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éducation artistique et action culturelle

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le paysage comme point de vue - Frac des Pays de la Loire

mis à jour le 03/06/2012


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Un outil pédagogique autour de la question du paysage, à partir de l'analyse de deux œuvres de la collection du Frac des Pays de la Loire.

mots clés : chaarp, paysage, oeuvre, histoire des arts, frac, HdA


Giuseppe PENONE Alpi Marittime, 1968-1973 2 photographies couleur, Sculpture en bronze 201x98x40 cm Acquisition en 1985

Giuseppe PENONE
Alpi Marittime
1968-1973
2 photographies couleur
Sculpture en bronze 201x98x40 cm
Acquisition en 1985
Eric POITEVIN Sans titre, 1994 Photographie couleur, 147 x 119 cm encadrée

Eric POITEVIN
Sans titre
1994
Photographie couleur,
147 x 119 cm encadrée
 

à propos des oeuvres

Giuseppe Penone
Né en 1947 à Garessio, il vit à San Rafaele Cimena (Italie)

De tous les artistes liés à l'Arte Povera, Penone est celui dont l'oeuvre se nourrit le plus de la dialectique entre nature et culture. Elle puise son énergie et ses motifs prépondérants dans les possibilités de métamorphoses infinies offertes par ces deux domaines. Une enfance paysanne dans la région située à cheval entre le Piémont et la Ligurie a laissé son empreinte sur l'artiste et c'est tout naturellement qu'une de ses premières oeuvres a pris la forme d'une intervention dans la forêt voisine de son village natal. L'intervention consistait d'abord à photographier sa main saisissant le tronc d'un jeune arbre, puis, à prendre un moulage métallique de cette main au même endroit. Une photographie prise quelques années après prouve que la main a été absorbée par le végétal. L'oeuvre, intitulée Alpi Marittime ou Continuera à croître sauf sur ce point, est constituée d'un moulage de bronze de la main placé emblématiquement devant ces deux photographies. Elle porte témoignage de la mutation qui s'est opérée : la main s'est pour ainsi dire fossilisée tandis que l'arbre continuait à pousser. Penone propose là une méditation sur la durée, sur le passage du temps au sein duquel la nature révèle combien elle résiste à l'homme, tout en lui offrant le modèle d'une sensibilité supérieure. Dans sa réalité matérielle, cette oeuvre présente les caractéristiques qui demeurent des leitmotive de l'art de Giuseppe Penone : l'empreinte ou la trace d'un geste physique et la transcription (sous la forme d'un moulage) d'une partie du corps choisie pour laisser sa marque. La plupart des oeuvres ultérieures de Penone dénotent un désir de se solidariser, de la manière la plus charnelle qui soit, avec l'aspect proprement inexorable de la croissance organique ou végétale. Pour Penone, la nature et sa ronde des saisons indiquent une sorte de calendrier, et fournissent les métaphores les plus fondamentales pour toutes les activités humaines, y compris celles qui concernent la création artistique.

Mais c'est peut-être l'arbre qui symbolise le mieux l'art de Penone, par sa forme et par sa matière. L'Arbre de sept mètres complète parfaitement Alpi Marittime dans la collection du Frac : le même esprit protecteur préside au lent dépouillement d'un madrier à usage industriel ou commercial, qui débouche sur la mise à nu du coeur vivant abrité à l'intérieur, avec sa pousse et sa tige.

