le début de l'holocène montre que les variations ne sont pas liées à l'intervention humaine avant 1850. Il semble même qu'un ou des facteurs inconnus qui pourraient être anthropiques aient favorisé le stockage de Carbone dans les tourbières. La brève insiste bien sur l'explosion du taux de dioxyde de Carbone dans l'atmosphère depuis 1850.

Le néolithique est souvent présenté comme un évènement majeur pour l'ensemble de la Terre. Il est montré ici qu'il n'a pratiquement pas eu d'action sur le climat global.

Une mutation génétique qui a profité au cerveau d'Homo sapiens - Pour la science N° 473 p 8

D'après les études menées par le laboratoirre de Svante Pääbo une mutation ponctuelle de type "substitution" du gène ARHGAP11A aurait entraîné la synthèse d'une protéine tronquée. Cette protéine originellement régulatrice de la croissance des filaments d'actine dans les neurones serait devenue un facteur de multiplication des neurones au sein de certaines parties de l'encéphale. Cette mutation ponctuelle pourrait expliquer l'accroissement considérable de la taille de notre cortex il y a environ 500 000 ans.

L'hypothèse est intéressante d'autant qu'elle est soutenue expérimentalement par le comportement des neurones de souris soumis à l'action de cette protéine tronquée. Il faut cependant se garder de tomber dans l'explication "monogénique". La mutation de ce gène si tant est que l'on puisse connaître avec précision la séquence du gène présent chez Homo erectus ne peut constituer à elle seule le facteur déclenchant l'apparition des hommes modernes. Bien d'autres mutations de gènes régulateurs du développement sont sans doute impliquées sans que l'on puisse construire une chronologie précise de leurs actions
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Février 2017


"nous avons mis la main sur quelque chose d'unique" - La Recherche N°520 p 59

Dans cet entretien, Sonia Harmand relate la découverte des outillages de Lomekwi 3. Le fait qu'ils précédent de plus 700 000 ans les premiers Homo remet en cause un des paradigmes principaux de la paléoanthropologie. Sans être des hommes "Kenyanthropus" ou l'un des australopithèques decouverts dans la zone pourraient être l'auteur de tous ces outillages.

Un article facile à lire qui permettra aux élèves de bien comprendre les problèmes posés par les résultats de fouilles quand la récolte est abondante.

L'australopithèque qui chaussait du 42 - Pour la science N° 472 p 10

Une très bonne photographie montre de nouvelles traces découvertes à Laetoli. Elles correspondent à un individu de grande taille que les chercheurs pensent être de sexe masculin.

Ce site tanzanien fait rarement parler de lui de nos jours mais les traces découvertes dans les années 1980 ont été l'objet de plusieurs études. Les plus récentes démontraient que la bipédie des australopithèques n'était pas celle de l'homme.
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Janvier 2017


Lévolution de l'Homme au XIX° siécle, revue de presse en forme

janvier 2017

Pour la science N° DS94 p 104

L'homme, une évolution en marche

Dans cet article en forme d'inventaire John Hawks infirme l'idée, très répandue, que l'humanité n'évoluerait plus du fait de son succès démographique. Reprenant des exemples maintenant bien connus il montre que l'humanité présente de nombreux allèles récents qui ont été sélectionnés en raison de leur valeur adaptative. La seconde partie de l'article, consacrée aux interactions complexes entre les gènes et aux rôles du hasard et de la chronologie est plus difficile à exploiter.

Nos élèves ont souvent une vision très pessimiste de l'évolution humaine récente. Elle est souvent basée sur des idées assez toxiques comme cette de la dégénérescence d'une espèce qui n'est plus en but à la sélection naturelle. Cet article montre au contraire que certains allèles récents ont une forte valeur sélective et ont permis la conquête de nouvelles niches écologiques.

