"Bei
funf!" Combien de fois, aujourd’hui encore, résonne dans
la tête ce "Bei funf!" que je vais entendre tant de
fois. Bei funf : par cinq. C’est qu’en Allemagne, on défile
toujours par cinq, et que toutes nos souffrances, nous les
subirons par cinq. Et toujours : "Bei funf!" "Bei
funf!" . Et nous prenons, à pied, par groupes de cinquante,
le chemin de la gare de Compiègne, où nous allons embarquer. Les
habitants de Compiègne nous voient passer, et ils savent. Ils ont
déjà vu passer de nombreux convois derrière leurs volets à
demi clos, de derrière leurs portes entrouvertes. C’est les
larmes aux yeux qu’ils nous voient défiler. Et nous, nous
chantons, la Marseillaise, même! Et nous arrivons en gare de
Compiègne. Un quai, comme les autres. Sur le bord du quai, un
immense train de marchandises, avec des wagons à bestiaux. "Hommes
: 40, chevaux en long : 8". Aspect accueillant. Bonne
couche de paille à l’intérieur. Portes grandes ouvertes. Nous
nous disons, ma foi, par groupes de 50, dans ces wagons, eh bien,
ma foi, on tiendra le coup. |