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mis à jour le 10/05/2012
Objet d'étude :construction de l'information
Séquence mineure seconde bacpro : du fait divers au film d'auteur Problématique : comment deux cinéastes s'emparent-ils d'un fait divers pour donner leur vision du monde ?Questions du programme : les médias disent-ils la vérité ? Peut-on vivre sans s'informer ?
mots clés : Seconde Bac Pro, construction de l'information, fait divers
Les éléments de réponse résultent des réponses des élèves. Ils sont modulables en fonction des réponses des élèves.
Les deux films étudiés ont obtenu le prix de l'Education nationale. Elephant a également été récompensé du prix de la mise en scène et de la palme d'or au Festival de Cannes.
Dominante lecture
ELEPHANT, Gus Van Sant
Lire un premier groupement d'extraits
(les meurtriers : des explications ? trop d'explications ?)
- Les élèves ont visionné le film
- Les élèves répondent aux questions : quoi ? (de quoi parle le film ?) et pour quoi ? (quels sont les enjeux et les objectifs du film ?). Les réponses invariables précisent que le film, qui s'inspire d'un fait divers, dans sa plus grande partie, suit quelques adolescents américains dans un lycée, pendant l'heure qui précède un massacre commis par deux d'entre eux et que l'une des principales visées de Van Sant est de dénoncer la violence, tout en expliquant les raisons du massacre.
- Le travail sur deux groupements d'extraits permet de vérifier la pertinence de la réponse des élèves.
· Qu'est-ce qui justifie ce premier groupement d'extraits? Au-delà de l'unité réalisée autour de la présence physique des meurtriers dans la plupart des extraits, la réponse attendue, pas si évidente que ça pour les élèves, est que les 11 extraits ont comme point commun de donner des explications au massacre.
· Retour sur le groupement avec une attention particulière pour les extraits 1, 2, 3 et 6 parce qu'ils proposent une « explication purement cinématographique »
1) Alex est le souffre-douleur de la classe (vengeance). Une autre explication peut être avancée en s'appuyant sur la manière dont est filmée la scène : un panoramique va du prof à l'élève qui pose une question et, après un léger recadrage, le mouvement de la caméra se poursuit jusqu'à Alex, victime de boulettes de papier : le prof est relié par la parole et le mouvement de caméra à l'agresseur et l'agresseur à sa victime. L'absence de lien direct entre Alex et le prof, sous la forme d'un plan d'ensemble par exemple qui les placerait dans le même cadre, est peut-être aussi la marque de l'absence et de l'aveuglement des enseignants.
2) L'agoraphobie ou plus simplement le malaise (ou mal-être) d'Alex sont traduits par un léger travelling arrière, traduction d'un vertige et par une amplification du bruit de la salle de restauration, qui n'est plus le son in mais un son « mental ».
3) L'influence des jeux vidéo violents. Qui appuie sur la gâchette ? un personnage « réel » = Eric, un personnage dans le jeu vidéo ? La caméra subjective et le cadrage étroit autorisent la confusion. Dans tous les cas de figure, Eric est dans le jeu, il n'est plus en prise avec la réalité. Chez lui, mondes virtuel et réel se confondent.
4) La frustration de ne pas réussir à bien jouer du piano et la facilité à se procurer des armes sur Internet
5) L'influence de l'orage sur le caractère
6) L'absence des parents ou tout au moins la difficulté de communiquer entre les générations est marquée par la caméra à hauteur des adolescents et par la profondeur de champ
7) Une fausse explication : l'influence du nazisme
8) L'irresponsabilité de la livraison des armes
9) Une explication en question : l'homosexualité ? (frustration)
10) La haine des élèves sportifs (vengeance)
La démission de l'administration (vengeance)
· Que peut-on en conclure ?
Au final, au moins 11 « bonnes » raisons d'accomplir un massacre ! !
Le nombre et la nature des explications sont suspects. En fait, Van Sant ne nous impose aucune explication ; il propose des pistes. A nous, après avoir fait le tri des pistes plausibles, hypothétiques et erronées, de faire un choix. Il n'existe pas sur cette affaire une vérité mais plusieurs, s'il en existe une.
Joël Jauze, professeur lettres-histoire, lycée charles Cros.
niveau : 2nde professionnelle,
type pédagogique : préparation pédagogique
public visé : enseignant
contexte d'usage :
référence aux programmes : construction de l'information
lettres-histoire - Rectorat de l'Académie de Nantes