En quoi l'événement est-il marqué du sceau de l'état français ?(dans sa volonté affirmée de l''inscrire dans une rupture totale avec les principes et les pratiques politiques de la troisième république).
Si l'antisémitisme n'est pas un phénomène nouveau en France (il s'exprime avec une tonalité aiguë dans les années trente et exacerbe les positions les plus intransigeantes sous le front populaire- attaques personnelles contre Léon Blum, suicide de Roger Salengro, suractivité des ligues, multiplication des brûlots dans la littérature d'extrême droite...), il s'agit de montrer aux élèves qu'à partir de juillet 1940 (
et surtout du 3 octobre 1940) il glisse d'un antisémitisme d'opinion à un antisémitisme d'état, revendiqué, assumé et juridiquement établi. Au delà du pathos suscité par la médiatisation du fait historique récemment porté à l'écran ("la Rafle" de Roselyne Bosch 2010), il est nécessaire d'inscrire le sujet d'étude dans "l'épaisseur historique".
Certes, l'arrestation des juifs de France, leur regroupement au Vel d'Hiv, puis leur transfert vers les camps dits de "transit" puis d'extermination, est à replacer dans la "solution finale" voulue par Hitler et les principaux dirigeants nazis après la conférence de Wannsee.
Toutefois, et c'est là sans doute l'optique choisie par le nouveau programme bac pro,
la responsabilité du régime de Vichy est pleinement engagée à la fois dans les choix opérés (
la question des enfants juifs) et dans le déroulement des opérations (laissées à la discrétion de René Bousquet et de la
préfecture de police de Paris) En cela, jamais aucun gouvernement de la République n'aurait pu mettre en oeuvre une telle politique discriminatoire, xénophobe et génocidaire.
Bien sûr, Paris est occupé, les autorités allemandes exercent une pression politique, morale et physique sur Vichy mais il faut dire et redire la responsabilité de Pétain, de Laval et de bien d'autres dans la rafle du 16 juillet 1942 comme semblent l'indiquer les documents d'archives récemment dévoilés par Serge Klarsfeld concernant les
annotations manuscrites du Maréchal sur les lois portant statut des juifs. De sa propre initiative, Pétain revisite ses frustrations passées en élargissant l'exclusion des juifs à "tous les membres du corps enseignant", visant en particulier le corps des instituteurs, fustigé pour son "pacifisme" et sa "responsabilité dans l'affaiblissement du moral de la nation". Le vainqueur de Verdun a la rancune tenace.