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écrire en cours de français dans le cadre d'un Atelier Artistique tourné vers la danse

mis à jour le 24/03/2009


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Au lycée Pierre Mendès-France, dans le cadre d'un Atelier Artistique mis en place par Catherine Moreau, professeurs d'EPS, les élèves de seconde de détermination "danse" ont écrit autour de leur démarche de découverte et de pratique chorégraphique en lien avec la lecture de L'Assomoir d'Emile Zola.

mots clés : écriture, danse, corps


Voici des travaux d'élèves réalisés dans le cadre du cours de français autour de L'Assommoir et du suivi de la création de la pièce chorégraphique. Les extraits de travaux d'élèves portent sur 3 des  sujets qui ont été proposés aux élèves (dont les consignes figurent déjà sur le site) :
1) "que diriez-vous de la place du corps dans le roman ?" (question posée au tout début de l'étude, pour accompagner la lecture)
2) "Quels sentiments, quelles émotions, quelles réflexions vous inspire la rencontre du 6 novembre avec Bernadette Gaillard et l?une de ses trois interprètes, Muriel Turpin ?"
3) sujet de dissertation (sujet précisé dans le document) qui a fait réfléchir les élèves sur L'Assommoir et l'expression artistique en général dans leur rapport avec la réalité.
 
 
 

que dirirez-vous de la place du corps dans le roman ?


Telle était l'une des questions posées aux élèves pour accompagner leur lecture du roman et les préparer à la rencontre avec la chorégraphe.
Parmi de nombreuses réponses personnelles et intéressantes, extraits choisis.
 
Eva :
« Tout d'abord en observant les relevés que nous avions à faire dans les chap 1 et 13, il me semble que la place du corps est importante. Cependant je pense que si je n'avais pas réalisé ces relevés j'aurais beaucoup moins ressenti cette présence car je trouve que dans un bouquin les descriptions faites sur le corps nous paraissent moins importantes que le reste mais la transcription de ses mouvements nous reste dans l'esprit inconsciemment. Par exemple un haussement d'épaules nous fera penser que le personnage en a marre et cela nous aidera à savoir comment se comporte celui-ci. Cette vision du personnage restera en nous sans trop que nous y fassions attention cependant au fond de nous, nous savons que le personnage ne va pas bien. Ensuite je trouve que le corps est présent dans ce roman car il fait partie de l'être humain, chaque pensée ou action produite par le corps est reliée à un mouvement. (...) Ce roman présente beaucoup le corps car il est important de présenter l'état des personnages, les émotions qu'ils ressentent, etc. Le corps a une présence fondamentale dans la vie de tous les jours et donc de la même façon dans un roman de Zola.»
    
Anne :
« A chaque chapitre, à chaque page, on peut observer les mouvements d'un corps. On peut voir par exemple le claquement des mains, le fracas des gifles ou des coups de pieds lors de la bagarre entre Gervaise et Virginie au lavoir, ou encore les déplacements de Gervaise ou de Coupeau dans la petite pièce leur servant de maison. »

Pauline :
« Si le corps n'avait pas d'importance, ou si sa place n'était pas aussi grande dans le roman, je ne pense pas qu'une chorégraphe aurait pu être inspirée et aurait voulu créer une pièce chorégraphique basée sur ce roman et les mouvements dont il est constitué. Je pense également que dans un roman comme celui-là, où l'on raconte la vie de personnes qui bougent, changent et vivent leur vie comme n'importe quel autre être humain, la place du corps est indispensable. »

Baptiste :
« Le corps dans le roman tenait pour moi une place invisible mais en faisant le travail de relevé de mouvements je me suis rendu compte de la place si importante qu'il occupe, comme dans la vie de tous les jours ; ce qui rejoint l'idée de naturalisme... »
 

après la première rencontre avec Bernadette Gaillard


Quels sentiments, quelles émotions, quelles réflexions vous inspire la rencontre du 6 novembre avec Bernadette Gaillard et l'une de ses trois interprètes, Muriel Turpin ?
Nous avons déjà rendu compte de la qualité d'écoute ce jour-là... Voici quelques réponses à cette question, posée quelques jours plus tard.
 
