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éducation artistique et action culturelle

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écrire avec … Daumier

mis à jour le 16/06/2009


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Dans le cadre de l'Atelier Artistique danse du lycée Pierre Mendès-France de la Roche-sur-Yon, les élèves de seconde D ont écrit à partir d'une œuvre de Daumier et d'extraits de l'Assommoir de Zola pour préparer une visite au musée d'Orsay à Paris.

mots clés : écriture, oeuvre, peinture


objectif


Préparer la journée à Paris (mars 2009) et la visite d'Orsay ; écrire (sujet d'invention) à partir d'une œuvre d'art.

supports


- extrait du chap. 1 de L'Assommoir (au lavoir)
- extrait du chap. 2 de L'Assommoir (dans l'escalier)
- tableau de Daumier « La blanchisseuse » (1863)

préparation

  • lire les 2 extraits
  • moitié de classe sur extrait du chapitre 1 :
    • relever 5 mots ou expressions en rapport avec le mouvement du corps
    • relever 5 termes décrivant G ou les autres blanchisseuses
  • moitié de classe sur extrait chapitre 2 :
    • relever 5 mots ou expressions en rapport avec le mouvement du corps
    • relever 5 termes évoquant l'escalier ou l'idée de monter / descendre
 

séance

  • lecture des textes donnés en préparation
  • quels rapports établir entre ces 2 extraits, les relevés effectués et la pièce de Bernadette Gaillard (ce que les élèves en savent en mars) ?
  • quelle peinture imaginer pour mettre en rapport les 2 textes ?
  • soumettre « La blanchisseuse » (avec quelques précisions culturelles sur Daumier et concordances de dates entre le tableau, le roman, l'âge de Gervaise à la date du tableau...)
  • Consigne : racontez la scène que vous voyez sur le tableau, en insérant les relevés (entre 5 et 10) effectués ; écriture par deux (20 min d'écriture),
  • lecture à voix haute des débuts de textes écrits,
  • retour sur ce qui a été écrit : réactions, liens établis avec la pièce de Bernadette ?
  • prolongement : achever l'écriture du texte.
 
Amélie et Marine :
    « Un paquet de linge passé au bras, Suzanne, une petite femme délicate aux yeux malades, repensait à cette journée dure et éprouvante. Marie, quant à elle, lâcha la main de sa mère pour entamer l'ascension d'un sombre escalier... Suzanne marchait à petits pas derrière sa fille, jetant des regards à droite et à gauche, cherchant à éviter tout obstacle qui pourrait la gêner.
    La première marche de l'escalier était abîmée et Marie faillit tomber, si bien que, d'un ton protecteur, sa mère la pria de rester tranquille. La petite fille, avec sa jupe raccourcie, ses bas de couleur, et ses gros souliers lacés, réclama le battoir et la brosse à sa mère encombrée.
    Durant leur ascension, et pendant que Marie s'amusait à taper furieusement du pied les marches de l'escalier, Suzanne salua d'un petit signe de la main la douce Mme Timonde qui passait en bas de l'escalier le long du lavoir. Cette femme âgée d'une cinquantaine d'années les avait toutes deux hébergées lorsque ces dernières traversaient une période sombre. Suzanne avait d'ailleurs trouvé du travail chez une blanchisseuse grâce à cette âme de bonté. La semaine, lorsque sa mère travaillait, Marie l'accompagnait ou se rendait chez son amie Joceline dont la mère ne travaillait point.
    En haut de l'escalier, le soleil était caché par un énorme bâtiment, si bien que nos deux bouts de femme mirent du temps pour s'habituer à l'obscurité. Elles tournèrent à gauche et suivirent la rue du Maréchal Joffre. Arrivée devant la demeure, Marie, suivie de sa mère, s'engagea sous la porte et entra, dans cette cour où leur petit habitat, certes en piteux état, les comblait de joie. »

Eva et Pauline :
    « Chargée jusqu'au cou, au bord du gouffre, Nadège gravissait les marches de l'escalier B, gris, sale, la rampe et les marches graisseuses. Accompagnée de sa petite fille qui lui serrait très fort sa main droite, avec du linge sous le bras gauche, elle luttait contre le puits étroit des six étages, qu'elle n'avait pas l'habitude de monter plusieurs fois dans la journée. Assommée par la fatigue, elle ne voyait même plus ce qui l'entourait tellement le voyage était long. Nadège ne percevait que les bruits d'un père qui lavait des assiettes sur un petit fourneau de terre, et un peu plus loin, des cris, qui lui firent penser qu'on se battait au quatrième.
    D'un coup, la petite fille lâcha la main de sa mère, tenant toujours son battoir dans la main droite, et elle se précipita contre la rambarde pour voir ce qui se passait en bas. C'est alors que la mère eut elle aussi la curiosité de se pencher au-dessus de la rampe. Nadège, la tête levée, aperçut le petit garçon qui avait fait tomber son baquet de linge, et qui par sa faute obligea la pauvre femme à redescendre l'escalier, à relaver son linge, et à remonter de nouveau ce rouleau infernal. Mais elle continua sa route, sans se soucier du jeune garçon.
    Quelques instants après, au moment où Nadège allait s'effondrer, elle entendit du rez-de-chaussée au sixième le garçon proclamer ses excuses. La petite fille, touchée par l'intention du garçon, regarda sa mère pour voir ce qu'elle pensait de ce geste. Elle fut ravie de voir un sourire au coin des lèvres de sa mère. »

