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L'après-spectacle: temps 1: le temps de la remémoration et des premiers échanges

mis à jour le 01/10/2013


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Sauf à participer à une rencontre "bord de plateau" avec les artistes, il est rare qu'on puisse échanger aussitôt après la représentation; très souvent on retrouve sa classe, son groupe, un ou quelques jours après le spectacle. Le temps aura fait son effet et c'est à l'enseignant alors d'aider et guider la mémoire, de favoriser et stimuler les échanges.

mots clés : théâtre, lecture de la représentation, spectacle vivant, orlaisation, écriture, jeu dramatique, parcours d'éducation artistique et culturelle


Le temps de la remémoration et des premiers échanges

Le réveil du corps

On peut aider et guider ce temps où l'élève doit rappeler images et souvenirs de la représentation.
Pour cela on commencera toujours par un court temps de réveil corporel et des sens, (jeux de regard, petits massages du corps, exercices de respiration). Si l'on est en classe, dans un espace contraint, on privilégiera des exercices de respiration et de décontraction, yeux fermés, assis sur les chaises :
    massage du visage et relâchement des traits, de la mâchoire, de la nuque
    enroulement et reconstruction du dos en lien avec expiration et inspiration,
    voyage de l'oreille : on impose le silence et on guide l'attention de l'oreille du plus près, (bruits de respiration interne, de chaussures, froissements de vêtement), au plus loin (les bruits de l'étage, de l'extérieur), on fait imaginer alors ce qui se passe au loin...

Le but de ces exercices est de permettre recentrage, concentration, mobilisation des sens et de la mémoire.
 
Exemple de réveil du corps :

1) RÉVEIL DU CORPS ET PRÉSENCE AU GROUPE
Objectif : apprendre à entrer en scène et à faire un geste signifiant. Être capable de sentir quand on est prêt à intervenir. (Ces exercices nécessitent un espace libre, salle de classe où l'on a poussé tables et chaises...)
Marche. Présence. Dos tenu, tête également. Regard droit. Arrêt. Croiser un regard et avancer vers cette personne. Se donner de petites « tapes » sur tout le corps (dynamiques mais pas trop fortes). Écarter les doigts, tapoter sur la totalité du corps. Pas de mots. Prolonger légèrement l'expiration.
Marche. Se tapoter soi-même sur les parties qui n'ont pas été touchées par l'autre personne ou celles que l'on sent toujours froides.
Jeu équilibre/désiquilibre : micro-réglages entre tête/ nuque/ dos) ; faire attention au bassin, au verrouillage ou non des genoux, au regard ; sentir une verticalité tenue et une verticalité relâchée, essayer d'échapper ou non à la loi de la gravitation ; se tenir debout vigilants ( bassin en avant ) en attente (bassin en arrière).

S'allonger au sol, au top se mettre debout le plus vite possible et retrouver illico cette position tenue ; même chose au ralenti ; puis de nouveau vite mais avec plus de conscience de tout ce qui se joue dans le corps.
 
Arrêt. Regard à l'horizontale qui balaye l'espace. Appel avec la main dressée en l'air comme si on avait vu quelqu'un. Se remettre en marche aussitôt. Trouver ensuite un mouvement dynamique sur l'appel et la remise en marche (sans « psychologiser », ni donner d'intention particulière). Être à l'écoute des autres, attentif aux mouvements des corps autour de soi.

Groupe immobile. Certains se remettent en mouvement, puis d'autres, de plus en plus vite (départs de plus en plus fréquents et accentués). Puis décrescendo jusqu'à l'immobilité. Écouter le groupe.



2) ÉCHAUFFEMENT EN DUO

Marche. Se mettre à côté de quelqu'un. Marcher côte à côte. Lui prendre ou non la main. Trouver le même rythme de marche. Explorer tout l'espace, pas seulement une marche rectiligne. Il peut y avoir des arrêts et des redémarrages. Varier le rythme, les figures dans l'espace. Possibilité de se retourner et de partir dans l'autre sens. Être ensemble, pas de meneur. Chercher des manières de marcher différentes. Regard toujours horizontal.
Ajout : adjectifs à illustrer pour signifier des états corporels dans la marche apathique / tendu / nerveux / calme / fantaisiste / soupçonneux / extravagant / hésitant / endormi / songeur. Attention à bien conserver la position épaule contre épaule.
Toujours épaule contre épaule. L'un donne son poids à l'autre. Le second le repousse. Sentir les deux énergies. Même chose au ralenti. L'un est le support de l'autre. Etre attentif à la sensation que cela procure, comme une petite danse à deux !
NB : cet échauffement est très utile avant l'exercice de prise de parole en duos décrit ci-dessous : la grande traversée.

