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la chute du mur de Berlin et le rideau de fer

mis à jour le 05/02/2012


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réflexion pédagogique et didactique sur la chute du mur de Berlin dans "le monde depuis le tournant des années 1990".

mots clés : mur de Berlin, rideau de fer, bloc soviétique, bipolarité du monde


La situation "la chute du mur de Berlin" dans le sujet d'étude "le monde depuis le tournant des années 1990" fait ici l'objet d'une double réflexion didactique et pédagogique quant à la place de l'anecdote personnelle (d'un fait, d'un ensemble de faits ou d'une situation, vécus par l'enseignant) dans le cadre du cours d'histoire ou de géographie.

Le vécu dans le récit historique


L'utilisation du vécu dans  le récit historique  me paraît présenter un triple avantage didactique et pédagogique:                                                                                                

- elle donne du corps, de la chair, de "l'épaisseur historique" à l'événement relaté (de l'introduction ou de la réintroduction du récit en histoire...)

- elle permet par ailleurs de structurer le récit historique en tissant un maillage chronologique parlant pour les élèves (et sans chronologie, point d'histoire) puisque centré sur l'âge de l'intervenant: né en 1958, le professeur a alors 22 ans lorsqu'il relate l'anecdote vécue en 1980 sur le " rideau de fer ", quelque part en haute Autriche (où ?) à la frontière de la Tchécoslovaquie (c'est où ? Quelle est la différence entre le rideau de fer et le mur de Berlin ? Pourquoi évoquer cet épisode somme toute personnel et quel rapport peut-il y avoir entre cette lointaine anecdote et les événements des 8/9 novembre 1989?) Précisons encore qu'à cette date-là, l'URSS de Leonid Brejnev  a envahi l'Afghanistan depuis un an, et qu'au moment où j'arpente la forêt de Bohème, cinquante-six pays boycottent les XIXe J.O de Moscou, jetant un coup de froid supplémentaire sur les rapports est-ouest au coeur de l'Europe divisée. Et pourtant ! Nous ne sommes plus qu'à neuf ans de la chute du mur et à onze années de l'effondrement total de l'URSS puis de ses " satellites " (ce qui comparé à l'échelle du " temps long historique " pourrait nous autoriser à évoquer une quasi immédiateté de la fin des blocs)

- elle pose toutefois le problème du statut du témoignage, de celui du document éventuellement proposé en lien avec l'anecdote : le témoignage est-il crédible ? En quoi apporte-t-il un réel éclairage à la situation d'étude ? Le point de vue adopté est-il objectif ? Partiel ? Partial ?  Ici l'enseignant se mue d'une certaine façon en témoin (voire en acteur) de l'histoire qu'il enseigne à ses élèves : à lui de bien mesurer ce qu'il leur livre ou ne leur livre pas avec pour objectif  final de leur rendre accessibles les notions et concepts d'une question complexe au travers de l'expérience relatée.

Le rideau de fer à la frontière austro-tchèque, juillet 1980
 

 

L'anecdote personnelle

 



En 1980, j'effectue une randonnée en haute Autriche dans une zone forestière proche de la commune de Oberhaag (route L 590) à proximité de la frontière avec la République populaire socialiste de Tchécoslovaquie et du barrage de Dolni Vitavice (voir aussi l'équivalent autrichien de notre Géoportail - aller à l'onglet "zur Karte" puis Oberösterreich, puis Linzland, puis Rohrbach - différentes couches peuvent être présentées ou masquées avec les fonctions basiques relief, plan, satellite et mixte).

