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éducation artistique et action culturelle

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fiche chaarp : l'événement, musée des Beaux-Arts d'Angers et de Nantes

mis à jour le 30/03/2011


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A partir d'œuvres référencées, cette fiche thématique conçue par le professeur d'Arts plastiques chargé de mission, présente des questions d'enseignement dont les professeurs pourront se saisir pour construire une situation de cours.

mots clés : chaarp, événement, musée des beaux-arts de nantes et d'angers


A propos des œuvres, éléments pour une réflexion pédagogique

 
Bertrand LAVIER


Cette toile carrée prend place dans la salle contemporaine du musée des Beaux Arts d'Angers. Notre regard plein d'habitudes voit au premier coup d'œil une peinture gestuelle. Des gestes amples, nerveux recouvrent de blanc la surface. Les traces laissées par l'outil sont visibles. Puis la distance s'amenuisant, la tromperie est mise à jour et la magie opère. Nous ne sommes pas face à une peinture mais à une photographie imprimée sur toile. Point de gestes mais une impression, point d'expression débordante d'un moi mais un prélèvement de la réalité. La peinture blanche est en fait du blanc d'Espagne recouvrant la vitrine d'un commerce fermé. Cependant, la question n'est pas celle du faux, de la peinture et du recouvrement mais celle de l'évènement : cette rencontre décisive qui fait date. Le titre de l'œuvre ne nous dit pas une date mais un lieu : Rue du pont Louis-Philippe. Prise au cours d'une promenade parisienne de l'artiste, la vitrine du magasin constitue une rencontre, un instant décisif avec la pratique de recouvrement de l'artiste. Bertrand Lavier constitue une réflexion sur l'objet et repense le statut de l'œuvre en dissimulant sous une épaisse couche de peinture un réfrigérateur, un coffre-fort de leur couleur originelle. Ici, la petite histoire personnelle se mêle à la pratique artistique. L'évènement n'est pas historique mais autobiographique.
 - Bertrand Lavier, Rue du Pont Louis-Philippe, 2002, jet d'encre sur toile, 1,71 x 2,07 m
 
Jacques Villeglé, Rue de Seine, 1964, affiches lacérées, 195x130 cm, musée des Beaux-Arts de Nantes




Jacques VILLEGLE

Rue de Seine se situe au rez de chaussée du musée des Beaux Arts de Nantes dans la partie XXème et plus particulièrement dans la salle des nouveaux réalistes. « Rue de Seine » correspond au lieu où l'affiche a été prélevée et «  1964 » est une indication temporelle. La lacération de l'affiche offre « des indications sur sa qualité, son sujet, son mode d'impression, sa maquette, ses codes couleurs, sa détérioration urbaine et les situent historiquement »1 En 1947, Hains prélève sur un mur un petit morceau d'affiche ce qui déclenchera un déclic chez VILLEGLE. « Le prélèvement, dit-il, est le parallèle du cadrage du photographe ».VILLEGLÉ se veut, comme HAINS, simple collecteur de fragments qu'il ne fait que choisir et signer après avoir relevé soigneusement le lieu et indiquer la date. L'artiste n'intervient pas ou de façon minime sur l'affiche. L'ensemble est ensuite marouflé sur une toile. L'artiste préfère s'effacer derrière les interventions de mains anonymes sur le papier (qu'il nomme « lacérés anonymes »), celles-ci ont parfois écrit ou maculer les affiches.  Le résultat est un témoin. Le témoin de nos « réalités urbaines ».
 

Du geste au retrait : de la matière à l'image de...:


Le procédé comme événement: Dans les œuvres de Bertrand Lavier et de Jacques Villeglé, il est question de la rue et de l'espace urbain comme l'indiquent très clairement leurs titres. Pourtant, les prélèvements sont de nature diverse et implique deux gestes opposés. Bertrand Lavier prélève photographiquement, il capte tandis que Jacques Villeglé arrache, retire une peau du mur, une épaisseur. Si une œuvre crie sa matière, son relief, l'autre la tait et trompe même le regard en mêlant gestualité et impression. Jacques Villeglé fait de son arrachage un acte de création, il ne superpose pas mais retire. A l'inverse, Bertrand Lavier joue sur les contradictions : la matière est faux-semblant. Ce n'est pas une peinture gestuelle, ni l'image d'une peinture mais une image de (vitrine). La matérialité patente de l'affiche fait face à l'immatérialité d'un geste mimé.

