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Étonnants Voyageurs 2012 : la nouvelle de Louis

Voici la nouvelle écrite par Louis, élève de cinquième au collège Molière, Beaufort-en-Vallée (49). Cette nouvelle a obtenu le cinquième prix du jury académique. Elle traite le sujet 2 et fait suite à l'incipit « Lou Ho » :

concours de nouvelles 2012 Etonnants VoyageursLou Ho se penche vers son maître.
Fais aussi vite que possible ! ordonne ce dernier en reposant le pinceau. D'ici deux heures, tout le pays sera noyé dans le brouillard. Je compte sur toi !
Il roule la lettre achevée dans un étui de cuir qu'il tend au jeune serviteur.
Lou ho serre l'étui dans sa ceinture et salue son maître une dernière fois. Il enjambe le balcon de bois, s'agrippe d'une main ferme à la corde lestée d'un panier suspendu et se laisse glisser dans le vide. Un, deux, trois mouvements de balancier, il se jette sur une saillie de la falaise où il se rétablit d'un vigoureux coup de rein. Le voilà qui dévale à toute allure un sentier de chèvre longeant le précipice. Il ne lui a fallu qu'une poignée de secondes pour disparaître à la vue de son maître et s'éclipser dans la brume.
Le vieux maître soupire.
Des bruits de voix altérées par l'ascension trop rapide d'un escalier lui parviennent du fond de la pièce. Il range son écritoire, lisse les plis de son manteau de soie. Le bol de thé, sur la table, est encore fumant. Il l'enveloppe de la coupe de ses mains pour le porter à ses lèvres.
On frappe à la porte : des coups sourds, de plus en plus forts, donnés à coups de poing. "Voilà, se dit-il, c'est maintenant..."

Les Mondes parallèles


Quelques instants après le départ de Lou Ho, un homme grand, au visage rude, prend le vieil homme par le bras et le tire jusqu'à une sorte de tronc d'arbre volant. Grâce à une accélération fulgurante, ils sortent du village et descendent à une vitesse si importante que le vieux maître ne voit que la cime des immenses arbres. Il appréciait cette sensation d'être au-dessus de tout, le vent dans les cheveux, à voir les hommes vaquer à leurs occupations, les voir si petits qu'on aurait dit des fourmis.
Lorsqu'enfin ils s'arrêtent, il peut admirer un monde extraordinaire qu'il n'avait vu qu'une seule fois, il y a de cela très longtemps, quand il avait l'âge de Lou Ho.

**********


Lou Ho regarde derrière lui. Il n'était parti que depuis quelques minutes, mais déjà il ne voyait plus le village où il était né et avait vécu. Il revoyait le moment où le maître l'avait adopté, il y a déjà douze ans ; son père l'avait déposé devant sa porte et ils ne s'étaient plus jamais revus.
Au début, cela avait beaucoup chagriné Lou Ho puis, peu à peu, des liens s'étaient tissés entre le vieil homme et lui. Tous les ans, quand le brouillard arrivait, il devait amener une lettre, qu'il n'avait pas le droit d'ouvrir, à un homme mystérieux. Mais cette année, c'était différent. Le brouillard était menaçant, effrayant, plus opaque que jamais, chaud comme le souffle d'un monstre tels ceux décrits par le vieil homme lorsque Lou Ho avait neuf ans.
Sur la carte, il repère une auberge à proximité et décide d'y aller pour trouver une lanterne car la nuit tombait et le brouillard s'épaississait de minute en minute.
Deux minutes après, il frappe à la porte. Un homme ouvre et salue Lou Ho :
« Bienvenue à toi, étranger ! Prends place dans mon auberge.
- Merci mais je n'ai pas le temps. Pouvez-vous me vendre une lanterne ? J'en ai besoin pour remettre une lettre au grand sage. »
Entendant cela, l'homme qui s'appelait Svengal se rembrunit. Son visage, qui était jovial, s'assombrit. Il esquisse, malgré tout, un sourire que Lou Ho devine maléfique. Il susurre alors à Lou Ho :
« Ouvre la lettre, lis-la à voix haute. Tu ne veux pas savoir ce qu'elle cache de si important ? »
Lou Ho a du mal à résister à la tentation. Il s'est toujours demandé ce que contenait cette missive. Il se souvient des paroles de son maître : « Il ne faut pas que tu l'ouvres, à aucun prix ! Sauf si le destinataire te le demande... »
Quelques secondes s'écoulent sans que ni l'un ni l'autre ne parle.
Brusquement Lou Ho s'écrie : « Non, je ne l'ouvrirai pas ! »
Svengal s'éloigne et marmonne en langage ancien oublié de tous. Tout d'un coup, Lou Ho ne sent plus son corps et voit sa main prendre la lettre. Il est terrifié, tremblant de peur.
Mais alors que Svengal allait lui prendre la lettre, le bras de Lou Ho s'immobilise. Énervé, Svengal veut attraper la lettre mais elle lui glisse des mains...
Malheureusement pour lui, la magie utilise beaucoup d'énergie et le sortilège se rompt. Lou Ho profite du court répit que Svengal s'autorise pour s'enfuir, la lettre plongée dans sa besace.
Désemparé, il finit par ne plus rien voir car le brouillard s'est encore épaissi.


