Cet ouvrage se penche sur les élèves de lycée professionnel, parfois en grande difficulté scolaire, sur leur perception des œuvres et leur résistance à la lecture en classe.
La lecture en lycée professionnel est un domaine délaissé par les études littéraires et plus généralement par les recherches sur la lecture. Effectivement, à quoi sert-il d'étudier la lecture de non-lecteurs ? Pourquoi observer des lecteurs relevant d'une culture populaire aux contours flous, considérée souvent comme une sous-culture, illustrée par le succès de best-sellers ? Faut-il renoncer à faire lire les élèves de lycée professionnel parce qu'ils n'aiment pas cela, et accepter l'idée que l'école les détournerait de la lecture ?
Les protocoles décrits sont issus des recherches actuelles en didactique de la lecture littéraire fondée sur le sujet lecteur, invitant celui-ci à exprimer sa lecture subjective des œuvres afin de ne pas cantonner l’accès à la culture à une affaire d’héritage familial. En observant sur trois ans la manière dont lisent les élèves - ils braconnent dans les textes et bricolent les éléments de connaissance qu'ils y trouvent - on perçoit qu'une part de l'essence même de la lecture, l'expérience, est accessible aux non-lecteurs même si elle emprunte souvent des chemins singuliers. On saisit alors ce qui fait accéder lecteurs et non-lecteurs à une certaine « performance scolaire ».
Stéphanie Lemarchand, Devenir lecteur. L’expérience de l’élève de lycée professionnel, Presses Universitaires de Rennes/Paideia,en 2017, préfacée par Annie Rouxel, avec le soutien de l’université Rennes 2.