 
Eric Poitevin
Né en 1961 dans la Meuse. Vit à Mangiennes (Meuse).                              
"C'est bien à dessein qu'Éric Poitevin n'intitule pas ses photographies, à moins que la mention Sans titre soit elle-même un titre... Et pourtant, ceux qui connaissent ce travail évoquent les mares ou les sous-bois, les religieuses, les chevreuils ou les montagnes corses, les crânes, les broussailles, les gens d'Arbois, les boîtes de papillons, les arbres, etc. et se comprennent. Sans Titre parce que les religieuses ne sont pas des religieuses, les mares ne sont pas des mares, les chevreuils , pas des chevreuils, les arbres , pas des arbres : ce sont des photographies. Alors Poitevin dit aussi qu'il n'y a dans son travail ni portraits, ni natures mortes ni paysages ; qu'il aimerait abolir le temps et que d'ailleurs ce temps, sans doute, n'existe que dans l'expérience des choses. Le Frac des Pays de la Loire possède un ensemble assez significatif de ses œuvres: des religieuses , une broussaille , un chevreuil et des arbres . Des photographies qui couvrent la période 1990-2000. Éric Poitevin dit également qu'il est photographe avant tout et que l'art est une terre d'accueil pour cette activité-là, c'est-à-dire la photographie entendue ici comme médium et comme point de vue sur le monde. Mais le résultat de l'opération photographique  reste incontestablement, quand tout ou presque a été contesté, un espace ; et il n'est pas une photographie d'Éric Poitevin qui ne témoigne d'un espace riche, complexe et fascinant. C'est un espace qui résulte de la friction de plusieurs temporalités : celle de l'histoire, celle de l'art, celle de l'expérience présente du sujet photographié comme du regard photographiant. (...) Les arbres , il les a photographiés lors d'une résidence en Sud Vendée. Ce sont de très vieux chênes sur fond de ciel blanc, de ce blanc nécessaire qu'il n'a trouvé que là. On dirait de la contre-plongée mais c'est tout le contraire. Pour sa prise de vue, l'artiste a disposé un miroir sous l'arbre et c'est dans le miroir qu'il a cadré cette image à plat, vers le sol. C'est un arrangement au sol, presque un dripping. Et cette aventure sensorielle , comme il l'appelle, finit par se tenir dans le cadre de l'image photographique, la seule réalité qui nous soit donnée : verticalement." Jean-Marc Huitorel, catalogue des œuvres de la collection du Frac des Pays de la Loire, 2002.
 

Mise en relation des oeuvres


Un point de vue dans le paysage
Ces œuvres sont des photographies d'artistes contemporains : une photographie seule de grand format, une photographie à côté d'un moulage. La confrontation de ces œuvres témoigne de choix artistiques différents, d'un changement de la place de l'homme dans le paysage, du rapport de l'homme à l'espace. Les deux artistes interviennent directement dans le paysage, l'un pour le marquer de son empreinte, l'autre pour y placer un miroir. Pour Penone la photographie enregistre la durée, celle de la croissance et témoigne de son évolution. La photographie d'Eric Poitevin s'affranchit totalement de la présence humaine et le titre - ou son absence - "Sans titre (arbre)" conduit le spectateur de l'œuvre à construire mentalement une image qui "tient" par sa seule force plastique. "Ce qui me touche dans les arbres, c'est l'illusion qu'ils pourraient exister sans nous." La vue de l'écorce de l'arbre présente par le piqué du négatif à la chambre, dans la photographie de Poitevin, jointe au point de vue adopté, conduit à considérer cette photographie comme l'expression d'un art "abstrait", qui bouscule la représentation traditionnelle du paysage. On peut reconnaître qu'il y a une juxtaposition "plastique" où les valeurs et les matières organisent ces pans photographiques d'un réel mis à distance, entre proximité et éloignement. On peut également souligner dans ces deux œuvres la relation particulière qui s'établit entre corps du spectateur face à l'œuvre et l'espace de présentation.

 

 

à partir des 3 fiches chaarp autour de la question du paysage, quelques éléments pour une réflexion pédagogique

paysage sans limite
Qu'est-ce qu'un paysage ? Est-ce une vue (veduta) ? ou au contraire un espace illimité ?

modeler le paysage
Comment inviter les élèves à être créateur d'un monde fictif ou réel ? Ils pourront à cette occasion explorer différentes situations de pratiques artistiques (graphiques, picturales, photographiques, infographiques ou en volume).

mémoire du paysage
Le paysage est-il un espace naturel ou un espace mental ? Du visible au ressenti, les élèves pourront aborder la lecture et la mémoire du paysage.

un espace pour le paysage
Les élèves pourront travailler les notions d'intérieur et d'extérieur. Comment interroger la notion de paysage, de point de vue et d'espace ? Ma salle d'arts plastiques est-elle un paysage

image, imaginer un paysage
Comment comprendre la construction d'un paysage ? Quels liens existent-ils entre la profondeur et le paysage ? Un détail de taille est-il un paysage ?



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D'autres fiches CHAARP sur le paysage ou sur d'autres thématiques sont consultables sur le site académique et dans les structures culturelles suivantes :
Frac des Pays de LaLoire, Musée des Beaux-Arts d'Angers, Musée des Beaux-Arts deNantes, Musée de l'Abbaye Sainte-Croix des Sables d'Olonne.


 
auteur(s) :

hélène villapadierna
sandra georget

information(s) pédagogique(s)

niveau : tous niveaux

type pédagogique :

public visé : non précisé

contexte d'usage :

référence aux programmes :

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