Pour la science N° DS94 p 96

Les étranges structures de Bruniquel

A quelques 300 mètres de l'entrée de la grotte de Bruniquel, des structures faites de tronçons de stalagmites et stalactites ont été agencées en plusieurs structures comprenant de foyers où des hommes ont brûlé des os sans doute pour s'éclairer. La datation des stalagmites et concrétions de calcite qui ont scellé ces structures après leur usage donne un âge stupéfiant de 176 500 ans. Elles ont donc été élaborées par des ancêtres des néandertaliens classiques et donc des contemporains des premiers hommes modernes africains. Des traces d'activités cognitives complexes aussi anciennes n'avaient jamais découvertes auparavant. Pour l'auteur, tout cet ensemble contribue fortement à modifier la représentation que nous nous faisons des néandertaliens.

Un article plaisant, écrit sur le mode du récit de découverte avec des illustrations de qualité. Comme beaucoup de ses prédécesseurs il est susceptible de conforter la nouvelle vision que l'on a des néandertaliens. On pourra faire remarquer au passage que les plus anciennes peintures rupestres européennes ne datent que de 36 000 ans.

Pour la science N° DS94 p 86

Une espèce mosaïque

Reprenant une chronologie de l'état de la connaissance concernant l'origine des hommes actuels, Michael Hammer montre qu'au cours du temps l'homme moderne, originaire d'Afrique, s'est métissé à plusieurs occasions avec des populations locales. Ces métissages, pour limités dans l'espace et le temps qu'ils soient, auraient constitué un avantage adaptatif certains. Il cite en particulier certains des gènes actifs dans l'immunité présents chez les habitants d'Eurasie et qui sont d'origine néandertalienne. Selon lui la théorie du "grand remplacement" telle qu'énoncée au XX° siècle aurait donc vécu.

L'article fourmille d'éléments factuels qui rendent parfois sa lecture difficile pour nos élèves. C'est un peu dommage car cette question des transferts génétiques horizontaux est présente dans nos programmes.

Pour la science N° DS94 p 78

Le jour où l'humanité a failli disparaître

Curtis Marean nous invite à le suivre dans une "belle histoire" qui ferait de la zone côtière de l'Afrique du Sud la patrie originelle de l'humanité actuelle. A partir de travaux réalisés tant à Pinnacle Point qu'à Blombos, il imagine qu'au cours du dernier maximum glaciaire, des hommes anatomiquement modernes ont pu survivre en exploitant des ressources halieutiques et des géophytes. Ils y auraient alors développé de nouvelles technologies comme la taille du silcrète chauffé et les peintures à base d'ocre. Ils auraient surtout développé de nouvelles formes d'organisations sociales qui auraient ensuite permis la "reconquête" du monde une fois les conditions devenues plus clémentes. Un encadré rédigé par Pierre-Jean Texier montre la fragilité d'un tel scénario.

Bien qu'il soit originaire des Etats Unis, Curtis Marean, participe comme Lee Berger au "lobby Sud-Africain". S'il a raison de contester les résultats anciens qui situaient essentiellement en Europe la naissance des principales technologies paléolithiques, rien n'indique que l'Afrique du Sud soit l'endroit où le goulot d'étranglement a frappé l'humanité. A la même époque les néandertaliens, les dénisoviens et sans doute d'autres humanités survivaient en équilibre avec leur milieu depuis des milliers d'années. D'autres zones refuges, inconnues pour l'instant ont sans doute existé pour l'homme anatomiquement moderne.
Il y a quelque chose de "Messianique" et de mal étayé dans ce texte. Quelque chose qui rappelle les films américains "survivaliste" que l'auteur cite d'ailleurs au début de son texte.
Un article sans doute à éviter pour ne pas céder à la facilité.

Pour la science N° DS94 p 74

L'émergence de la coopération

Cet article de Franz de Waal tente de faire le lien entre les comportements sociaux des primates non humains et nos comportements. Pour lui ils sont fortement ancrés dans le phénomène d'empathie lui-même dérivé de l'attachement mère-enfant. Il voit là des facteurs de survie du groupe au-delà de la mise en danger de certains de ses membres. Cependant les humains sont les seuls à pratiquer la coopération en dehors des proximités familiales et tribales. La plupart des grand projets humains n'émergent qu'en impliquant des humains répartis sur toute la planète. La réalisation correcte de ses grands projets n'est possible que si les individus sont sensibles à l'opinion publique et soignent donc leur réputation.

