Contenu

éducation artistique et action culturelle

Recherche simple Vous recherchez ...

espace pédagogique > actions éducatives > action culturelle > transversalité > convergences

la presse sous la III République à travers le tableau de P. Legrand

mis à jour le 27/04/2013


lematin_pt.jpg

Le tableau de Legrand propose un choix de titres de presse de la fin du XIXe siècle en lien avec la visite de Nicolas II.

mots clés : République, presse, nationalisme, Nicolas II, amitié franco-russe


IV) Une presse qui fabrique et relaie l'événement


Le kiosque du tableau propose un choix assez complet de titres de la presse de l'époque. S'y côtoient les journaux à très grand tirage de la presse populaire et leurs suppléments illustrés, les journaux d'opinion et d'information, la presse sportive... Au mois d'octobre 1896, tous ces journaux font leurs gros titres sur le voyage du tsar ; ils lui consacrent plusieurs pages agrémentées de nombreuses illustrations. René Girault a calculé que les cinq plus grands quotidiens de l'époque ont consacré entre 40% et 60% de leur surface au voyage du tsar (cit. in D. Lejeune, 2011). L'alliance franco-russe fait recette !

 
L'âge d'or de la presse



 « À la veille de la Grande Guerre, quatre quotidiens à un sou frôlent ou dépassent le million d'exemplaires : Le Petit Journal, Le Journal, Le Matin et Le Petit Parisien, plus fort tirage de la planète (1,3 million d'exemplaires). En 1914, avec près de 10 millions d'exemplaires quotidiens, la presse quotidienne française est devenue la première en Europe, la deuxième dans le monde après les États-Unis. On compte près de 80 quotidiens à Paris, près de 240 en province. »




Les progrès techniques (l'invention du linotype en 1885...) ainsi que ceux de la démocratie et de l'alphabétisation expliquent le formidable essor de la presse à la fin du XIXe siècle. A cela s'ajoute l'esprit novateur des patrons d'entreprises de presse qui ont su adapter leur produit (journal à un sou, introduction de la publicité...) et en moderniser la chaîne de diffusion. Par la publication de romans feuilletons, de reportages, la relation de faits divers et la création de suppléments illustrés, ils réussirent à élargir et à fidéliser leur lectorat.
La lecture de la presse quotidienne s'est répandue d'une façon prodigieuse en France dans les années 1880-90. Elle s'accompagne très souvent d'un phénomène d'identification entre le lecteur et son journal. L'ancien combattant du tableau, plongé dans la lecture de son quotidien, est révélateur de ce nouveau comportement social ; il peut s'intégrer à tout un corpus d'images de la deuxième moitié du XIXe siècle qui ont pour sujet des lecteurs de journaux (Degas, Le bureau de coton à la Nouvelle-Orléans, 1873 ; Vallotton, L'âge du papier, 1898 ; etc.).
Le Matin, 6 octobre 1896 (gallica.bnf.fr)

la une du Matin du 6 octobre 1896

Le Matin, l'un des quatre grands quotidiens à un sou n'est pas visible sur le kiosque de Legrand
 

 
Le pluralisme de la presse

La loi de 1881 sur la liberté de la presse a favorisé en France le développement d'une presse pluraliste. Mis à part L'Éclair et Le Petit Journal qui se veulent non politiques, les journaux en vente sur le kiosque expriment une assez grande diversité d'opinions*. Le Temps, journal libéral et modéré, est réputé pour le très grand sérieux de ses informations. Le Journal et le Petit Parisien sont tous les deux proches des Républicains, Le Petit Parisien se distinguant par son engagement en faveur de la laïcité. La droite est représentée par Le Figaro (conservateur) L'Écho de Paris (droite nationaliste et conservatrice), Le Petit Caporal (bonapartiste) et Le Gaulois (monarchiste). L'Intransigeant d'Henri Rochefort, d'abord proche de l'extrême gauche et opposé aux républicains opportunistes, a ensuite rallié le boulangisme et le nationalisme revanchard tout en demeurant anticlérical ; au moment de l'affaire Dreyfus, il se distinguera par un antidreyfusisme et un antisémitisme particulièrement virulents. Le Vélo, premier grand journal sportif, a comme rédacteur en chef Pierre Giffard qui dans ses éditoriaux prendra fait et cause pour l'innocence de Dreyfus.

* Les journaux de la presse socialiste ne sont pas représentés.
Un autre journal sur le kiosque : La France extérieure



Sur le kiosque, on aperçoit aussi, peu visible, une brochure intitulée la France extérieure, avec sur sa couverture un portrait en médaillon de Dupleix, le malchanceux gouverneur général des établissements français en Inde à l'époque de Louis XV. Cette revue était l'organe du comité Dupleix, un petit groupe de pression partisan acharné de la colonisation, fondé et animé par l'explorateur Gabriel Bonvalot (1853-1933). Le comité Dupleix contribua au ralliement des milieux bonapartistes et monarchistes à la politique coloniale de la République. Indépendant du gouvernement, influent dans les milieux de la presse, il participa activement aux cérémonies du bicentenaire de Dupleix qui constituèrent, au mois de janvier 1897, un moment fort de la propagande coloniale sous la IIIe République.
Avec la gravure des chefs arabes de l'escorte du tsar, la revue La France extérieure est le deuxième élément du tableau évoquant le colonialisme.

 
auteur(s) :

Bruno Hérody, chargé de mission au Musée des Beaux-arts de Nantes

éditeur(s) :

Claudie Ferchaud

ressource(s) principale(s)

vignette1.jpg étudier la Troisième République à partir d'un tableau 26/04/2013
Le tableau Devant « le Rêve » de Paul Legrand, conservé au Musée des Beaux Arts de Nantes,  offre de nombreuses entrées pour étudier la Troisième Républiqu ...
République, 1870, presse, nationalisme, amitié franco-russe Bruno Hérody

haut de page

éducation artistique et action culturelle - Rectorat de l'Académie de Nantes