Avançant par tâtonnements, Lou Ho rencontre un acolyte de Svengal qui tente de l'embrocher sur sa longue épée.
Lou Ho esquive l'attaque, sort son glaive et s'éloigne face au guerrier. Il fait le tour de son adversaire pour lui transpercer le dos. Mais son coup est bloqué par un retournement rapide du guerrier. Lou Ho se jette au sol, se redresse avec vivacité et déchire le ventre du soldat. Terriblement blessé, celui-ci s'éloigne, la main sur le ventre et, prononçant quelques paroles magiques, il se soigne.
Entièrement rétabli en quelques secondes sous l'œil ébahi de Lou Ho, il tend ses mains devant lui et un flot de lumière bleue intense s'y concentre en une boule de feu qu'il projette sur Lou Ho.
Le jeune homme se décale et avec ses mains protégées par des gantelets en cuir, il attrape la boule de feu, tourne sur lui-même et la renvoie à son ennemi.
Le guerrier prend feu instantanément et illumine le paysage à cent mètres à la ronde.
Lou Ho aperçoit la cabane du grand sage. Il court chez lui et frappe à la porte. Il entend une voix sourde et puissante :
« Qui est-ce ?
- C'est Lou Ho, le messager du vieux maître du village !
- Entre, mon garçon. »
À peine est-il entré que la porte se ferme et qu'un vent magique le soulève et le transporte jusqu'à une vaste pièce sous la terre.
Une sphère lumineuse flotte dans la pièce et l'éclaire jusque dans ses moindres recoins.
« Ne t'es-tu pas demandé ce que cache cette lettre ?
- Si. J'ai même été très tenté mais mon maître m'avait prévenu de ne pas l'ouvrir.
- Alors il est temps pour toi de l'ouvrir. Tu as achevé la première partie de ton entraînement. »
Lou Ho, surpris, l'ouvre et découvre un plan. Il tend la lettre au grand sage qui lui dit :
« Il faut y aller. Il y a un problème là-bas dont la nature n'est pas mentionnée sur la lettre.
- Dois-je venir avec vous ?
- Oui. »
Le vieil homme lui donne un petit objet en fer qu'il doit mettre sous son gant et lui explique que cela permet de pratiquer la magie. Il suffit de se concentrer sur ce que l'on veut faire mais il faut savoir que la magie utilise de l'énergie : on peut donc mourir par abus de magie.
Ils sortent par une porte cachée et montent sur une sorte de « tapis » sur roues. Le grand sage s'assoit sur le siège avant gauche, prend un objet rond et accélère. Ils s'éloignent rapidement de sa maison et Lou Ho en profite pour lui demander ce que contenaient les lettres des années précédentes. « Des informations sur tes progrès ! » lui répond le grand sage.
Après une dizaine de minutes, ils arrivent sur les lieux indiqués. Un petit homme les arrête et leur demande de descendre de cet engin :
« Vous en avez mis du temps à arriver ! Allez, venez ! On a besoin de vous ! en essayant de faire revivre un des nôtres, nous avons réveillé un monstre très ancien et malheureusement nous l'avons tellement imprégné de magie qu'il est insensible aux attaques magiques ! »
S'étant rapproché, Lou Ho peut voir le monstre de toute sa grandeur. Il ne peut retenir un cri de frayeur tant il est grand : il possède trois têtes cracheuses de feu, une très grande queue hérissée de piquants qu'il peut projeter sur tout ce qui s'approche de lui et une peau aussi dure que du fer. Le tout est à peu près aussi grand qu'une trentaine de maisons.
« Comment peut-on vaincre une bête pareille ?
- Je pense qu'il faut soit approcher au plus près de ce monstre et lui enfoncer une épée longue entre ses écailles au niveau des yeux soit entrer dans sa gueule et lui transpercer le cerveau. »
Après avoir réfléchi quelques instants, Lou Ho demande :
« Que doit-on faire ?
- Je viens de te le dire ! Je te donne le commandement de l'opération. Je n'ai jamais aimé commander.
- Bon, y a-t-il un volontaire pour y aller ? Non ? C'est bien ce que je pensais. Je vais donc y aller mais il me faudra un soutien magique conséquent pour me protéger. Le grand sage et toi vous m'enverrez de l'énergie et si l'un de vous défaille, demandez à quelqu'un d'autre. Vous cinq, vous distrairez le monstre par la gauche, tandis que moi j'attaquerai par devant. C'est compris ? Allez, tous en position ! Skelird Aquam ! »
Protégé par son bouclier d'eau, Lou Ho court jusqu'au monstre qui, l'apercevant, lui envoie une colonne de feu. La colonne de feu le contourne et il saute sur la patte du monstre. Il hurle :
« Skelird terquam »
La bête essaie de le faire partir mais son bouclier de terre le protège efficacement. Ayant atteint la tête du monstre, il s'écrie :
« épair barsung »
Utilisant son épée de feu, il traverse l'œil et brûle le cerveau du monstre qui s'affale sur le côté.
Le grand sage rejoint Lou Ho, le félicite, l'emmène à l'écart des autres et lui dit :
illustration de François Place« Bien. Je pense que tu as achevé ton entraînement et mérité que je te dise la vérité. Ce que tu crois être de la magie n'est en fait que le fruit de la technologie très avancée d'une civilisation vivant tout en bas des montagnes. Pour que les deux civilisations coexistent, il est vital que seule une poignée de personnes connaissent l'existence de l'autre car certains pourraient, grâce à leur technologie avancée, essayer de nous asservir et tu fais partie des personnes qui connaissent l'existence de l'autre ! Tu ne dois révéler ce secret à personne, sauf en cas d'ultime recours ! »

Abasourdi, Lou Ho comprend enfin beaucoup de choses comme le « tapis » sur roues. Il est impatient d'en savoir plus et de voyager dans ce monde incroyable.
Louis

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