Un sujet passionnant qui entre peu dans le cadre de nos programmes mais qui peut faire l'objet d'un travail en liaison avec la philosophie.

Pour la science N° DS94 p 66

Homo sapiens la plus invasive des espèces

Sur le mode du récit argumenté, Curtis Marean développe des idées qui avaient été précédemment exposées dans Pour la Science. Pour lui c'est l'émergence d'une capacité d'origine génétique à "l'Hyperprosociabilité" explique le succès de l'homme moderne et la disparition des autres espèces humaines et des grands animaux sur différents continents. Il situe le point d'émergence de cette prosociabilité sur la côte Sud-Ouest de l'Afrique du Sud. Au cours d'un maximum glaciaire la coopération de différents groupes familiaux serait apparue. Il s'agissait de défendre des gisements de coquillages abondants et prévisibles contre d'autres groupes.

Comme beaucoup d'auteurs anglo-saxon, Curtis Marean utilise le "Story telling" pour mieux faire passer ses idées. On pourra ne pas apprécier cette façon de court-circuiter le débat scientifique indispensable. Rien de nouveau dans cet article sinon une présentation plus efficace des idées développées il y a quelques mois. Je pense que pour intéressante qu'elle soit, "l'hyperprosociabilité" nécessite plus d'argumentations que d'affirmations.

Pour la science N° DS94 p 62

La monogamie un atout pour notre espèce

La monogamie étant peu répandue chez les primates, il s'agit sans doute d'un caractère dérivé des hommes. En dehors de la question de l'époque où elle est apparue se pose celle des facteurs qui l'on fait apparaître et qui lui ont permis de se maintenir. Trois hypothèses principales ont émergé sans que pour le moment on arrive à trancher entre elles de façon nette : l'espacement territorial des femelles, l'évitement de l'infanticide et l'importance des soins paternels. Il est par contre assez clair que le maintien de monogamie résulte d'un avantage reproductif. Les besoins énergétiques d'un enfant d'hominine sont tels qu'une femelle isolée aurait peu de chance de mener à bien l'élevage de sa descendance. Le père joue alors un rôle déterminant par le fait qu'il prend en charge partiellement le jeune et apporte ainsi un bénéfice en termes de survie.

Un article beaucoup plus clair qu'un article récent paru dans la même revue. Il faut cependant bien noter que toutes les hypothèses résultent de modélisations souvent assez fragiles. Ce sujet n'étant pas au programme, on pourra très bien passer son chemin.

Pour la science N° DS94 p 54

L'humanité façonnée par le climat

Dans cet article assez détaillé, Peter de Menocal expose les éléments qui permettent de corréler l'évolution des hominines aux variations climatiques en Afrique. Les carottages en mer Rouge ou dans le golfe d'Aden montrent des variations cycliques de la sédimentation qui s'accordent assez bien avec le cycle de la précession des équinoxes. Chacun des épisodes secs aurait exercé une pression sélective importante sur les hominines, provoquant à la fois la disparition des espèces les moins ubiquistes comme les Paranthropes et la survie des espèces les moins spécialisées : les Hommes.

Sans nier l'importance des variations climatique dans l'histoire des hommes, ce scénario déterministe et donc confortable ne doit pas laisser de côté le rôle des migrations et surtout le fait que, les populations étant de petites tailles, les hasards démographiques ont pu être la cause de l'essor ou de la disparition des espèces.

Pour la science N° DS94 p 46

Les plus vieux outils du monde

La découverte des pierres taillées sur le site de Lomekwi remet en cause beaucoup de choses. Ces outillages datés de 3,3 ma ne peuvent être l'oeuvre de l'homme. Trouvés au Kenya dans une zone riche en hominidés fossiles, ils pourraient être le fait de Kenyanthropus ou d'une des espèces d'Australopithèques présents dans la région. Cela pourrait expliquer les traces de charognage découvertes sur des os d'ongulés datés de 3,4 ma. Les travaux expérimentaux pour étudier le processus de fabrication de ces outils montrent que les éclats tranchants résultant de percussion sur une enclume nécessitent des mains habiles et un comportement cognitif assez complexe pour orienter correctement les frappes.