Pauline :
« Je trouve qu'elle fait un travail remarquable. Elle a réfléchi sur les choses les plus importantes du roman pour ensuite les placer par petits bouts dans sa pièce chorégraphique. Et pour cela elle a travaillé avec ses danseurs et interprètes de façon à faire ressortir certaines scènes comme celle de l'escalier. Je l'ai trouvée très intéressante et très recherchée. Sa vision à elle, c'est justement qu'à travers son œuvre on retrouve des passages du livre. Lorsqu'elle racontait cela, j'étais vraiment passionnée. Je trouve que son histoire, avant et pendant sa pièce chorégraphique, est touchante et impressionnante, puisqu'au début elle n'aimait pas L'Assommoir.
    De plus, j'ai trouvé que l'échange que nous avons eu entre Bernadette, les élèves, les professeurs et la danseuse était intéressant. J'ai bien aimé avoir les différents points de vue des autres sur L'Assommoir.
    Mais la chose que j'ai le plus aimé, c'est lorsque Muriel Turpin a dansé son solo. Ce qu'elle dégage comme émotion, par ses gestes et son regard, est incroyable et nous met, enfin en tous cas moi, dans un état de peur, de peine et de souffrance.
    C'était à la fois horrible et prenant.
    Quand elle eut fini, Bernadette voulait que l'on donne nos impressions mais il était impossible pour moi de prononcer le moindre mot tellement j'étais émue par sa prestation. J'ai vraiment reconnu Gervaise. C'était un très bon moment. Je suis vraiment pressée d'être au mois de mai ! »

 Eva :
« Lors de la rencontre avec Bernadette Gaillard et Muriel Turpin, beaucoup d'émotions, de sentiments et de réflexions se sont produites dans ma tête.
Tout d'abord le fait d'entendre ses camarades dire ce qu'ils ressentent ainsi que les professeurs m'a beaucoup touchée. Je me suis rendu compte qu'on était beaucoup à avoir ressenti la même chose tout en étant très différents. J'ai aussi découvert des personnes avec qui je ne parle pas trop et là j'ai découvert une part d'eux. Le fait d'avoir pu exprimer notre avis chacun notre tour a je trouve permis que nous soyons tous inclus et que personne ne soit à part. Ce qui a permis une sorte d'uniformité très belle.
Puis le fait que Bernadette nous montre des images m'a touchée car elle parlait avec plaisir et nous faisait confiance.
L'interprétation de Muriel était absolument fascinante, tellement les seuls émotions qui sortent sont les larmes aux yeux.
Pour finir je dirais que toutes ces choses qu'on a vues et dont on a parlé m'ont permis de comprendre plus de choses autant sur le roman que sur la vie en général. Une des choses qui m'a le plus marquée est lorsque Bernadette a dit qu'il fallait qu'on dise « je pense » et pas « on ». Cela m'a marquée car je ne m'étais même pas rendu compte qu'on disait « on », et je me suis aperçue que les mots qu'on emploie sont vraiment importants et signifient beaucoup de choses. »

Baptiste :
« La rencontre avec Bernadette Gaillard et Muriel Turpin a été un moment fort et très chargé émotionnellement pour moi et je pense aussi pour le reste de la classe.
Je dois avouer que la danse m'est un sujet bien inconnu et mon regard sur la danse contemporaine rempli de préjugés. Mais pendant ces deux heures j'ai été aspiré dans un monde inconnu.
La première chose qui m'a marqué ce fut la façon dont la classe a transformé la question « quelle est la scène qui vous a le plus marqués ? » en « quelle est la scène qui vous a le plus choqués ? » Par cette question je me suis rendu compte à quel point les filles se sont identifiées à Gervaise. Cette identification m'a touché et amusé car leur façon de lire le roman était complètement différente de la mienne, plutôt distante de ce livre qu'on m'a donné à lire.
La chose qui m'a le plus marqué est la générosité de Bernadette Gaillard qui nous a montré toutes les étapes de son travail : nous étions privilégiés.
Pour finir, la danse, ou les mouvements, je ne sais pas comment dire.
Ce qu'a fait Muriel m'a profondément bouleversé, j'avais mal au ventre. Marcher pour échapper à quelque chose, à la mort ? Un regard vide qui fixe le néant, un corps vide. Je n'arrive pas à poser les mots là-dessus mais ce fut bouleversant.
Ce fut une rencontre magique. »
Justine :
« La rencontre avec Bernadette Gaillard et Muriel Turpin m'a beaucoup touchée. J'ai surtout été impressionnée par la fin, quand Muriel a dansé. J'étais bouche bée, j'avais vraiment l'impression de voir Gervaise en face de moi, son regard était vraiment fixé. J'ai même été choquée de pouvoir ressentir et voir la souffrance que pouvait subir Gervaise chaque jour. Pendant les quelques minutes où elle a dansé, j'étais ailleurs, je n'étais plus assise devant ma table, j'étais avec Gervaise. Quand elle a fini de danser j'ai eu besoin de quelques secondes avant de retrouver mes esprits. J'avais les larmes aux yeux, je ne pouvais pas parler et quand Bernadette nous a demandé nos impressions j'étais tout simplement incapable de trouver les mots pour exprimer ce que j'ai ressenti.
Bernadette nous a dit des tas de choses intéressantes. On a entendu et vu des choses inédites ? On a une chance immense d'avoir pu faire cette rencontre. »

