lettres-histoire

Le Discours d'un roi de Tom Hooper sert de fil rouge à l'intervention.

L'objet d'étude  est emblématique du dieu Janus à  2 visages : le spectacle et la parole.

De nos jours bien plus qu'autrefois, on assiste à une mise en scène publique de la parole : le personnage du roi a la nécessité d'exercer son pouvoir par le biais du micro.   

L'objet d'étude ne se limite pas à être un objet esthétique, il est aussi une occasion de « philosopher ».

Un plan en insert dans le film montre Hitler qui représente la rhétorique de la manipulation (on pense également au film de Chaplin, Le Dictateur) / il s'agit du combat de David (le petit roi) contre Goliath (les nazis)

Le propos sous-jacent du film ne vise pas la maîtrise oratoire, la performance articulatoire mais la libération de la parole.

Les techniques de la communication ne sont pas tout ; la parole n'est pas seulement une compétence phonologique, rhétorique. Le bégaiement révèle une parole « qui se dit sans parole ».

Cet aspect du film évoque le détour de la psychanalyse (ce qu'il y a derrière les mots) qui est la matière du livre de  Marie Cardinal, Les mots pour le dire.

Un autre « outil » à utiliser :  Pour un oui pour un non de Nathalie Sarraute. La parole n'est pas seulement une prestation orale : parler n'est pas répéter.

La parole ne se réduit pas à une seule définition : on a des définitions poétique, littéraire, philosophique de la parole.   

Deux types de paroles s'opposent : une parole avec un projet qui peut aller jusqu'à la propagande et une autre parole sans maîtrise ni projet qui est le fruit d'un désir.  Le film marque la capacité de la parole à assumer cette assomption.

A ce titre, on peut mettre en parallèle :

L'Acte inconnu de Novarina  (le début du second acte) : la dimension satirique de la parole publique

et

Les films à procès (Témoin à charge de Billy Wilder, Le Procès Paradine d'Hitchcock, Douze hommes en colère de Sidney Lumet) ;

Les oraisons funèbres (Malraux pour Jean Moulin). 

Un des sujets de la quête rabelaisienne est la parole. Le Tiers Livre de Rabelais présente une succession d'orateurs. Il est un voyage dans le discours = une production langagière à prétention à la signification est l'objet d'un retournement incessant. On n'y trouve pas d'exacte superposition du langage et de la parole. On cause beaucoup chez Rabelais mais il y a faillite du discours (le passage des paroles gelées). Panurge qui craint les infidélités de son épouse ne cherche une réponse que par le discours mais la parole n'est pas du côté de l'assurance, elle est du côté de la vie (la litanie des couillons). Ainsi dans Le Chat Botté, le chat qui parle précède le meunier.

Le théâtre est le lieu de la parole par excellence. Il  est le sujet de la parole, pas seulement le moyen : il ne faut pas limiter le théâtre à un échantillon de répliques, un réservoir de dialogues.  

S'intéresser au quiproquo : l'exemple de L'Avare avec le trésor d'Harpagon (fille et cassette) ; L'exemple de Feydeau  (le dérèglement du discours : derrière l'accident de la conversation, la révélation) ; l'exemple de Shakespeare, grand dramaturge de la parole (Beaucoup de bruit pour rien : comment faire surgir l'amour par la parole ?)

Comment accéder à la parole par le langage du corps ?  Passer par des films muets : L'Aurore de Murnau, L'Heure suprême de Borzage, les « Charlot »...)