La phrase de Bergson "l'homme, c'est l'outil" est donc invalidée par cette découverte. La définition même du genre humain en est bouleversée. Il est heureux que cette référence aux outillages ait peu d'importance dans nos programmes actuels.

Pour la science N° DS94 p 38

L'incroyable Homo Naledi

Pour cette espèce représentée par plus de 1 550 os extraits de la grotte de Dinaledi en Afrique du Sud Lee Berger a employé des méthodes hétérodoxes de recherche et surtout de financement et de publication qui lui valent les critiques de la communauté des Paléoanthropologues. Dans une perspective assez polémique, il fait de cette espèce un homme alors qu'il présente à la fois des traits archaïques et des traits modernes. Pour corser l'affaire, toute cette collection n'est pas datée et la disposition des restes au fin fond d'une grotte quasiment inaccessible fait dire à Lee Berger que ce rassemblement d'ossements est le résultat de rites funéraires ayant nécessité la maîtrise du feu pour s'éclairer. On l'aura compris la démarche iconoclaste de Lee Berger dérange fortement la communauté scientifique.

La description de l'historique et des méthodes d'exploration de la grotte forment la partie la plus intéressante de l'article. La collection recueillie est exceptionnelle mais il y a fort à parier que comme beaucoup de découvertes récentes, le soufflé finira par retomber. Homo naledi apparaîtra alors comme une forme régionale éteinte d'hominine. Les phylogénéticiens disent depuis longtemps que la découverte d'un ancêtre direct est un évènement hautement improbable. Même si l'on en venait à tenir dans sa main les restes de cet ancêtre, nous ne saurions pas l'identifier comme tel. Il serait temps d'en prendre de la graine. Cela n'enlèverait rien aux caractères exceptionnels des travaux de l'équipe Sud-africaine. On se débarrasserait simplement de cette prétention nationaliste et de toute cette mousse médiatique finalement nuisible à la compréhension.

Pour la science N° DS94 p 30

La confusion des genres

Australopithecus sediba est-il l'ancêtre direct d'Homo erectus comme le prétend Lee Berger ou simplement une branche locale du genre Autralopithecus ? C'est l'objet du l'article de Kate Wong qui recense les arguments des uns et des autres. Le seul point de consensus pour l'instant est que cette découverte est d'une qualité exceptionnelle par le nombre et la bonne conservation des éléments trouvés à ce jour. Le site n'étant que très partiellement fouillé pour l'instant, il est probable que de nombreux autres éléments apparaîtront dans l'avenir. L'encadré rédigé par Bruno Maureille montre combien le "plan média" de Lee Berger contribue plus à la construction d'une mythologie qu'à de véritables connaissances scientifiques.

En dehors des grandes incertitudes qui entourent le sujet, cet article me paraît assez énervant au moins dans l'usage du vocabulaire. Est-ce le fait de l'auteur ou du traducteur mais il est désagréable de lire que les Australopithèques auraient des "ancêtres simiens" ou qu'ils avaient une poigne digne d'un singe ? Cela ajoutera de la confusion dans l'esprit de nos élèves puisque nous disons que les Australopithèques comme les Hommes sont des singes donc des simiens. Notre poigne est celle d'un singe.
Un article sans doute à éviter sauf pour l'encadré de Bruno Maureille.

Pour la science N° DS94 p 24

Notre grande famille

En partant des déclarations fracassantes de Lee Berger à propos d'Australopithecus sediba, Bernard Wood s'applique à démontrer que les hominines de constituent pas une exception parmi les groupes de mammifères. Quasiment à toutes les époques depuis quatre millions d'années les hominines sont représentés par des nombreuses espèces partageant parfois les mêmes habitats. Compte tenu des convergences et des possibles métissages entre les espèces, il est tout à fait impossible de proclamer sérieusement que tel ou tel fossile représente au sein des australopithèques l'ancêtre direct des hommes.

