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Pourquoi emmener ses élèves à un festival littéraire ?

mis à jour le 15/05/2020


Affiche

Emmener ses élèves à un festival littéraire, est-ce bien raisonnable aujourd'hui ? Oui, à la condition de préparer les conditions d'une rencontre effective, c'est-à-dire sensible, des jeunes avec les oeuvres et leurs auteurs. 

mots clés : éducation artistique et culturelle festival littéraire lecture représentations du monde auteur oeuvre lecteur


Le contexte : emmener ses élèves au Festival du premier roman à Laval

L'association lavalloise Lecture en tête propose aux enseignants de collège et lycée qui souhaitent emmener leurs élèves à partir du niveau 3ème au Festival du premier roman de Laval, une journée durant laquelle les jeunes peuvent rencontrer les auteurs dont ils ont lu les textes, et s’exercer à l’écriture et à la mise en voix d’extraits. 

En partenariat avec la librairie M’Lire, une sélection de cinq romans, dont deux romans destinés à la jeunesse, est proposée en amont. En partenariat avec le Théâtre de Laval, l'Association Lecture en tête et la Délégation à l'Éducation Artistique et à l’Action culturelle (DAAC, Rectorat de Nantes) proposent aux équipes éducatives une formation afin de leur donner des clés pour réussir un beau projet d'éducation artistique avec leurs élèves. Cette ressource pédagogique est issue de la formation qui a eu lieu au Théâtre de Laval les 14 et 15 janvier 2020, conçue et animée par trois enseignants coordonnateurs de la DAAC (Lecture-écriture-poésie, Chant choral, Théâtre).
Festival du premier roman et des littératures contemporaines, LAVAL. 
Organisé par Lecture en tête. 
Direction / programmation littéraire et artistique : Céline Bénabes
Coordination générale : Anne-Sophie Denou

28 Grande Rue - 53 000 LAVAL
06 45 60 59 94
lecture-en-tete@wanadoo.fr
 









La sélection pour les scolaires : 5 romans très différents

  • Dalie Farah, Impasse Verlaine, éd. Grasset
  • Joseph Ponthus, A la ligne, éd. La table Ronde
  • Nii Ayikwei Parkes, Notre quelque part, éd. Zulma
  • Vivan Bessières, Même pas en rêve, éd. du Rouergue
  • Stephen Carrière, L’enchanteur, ed. Pocket Jeunesse
 
 

Le principal enjeu : transmettre le goût de lire

La lecture est bien évidemment une compétence fondamentale, sans laquelle nul ne peut être autonome. Mais elle ne se réduit pas à la capacité de déchiffrer et de comprendre la signification d'un texte. 
Savoir lire c'est aussi prendre conscience de ses ressentis, imaginer, interpréter. La lecture est un formidable vecteur de vie intérieure. Donner à chacun le goût de lire, c'est transmettre une condition pour vivre sa vie intensément, s’ouvrir aux autres, se comprendre soi et le monde, voyager dans des espaces imaginaires, disposer d'une ressource infinie de plaisir, en toute liberté.  La lecture, en tant qu'elle nous donne accès aux grandes questions du monde contemporain, est également un espace capital d'apprentissage de la citoyenneté :  pouvoir se représenter ce que les autres vivent, se mettre à leur place sont des conditions indispensables pour développer des aptitudes civiques.
Faire lire aux élèves des premiers romans, écrits par des écrivains contemporains, en leur proposant un mode créatif de lecture, permet d’éveiller leur conscience et de leur donner des mots pour penser ce monde que nous partageons.

 

La rencontre avec un auteur : les enjeux

Il faut prendre au sérieux l'idée de rencontre. Certes, la rencontre d'un groupe d'élèves avec un auteur dans le cadre d'un festival est prévue, organisée, et n'a rien de fortuit. Néanmoins, elle se déroule en présence de l'auteur, et dévoile sa façon de s'exprimer, de regarder, ses idées ou les messages qu'il veut faire passer... Et du fait de cette présence vivante, elle constitue pour le jeune une véritable expérience. 

Toute véritable rencontre est humaine donc singulière. Il n'existe pas de recette ou de méthode infaillible applicables en toutes circonstances. Toutefois, pour que la mise en présence de l'auteur joue pleinement son rôle, il est préférable de préparer la rencontre. À cet effet, il convient de partir toujours de l’œuvre et des ressentis des lecteurs. Un auteur n'est auteur que parce qu'il est auteur d'une œuvre. Auteur n'est pas un métier, mais un travail de création, qui s'opère en première personne, ce que les échanges avec lui permettent de mesurer. De même un lecteur n'est lecteur que parce qu'il a conscience de ses ressentis et réflexions lorsqu'il lit. Pour que la rencontre se fasse, il est important de laisser une place et même de susciter une forme de spontanéité lors des échanges. Cela n'est possible qu’à la condition d'accueillir la sensibilité de chacun.


La sélection de 5 romans pour les jeunes - édition 2020
 
La charte de l'éducation artistique et culturelle
 

Qu’est-ce « rencontrer » un auteur ? Compte-rendu des échanges lors du stage "Accompagner le Festival du premier degré" - 14-15 janvier 2020

 Qu’est-ce que la rencontre avec un auteur peut apporter aux élèves ?