Camille :
« Une souffrance, ce qui m'a frappée, c'était la souffrance que faisait ressentir la danseuse. J'ai ressenti, quand elle nous regardait, une grosse boule dans mon ventre, comme une envie de pleurer. Je ne savais plus où regarder ni quoi faire. Plus elle continuait par ses gestes doux et simples plus j'avais l'impression de la perdre. Une mort douce et lente. C'est ça, qui me donnait l'impression d'être là, sans l'être. Un regard proche et lointain...
Pendant deux petites heures nous avons été emportés dans un univers que je ne connaissais pas : la mise en scène, les préparatifs, les répétitions... Quand je suis sortie de la salle, je me sentais tout simplement différente, avec peut-être un autre point de vue des choses de la vie, et de L'Assommoir.
Je me demande tout simplement : comment vais-je faire pour ne pas pleurer le jour du spectacle ? »

Anne :
« Lors de la rencontre avec Bernadette Gaillard nous avons pu voir un extrait de son spectacle. Il y avait un escalier et les 3 danseurs dansaient, bougeaient et se déplaçaient dessus. Cette scène me fit penser à celle du livre où Gervaise et Coupeau grimpent l'escalier qui paraît si long. Mais elle me fit aussi penser à la vie en général de Gervaise, ses bonheurs, ses chutes, ses remontées...
Lorsque la danseuse nous fit un extrait en direct, je ressentis une émotion semblable à la lecture du roman. Je pense que cette sensation provient du regard de la danseuse exprimant une forte détresse, un appel à l'aide en quelque sorte, un mal-être.
J'ai apprécié l'improvisation de Muriel sur quelques phrases du roman. On a pu observer comment elle perçoit et interprète le roman. »

Emeline :
« En voyant Muriel Turpin danser à la demande de Bernadette Gaillard, j'ai été intriguée : comment une œuvre comme L'Assommoir peut-elle inspirer une chorégraphe ? Mais cette interrogation a vite laissé sa place à l'ébahissement, à l'improvisation de Muriel : sans parler, par la force du geste, elle a pu retranscrire des bribes de phrases en danse. Après, sans vraiment retranscrire L'Assommoir, l'exercice des marches de Bernadette m'a rappelé quelque peu l'évolution de Gervaise. Mais je pense que pour cette chorégraphie, chacun a pu y voir quelque chose de différent.
Cette rencontre avec Bernadette et son interprète m'a donné une vision différente de la danse, qui peut être utiliser pour donner une nouvelle dimension à la littérature. »

Marie-Lou :
« Tous les élèves ont parlé du passage qui les a le plus touchés ainsi que les adultes. Même si plusieurs revenaient souvent, aucun n'était réellement identique dans la manière d'en parler.
Nous avons vu un extrait vidéo de la pièce. Les 3 interprètes marchaient sur des marches en montant et descendant avec rythme. Il m'a semblé que c'était comme s'ils n'avaient aucun but et que l'escalier était très grand. Ensuite Muriel a dansé son solo. Elle m'a fait partager beaucoup d'émotion dans son regard ainsi que ses gestes. Elle retraçait la vie de Gervaise dans ses marches. C'était impressionnant. Cette rencontre m'a permis de voir le point de vue d'une chorégraphe ainsi que la mise en mouvement d'une danseuse. »
 

Sujet de dissertation de janvier


Selon vous, l'expression littéraire et artistique nous coupe-t-elle de la réalité ou nous la fait-elle découvrir ?

