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improviser ne s'improvise pas... découvrir les fondamentaux du théâtre

mis à jour le 09/04/2015


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Qu'est-ce que l'improvisation et peut-elle entrer dans notre pratique pédagogique?

Lieu de la découverte, de la liberté, elle met en jeu notre sensibilité, notre imagination. Liberté de créer, de s'exprimer sur soi et le monde, elle nous permet de construire au gré du développement de notre imaginaire. Dans l’instant du jeu l’acteur est à la fois auteur, dramaturge, metteur en scène, scénographe et acteur: il joue en public sans texte prédéfini, sans mise en scène préalable, selon son inspiration. L’important est l’ici et maintenant.

mots clés : théâtre, jeu dramatique, improvisation, pratique pédagogique


Imprévue, inattendue, inouïe, irréversible , l'improvisation est un formidable outil pour se connaître et rencontrer les autres mais aussi découvrir les fondamentaux du jeu théâtral, les textes, entrer dans l'histoire du théâtre ou un spectacle et peut-être créer une nouvelle forme.

Les règles : la règle essentielle est celle du OUI.

Accepter l’autre, rester souple, attentif, ouvert aux propositions des autres joueurs... Ne pas être surpris par les propositions, accepter d’emprunter des voies inconnues de soi... Dire oui, c’est accepter avec générosité d’entrer sur le « terrain » dessiné par l’autre... Attention ce n’est pas un oui incohérent, aliéné et l'acteur a toujours la possibilité de dire non, mais il doit accepter la proposition de l'autre, accepter la situation proposée, bref entrer sur le terrain de jeu proposé par les autres joueurs! Un apprentissage du respect et de l'écoute, du collectif.


 

 

Improviser pour découvrir l’espace, le corps, le jeu avec les autres, le groupe : 

L’improvisation permet de découvrir les conventions de base du jeu théâtral : gestion de l’espace, présence scénique, maîtrise du corps et de la voix, construction du récit et lâcher-prise (ouverture sur les compétences narratives que nous avons tous si nous acceptons notre part inconsciente par exemple utiliser la libre association:  laisser le champ ouvert à sa spontanéité). Apprendre à improviser c'est un gain de confiance en soi qui est lié à l’écoute et l’acceptation de l’autre. Je dois accepter ou d’être guide ou d’être guidé, d’être moteur ou qu’un autre le soit. Dans l’improvisation chacun se rend compte que l’autre est « inspirant » et donc qu’il faut compter avec lui, lui laisser la place pour progresser et non vouloir à tout prix imposer sa vision, son originalité.... Cette conception de l'improvisation permet de souder un groupe, de débloquer des situations, de découvrir le plaisir de créer ensemble...


        
 

On voit donc que c’est un formidable outil pour travailler avec un groupe-classe. L’improvisation recouvre ici tous les exercices (dits d’entraînement de comédien, abordant les fondamentaux du  jeu dramatique) qui sont présentés et listés dans bon nombre d’ouvrages... Elle permet d’oser, d’explorer le verbal et le non-verbal.
A nous d'organiser les moments de retour, de "defriefing" indispensables (qui permettent à chacun une prise de conscience de ses manières d’être, attitudes, de son mode de relation à l’autre mais aussi à l’enseignant de réguler le fonctionnement du groupe).

Nous travaillons en collectif, pouvons faire appel à l’infirmière, au CPE, au médecin scolaire en cas de « doutes » ou inquiétudes à propos d’un élève... Cette pratique doit rester loin des règles du psychodrame, utilisé parfois en psychothérapie et la conduite de l'enseignant face aux "délires ou transes" d'un élève est la même que celle à adopter dans un atelier d'écriture par exemple.

 

 
Exemple 1: la danse du bâton
Accessoire : un bâton. Cet objet doit suggérer un geste ou un autre accessoire.
En cercle. Le comédien qui a le bâton fait un pas dans le cercle et suggère une action avec l’objet. Il va ensuite vers un partenaire à qui il tend l’objet. Ce dernier reprend la suggestion du premier comédien et réinvente une nouvelle action (garder de la fluidité entre les propositions). Faire en sorte que ça évoque une situation et accepter celle de l’autre. Développer son action corporellement. Prendre le temps.

Exemples : le bâton se transforme en rame / en rouleau à pâtisserie géant / en haltère / en peigne / en cheval / en guitare / en balai / en brosse à dents, etc.

C’est essentiel de se faire confiance ! Et de laisser les propositions ouvertes : la proposition de l'autre va orienter la sienne. Surtout, laisser ouvertes les portes de son imaginaire.


 


Le lien, la transmission se fait par l’action, le geste.

