Témoignage de Monsieur Giraud sur la déportation à Buchenwald - page 14 / 44
Historique du camp de Buchenwald

   Je vous ai dit que nous avions été arrêtés et mis dans des prisons françaises. Mais, pour arrêter des résistants et les mettre dans des prisons... les prisons étaient déjà pleines de condamnés de droit commun par les tribunaux français, des criminels, des assassins, punis pour viol, pour crimes divers. Tout ce que la population française peut accueillir de plus bas, de plus cruel, de plus horrible, c’est la lie de la population française qui est dans les prisons. Eh bien, pour faire de la place pour y mettre les résistants, les Allemands n'ont fait ni plus ni moins, ils ont vidé toutes les prisons françaises, et ces détenus de droit commun dont je parlerai et, qu'on distinguait parce qu’on leur avait mis au côté un triangle vert - nous étions en effet dans les camps classés en différentes catégories : les résistants, les politiques, les communistes en particulier, qui avaient été arrêtés en masse, nous avions un triangle rouge. Les triangles verts désignaient les droits communs, comme les juifs pouvaient avoir le triangle jaune, et il y en avait bien d’autres, les triangles noirs même, des condamnés à mort. Eh bien, les verts, quand ils sont arrivés au camp de Buchenwald, ils ont été lâchés librement là-dedans, où ils pouvaient satisfaire la cruauté qui était en eux, sans qu'il puisse y avoir aucune répression, au contraire, on ne pouvait que les encourager. Ce fut pour les détenus allemands du camp la période la plus terrible, et pas un n'a survécu à l’arrivée des verts dans les camps de concentration de Buchenwald, et Ravensbrück.