La réflexion sur les rapports entre l'expression littéraire et artistique et la réalité a suscité de nombreux développements pertinents. Le travail sur Zola, la danse, et plus généralement les différentes expériences artistiques vécues par les élèves cette année ont permis de réfléchir à partir de cette question a priori très difficile.
Des passages de trois copies (et d'autres auraient pu figurer !).
 
Pauline écrit :
« (fin du développement) : Ma deuxième idée pour ce paragraphe, c'est qu'il existe quand même des œuvres totalement réalistes et naturalistes, où les choses sont dites telles qu'elles sont. Par exemple, si je prends l'œuvre d'Emile Zola L'Assommoir, on peut dire qu'elle illustre bien cette idée. En effet, « l'histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire » a dérangé énormément de monde. Et cela tout simplement parce que Zola a raconté la réalité telle qu'elle était, avec du langage familier, dans du discours indirect libre, et ce langage familier a été employé pour des sujets « tabous » comme l'alcoolisme, la prostitution, les problèmes d'argent, la faim... Et si je prends un autre exemple, celui d'Edgar Degas. C'était un peintre du 19ème siècle, qui s'était d'ailleurs beaucoup inspiré des œuvres de Zola pour faire ses tableaux. Encore là, cette idée est confirmée puisque Degas a peint la réalité, et la vraie. Il n'a pas amélioré les défauts et les choses mauvaises pour la simple et bonne image. Comme dans une de ses œuvres : « Dans un café » dit aussi « L'Absinthe ». Cette femme désespérée, assise dans un bar, qui n'a pas l'air heureuse et qui a un verre devant elle. Elle ne discute même pas avec l'homme qui se trouve à ses côtés. La réalité est là. Elle ne nous est pas cachée. La réalité nous est donc à découvert. Il existe encore plein d'autres œuvres, avec ce même but. Comme celle de Gustave Flaubert : « Madame Bovary ». C'est encore un fait réel où seule la réalité règne. Avec les vrais mots forts et expressions familières. Pour en finir avec les exemples, voici une œuvre chorégraphique : « Happy Child » de Nathalie Béasse, qui sans faces cachées, nous fait découvrir une autre réalité. Celle des problèmes, des souvenirs, qu'ils soient heureux ou tristes. Ou encore celle de l'insouciance des enfants. De plus, elle nous montre une certaine renonciation à la pudeur, puisque dans cette pièce, les danseurs et interprètes sont presque nus à un moment, et n'ont pas peur de nous montrer ce qu'ils sont. De toute façon, la réalité des corps d'un enfant qui devient vieux nous touche tous de la même manière. Nous sommes tous faits pareil, avec nos défauts et nos qualités. Et cela, nous avons parfois tendance à l'oublier. Et ce qui est bien dans la pièce de Nathalie Béasse, c'est qu'elle, elle ne l'a pas oublié et nous le rappelle. Et cela se vérifie également avec le fait que dans cette pièce on retrouve des pulsions, des désirs...Des choses osées mais qui montrent la réalité. Avec toutes ces œuvres, je peux insister sur le fait que l'expression littéraire et artistique nous fait malgré tout, découvrir la réalité.

