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écriture longue

mis à jour le 21/11/2011


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Une modalité d'écriture qui fait progresser réellement TOUS les élèves

Certains élèves savent écrire correctement, raconter des histoires, exprimer un point de vue, .... D'autres non. Ces derniers cumulent en général les difficultés : ils n'ont pas d'idées, il leur manque des mots, ils ne savent pas les orthographier, ils ont du mal à construire des phrases cohérentes ...

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mots clés : didactique, lycée professionnel, écriture


L'écriture longue :
Une modalité d'écriture qui fait progresser réellement TOUS les élèves


Certains élèves savent écrire correctement, raconter des histoires, exprimer un point de vue, .... D'autres non. Ces derniers cumulent en général les difficultés : ils n'ont pas d'idées, il leur manque des mots, ils ne savent pas les orthographier, ils ont du mal à construire des phrases cohérentes ...
L'écriture longue est en mesure de répondre à ces deux profils d'élèves, d'amener les premiers à approfondir leur maîtrise de l'écriture et faire acquérir, aux seconds, des méthodes de travail qui les feront progresser durablement et dont ils vont percevoir très vite l'intérêt.

Un investissement sur du long terme
L'écriture longue tire son nom du temps qu'il convient de lui réserver ; une dizaine d'heures entre un premier jet d'écriture, des séances d'approfondissement, la reprise des travaux et la touche finale apportée au produit fini. Cependant, il ne s'agit pas pour l'élève de produire obligatoirement in fine un texte long.
En réalité, l'écriture longue va s'attacher au processus d'écriture davantage qu'à la production. Elle permettra d'apprécier et donc d'évaluer positivement, chez l'élève et avec lui, les progrès réalisés entre son premier jet d'écriture et sa production finale.  
Un processus en marche au service de la réussite
L'écriture longue débute par un travail de rédaction. L'élève est sollicité dans le cadre d'une consigne d'écriture pour raconter, décrire, expliquer  voire argumenter... C'est le premier jet. Chez les élèves les plus faibles, la copie pourra parfois compter moins de dix lignes dans un français approximatif, tandis que les meilleurs auront déjà répondu avec succès à cette tâche.
Or, le travail ne fait que commencer. En effet, à l'issue de ce premier jet, le professeur va troquer sa casquette de magister et son stylo rouge pour devenir un lecteur.
Un nécessaire dialogue entre un lecteur et un scripteur
Au meilleur élève, il va suggérer des pistes d'amélioration, par exemple : « tu devrais développer davantage la personnalité de ton personnage », « tu devrais montrer dans tes dialogues que ton personnage n'est pas d'accord avec son interlocuteur même s'il dit le contraire ».
Au plus faible, de la même manière, il va sélectionner des pistes de remédiation, 1 ou 2 pas plus, en lien avec la capacité à raconter si tel est le projet de l'écrit. Ainsi, il va le conseiller peut-être plus précisément  à travers des indications comme : « tu devrais décrire ton personnage à cet endroit de ton texte », « tu devrais insérer un dialogue entre x et y à un tel autre endroit ». Ces annotations sont précieuses car elles vont guider l'élève et l'amener à comprendre plus précisément ce qu'on attend de lui. Or, quand on sait ce que l'on veut dire, on le dit mieux.


Une mise en relation étroite entre écriture et lecture
Néanmoins, les consignes de remédiation seules ne sont pas suffisantes surtout quand l'élève n'a pas de ressources propres (vocabulaire insuffisant, difficultés syntaxiques, manque de références). Alors, à l'occasion de cette étape de relecture du premier jet, le professeur va et doit assortir ses recommandations d'incitations à la lecture.
C'est ainsi que, pour le meilleur élève, il pourra compléter sa consigne de réécriture avec un référencement de textes à lire : « tu devrais développer davantage la personnalité de ton personnage aussi, je te joins x textes (courts) dans lesquels tu pourras trouver des idées », « .... Je t'invite à relire les textes 2 et 3 de la séquence Z pour voir comment l'auteur s'y prend pour faire penser son personnage ... ».
Pour le plus faible, cette deuxième partie de consigne de réécriture est ESSENTIELLE  car il n'a pas forcément les mots pour écrire. Alors le renvoi à des textes, à la LECTURE, va lui permettre d'en comprendre son utilité pour nourrir son propre discours. La consigne pourra être : « Pour t'aider dans la description de ton personnage, choisis parmi les x textes (courts) de ce corpus, celui qui te plait le plus et prend le comme modèle, choisis dans les autres textes, des mots, voire des phrases que tu pourras insérer dans ton propre récit ».

