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Slumdog millionnaire, la diversité du monde.

mis à jour le 22/10/2009


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Étudier le thème 4 "Culture mondiale et pluralité des cultures" en CAP au travers de la fiction cinématographique "Slumdog millionnaire"

mots clés : influence culturelle, civilisation, diversité, CAP


Problématique et piste de travail

 
Comment aborder le thème 4 du programme CAP "Culture mondiale et pluralité des cultures contemporaines" et son sujet 1 "la prédominance de la culture américaine" autrement que par la sempiternelle étude de cas consacrée à l'empire Mac Donald's, symbole s'il en est de l'impérialisme culturel U.S?
La piste de travail suggérée ici propose une autre direction. Pourquoi ne pas partir d'un film à succès: "Slumdog millionnaire" pour faire réfléchir les élèves sur ces notions complexes "d'influence culturelle" et "d'aires de civilisation" (avec l'implicite, sujet à débat et donc contestable, de l'existence de modèles antagoniques qui se livreraient une lutte d'influence sans merci pour la domination culturelle de la planète)
 
Le premier argument en faveur de cette piste de travail est de combattre les "topiques": "l'Afrique est un ...pays pauvre"/ "L'Inde est l'un des pays d'Afrique les plus faméliques ..." (si tant est que les élèves possèdent des représentations mentales toutes faites sur ce pays "lointain", déroutant pour nous, paradoxal et forcément complexe). Le hasard fait parfois bien les choses : un élève d'origine pakistanaise, récemment intégré à la classe de terminale CAP bâtiment d'origine Segpa, précise à ses camarades qu'il comprend sans difficultés les dialogues échangés dans la version originale indienne et "qu'en plus, l'Inde n'est pas en Afrique!" Les aires linguistiques, au-delà des rivalités géopolitiques, ont donc bien une existence et les représentations géographiques se construisent d'abord à l'échelle du vécu...  

Le second argument réside dans la construction même de la narration filmique. Un présent dynamique et plutôt ludique (un adolescent issu de l'un des plus grands bidonvilles de Mumbai (Bombay) se retrouve sur le plateau de "Qui veut gagner des millions" (version indienne) et réussit, entre deux interrogatoires musclés de la police locale, à répondre à toutes les questions posées pour remporter finalement 20 millions de roupies) est sans cesse renvoyé à des flash-back traumatiques expliquant le pourquoi du comment. Les distorsions introduites dans la chronologie des événements permettent à l'enseignant de français de travailler sur le "rapport fiction-narration" et sur le sens dégagé par les différentes ruptures traitées d'ailleurs de manière plus ou moins elliptique.

Le dernier argument repose sur la richesse des activités pédagogiques mises en oeuvre, depuis le repérage d'informations, en passant par la lecture de carte ou d'image, pour finir par la construction d'un paragraphe de synthèse à partir d'une consigne d'écriture précise.
 

Quelques axes de travail

 
 
Repérage d'informations :

Où se situe l'action ? Dans quel pays? Sur quel continent? A quelle "aire de civilisation appartient ce pays?" (Carte des grandes civilisations du monde, in Manuel CAP Nathan technique, p 176). Comment se manifeste l'influence culturelle anglo-saxonne dominante? ("Le poids de l'Amérique dans la production et la diffusion des images est écrasant [...] Dans le domaine du cinéma, les succès mondiaux sont, à quelques exceptions près, produits aux Etats-Unis par les sept grands studios d'Hollywood..." J-M Gaillard, "Les Etats-Unis sont-ils les maîtres du monde ?", les Collections de l'Histoire, février 2000)
Oui mais voilà, Slumdog millionnaire parle du cinéma indien et de la passion des populations des bidonvilles pour les stars de "Bollywood". Sur les champs de détritus du bidonville de Dharavi, les gamins se battent pour obtenir un autographe d'une grande star indienne du cinéma populaire. Il y a bien une vie en dehors du cinéma américain !
Jamal Malik dans les latrines de Dharavi
 