(conclusion) : Je pense donc que l'expression littéraire et artistique nous coupe de la réalité, mais qu'elle nous la fait également découvrir. Mais mon avis pencherait un peu plus sur l'idée qu'elle nous la fait découvrir. Je dirai qu'elle nous en coupe car les faits réels, les choses de la vie racontées, les vraies paroles et les vrais sentiments sont modifiés, embellis ou connotés poétiquement , avec en plus des figures de style. Tout cela avec le regard de l'auteur, et dans l'unique but de respecter les principes de l'art et de la littérature. De plus, cela est également vrai pour les histoires inventées. En effet, si on prend les œuvres fantastiques ou de science-fiction, on est totalement emporté dans un autre monde, dans un autre univers. On est ailleurs, nous n'avons pas les pieds sur terre. Ce n'est pas la véritable réalité. On en est coupé à cause des modifications et de l'imaginaire de l'auteur. Mais je pense que la majorité des œuvres nous la fait découvrir. C'est vrai qu'il y a des cas où nous ne découvrons qu'une partie de la réalité et de l'histoire racontée à cause des embellissements de l'artiste, mais après tout, c'est toujours quelque chose. Nous savons faire le tri entre les choses plus ou moins vraies, et les choses réelles. Si on découvre petit bout par petit bout des choses toujours différentes dans chaque œuvre, nous pouvons au final construire notre propre vision du passé et du présent. Notre réalité. En lisant ou regardant les œuvres, nous pouvons très bien ne prendre que ce qui nous intéresse, et le principal de ce qui nous est présenté. C'est à nous de faire le choix et le tri sur ce qui pourrait bâtir réellement notre réalité. L'artiste et l'auteur nous donnent leur point de vue, c'est leur droit. Ils nous le font partager de plusieurs façons, qui sont différentes en fonction de l'artiste, mais ils nous la font quand même découvrir. Il existe en plus énormément d'œuvres qui sont montrées telles qu'elles sont vraiment, avec les véritables mots et expressions et avec le vrai langage familier. Et je trouve cela vraiment bien. Et c'est cette réalité qui est intéressante à découvrir. En tout cas pour moi. Et pour cela, il existe énormément d'œuvres. Alors malgré les quelques modifications et les quelques œuvres fantastiques ou de science-fiction qui nous coupent un peu de la réalité, il existe à côté de cela beaucoup plus d'œuvres qui nous la font découvrir. Je rajouterai que les œuvres fantastiques ou de science-fiction nous permettent de distinguer les choses vraies des choses fausses. C'est un des bons côtés de ces œuvres. C'est vrai, ces oeuvres sont tout aussi intéressantes et nous permettent de découvrir d'autres choses que les choses réelles. Donc, des choses irréelles. Voilà une autre question qui serait intéressante sur le sujet. Que nous permettent de découvrir et de développer en nous les œuvres imaginaires ? »
Sandra :
    « (dans un développement sur le réalisme) ... Dans L'aveugle, publié en 1882 dans les Contes divers, Maupassant n'hésite pas à ternir l'image de son personnage principal, à lui infliger un terrible sort. Tous ces écrivains veulent nous montrer la dure réalité de la vie en fonction de la condition sociale. Peu de temps après, ce courant va inspirer la naissance du naturalisme dont Emile Zola sera le principal fondateur. Il alimentera celui-ci avec une grande œuvre appelée Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire, où il étudiera l'hérédité. On voit notamment dans L'Assommoir de 1877 que Gervaise Macquart éprise d'alcool, par sa décadence, est frappée d'une double hérédité : la folie et l'alcoolisme. Pour ce roman, Zola n'étant pas du monde ouvrier, va faire des recherches conséquentes et tellement précises qu'on les qualifiera de scientifiques. Il va également s'inspirer de peintres tels que Degas pour ses méticuleuses descriptions, par exemple avec « Les blanchisseuses », toile mettant en scène des blanchisseuses au lavoir faisant étrangement penser à la scène du lavoir du chapitre 2.
    ... D'autres œuvres artistiques nous coupent de la réalité. (...) Certaines œuvres ne représentent aucune forme conventionnelle. C'est ainsi au récepteur de donner un sens à ce qui lui est offert et de faire travailler sa sensibilité artistique. Dans le domaine de la danse, qu'elle soit classique ou contemporaine, le cas est similaire. D'ailleurs, prenons l'exemple des ballets romantiques. Giselle s'oriente en deux actes : le premier étant la réalité et le deuxième le rêve. La frontière est mince et la rupture est causée par la folie. (...) On comprend les séquences mais mises bout à bout on doit inventer une histoire, la sienne, pour comprendre. C'est la cohérence qui devient, une fois empilée, l'incohérence. »

