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Le projet de l'élève fonde depuis son origine l'enseignement des arts plastiques. Il est une des cinq clefs fondamentales du programme de troisième.
La connaissance du réel est une lumière qui projette toujours quelque part des ombres. Elle n'est jamais immédiate et pleine. Les révélations du réel sont toujours récurrentes. Le réel n'est jamais "ce qu'on pourrait croire" mais il est toujours ce qu'on aurait dû penser. La pensée empirique est claire, après coup, quand l'appareil des raisons a été mis au point. En revenant sur un passé d'erreurs, on trouve la vérité en un véritable repentir intellectuel. En fait, on connaît contre une connaissance antérieure, en détruisant des connaissances mal faites, en surmontant ce qui, dans l'esprit même, fait obstacle à la spiritualisation.
Gaston Bachelard, La formation de l'esprit scientifique
Le projet de l'élève fonde depuis son origine l'enseignement des arts plastiques. Il est une des cinq clefs fondamentales du programme de troisième (1998) :
Le projet de l'élève
Au cours des années précédentes, le souci pédagogique de se centrer sur l'élève par des situations ouvertes, au sein desquelles il effectue des choix, est de nature à permettre en classe de 3ème de passer des choix à l'initiative.
La notion de projet apparaît dès lors qu'il y a démarche personnelle de l'élève dans l'intention de réaliser.
Le projet de l'élève est à comprendre dans ses formes même les plus modestes, au sein de l'enseignement usuel et en situation de cours ordinaire. Il est à comprendre aussi dans des formes plus ambitieuses, ceci à la mesure des classes et des élèves.
Seul ou associé à d'autres, l'élève se donne les moyens d'agir afin de concrétiser ses intentions. Toute réalisation, aboutie ou non, doit être l'occasion de mettre en évidence, entre intention et réalisation, le processus mis en jeu. Ce qui importe, c'est que l'élève développe une démarche dont il prend conscience lors de la verbalisation au moment de l'évaluation. En deçà de l'apparence, c'est faire apprendre à l'élève la complexité et la diversité des processus de création.
La notion de projet de l'élève suppose des modalités d'enseignement variables, qui vont du choix à l'initiative. Elle concerne l'ensemble du cursus scolaire, collège et lycée.Pour ce qui relève des formes plus ambitieuses (prendre des initiatives), nous aurons recours à une explicitation plus discursive, un seul exemple ne pouvant satisfaire la démonstration. Nous commencerons par un bref rappel historique.
Au cours des années Soixante-dix, l'hétérogénéité des classes se développait au Collège. Elle était une des conséquences directes des réformes visant une meilleure démocratisation de l'enseignement (création du Collège unique) et d'un accroissement massif de la population scolaire.
Pour faire face à cette nouvelle réalité, les disciplines inventaient (réinventaient) le travail indépendant, le travail individualisé et le travail autonome. Le contexte général suffisait à justifier une recherche en ce domaine pour les Arts plastiques. Mais depuis plus d'une décennie, la discipline développait une forme originale d'enseignement: le cours en proposition (Abri s'inscrit dans cette famille de cours) qui avait débouché sur l'invention de la situation d'autonomie qui octroyait aux élèves de plus grandes initiatives.
Cette recherche s'articulait autour de trois concept-clefs qui gardent aujourd'hui toute leur pertinence : situation d'autonomie, libre choix et projet.L'enseignant ne fait plus cours (au sens usuel du terme). S'il est celui qui connaît, qui propose et qui gère cette forme nouvelle d'enseignement, il n'est plus celui qui décide de tout, organise tout, découpe tout, celui qui gère seul les tenants et les aboutissants de l'acte éducatif. S'il reste évidemment celui qui, pour l'essentiel, maîtrise les savoirs de la discipline, il n'est plus seul à les distribuer. L'enseignant se décentre, chaque élève, à travers son projet, est à tout moment au centre de la situation. Entre les élèves, et par la présence simultanée dans une même classe de différents projets, se tisse un réseau dense de faits, de relations qui démultiplient l'action de l'enseignant et où circulent des données qu'il n'est plus seul à introduire.
L'élève est ainsi appelé à prendre des décisions, à commencer par celle de travailler dans ce dispositif (après quelque temps d'essai, les élèves ont à se déterminer et peuvent aussi bien refuser cette proposition de l'enseignant), puis celle de choisir la nature de son travail. Il a de réelles responsabilités. Situation parce que rien n'est donné d'avance, que l'autonomie ne se décrète pas, qu'il ne suffit pas de la nommer (l'autonomie) pour qu'elle devienne un état de fait : elle est à construire ; situation indique bien que l'autonomie est un objectif.
La construction est double : il s'agit aussi bien de constituer un réseau de relations humaines (avec ses lois, ses contraintes et la marge des libertés individuelles possibles) qui tienne compte de l'inscription de ce cours dans le dispositif d'ensemble qu'est l'institution scolaire et de se constituer un réseau de connaissances avec le champ artistique, - et ainsi de le définir (ou plus exactement de le redéfinir, les élèves n'étant pas sans connaissances avant leur arrivée en arts plastiques et leur travail en situation d'autonomie).Le cours en situation d'autonomie est une pratique pédagogique engageante et exigeante. Chacun donne de sa personne, l'enseignant et les élèves ont à trouver leurs marques, à construire de nouvelles formes d'intervention, de collaboration et de vie commune. La Situation d'autonomie est une sérieuse école de la socialisation et du civisme.
La Situation d'autonomie permet également de mettre les élèves en relation forte avec les pratiques les plus actuelles de l'art, et cela ne suppose pas pour autant l'abandon de pratiques et de savoirs anciens.
Après plus de vingt années d'existence et de recherches, la Situation d'autonomie demeure, pour les Arts plastiques, une forme de cours novatrice. Il convient cependant d'être attentif : elle exige un niveau d'engagement tel que sa généralisation en collège n'est pas à l'ordre du jour. Elle est réservée aux enseignants les plus expérimentés et convient particulièrement aux possibilités des ateliers de pratique artistique. En lycée, cette pédagogie de projet traverse l'ensemble de l'enseignement des arts plastiques. Un très récent rapport de l'IGEN, qui porte sur la place des enseignements artistiques dans la réussite des élèves précise :
transposition didactique
histoire de la discipline
didactique
médiation, partenariat...
champ artistique
Patrick Ducler est Inspecteur d'académie, Inspecteur pédagogique régional
arts plastiques - InSitu - Rectorat de l'Académie de Nantes