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comment transmettre une leçon d'arts plastiques ?

comment transmettre une leçon ?

Comment transmettre une leçon d'arts plastiques ? Répondre à cette question peut sembler banal et sans utilité, car avec plus de 6 500 classes de collège (public et privé confondus), on peut compter jusqu'à 200 leçons qui se déroulent simultanément dans l'académie de Nantes un lundi matin ! Des leçons s'inventent donc par dizaines et leur circulation est avérée : petites fabriques, stages, publications, sites internet...

Une leçon d'arts plastiques (mais en va-t-il autrement d'une leçon de mathématiques ou d'éducation physique et sportive ?) est un objet singulier et complexe qui articule des mots, des matériaux, des instruments et des outils, du rationnel et de l'irrationnel, du prévisible et de l'inattendu, des incidents et des trouvailles, de l'imaginaire et du factuel, des connaissances, des œuvres, de la théorie... et des élèves ! Transmettre une leçon condamne donc à simplifier, schématiser, réduire : il faut faire des sacrifices. 

Et c'est pourquoi la chose dite ou écrite n'est jamais la chose vue, vécue et parfois rêvée. La chose communiquée n'est guère plus qu'un reflet falot d'une réalité complexe et insaisissable d'un seul point de vue. Elle n'est jamais véritablement à la hauteur.

Plusieurs observateurs verraient-ils d'ailleurs la même chose ?
Qui dira la délicatesse de la création de Christophe ?
Qui dira la pertinence de la remarque de Justine ?
Qui dira les hésitations de Pierre, ses inquiétudes puis son affranchissement ?
Qui dira le regard allumé d'une classe entière face aux productions exposées ?
Alors, comment ne pas réduire la leçon vécue à une trame formelle, à une structure vide de sens et d'émotions, à un exercice de style ?

Transmettre une leçon : la tâche est délicate, voire impossible, et c'est pourquoi, sans doute, les mises en formes restent si peu nombreuses, très hétérogènes et plus ou moins clairement interprétables faute, bien souvent, d'un cadre théorique suffisamment explicite pour en favoriser la contextualisation. Ce sont alors des bribes et des fragments qui circulent, que l'on s'approprie, que l'on travaille, que l'on tord pour mieux les intégrer à ses propres structures.

Souvent, c'est l'intitulé seul de la leçon qui est échangé, au risque de donner à penser à qui n'est pas du métier qu'une leçon d'arts plastiques se fonde simplement sur un mot d'esprit, sur une formule magique, sur une incitation (le plus souvent verbale), alors que cette dernière n'est qu'un élément parmi d'autres du dispositif.

Est-ce pour cela que certains esprits nostalgiques pensent qu'après l'époque des leçons de choses (ce que l'on fait faire à ses élèves) serait advenu le temps des devinettes (l'énigme que l'on propose à ses élèves) ?

L'équipe d'InSitu a donc décidé de prendre le risque de communiquer non pas une leçon mais autour d'une leçon, de dire ses tenants et ses aboutissants, ses impasses, ses rebondissements, sa part d'ombre et ses lumières... Bref, de donner à entrevoir sa mécanique interne du point de vue des enseignants. Tout ne sera donc pas dit, explicité, développé ni même, peut-être, compris.

Nous ne prétendrons pas ici réinventer une didactique ou reformuler des problématiques.

Nous ne discuterons pas la terminologie (leçon, cours, proposition, incitation, exercice, dispositif, consignes, contraintes, séance, séquence...) et l'évaluation sera à peine esquissée. Des textes et des documents existent déjà en ligne dans InSitu et d'autres sites, certains sont publiés dans Les Cahiers EPS et la revue Échanger. D'autres viendront.

Notre modeste intention, ainsi, se précise : nous postulerons qu'il n'y a pas un en soi de telle leçon d'arts plastiques mais plutôt un mouvement permanent de la pensée et de l'action autour d'un objet d'apprentissage, qu'une leçon n'est pas un coup, qu'elle ne se réduit pas à son titre ou à son incitation, qu'elle n'est pas davantage un simple rabâchage formel ou un vague bricolage de pots de yaourts et de bouts de ficelles.

Et cette idée-là, sans aucun doute, doit pouvoir se transmettre.

lien de téléchargement d'un fichierTexte de Patrick Ducler publié dans InSitu n°17 de février 2003

 

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