De même, à partir des thèmes abordés sur le plateau de "Qui veut gagner des millions" (eh oui! ça existe aussi en Inde, illustrant de fait l'idée d'une culture mondialisée, diffusée à l'initiative des concepteurs anglo-saxons ou "occidentaux" au sens large) un relevé du contenu culturel permet de cerner quatre types de questions :
 
  • celles relevant d'une culture "identitaire": les attributs du Dieu "Rama", le nom d'un grand poète ou d'une star de "Bollywood" 

  • celles relevant d'une "culture mondialisée": l'effigie du président américain sur le billet de 100 dollars, l'inventeur du revolver... (au passage, si Jamal Malik se souvient que c'est "Benjamin Franklin qui figure sur le billet" c'est plus en raison d'une expérience personnelle douloureuse que d'une connaissance raisonnée... Il ignore d'ailleurs qui est "Gandhi" sur le billet de 1000 roupies...)

  • celles relevant du passé colonial de l'Inde : le joueur de cricket le plus performant du siècle, Oxford et Cambridge avec leurs squares respectifs, le Loch Ness et la ... panse de brebis farcie (ça c'est pour la plateforme d'assistance délocalisée en Inde pour laquelle travaille Jamal Malik)
  •  celle relevant d'une culture "populaire" ayant absorbé un apport étranger : les Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas "enseignés" dans une classe populaire du bidonville de Dharavi ? (L'élève pakistanais n'a jamais entendu parler de cet auteur dans sa scolarité à Islamabad). Il est fort à parier que l'oeuvre est davantage mentionnée en ce sens qu'elle sert le propos du film, le trio Salim, Malik, Latika correspondant à celui formé par Porthos, Athos et ...Aramis? les Trois Mousquetaires faisant l'objet d'ailleurs de la dernière question à vingt millions de Roupies...

Pour conclure sur ces apports culturels, perçus à travers la fiction, une culture dominante n'efface pas l'autre... des signes tangibles de l'influence américaine  : le Coca-cola utilisé pour appâter Jamal et Malik, orphelins après les émeutes tuant leur mère, cohabitent avec la permanence d'une forte culture populaire : l'alimentation traditionnelle avec les "Chapati", le riz, dans le restaurant où travaillent les deux adolescents/ le sandwitch-ketchup exigé par le truand enrichi dans la spéculation foncière s'emparant des friches urbaines de Mumbai
 

Travail sur la carte et l'image

L'unité et la diversité du monde se mesurent-elles dans la configuration de l'espace urbain ? Mumbai ressemble-t-elle à la plupart des grandes agglomérations des pays "émergents" ? L'immense bidonville de Dharavi est-il à l'image de ceux du Caire, de Lagos ou de Rio de Janeiro ? Y a-t-il une spécificité indienne dans les formes d'habitat ? Partant d'une photographie récente publiée dans "Paris Match" et d'une carte des espaces urbains de la région métropolitaine de Mumbai,  les élèves sont amenés à travailler sur les formes d'habitat coexistant dans l'agglomération.

Les images du film corroborent les indications fournies par la carte. Dharavi suscite bien des convoitises entre le nouveau centre directionnel (CBD), le coeur historique en voie de gentrification et le littoral investi par les hôtels et les résidences de luxe:  les caïds s'emparent de la spéculation foncière et les gratte-ciel poussent à la place des cahutes en tôles ou en carton. Ces dynamiques urbaines se retrouvent certes dans la plupart des métropoles ou des mégapoles du monde mais la spécificité indienne est également présente par l'échelle des populations et des espaces concernés, par les contrastes et les paradoxes forts marquant notamment la vie au sein du plus grand bidonville de l'Asie du sud. 
 
auteur(s) :

Patrick Bergès, LP G. Lesnard, Laval

information(s) pédagogique(s)

niveau : cap, Lycée professionnel tous niveaux, ,

type pédagogique : leçon

public visé : enseignant

contexte d'usage : non précisé

référence aux programmes :  Culture mondiale et pluralité des cultures contemporaines (Thème 4) sujet n°1 (unité et diversité du monde) 

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