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la littérature contemporaine au travail

Dire, écrire, lire le métier

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Dans le cadre de la transformation de la voie professionnelle, Marie FONTANA VIALA, professeure au lycée Lamartine de Paris, est intervenue auprès des formateurs académiques pour aborder la littérature contemporaine et sa place dans les nouveaux programmes. Une bibliographie est également proposée.




La littérature contemporaine au travail
Académie de Nantes - Angers - mercredi 15 mai 2019 
 
 



QU’EST-CE QUE LA LECTURE CONTEMPORAINE ? Propositions pour la lecture et l’enseignement. 

 

LE RECIT CONTEMPORAIN

Le récit contemporain suscite des résistances internes plus ou moins conscientes. La recherche des textes contemporains nécessite du temps. Se pose également la question de la valeur de la littérature contemporaine sur laquelle nous n'avons pour l'instant aucun recul. Les auteurs sont vivants, ce qui peut poser un problème éthique, voire juridique (cf. le procès Marie Darrieussecq et Camille Laurens pour plagiat psychique). Le récit contemporain fait pourtant écho aux « classiques ». En effet, il comporte des formes qui renvoient aux textes patrimoniaux et offre une passerelle vers d'autres registres, tel le réalisme par exemple, tout en posant de nouvelles interrogations et interprétations. Le récit contemporain permet ainsi de reprendre et d’affiner la lecture de textes classiques.
 
Pour définir le récit contemporain, le critère chronologique n’est pas suffisant, ni celui de genre. Ainsi, Ravel et Je m’en vais de Jean Echenoz est une biographie fictive ou une bio-fiction.
Trois catégories de textes émergent selon Viard et Vercier in La littérature au présent
La littérature consentante s’apparente à “un art d’agrément voué à l’exercice de l’imaginaire romanesque et aux délices de la fiction”. La littérature concertante “fait chorus sur les clichés du moment”. La littérature déconcertante se pense elle comme une activité critique, une analyse du monde avec une écriture spécifiquement contemporaine puisqu’il “est impossible de faire apparaître de nouvelles significations en conservant les formes anciennes”. On observe donc une évolution esthétique et éthique dans les manières d’écrire. 
 
Une première rupture émerge après 1945 avec le Nouveau roman. Ce basculement est lié aux interactions entre littérature et sciences humaines. Il déconstruit les piliers de la littérature dès les années 1950-70 : déconstruction du sujet et du récit avec le structuralisme. Cette culture du doute (cf. Alain Robbe-Grillet) croît dans la littérature contemporaine : on ne peut pas faire confiance à notre perception du monde.  Dans ce prolongement, une seconde rupture s’effectue dans les années 1980 avec Sortie d’usine  ; en 1982 L’excès-L’usine ; ou en  1984, L’amant, Vies minuscules et Les tablettes de buis.  Cette littérature “intransitive” selon Viard revient sur quatre tendances :  
- retour sur le réel : l’écriture contemporaine est une analyse critique du réel
- retour sur l’Histoire : l’héritage historique est de nouveau au centre du récit contemporain 
- le sujet (sous l’angle de la faille) revient comme sujet-énigme qui pose question (ex chez Modiano)
- le genre littéraire est renouvelé par de nouveaux genres (autofiction, reportage…)  
 
 

REPRESENTATIONS DU TRAVAIL DANS LE RECIT CONTEMPORAIN : PREMIERE APPROCHE

Trois supports sont présentés par Mme Fontana Viala.
 
a. Extrait du film d’Alain Cavalier, Portraits.
Il est intéressant de questionner la représentation du travail, sa transmission, la question des générations mais aussi les questions de focalisation et de points de vue. Qui est à-même de dire le métier, les savoirs, les mots, les maux ? Quel choix du contenu ? Il est également possible de dresser un portrait (le visage, les outils) par rapport à la vie (la biographie) et d’établir ainsi un lien entre la description et le récit. 
 
 b. R. Linhart, L’Etabli : un récit autobiographique, une démarche idéologique du narrateur (choix de l’engagement).
 
 c. L. Kaplan in L’excès-L’usine présente une écriture fragmentaire dont on peut interroger les enjeux (utilisation du « on », fragmentation du texte comme les pièces fabriquées à l’usine, fragments/répétitions/juxtaposition). 
Que s’agit-il de représenter par cette forme ? Quels sont les enjeux posés par ces choix formels ? (Une existence en morceau ? La pensée morcelée ? La matérialité du temps fragmenté par le rythme de l’usine ? Une forme de poésie ? Une perte de sens ?) Le texte, et notamment les détails, sont à décortiquer, à analyser pour produire du sens (voir site de l’auteur et de l’éditeur : P.O.L). 
 

La littérature du travail/du métier s’inscrit particulièrement dans les quatre tendances du récit contemporain précisées précédemment. En effet, l’écriture du travail s’ancre dans le réel au travers les lieux, les corps, les objets, les gestes qui impliquent des choix de narration. L’Histoire est également abordée à travers l’évolution de la société et du monde industriel, des hiérarchies, des conflits, des anciens et nouveaux métiers (Cf. Martine Sonnet, Atelier 62  : pour faire revivre cet atelier). Le sujet est au centre de la littérature contemporaine ; il se construit / se déconstruit par le travail (voir Ressources humaines de  Laurent Cantet). On peut aussi traiter la question des générations. Enfin, la question du genre est renouvelée et amène à des formes nouvelles de récit ( langue modifiée par le travail, le lexique technique, le jargon managérial, les anglicismes- cf. I. Jablonka, Le corps des autres, collection Raconter la vie,  et E. Clovis, Echantillons-)
 
 
 

LES PERSONNAGES AU TRAVAIL

Madame Fontana Viala établit ensuite un dialogue entre Le quai de Ouistreham de Florence Aubenas et Naissance d’un pont  de Maylis de Kerangal.
La journaliste pose un regard admiratif et tendre sur des femmes qui ont des vies abimées par le travail. Maylis de Kerangal construit des personnages masculins dans Naissance d’un pont dont l’enjeu est littéraire et non réaliste. Son livre fait référence au roman américain de la frontière et reprend la dynamique de la conquête, de l’expérience collective, de l’épopée technique. C’est une ode à la puissance de l’homme (Cf. Zola). 
 

 

ELEMENTS COMPLEMENTAIRES

lien de téléchargement d'un fichierBibliographie des ouvrages de référence et/ou cités.
Bande-annonce du film Numéro Une  ou La Vie moderne  de Raymond Depardon. 
 
 
 
 
 

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