Mémoire(s): Dans l'acte de retrait de l'affiche et dans celui de la capture photographique, il est bien question de souvenir lié à un lieu précis : la rue. Le premier se compose sous forme de strates et d'épaisseurs ôtées, le second, par son médium, est un « ça a été ». Traces ou mémoires, ces deux pratiques antagonistes sur le plan matériel se retrouvent sur celui d'une captation et d'une saisie d'un lieu. La déambulation ou la promenade constituent l'acte premier de création. Le regard erre libre et perçoit avec plus d'acuité. La vitrine d'un commerce se transforme ainsi en une peinture abstraite contemporaine digne d'un Ryman, portant un intérêt sur la matérialité du blanc et la place de cette non couleur dans l'histoire de l'art. Certes, il y a la mémoire du lieu, une forme de « Je me souviens » à la Perec mais cette mémoire transpose les deux œuvres dans une filiation historique, une citation. Rue Louis Philippe retrace l'histoire récente de la peinture gestuelle et de la pensée du blanc. Rue de Seine impose un acte qui saisit la réalité (une affiche) et s'en empare. Les décollages ne sont pourtant pas s'en rappeler des drippings anonymes proches de ceux du peintre Mathieu. Par le geste et le lieu, il est doublement question d'appropriation.

De l'évènement au non événement:L'évènement est par définition ce qui fait date et plutôt les grandes dates. Il est dans les annales. Il est historique.  A contrario pourtant, l'évènement est aussi ce qui arrive et qui a une quelconque importance pour l'homme. A croire cette dernière définition, l'évènement n'est pas uniquement grandiloquent. Et il devient avec ces deux artistes un petit épisode. Événement esthétique: Dans l'art contemporain, la mythologie et l'histoire chrétienne font place au banal. Le monde réel débarque abruptement dans le monde de l'art. L'objet de consommation devient un matériau. La rue devient un espace artistique. La grande peinture est ainsi remplacée par l'impression ou l'arrachage ; le sujet devient plus personnel. Le choix de ces deux œuvres est délibérément paradoxal et ce pour deux raisons. Ils conduisent l'évènement vers la biographie et le domaine personnel et ce sont bien deux œuvres où le site prime qui amorcent une réflexion sur la date, l'histoire, l'épisode marquant. L'art ne cesse de conter, raconter des histoires mais non plus les grandes Histoires du monde. La petite histoire subjective, personnelle touche à l'individu. L'œuvre devient une chronique quotidienne. Le prélèvement d'affiche fait également entrer dans le musée la politique. Villéglé pense qu'en prenant l'affiche, il prend aussi l'histoire. Son histoire mais également l'histoire d'une société. "J'ai eu beaucoup de discussions avec les militants communistes qui me reprochaient d'arracher leurs affiches : je leur répondais qu'elles iraient dans les musées et qu'ainsi leur histoire serait racontée."
 

Pour en savoir plus

 
auteur(s) :

virginie michel et aurélie dourmap

information(s) pédagogique(s)

niveau : tous niveaux

type pédagogique : démarche pédagogique

public visé : non précisé, enseignant

contexte d'usage : classe, sortie pédagogique

référence aux programmes :

ressource(s) principale(s)

img_1318010780170.jpg quel écart entre réalité et image ? 24/09/2011
Comment l'image est-elle la représentation d'une réalité ? Portrait : représentation de l'individu ?
Quel écart entre réalité et image ? Quel sens donner à cet écart ?
HdA, image,portrait, caricature, éloge, Histoire des Arts

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