Beaucoup plus facile d'abord que l'article original paru il y a quelques temps avec les mêmes illustrations, ce texte permet d'aborder l'évolution des hominidés comme celle d'un groupe tout à fait banal de mammifères actuels. Cet arbre phylogénétique buissonnant qui s'oppose aux représentations classiques doit souvent être remis sur le métier par nos élèves. Pourquoi ne pas conseiller cette lecture aux plus motivés d'entre eux ?

Pour la science N° DS94 p 16

Les ancêtres de nos ancêtres

Pour Brigitte Senut, qui fut l'une des découvreuses d'Orrorin, on a trop négligé les terrains Miocènes pour bien comprendre l'origine des hominidés. Pour trouver des indices concernant la séparation des singes anthropomorphes et des hominines il faut s'intéresser à des terrains âgés de 10 ma. Ils ont été insuffisamment étudiés. Il faut aussi prendre en compte la biogéographie. Pour elle les ancêtres de nos ancêtres sont des animaux de milieux forestiers tropicaux. L'hypothèse du "back to Africa" qui ferait de l'Europe ou de l'Asie le berceau des hominidés n'est pas confirmée. Le portrait-robot de l'ancêtre commun serait celui d'un bipède grimpant facilement aux arbres dans un milieux tropical.

Un article pas toujours très facile à lire mais qui contient un paragraphe indispensable : Celui qui est consacré à chambouler les représentations les mieux ancrées dans l'esprit de nos élèves. Ainsi notre bipédie serait peut-être ancestrale tandis que la marche sur les phalanges des Chimpanzés et des Gorilles seraient des états dérivés.

Pour la science N° DS94 p 8

L'histoire de l'humanité racontée par les fossiles

C'est plutôt l'histoire de la paléoanthropologie que raconte Yves Coppens avec force anecdotes historiques et références à ses propres travaux.

Un texte facile à lire et qui a le mérite de replacer les différentes découvertes dans leur contexte.

Pour la science N° DS94 p 7

Repères

Cette double page montre deux figures assimilables à des arbres phylogénétiques, le plus grand, déjà paru dans numéro spécial expose les principales espèces d'Hominines dans un repère chronologique. Le plus petit situe les hominines parmi les Hominoïdes.

Ces deux figures ppeuvent être très utiles à nos élèves. La plus grande en particulier montre particulièrement bien que nous ne connaissons pas exactement les relations phylogénétiques entre les différentes espèces d'hominines.

La Recherche N°519 p 22

L'usage précoce du feu

Des travaux d'archéologie expérimentale ont conduit les chercheurs étudiant les outils de la culture "Howwiesons Poort" à reconstituer les techniques de façonnage. Les nucléus de silcrète ont été volontairement chauffés avant leur débitage par les membres de cette culture datée de 65 000 BP. Ils ont obtenu des outils en tous points similaires aux originaux. Jusqu'à maintenant les plus anciennes traces de cette technique n'étaient connues qu'à partir de 20 000 BP

Un des obstacles que peut offrir la lecture de cet article est le fait que, pour la plupart des gens, les outils préhistoriques sont faits de silex. Il a même été démontré que pour être facile à tailler il doit conserver son eau constitutive. A l'inverse le silcrète, qui est un grès à ciment siliceux, est plus facile à travailler lorsqu'il a été chauffé. Une fois cette difficulté levée, il faut constater que la technique décrite a été oubliée pendant 40 000 ans. Voilà de quoi écorner sérieusement l'idée d'une marche harmonieuse et régulière vers le progrès technologique. Tout cela est sans doute une affaire de contingence.

La Recherche N°519 p 21

Premières cultures

Cet entrefilet signale que les plus anciennes traces de culture de pomme de terre ont été découvertes dans le Sud du Pérou. Elles sont datées de 5 400 BP.

Un nouvel élément de connaissance concernant l'apparition de l'agriculture dans diverses parties du monde.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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auteur(s) :

François Cordellier

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sciences de la vie et de la Terre - Rectorat de l'Académie de Nantes