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analyse de l'oeuvre de Jame Casebere

James casebere
James CASEBERE

Row House (Maison mitoyenne)

1994

tirage argentique

dimensions variables (tirage maxi : 50,8 x 40,64 cm)

Au centre d' une photo noir et blanc, une façade blafarde de maison se détache sur un fond sombre uniforme et indéterminé . C'est une façade allongée, très étroite, toute étirée en hauteur, d'une maison de ville à plusieurs étages. Un entre-sol laisse apparaître deux ouvertures à demi-enterrées. Un escalier sans rambarde monte vers une porte surmontée d'un arc en plein cintre. Les fenêtres à guillotine s'ouvrent sur un intérieur obscur, à l'exception d'une fenêtre de l' étage supérieur et des chiens-assis du toit qui laissent transparaître la lumière de l'intérieur. La construction est réalisée par des moellons de pierre disposés en couches régulières. Elle est presque symétrique, légèrement bancale.


Cette façade semble à la fois familière et inconnue. Ce vocabulaire architecturale évoque les maisons du 19ème siècle serrées les unes contre les autres le long des rues des villes industrielles de l'Angleterre. Elle pourrait servir de décor à un roman de Charles Dyckens, un lieu où cohabitent chacun à son étage, la petite bourgeoisie et les ouvriers les plus pauvres. Elle parle d'aisance et de pauvreté.

Dans cette image, la dramatisation de l'éclairage favorise l'étrangeté. Un éclairage sépulcrale qui ne laisse voir que la façade de ce bâtiment frontal et qui produit des jeux d'ombres portées. Comme si les frondaisons d'un arbre immense et invisible -hors-champs?- étendaient ses branches en direction de la maison. Toute présence humaine, tout paysage environnant sont supprimés. Ne reste que la platitude de cette façade sans profondeur et la montée d'une ombre épaisse qui couvre l'ancrage au sol. Que se cache-t-il derrière ces murs ? Quel mystère, quel secret se dissimule ?


Au premier abord, le spectateur voit bien la photo d'une maison mitoyenne comme l'indique le titre mais il n'y a pas, justement, d'autres maisons autour : le contexte a disparu, la maison est extraite de son environnement. En l'observant de plus prêt, ce mur de façade ne semble pas en pierre ni en bardeaux de bois, les fenêtres noires, leurs rideaux immobiles semblent pétrifiés. Le spectateur est, tout à la fois, fasciné par "l'inquiétante étrangeté" de cette image et mis à distance par tous les indices de l'illusion.

Car il s'agit de la photographie d'une fiction. Le travail de James Casebere consiste tout d'abord à construire une maquette, sculptée dans des matériaux pauvres tels que mousse, papier ou plastique. C'est seulement lorsque la maquette est mise en scène, transformée par l'éclairage que l'artiste va la photographier. Cette image photographique n'est plus ni le document qui atteste ni la trace d'une réalité mais l'indice de la fiction.


Bibliographie : de plus amples informations sur le dossier du FRAC Centre édité par le CRDP en 1998 et sur le site officiel de l'artiste : http://www.jamescasebere.com


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