 

Premiers échanges possibles sur les ressentis : « j'ai aimé, je n'ai pas aimé... »



Le spectacle en un mot :

Objectif : dynamiser les échanges, activer la mémoire


Former un cercle. Chacun dira à tour de rôle un mot qui représente pour lui le spectacle. On propose un premier tour avec un mot qui se rapporte au contenu de la pièce, puis un deuxième tour avec un mot qui transmet une impression, puis une couleur, une matière, etc.
 
La grande traversée :

Objectif : exprimer spontanément les premiers ressentis et activer sa mémoire du spectacle.


Deux lignes face à face. Une personne croise le regard d'une autre dans la ligne d'en face (pas nécessairement  « juste » en face). Les deux personnes sortent des lignes, les remontent et vont rejoindre le début du couloir (formé par les 2 lignes) en fond de scène. Regard mutuel qui donne le signal du départ et avancée de concert jusqu'à l'avant-scène.  C'est la grande traversée du plateau, où l'on travaille sa présence, sa construction corporelle, son assurance. Arrêt. Prise de parole à tour de rôle (sans se donner d'ordre de passage, à l'écoute) : « dans le spectacle j'ai aimé » / « je n'ai pas aimé ». Dès qu'un binôme est face au public, un second se prépare à l'arrière. Possibilité d'accélérer le mouvement pour faire se succéder rapidement les prises de parole. Faire varier le rythme et l'énergie des marches et prises de parole.
 
Le cercle des critiques :

Objectif : écouter les autres, développer son jeu en fonction de l'autre, commencer à argumenter.


En cercle, se mettre par deux : l'un se met à l'intérieur du cercle, l'autre reste au bord. Déambuler au milieu, puis l'un des comédiens décide de s'arrêter: tout le monde s'arrête. Il lance alors « J'ai aimé... » ou « Je n'ai pas aimé la voix de Macbeth... » à propos du spectacle vu précédemment. Son binôme extérieur renchérit en défendant cette opinion: « Elle n'a pas aimé la voix de Macbeth...car c'était une voix très désagréable, de crécelle ! ». Chacun doit se faire entendre, être « vendeur » et convaincant. On peut s'aider en s'inspirant du ton et de la façon de dire du premier comédien, reprendre sa proposition pour l'accentuer avant de la développer et peut-être même de la justifier.
Exemples :
« J'ai aimé la scène du trône. » / « Elle a aimé la scène du trône qui était magnifique ! »
« Je n'ai pas aimé ce ton déclamatoire. » / « Elle n'a pas aimé ce ton déclamatoire horrible ! »
« Je n'ai pas aimé la vulgarité du spectacle. » / « Elle n'a pas aimé cette vulgarité qui était insupportable ! »
« J'ai aimé la mort de Macbeth. » / « Elle a aimé la mort de Macbeth parce qu'elle était émouvante. »
« J'ai aimé les décors. » / « Elle a aimé les décors qui habillaient très bien la scène. »
« Je n'ai pas aimé tout ce sang. » / « Elle n'a pas aimé tout ce sang, cette violence car elle était parfois gratuite.»

A propos du spectacle Macbeth Kanaval, mise en scène Pascale Nandillon.
 

Le temps de la remémoration


Après ce temps d'échauffement on demande à chacun de s'installer dans l'endroit de son choix le plus confortablement possible (s'asseoir, s'allonger au sol, s'adosser, croiser ou allonger les jambes...) et de fermer les yeux. L'animateur guide ce temps de remémoration en demandant à chacun de retrouver ses souvenirs : comment on est arrivé dans le hall du théâtre, les visages ou les images qui ont retenu l'attention, puis l'entrée dans la salle. Y-avait-il déjà un décor sur le plateau ou le rideau (rouge ? de fer ?), ce dernier était-il fermé ? Quelle était la première image du spectacle ?
On permet ainsi au spectateur de refaire en imagination son parcours dans les lieux : son entrée, ses premières impressions sur la salle, le public... On lui demande ensuite de retrouver ses sensations et émotions. On peut lui imposer de choisir un moment du spectacle (celui où est apparue une scénographie caractéristique, l'entrée d'un personnage qu'on attendait depuis longtemps),  d'adopter un point de vue autre que celui qu'il avait (lié à sa place dans la salle) ou lui demander de balayer systématiquement son regard de cour à jardin.
On peut aussi faire se souvenir avec précision d'un accessoire ou d'un costume, d'une musique ou d'un effet sonore... Bien sûr la mémoire de chacun est sélective et ici c'est l'animateur qui guide et choisit, selon sa lecture du spectacle, les moments qui lui semblent cruciaux, mais les travaux de groupe permettront ensuite  de partager et d'enrichir tout cela.  L'important est d'imposer la précision presque « anatomique » de la reconstruction d'une image du spectacle, d'aider à son déploiement progressif dans la mémoire.
 