C’est important avec les élèves d’apprendre aussi à maîtriser la gestion du bâton, de l’objet.

Un des grands principes de l’improvisation : c'est l’autre qui nous inspire, pour rebondir ou relancer l’histoire.

On peut proposer des mouvements "chorégraphiques", ainsi que des détournements de l’objet qui peut être une boîte, un seau, une feuille de papier...

Dans un exercice comme celui-ci, il ne faut surtout pas anticiper l’utilisation de l’objet,  et oublier ce que l'on a prévu !

Il faut lâcher prise, et prendre la proposition de l’autre pour nourrir la sienne.

 
Exemple 2: la matière invisible
En cercle. Se faire passer une matière qui n’existe pas de mains en mains. La matière se transforme au fur et à mesure qu’elle est passée au voisin. Jouer avec cette matière, concrètement. Par exemple : une matière apparemment petite et ronde, devient lourde, puis élastique, étirable, volatile, très légère, rebondissante, etc.
Prendre en compte la proposition de l’autre : essayer de bien garder la forme, d’être précis. Sentir le poids, le grain, le contact particulier de la matière.

Reprendre d’abord la matière, donnée par son voisin avant de la transformer, être attentif aux indices donnés et être très précis dans ses gestes.

On se passe le relais de l’histoire, puis on l’accommode ; mais avant tout, on la reçoit. Je prends la proposition de l’autre, je la renforce puis la transforme.



 
 
Exemple 3: du corps vers la parole
Support musical : une musique dynamique, de type africaine.
Par groupe de 4. Chacun porte un numéro : 1, 2, 3 ou 4. Un groupe sur le plateau : bouger, danser, de manière très libre. Exercer les articulations, le plus vite possible, en passant aussi parfois au sol. Quand le meneur arrête la musique et tape dans ses mains, s'arrêter. Il donne alors un numéro de 1 à 4. Le comédien désigné, à partir de la position dans laquelle il s'est arrêté, doit proposer une situation : une situation par le corps (une action...) et si possible par la parole. Il lance ainsi un appel au reste du groupe qui va le suivre dans cette petite improvisation.
Repartir ensemble dans le mouvement quand la musique reprend.
 
La position corporelle induit la situation et ce qui va être dit. L’important est de ne surtout pas arrêter son geste.

Les autres comédiens du groupe peuvent aussi venir en aide au comédien désigné en initiant la parole, par exemple.

Ne pas hésiter à renforcer le geste de l'autre tout de suite, pour l'aider à lancer l'impro.

Il est important de rappeler aux élèves de se faire confiance, de laisser les choses venir, elles s’organiseront d’elles- mêmes.

Ne pas donner les numéros dans l'ordre, pour laisser de la surprise dans l'ordre de passage, et laisser le moins possible de place à l’anticipation.

La difficulté, à quatre, c'est de s'écouter. Les joueurs ont  tendance à tous parler en même temps. Mais il ne faut pas avoir peur du silence. Les spectateurs ont des gestes à voir, qui disent beaucoup sur la situation. Ne pas vouloir forcément "combler" un silence. Dans cet exercice d’improvisation, le geste crée l’action et aide à inventer du texte.

Commencer par des improvisations qui partent du corps est une bonne chose. Les improvisations de textes sont souvent assez faibles et peu inventives. Or le corps permet d’ouvrir un imaginaire bien plus grand, avec plus de libertés.

 
Exemples d'improvisations proposées pendant un stage :
- À partir de la position à quatre pattes : je deviens une bête, un insecte, un prédateur qui veut manger une mouche. Les autres voient l'animal, le désignent comme étant une araignée : « Mais comment on va faire pour l'écraser ? » Etc.
-  « 1, 2, 3, soleil ! » , un jeu est initié mais il s'agit d'adultes et l'enjeu est terrible...
-  La danse classique : chacun essaie de reproduire la posture du professeur de danse mais l'un des élèves est un clown maladroit...

La question essentielle : quel est l'élément qui va créer la péripétie, permettre de faire évoluer l'histoire ?

Une courte bibliographie sur l'improvisation avec quelques citations est en lien avec cette ressource et l'on découvrira d'autres pistes pédagogiques de l'improvisation dans diverses ressources disponibles sur ce site.

 
auteur(s) :

Catherine Le Moullec, Coordonnatrice académique théâtre

information(s) pédagogique(s)

niveau : tous niveaux

type pédagogique : démarche pédagogique, activité de découverte, production d'élève

public visé : enseignant, élève

contexte d'usage : atelier, classe

référence aux programmes :

fichier joint

information(s) technique(s) : Courte bibliographie

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