Une posture d'apprenant confortée et valorisée
L'écriture longue évalue un processus de réécriture. Le deuxième jet est donc un moment crucial pour l'élève et pour le professeur. Ils vont pouvoir vérifier tous les deux et en même temps que les consignes données améliorent le contenu du 1er jet. La posture de l'élève s'en trouve modifiée : il peut se rendre compte de sa marge de progrès surtout quand le professeur accompagne ses recommandations de gratifications comme par exemple ce professeur qui veillait à valoriser la prise en compte des consignes par des points de bonus. La posture de l'enseignant est également différente, il gère un groupe classe (une même consigne de travail), mais avec un regard individualisé. Il ne donne pas une réponse mais des pistes de travail et de recherche, des axes de réflexion à son élève qui les gère dans une relative autonomie.
A l'issue du deuxième jet, une dernière phase de dialogue s'instaure entre le professeur et son élève. C'est la question de la mise au propre. L'élève a montré sa compétence à retravailler le contenu de son écrit, il va maintenant reprendre certains points mais surtout donner une forme à son texte qui en facilitera la lecture. A cet égard, l'usage de l'outil informatique est déterminant notamment pour les élèves en grande difficulté. Il ne s'agit pas de retrouver un texte corrigé de toutes ses fautes d'orthographe (dans certains cas, c'est illusoire) mais de donner des priorités de correction et d'attendre un produit fini lisible.

Un bilan d'expériences très positif
Les puristes pourront certes s'offenser du sort réservé au texte d'auteurs, découpés, recopiés partiellement, amputés parfois mais l'expérience a démontré que des élèves en très grandes difficultés scolaires avaient acquis des réflexes méthodologiques et progressé réellement en grammaire (correction syntaxique, acquisition de lexique). L'investissement personnel de l'élève dans un écrit qu'il « apprivoise » progressivement lui fait prendre conscience du fonctionnement de la langue à travers la manipulation de phrases d'auteurs. L'apprentissage est long, le retour vers la lecture difficile car il doit sans cesse être légitimé dans l'exercice d'écriture. Aussi l'enjeu de l'écriture longue est bien dans le lien étroit tissé entre la lecture et l'écriture, entre l'écriture et la lecture. Le texte étudié en classe prend ainsi tout son intérêt s'il est réinvesti dans l'écriture. L'élève pourra, sur du long terme, se constituer ses propres bases de données pour mieux écrire et construire son propre parcours de lecteur/scripteur.
L'écriture longue a beaucoup fait progresser les élèves en lycée professionnel, certains très fâchés avec l'enseignement du français. Cette modalité d'écriture est une épreuve phare du CAP. Elle est la meilleure illustration que la notion de compétence est tout à fait compatible avec l'enseignement du français dès lors que l'on mette l'élève en projet dans des tâches complexes, qu'on lui donne des armes (des modèles, des idées, des mots), des ressources (culturelles notamment), qu'on le laisse réfléchir, interagir face à ses propres difficultés, qu'on établisse un dialogue constructif avec lui. L'écriture longue s'inscrit parfaitement dans la logique de validation des compétences du socle.
Cette expérience d'écriture est un moyen pour lutter contre le fatalisme scolaire et réconcilier les jeunes les plus en difficulté avec les fondamentaux de la langue.
 
auteur(s) :

Marie-Danielle Minier, inspectrice

information(s) pédagogique(s)

niveau : 3 PVP-MDP6, , cap

type pédagogique : démarche pédagogique

public visé : enseignant

contexte d'usage : classe

référence aux programmes :

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