Eva :
« (fin d'un développement montrant que l'expression artistique nous fait découvrir la réalité) ... Pour finir il est vrai que, en tant que lecteurs ou spectateurs, nous nous mettons dans les situations. On a envie d'intervenir et surtout le plus souvent on se compare aux personnages. Lorsque nous commençons à faire cela nous ne sommes plus ailleurs, nous sommes alors inclus et complètement présents sur ce qui se produit devant nos yeux. La réalité est alors très bien représentée car nous pouvons presque confondre la réalité inventée avec la nôtre. Le réalisme veut reproduire avec exactitude des sujets qui nous touchent et qui sont très proches de la vie de tous les jours. Par exemple le monde ouvrier ou celui des paysans, comme le représente Maupassant dans un de ses livres. Il y a aussi le peuple et la violence représentée par le réalisme notamment chez Flaubert, dans L'Education sentimentale. Le naturalisme a lui pour but d'observer la nature humaine dans sa vraie nature. Emile Zola, dans L'Assommoir, place des personnages différents dans des situations différentes. Par exemple Gervaise dans le milieu de la blanchisserie. Lorsqu'on lit le livre on ressent bien que tout ce qui se produit est possible et surtout qu'on peut nous aussi le vivre : on se compare aux personnages. Pour finir, prenons un spectacle de danse, Poussière de sang, chorégraphié par la compagnie Salïa nï Seydou. Ce spectacle nous a fait redécouvrir une réalité que l'on peut parfois oublier qui se trouve être l'esclavage, la souffrance et la torture notamment en Afrique. Lors du spectacle nous ne sommes pas coupés de la réalité, nous sommes en plein dedans, accrochés, horriblement tendus dans nos fauteuils, on ressent ce que les interprètes ressentent, on a envie d'aider mais on ne peut rien faire.
    ... Ensuite pour montrer que l'expression littéraire et artistique nous coupe de la réalité, nous allons observer qu'il est en fait impossible de représenter exactement la réalité et ainsi nous sommes coupés de celle-ci car ce n'est pas vraiment elle. Par exemple Emile Zola, dans toute son œuvre romanesque, « invente » le naturalisme : observer la nature humaine dans sa vraie nature. Il tente alors une approche scientifique des personnages en les plaçant dans des milieux différents pour pouvoir les observer. Or il est nécessaire pour Zola et tous les écrivains de transformer les recherches et documentations, pour que cela nous paraisse plus vrai, en fiction romanesque. L'écrivain est obligé de romancer, et donc de ne pas dire toute la vérité. Pour finir, Maupassant explique, dans la préface de Pierre et Jean, qu'un romancier ne peut pas dire toute la vérité, ni toute la réalité : il est obligé d'inventer par-dessus les informations. Ce n'est jamais vraiment vrai : les romanciers essaient, ils donnent l'illusion du vrai.
    (conclusion) Pour conclure il est important de retenir que la littérature et les arts nous permettent beaucoup de choses. Ils nous permettent notamment de nous créer notre propre réalité ou bien de nous en faire découvrir d'autres. Ils réussissent cela en nous faisant croire que nous sommes impliqués dans les histoires ou les autres arts. Et en nous impliquant nous aurons l'impression de découvrir de nouvelles choses ainsi que de pouvoir aider des gens grâce aux situations qu'on nous présente. Parfois la littérature réussit à nous mettre dans de nouvelles situations qui peuvent nous aider dans notre vie de tous les jours. Et a partir de ce moment nous pouvons observer que l'expression littéraire réussit à s'immiscer dans notre réalité. Cependant il est aussi important de savoir que l'expression littéraire et artistique réussit aussi à nous couper de la réalité en nous proposant des mondes magiques qui permettent à notre esprit de voyager et de s'évader. De plus, personne ne peut vraiment représenter la réalité de façon exacte. Les écrivains donnent l'illusion de la réalité. Pour finir, cela relève aussi d'un choix personnel : certains préfèrent ce qui est réaliste, d'autres non ; l'imagination de chacun est différente. L'expression littéraire et artistique est donc propre à chacun, il n'y a pas une possibilité d'art, il y en a plein, ce qui permet à tout le monde d'en faire partie. »
 
auteur(s) :

Jean-Baptiste Billé

information(s) pédagogique(s)

niveau : 2nde

type pédagogique : production d'élève

public visé : enseignant, élève

contexte d'usage : classe

référence aux programmes : Étude d'une œuvre de Zola dans le cadre d'un Atelier Artistique.

ressource(s) principale(s)

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danse, littérature, écriture, chorégraphie Catherine Moreau

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