  • Assouvir leur curiosité : mettre un visage, une voix derrière le nom. Rencontrer un être de chair, sentir que la littérature est un art vivant. 
  • Offrir un cadre collectif, partager un rituel de rencontre.
  • Découvrir le « métier » d’écrivain en entendant l’auteur en parler. 
  • Entendre un adulte parlant de façon sensible de son activité de création et des liens avec sa vie (dimension existentielle : entendre quelqu’un parler de la façon dont il vit sa vie). 
  • Rencontrer l’univers de quelqu’un d’autre (dimension de l’altérité). 
  • Offrir la chance de rencontrer un auteur ; offrir un temps suspendu, offert, durant lequel quelqu’un s’intéresse à eux, leur accorde du temps. 
  • Créer une attente pour en faire un événement, créer un plaisir. 
  • Désacraliser un auteur : ce n’est pas un dieu !!!
  • Confronter les interprétations de lecture, celles des élèves avec celles de l’auteur. 

La rencontre peut commencer avant le moment dédié, et se prolonger ensuite, si les élèves sont invités à se rendre attentif à ce que cela a transformé en eux (les traces de la rencontre). On peut passer par le biais d’autres langages ou formes artistiques pour faire lire l’œuvre, mais aussi pour construire des retours. Exemple donné, fait dans une section professionnelle d’esthétique : exprimer ce qu’on a ressenti d’un roman ou un élément du roman par un maquillage

 A quelles conditions la rencontre avec l’auteur a-t-elle effectivement lieu ?

  • Si l’élève est en attente (d’où un des objectifs de la préparation en classe : susciter des attentes). 
  • Si la lecture a été préparée et si cette préparation a permis de formuler quelques questions d’ordre esthétique. 
  • Si le groupe est à bonne taille : pas trop petit (besoin d’émulation) et pas trop lourd.       Si l’auteur développe ses réponses, livre de la matière avec générosité, se prête au jeu avec bienveillance. Les primo-romanciers peuvent avoir du mal à développer leurs réponses. 
  • Si l’écoute est attentive (c’est sensible dans la salle, mesurable également aux retours des élèves). 
  • S’il y a des échanges : accueillir l’auteur par une petite forme produite par les élèves, à partir de laquelle l’auteur peut poser des questions aux élèves (ex : comment avez-vous compris ce passage ? pourquoi l’avez-vous lu ainsi ?). En allant plus loin, on peut aussi imaginer que la rencontre va amener l’auteur à s’interroger sur son lectorat. 
  • Autre possibilité pour favoriser les échanges : demander à l’auteur de lire un passage de son œuvre. 
  • S’entendre sur une « juste durée » de la rencontre. Inutile de faire durer inutilement une rencontre. L’enseignant référent de la rencontre peut se charger de consulter les autres. 
  • Si l’élève se sent concerné (effet miroir). 
  • Si on l’aide à verbaliser la trace laissée par la rencontre et par les ateliers.

 Qu’est-ce qu’une bonne question ?

 Il n’y a pas de règles a priori. Toute question montrant un intérêt pour l’œuvre est une bonne question. S’interroger sur la pertinence d’une « bonne » question, c’est peut-être davantage réfléchir, si possible avec les élèves, sur ce qu’est une mauvaise question : par exemple, une question trop fermée, dont la réponse ne peut être que factuelle, anecdotique (ex : A quelle heure écrivez-vous ?)

Lors des échanges, il est souhaitable de demander aux élèves d’éviter les jugements à l’emporte-pièce et de formuler plutôt une interrogation :

Ex : A propos de Vendredi (Impasse Verlaine) « J’ai trouvé tel personnage trop méchant » pourrait être plutôt « Pourquoi avez-choisi un personnage aussi méchant ? »

Parmi les bonnes questions :

La question spontanée, qui montre que la rencontre fait penser l’élève. Cela suppose que les élèves ne se sentent pas enfermés dans des questions préparées qu’ils « devraient » poser. On peut distribuer toutes les questions à chaque élève, pour que chacun élève ne se sente pas la responsabilité de « sa » question. Il est toujours intéressant dans un groupe d’avoir des lecteurs plus « avertis » qui n’ont pas de question préparée. 
Une bonne question, c’est notamment celle suscite une réponse riche, laquelle suscite à son tour d’autres questions qui mènent au débat… Ce n’est pas forcément une phrase interrogative. Cela peut aussi être une proposition d’interprétation, une hypothèse, un commentaire… « on pense que…, est-ce que vous êtes d’accord ? », « on a remarqué ça dans votre livre… ». 
Au cours d’une séance de préparation de questions, on peut s’appuyer sur l’effet miroir, en proposant aux élèves de répondre de manière personnelle à la question qu’ils ont imaginée (« Et toi, tu répondrais comment à ta propre question ? », avant d’entendre la réponse de l’auteur).

Une interrogation : préparer une rencontre, est-ce seulement préparer des questions ? N’est-ce pas aussi avoir permis aux élèves une lecture sensible du texte, qui leur permettra de se sentir concernés par la rencontre ? 

 
auteur(s) :

Catherine Drouet, Coordinatrice académique Théâtre pour la Délégation Académique à l'Action Culturelle (DAAC)

information(s) pédagogique(s)

niveau : 3ème, --- LYCÉE ---

type pédagogique :

public visé : non précisé, enseignant

contexte d'usage : sortie pédagogique

référence aux programmes :

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