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didactique

le dessin : du processus créatif à l'œuvre aboutie (Virginie Michel)

une étude pour la construction d'une leçon

transposition didactique



« Étape du processus créatif ou œuvre aboutie, le dessin est un laboratoire de création fédérateur, étroitement lié à tous les supports. Il a le don de s'immiscer dans les diverses pratiques de l'art, d'en être l'origine ou l'aboutissement. La force du dessin est justement cette liberté qui lui permet d'être la colonne vertébrale d'une œuvre, un outil de travail et de réflexion, l'instrument d'une pratique qui peut être loin du papier ou du crayon ».

Johana Carrier et Marine Pagès, Édito, in Roven, Revue critique sur le dessin contemporain, n°1, avril 2009, p.5.

Que retient l'attention dans la citation extraite de la Revue critique sur le dessin contemporain ?

  • Si le lecteur perçoit dans le dessin une contrainte, un passage « obligé » lié au projet en devenir « un outil de travail et de réflexion »; il se rétracte presque aussitôt face à la liberté que sous-entend « la force du dessin est justement cette liberté .... ».

  • De l'outil de réflexion à l'œuvre aboutie, le dessin se libère

  • Quel(s) impact(s) la relation SUPPORT / DESSIN joue t-elle dans l'autonomie de celui-ci dans les pratiques contemporaines ?

De l'apprentissage au projet

De l'apprentissage au projet de l'œuvre, le dessin est un passage obligé pour l'artiste. Il constitue, tout d'abord, la base de sa formation. Dans les ateliers de la Renaissance jusqu'au XX ème siècle, les artistes doivent acquérir une technique de représentation. Modèles vivants, mise aux carreaux, perspectives, modelés... sont autant de points à travailler au service de l'œuvre aboutie. Ces dessins sont pourtant exposés de nos jours dans les musées alors que leurs vocations premières ne l'étaient pas. L'exposition Trésors cachés (2011-12) a mis à l'honneur un dessin de préparation de GIRODET pour le Déluge exposé au Louvre. Cette mise en avant change le regard porté sur la chose faite. Par ailleurs, les artistes emploient le dessin dans la préparation d'une œuvre en devenir. L'accumulation de croquis matérialise la réflexion de l'artiste. L'évolution de sa pensée porte autant sur la composition de l'œuvre finale que sur la mise en forme d'un détail. Les centaines de croquis réalisés par Pablo PICASSO pour les Demoiselles d'Avignon (1907) illustrent ce propos. Le personnage assis compte à lui seul une grande partie des recherches de l'artiste. Les traces de cette recherche permettent de comprendre les préoccupations de peintre.

Dans les exemples cités jusqu'à présent, les dessins constituent soit un apprentissage soit « un outil de travail et de réflexion » mais ils peuvent également devenir la structure même de l'œuvre pour reprendre la métaphore de la citation proposée: « la colonne vertébrale de l'œuvre ». Nous penserons immédiatement au rôle du carton dans la réalisation de l'œuvre achevée. L'exemple du carton de la St Anne de Léonard de VINCI est à convoquer bien que celui-ci n'ait pas été utilisé. Nous penserons également au poncif nécessaire à la réalisation de fresques telles que le Plafond de la Chapelle Sixtine de MICHEL - ANGE. Le dessin est reporté à l'aide de trous réguliers sur lesquels les artistes appliquent de la pierre noire. Le papier décollé du support laissera apparaître des points qu'il suffira de relier pour voir la figure se former. Dans ce cas, le dessin est un transfert nécessaire à la réalisation de l'œuvre. Son échelle est donc identique à l'œuvre.

Une autonomie à l'œuvre

À partir du XIX ème siècle, le dessin acquière une autonomie et devient un genre indépendant. Sous forme de gravure, de lithographie ou mine graphite, il sort des ateliers et s'expose. Le genre reste cependant mineur. Se sont les artistes contemporains qui s'emparent du dessin pour l'élever au même rang que toutes les autres pratiques. Tous les supports (« instruments d'une pratique qui peut être loin du papier et du crayon ») et tous les matériaux sont prétextes à libérer la LIGNE. Le dessin se profile sur des supports bidimensionnels mais envahit également l'espace réel. Les Wall drawings de Sol LE WITT sont des dessins à réaliser à même les murs des lieux d'expositions. L'exposition de Musée Pompidou Metz de 2012-13 a montré la possible étendue des lignes. L'artiste impose un protocole (couleur, longueur des traits, angles,...) que les artistes ou étudiants d'école d'art devront reproduire sur les murs. Si le crayon est ici toujours présent, la page laisse sa place au mur. Les Indéfinissables d'Olga BOLDYREFF sont également à convoquer. Son fil de tricotin dessine des objets en « creux » sur le mur. La matérialité de la laine engendre un « divorce impossible du mur et du dessin » pour reprendre les termes de l'artiste. Olga BOLDYREFF délivre un patron sur lequel apparaît le dessin de l'objet, des clous et la pelote: le tout dans une boîte. Il appartiendra au musée, de placer le patron au mur ) à la hauteur souhaitée puis d'appliquer les clous aux endroits indiqués avant de retirer le dessin et de placer la laine. Si la forme de l'objet reste identique grâce à la structure imposée du patron, sa hauteur peut varier selon le lieu d'exposition. Le travail de l'artiste peut-être mis en forme par une personne lambda.

Les dessins de Sol LE WITT et d'Olga BOLDYREFF sont autonomes mais incarnent également un processus d'œuvre très singulier.

Processus créatif ou aboutissement ? : une œuvre laboratoire

« L'étape du processus créatif » peut parfois se confondre avec l'œuvre aboutie. Ce « laboratoire de création » est la mise en forme de différents moments de la réflexion. Le spectateur voit apparaître la naissance mais également l'aboutissement des recherches de l'artiste. Léonard de VINCI, à travers ses codex, montre l'émergence de ce mouvement de la pensée. Entre écritures et dessins, les lignes cohabitent sur la page: les unes commentent les autres sans pour autant constituer ce que l'on nomme une œuvre achevée. Tout en s'inspirant du maître de la Renaissance, Fabrice HYBER dans Taba (2012) dévoile « le dynamisme de la pensée sur l'immobilisme du support » (Fabrice HYBER). Cette « chose mentale », « œuvre laboratoire », est une œuvre aboutie et la mise en scène de différents rôles du dessin.

L'analyse de la présence du dessin « dans les diverses pratiques de l'art » de l'origine de l'œuvre à son aboutissement, nous a permis d'explorer l'importance des procédés de représentation et de présentation dans l'autonomie récente du dessin. De la page du carnet de croquis des artistes jusqu'aux installations les plus contemporaines, la relation du dessin à son support permettra une réflexion pédagogique fertile.

Questions enseignables :

  • Quels effets les procédés de représentation (outil, moyens et techniques) peuvent-ils avoir sur la représentation?
  • Quels impacts la nature du support, les matériaux, les formats,... peuvent-ils avoir sur le dessin?
  • Quelles opérations plastiques permettent de passer de la forme à l'idée?
  • Comment peut-on matérialiser l'idée dans l'œuvre?


Pour aller plus loin...


lien fiche chaarp: dessins nomades, Frac es Pays de la Loire

lien fiche chaarp: le dessin et la lumière, Musée des Beaux arts d'Angers

 

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