Claire :
    « La jeune femme et sa fille, main dans la main, venaient de s'engager, les chairs rougies et fumantes, dans l'escalier qui les avait conduites quelques heures auparavant au lavoir. La fillette portait le battoir et sa mère un paquet de linge qui la faisait boiter plus fort à chaque pas. Un homme se pencha à sa fenêtre avant de les saluer. Jetant des regards à droite et à gauche, elles aperçurent l'homme et d'un petit signe de la tête le saluèrent à leur tour. Arrivées en haut de l'escalier, elles tournèrent à gauche et prirent appui sur un petit muret. Voyant le visage de sa fille trempé de sueur, la jeune femme sortit de son paquet de linge un lambeau de tissu et délicatement tapota ses pommettes. Le temps de reprendre leur souffle, elles contemplèrent les gigantesques immeubles que l'on pouvait voir à l'horizon. Je pus remarquer en les observant qu'elles ne s'étaient jamais lâché la main et qu'aucune parole n'avait été prononcée. Tout se jouait entre leurs corps. Une sorte de lien qui se tissait minute après minute seulement grâce à ces mains l'une dans l'autre. On pouvait lire une vague de sentiments tournant autour de ces deux femmes, mais la scène que je voyais était trop intime pour que je vous dévoile ce qui en ressortait. Je vous dirai seulement que c'était la première fois qu'autant d'amour se faisait ressentir. Après quelques temps, elles reprirent à petits pas leur chemin, je pus les voir s'éloigner lentement mais elles avaient laissé planer un univers complexe de sentiments. »
Lénaïg :
    « Les yeux fixés sur la première marche, elle soupira. Les marches se multipliaient au fur et à mesure que son regard se levait. Elle ne pouvait plus distinguer la fin de son interminable ascension.
    S'adossant à la rampe, elle serra la main de sa fille, franchissant avec peine la première marche. Le poids de son panier se faisait déjà ressentir au fur et à mesure qu'elle avançait. Les jambes cassées, l'haleine courte, son corps se courbait sous le poids de la fatigue.
    Regardant peiner son enfant dans cette difficulté, son cœur se serra, des larmes silencieuses coulaient sur son visage abattu.
    La culpabilité l'avait envahie. Mais non, elle ne s'arrêterait pas pour autant. Elle était courageuse et ne s'avouerait certainement pas vaincue par une poignée de marches délabrées et graisseuses.
    D'un geste brusque, elle sécha ses larmes, empoigna plus fermement la main de sa fille, entama les marches se présentant à elles. Elles étaient tellement graisseuses qu'elles manquèrent d'y glisser.
    Mais elles laissaient passer seulement par les fentes les lueurs des maisons du dessous encore allumées. C'était là qu'elle logeait étant petite. Elle se revoyait habillant des poupées, souffler sur le poële près du mur éraflé montrant le plâtre. Elle soupira ; et ne manqua pas d'en faire part à sa fille qui, vautrée, ne répondait pas.
    Battant d'un coup de chaleur son visage inquiet, elle continua son ascension sans s'arrêter, sans plaintes.
    Se hasardant là comme au bord d'un gouffre, elle le savait. Il n'y avait pas d'autre issue possible et ce ne serait certainement pas la dernière fois qu'elle devait se résigner à les monter. »

Marion :
    « Les yeux fixés sur la première marche, elle soupirait.
    Son regard s'élevait, les marches semblaient se multiplier face à elle. Peu à peu, l'interminable ascension s'assombrissait, ses yeux se plissaient, essayant avec peine de transpercer le nuage noir qui s'élevait face à elle. Cette immense masse noire paraissait écraser la pauvre femme. Son sang se glaça, sa main se crispa empoignant la rampe, serrant la petite main fouettée par le vent de son enfant, elle franchit la première marche.
    Les marches de l'escalier semblaient de plus en plus hautes, son dos se courba, écrasé sous le poids de son panier qui semblait s'alourdir à chaque marche.
    S'adossant à la rampe, les jambes cassées, l'haleine courte, la fatigue se faisait ressentir, son corps vacilla, sa vue se brouilla. Elle s'arrêta. Avant de continuer sa terrible ascension, elle croisa le regard de son enfant : celle-ci semblait dépassée par l'ampleur de la tâche. Des perles de sueur coulaient le long de son visage abattu, rejoignant les quelques larmes de douleur échappées que la jeune enfant essayait de retenir.
    Coupable de la souffrance de sa fille, inquiète, elle battit d'un coup de chaleur son visage.
    Le ciel s'assombrissait, puis devint noir. Elle tira sur sa nuque et distingua au loin des mouvements flous...
    Soufflant, se penchant au-dessus de la marche, elle observa avec désespoir sa pauvre enfant qui se débattait face à ses interminables marches. La jeune fille s'appuyait avec peine sur son battoir afin de pouvoir franchir les marches qui paraissaient immenses face à ses jeunes jambes frêles. Voyant peiner son enfant, elle la soutint avec son bras afin d'alléger la douleur de sa fille. Des bruits lui vinrent, elle reprit peu à peu espoir, la tête levée, cette fois-ci elle distingua des mouvements. Elle était sûre d'elle à présent. Malgré le poids et la douleur, elle accéléra la cadence, apercevant la fin de cet interminable escalier. Elle ne pouvait retenir ses larmes.
    Pleine d'espoir, traînant sa fille derrière elle, elle franchit la dernière marche. Un sourire illuminait son doux visage encore trempé de larmes.
    Elle leva enfin la tête, et vit s'élever un escalier au fur et à mesure que son regard s'élevait... »
 

information(s) pédagogique(s)

niveau : 2nde

type pédagogique : production d'élève

public visé : enseignant, élève

contexte d'usage : classe

référence aux programmes : Écrire un texte d'invention.

ressource(s) principale(s)

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