L’attention de Blanche Daramir, à la découverte de l’établissement, s’est portée en particulier sur les grands couloirs sombres, ses successions de portes alternants avec des pans de murs vides d’accrochages mais portants la marque du passage des personnes, du passage du temps, de l’histoire de l’endroit.
Le projet s’est donc établi à partir de l’intention de se référer au lieu, le collège.
La proposition s’est construite autour d’un couloir en particulier. Lieu porteur d’images.
Images mentales de ce qui s’y passe, de ce que l’on veut en montrer. Avec l’intention de donner de la permanence à ce qui passe et disparait.
Une même proposition pour deux classes de troisième : le couloir.Lieu vide, sans personne, sans meubles, presque sans lumière.
Son utilité, permettre les nombreux déplacements, d’une classe à l’autre, d’une heure à l’autre.
Profusion de personnes, circulations rapides, transports des sacs, trousses, livres et cahiers.
Effervescence éphémère, apparitions rapides, disparitions derrière les portes.
Reste les lumières. Le vide.
Reste ce qui est en mémoire.
Disparition du détail, des formes définies, des précisions.
Subsiste les images fortes, les sensations, les répétitions, ce que l’on sait, ce qu’on a vu.
Des objets, scolaires, enfermés dans les sacs, dans les casiers.
Des groupes, compacts, mobiles, des individus, différents.
Bousculades, accompagnements, attentes.
Des portes, des cours à venir.
Un espace, long, vide puis plein puis vide.
Mettre en image son vécu.
Donner à voir ses impressions, sa vision.
Faire voir ce qui a été.
Exposer ce qui va rester…

Deux classes : une classe pour laquelle pâte à modeler, argile autodurcissante, carton plume, papiers couleurs, baguettes en bois et balsa ont été mis à disposition. Pour l’autre, pastels secs, crayons feutres et couleurs, papiers de couleurs, fusains, peinture, papier aquarelle grand format, papiers blancs formats divers.
Ils ont dans un premier temps, représenté de mémoire, le couloir, lien entre le hall et les escaliers, bordé de casiers bleus, sur lequel débouche la salle d’arts plastiques. Constat a été fait que la fréquentation régulière du lieu ne permet pas pour autant de bien mémoriser son apparence et que les perceptions diffèrent.
Dans un deuxième temps, ils ont fait de même pour représenter le couloir du premier étage. De nouveau, ils ont fait apparaître ce que chacun en retenait, lumières, portes…
Ils sont alors allés l’observer, pour prendre le temps de porter leur attention précisément sur le lieu qu’ils traversent sans voir. Ils l’ont de nouveau représenté à partir de là, retravaillé à partir des moyens à disposition.
Ensuite, ils sont retournés en situation d’observation lors d’un intercours pour percevoir les passages, déplacements d’élèves, groupes et individus.

Ils se sont engagés dès lors dans des réalisations personnelles pour donner forme à ce qu’ils en retenaient. Des exercices tels que passer du dessin à la mise en volume, de peindre en fermant les yeux, etc ont été lancés. Ils ont échangé ponctuellement avec l’artiste intervenante pour mieux cerner leurs possibilités. Pour finir, à sa demande, ils ont porté une attention particulière aux détails et finitions en vue d’une présentation finale.

Cette présentation a pris place dans trois lieux du collège, autres que le couloir de référence, dans l’intention, à la fois de les préserver et de les situer dans des lieux qui permettaient une observation plus en recul. Fenêtres donnant sur la cour, avec des réalisations provenant des deux classes, couloir menant à la salle des profs pour les réalisations en deux dimensions d’une des classes, salle de réunion/ conseils pour les volumes de l’autre. La mise en place a été menée par Blanche Daramir dans un échange avec les uns les autres. A été ajouté pour le jour du vernissage, une installation de cercles de couleurs, en relation avec les lumières, au plafond du couloir, cœur du projet pour mettre en exergue l’espace en question.
Le manque de mise en place préalable des supports d’exposition a néanmoins limité cet aspect du projet.
Les élèves ont tous remis un carnet de bord sur lequel ils présentent ce qu’ils ont fait et pensé de chacune des séances, accompagné d’une œuvre choisie et mise et relation ainsi qu’un bref bilan général sur le projet.
Chacune des classes est venue voir ce que l’autre avait fait. Ils ont également écrit un avis sur une œuvre exposée.
La présentation du projet, accompagnée d’un diaporama, a été mise en place sur le site e-lyco du collège.