La première image du spectacle :

Chacun essaye de se rappeler la manière dont il est arrivé au théâtre, son entrée dans le hall (qui se trouvait là ? les premiers visages reconnus...) puis de choisir un endroit dans ce hall, et s'y placer debout. De là, balayer l'espace avec le regard de gauche à droite : que voit-on (affiches, portes, ouvertures, perspectives d'espace...). Puis s'arrêter sur un élément précis. Enfin, entrer dans la salle de spectacle et se rappeler sa place, l'endroit où elle était située, quel point de vue elle offrait sur le plateau. Se rappeler ce qu'il y avait sur le plateau avant le début du spectacle (de jardin à cour, de manière panoramique): éléments de décor, tables, chaises, objets... Reconstruire l'image : où se situaient les acteurs ? Etaient-ils en scène ? Que faisaient-ils ? Où se sont-ils placés à leur entrée ? Puis se concentrer sur un point particulier, un objet, et essayer d'en faire le tour en pensée (matière, forme, couleur...). Finalement, revenir tranquillement à son point de vue dans la salle et ouvrir doucement les yeux. Écrire sur une feuille le nom de cet objet.
A la fin de cet exercice guidé de « retour dans le temps de la représentation », on demande aux élèves d'écrire quelques mots sur une feuille préalablement disposée au sol à portée de chacun. On impose le silence, aucun mot ne doit déjà être échangé.

On peut demander de noter :
-l'image la plus forte/ la plus touchante /la plus provocatrice (à choisir en fonction du spectacle)
-des verbes d'action qui s'imposent lorsque l'on repense au spectacle
-les images et les sons  (une image visuelle et une image sonore)
-les sollicitations des cinq sens : le spectacle m'évoque une couleur, un goût, un parfum...
-un inventaire (peut-être des objets ou des accessoires du spectacle)
-des listes d'adjectifs qui reprennent les différents sentiments, les émotions que l'on a éprouvés au cours de la représentation.
-la suite de débuts de phrase, déclencheurs de parole: j'ai adoré..., j'ai détesté..., j'ai compris..., je n'ai pas compris...
-une phrase qui résume le spectacle
-toutes les questions qui sont venues au cours de la représentation. Ça peut être au contraire sa première question lorsque l'on est entré dans la salle ou la toute dernière quand on en est sorti. On peut en imposer la formulation avec un « pourquoi » initial.
 


Un autre exemple de déroulé, écrire les « je me souviens » :

En position debout, convoquer ses souvenirs du spectacle, à la manière de Georges Perec, en complétant la phrase « Je me souviens... ». Déambuler tranquillement, à son rythme, puis, au top, chacun s'arrête, prend le papier qui se trouve à ses pieds, s'assoit et note son souvenir en fonction du thème annoncé (ex : « Je me souviens d'une couleur »). Une fois le souvenir noté, reposer la feuille et repartir en déambulation. Puis, marquer à nouveau l'arrêt devant une autre feuille et noter un autre souvenir (ex : « Je me souviens d'un son / d'un mouvement / d'un costume / d'une parole... »). Petit à petit, on va obtenir de petits textes sur le principe du « cadavre exquis » qui pourront servir plus tard de matériau pour la petite forme théâtrale.





Quelques souvenirs du spectacle
Le compagnon, du conteur Abbi Patrix :
Je me souviens du hall qui était bleu, grand et surtout surprenant.
De la salle qui me faisait penser à une salle de cinéma.
Des trolls qui me faisaient rigoler en les imaginant.
De la musique qui faisait garder les suspenses de l'histoire.
De ses fauteuils confortables.
Des effets spéciaux de la pièce.De cette grande salle.
De cette ambiance mise par Abbi Patrix.
Du conteur tout près de nous.
De la scène colorée.De la musique.Des applaudissements.
De l'entrée du théâtre...

Des élèves du
collège Jean Monnet
  de  Vertou.

 
auteur(s) :

catherine le moullec, coordonnatrice théâtre académique

information(s) pédagogique(s)

niveau : tous niveaux

type pédagogique :

public visé : non précisé

contexte d'usage :

référence aux programmes :

ressource(s) principale(s)

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