Au détour d'une route forestière, une barrière puis un tas de bois obstruent le chemin et dans les herbes folles du sous bois... un panneau rouillé et à peine lisible indique que je viens de pénétrer en Tchécoslovaquie ! Est-ce là l'obstacle infranchissable qui divise l'Europe et " emmure " les populations des pays satellites de l'URSS ?  Silence des élèves, perplexité et interrogations ? Les réponses fusent : " oui mais c'était la forêt... vous n'aviez peut-être pas vu tous les obstacles cachés par les arbres... " Il est vrai (je poursuis alors le récit) que dans les minutes qui suivent, je finis par distinguer le sommet d'un mirador isolé, défraîchi et brinquebalant,  masqué par l'épais feuillage : un garde frontière m'observe à la jumelle, puis surgit une patrouille qui, restant à distance, me fait signe mollement de rebrousser chemin. Au coeur du regain de tension est-ouest des années 1980, l'attitude des soldats tchèques me semble pour le moins... dénoter du zèle vélléitaire des Vopos est-allemands à moins de cent kilomètres au nord-ouest, sur la " grenzgebiet " interallemande...    

 

La remarque des élèves est pertinente. L'oeil de l'observateur ne perçoit que la " surface émergée " du dispositif frontalier. Toutefois, un élément capital a échappé à l'ensemble de la classe : le rideau de fer (comme le mur de Berlin) n'est pas conçu pour être abordé d'Ouest en Est mais bien entendu pour dissuader quiconque de tenter d'en franchir les obstacles successifs d'Est en Ouest ! Je ne dois pas être le premier randonneur occidental à " passer à l'Est " par mégarde... La vraie réponse m'est fournie quelques minutes plus tard, du haut d'une tour d'observation autrichienne, modeste attraction touristique au sommet de laquelle s'offre l'impressionnant dispositif en profondeur adossé au lac et au barrage de Dolni Vitavice. Le croquis proposé ci-dessous peut d'ailleurs être travaillé à l'aide du TBI.

Dix ans après cette anecdote de voyage, l'ouvrage défensif construit de la Baltique à la Mer noire s'effondre : les cercles concentriques ou l'emboîtement des poupées russes peuvent servir de métaphore pour décrire les quatre phases du mécanisme qui conduit à la " chute " du mur en cette mémorable nuit du 9 novembre 1989. Il est vingt heures trente cinq au point de passage "Bornholmerstrasse". La foule se masse au poste frontière criant "Tor auf!" . L'atmosphère d'abord bon enfant devient rapidement électrique. Si les Vopos, déboussolés par l'absence d'ordres clairs, ne réagissent pas, c'est qu'à l'échelle locale et nationale c'est la débandade. (Voir Günter Schabowski) : " Nous avons donc décidé aujourd'hui de prendre une disposition qui permet à tout citoyen de la RDA de sortir du pays par les postes-frontières de la RDA. " annonce un Günter Schabowski (porte parole du gouvernement d'Egon Krenz) hésitant et perdu dans ses papiers... Les citoyens est-allemands n'auront plus besoin de fuir par la Tchécoslovaquie ou la Hongrie (où le rideau de fer est devenu un véritable gruyère). Enfin, c'est le grand frère soviétique qui lâche le régime le plus dur et le plus orthodoxe du bloc de l'Est. Dans une course aux armements ruineuse pour l'URSS et alors que l'économie soviétique est au bord de l'asphyxie, Mikhaïl Gorbatchev lâche du lest sur le terrain emblématique de la confrontation des blocs depuis 1947.

 
auteur(s) :

P. Bergès, PLP Lycée G. Lesnard 53 Laval

information(s) pédagogique(s)

niveau : Lycée professionnel tous niveaux, , 3 PVP-MDP6,

type pédagogique : scénario, séquence

public visé : enseignant

contexte d'usage :

référence aux programmes : Programme de terminale bac pro histoire, le monde depuis le tournant des années 1990, la chute du mur de Berlin

ressource(s) principale(s)

bac pro 3ans.gif mises en ligne terminale bac pro 3 ans 16/05/2011
Rappel des mises en ligne effectuées concernant le nouveau programme de terminale bac pro 3 ans
programme terminale bac pro 3 ans Thomas Doublier

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