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repérages en économie du cinéma

mis à jour le 11/02/2020


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Rencontre avec Alexis Dulguerian modérée par Jacques Chambrier à l'occasion de Premiers Plans 2020.

mots clés : économie, métiers, production, studio



 

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La journée CAV à Premiers Plans
Repérages en économie du cinéma

(Notes de Sophie Castincaud)

entretien avec Alexis Dulguerian, producteur de Petit Paysan
animé par Jacques Chambrier, trésorier du festival Premiers Plans

 

Source à consulter : le bilan annuel du CNC, disponible en ligne. Bilan 2018


Comment devient-on producteur ? Et comment vient l'envie de produire un film comme Petit Paysan ?

Il existe presque autant de parcours que de producteurs. On désigne souvent la formation dispensée par la Femis comme la « voie royale » mais ce n'est pas la seule, loin s'en faut. Pour sa part, Alexis Dulguerian a suivi une école de commerce, a enchaîné les stages dans des maisons de production, a décroché son premier job chez Studiocanal, puis a travaillé chez « Partizan  films », pour cofonder avec Stéphanie Bermann la maison de production « Domino Films ».
 

Description des phases de la production d'un projet comme celui de Petit Paysan  et des différentes aides pouvant être obtenues au cours de celui-ci :

 

    La phase d'écriture a commencé en 2013. Alexis Dulguerian et Stéphanie Bermann rencontrent Hubert Charruel et Claude Lepape qui ont un projet de film à partir d’un projet de série avorté. Les deux jeunes producteurs décident de financer en fond propre un contrat d’auteur avec le réalisateur et la scénariste. La rédaction de la trentaine de pages du traitement a pris un an, avant de se lancer dans la rédaction de la version dialoguée d'une centaine de pages. En tout, deux ans, deux ans et demi d’écriture.

 

    Cette phase a bénéficié d'un accompagnement du CNC, car à un moment du travail naît le besoin d'un regard extérieur. Le producteur peut donc demander une aide à la réécriture, aide financière (18 000 €) qu'il s'agit de demander assez tôt, mais pas trop ! La décision d'accorder cette aide ou non est prise par une commission de journalistes, de critiques, de producteurs… On touche une partie de l’argent à la signature de la convention et le solde après que le CNC a validé la réécriture.

 

    Dès cette étape-là on peut aussi demander des bourses, des aides régionales etc... cela constitue non seulement une aide, mais cela fonctionne aussi comme une espèce de label  permettant d'être repéré sur le marché, ce qui est nécessaire surtout dans le cas d'un premier film. Petit Paysan, a de manière exceptionnelle, bénéficié de plusieurs aides qui se sont cumulées, dont une aide de la région Grand Est.
    Le réalisateur, dès les premiers temps, était surtout préoccupé par une recherche d'honnêteté, d'authenticité, et craignait d'être dépossédé de son film, très inspiré par son histoire familiale ; c'est sans doute la raison pour laquelle il souhaitait ne pas prendre d'acteurs connus, voire prendre seulement des acteurs non professionnels. La phase de casting a donc été assez longue, pour trouver un acteur qui soit à la fois assez bon pour jouer des scènes complexes, et en même temps pas encore très identifié par le public, et qui manifeste de plus un réel engagement personnel dans le sujet.
     Le scénario a été retravaillé au cours des Ateliers d'Angers. La lecture de scénario par Swann Arlaud a remporté le prix du scénario au festival Premiers Plans. C'est à peu près à ce moment-là que le producteur a déposé une version du scénario à l'avance sur recettes du CNC et à la fondation GAN – le prix obtenu, de 55 000 €, encore une fois étant une aubaine pas tant en terme de financement qu'en terme de notoriété, la fondation n'accordant que 20 prix par an. Quant à l'avance sur recettes du CNC, quand on l'obtient (ce qui a été le cas), c'est quasi l'assurance que le film se fera.

 
 

    Après ces phases d'écriture et de casting, l'organisation du tournage impose d'embaucher un premier assistant réalisateur, qui va établir un plan de travail, en planifiant notamment la durée du tournage, en fonction de données que sont les décors, les disponibilités des comédiens, la météo – données perpétuellement variables... Pour Petit Paysan, neuf semaines ont été prévues. La grande inconnue du film était... les vaches  ! Il fallait les réintroduire dans la ferme des parents d'Hubert Charuel, comme si elles y avaient toujours vécu, qu'elles prennent naturellement le chemin de la salle de traite, etc... Immense travail de préparation pour que les vaches soient crédibles. Une équipe réduite est venue passer une semaine auprès des vaches pour les habituer à la présence des techniciens et de la caméra.

    Il faut également embaucher un directeur de production, dont le travail va être de dialoguer avec les différents prestataires pour établir un premier budget prévisionnel qu'on appelle budget théorique.
    À partir de là, la mission du producteur est de mettre en balance les sommes que l'on peut réellement obtenir pour financer le projet, et les ambitions du réalisateur, afin de permettre au film de se faire sans dénaturer le projet.
    Le choix peut être fait de choisir la grille des salaires de l'annexe 3 : ainsi le salaire des techniciens participant au projet est réduit, mais ils bénéficient d'un intéressement en fonction du résultat. Il y a 3 annexes possibles de convention collective pour indexer les salaires. L’annexe 3 est autorisée pour les films à moins de 3 millions. Le budget médian d’un film en France tourne autour de 2,8 millions d’euros. En ce moment, se tournent beaucoup de premiers films à 1 million. Le budget de Petit Paysan est 3,24 millions d'euros.
    Le temps de post-production a été très long sur ce film, mais c'était lié à une exigence qui s'est avérée « payante » et qu'il n'y a donc pas lieu de regretter : par exemple, beaucoup de travail pour créer en studio un « son de mouche » dans la salle de traite crédible ! Il y a dans Petit Paysan 150 plans truqués numériquement.

 

Illustration de la démarche d'Hubert Charuel à travers un extrait de son court-métrage K-Nada :

 Ce court-métrage a donné à Alexis Dulguerian l'envie de produire son long métrage. On y retrouve déjà l'esprit du futur long métrage, et on peut y constater aussi la fidélité du réalisateur envers ses proches, amis et famille, car quasi toute l'équipe de Petit Paysan était déjà dans le court-métrage !
 

L’étape du montage a été très longue, 18 à 20 semaines et a vu se succéder 3 monteurs.

Le film a été sélectionné à Cannes dans La semaine de la Critique. Cette sélection est à la fois une bénédiction et une malédiction car aller à Cannes avec l’équipe coûte très très cher à la production (frais d’hébergement + soirée festive avec l’équipe).
 

Vers la distribution :

Le CNC a donné en amont du tournage un agrément d'investissement  (comprenant toutes les conditions : devis, contrats...) et doit délivrer à l'issue de celui-ci et de la post-production, un agrément de production.
Une fois le film tourné, il faut obtenir un visa d'exploitation, qui donne aussi au film sa classification pour la diffusion. Le distributeur est Pyramide.
 

Réception

550 000 entrées
coefficient Paris / province inversé : 20% seulement de spectateurs parisiens. (c'est assez révélateur, d'ailleurs : peut-être que si au départ personne ne misait sur ce film c'est que le milieu des producteurs est très lié au microcosme parisien !) Exceptionnellement, le film a marché d'abord en province et ensuite a eu quelque succès à Paris du fait du « bouche à oreille ».

 

information(s) pédagogique(s)

niveau : Lycée tous niveaux

type pédagogique : étude de cas

public visé : enseignant

contexte d'usage :

référence aux programmes :

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