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Aristote et le langage par Véronique Brière

mis à jour le 06/04/2021


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Pour le Plan Académique de Formation de Nantes, Véronique Brière propose de reprendre le séminaire qu'elle a conduit lors des Rencontres philosophiques de Langres, en 2020.

« Objectif de ce parcours par quelques texte du De l’Interprétation :

A partir de quelques passages des textes Aristotéliciens sur la notion de proposition, de phrase, dans lesquelles Aristote thématise une analyse de la signification déclarative, et y détermine la signification de ce qui est dit comme « prédication », attribution de quelque chose à quelque chose, on peut dessiner les marques d’une rupture relative – du moins mesurer le déplacement opéré par Aristote par rapport au contexte platonicien de l’analyse du logos : en construisant les distinctions du discours apophantique, l’opposition entre affirmation et négation, la distinction entre ce dont parle un énoncé, sens de ce qui est dit, et réalité existante, Aristote opère ce qu’on pourrait appeler un certain « tournant sémantique » par rapport à l’approche platonicienne qui apparaît marquée par une sorte de saturation ontologique. En effet, l’analyse du logos vrai chez Platon le conduit à prendre pour modèle de tout logos, le plus petit, le moindre, celui qui se soutient de sa référence à « la réalité existante (ousia) » comme sa condition de pertinence et de consistance comme lorsqu’on dit « Théétète est assis » (Sophiste 263a) : cette ousia nomme et désigne tout à la fois le référent dont on parle « toi, Théetète, qui est ici », son existence supposée ou exigée (sans quoi il n’y a pas de discours, « car un discours qui ne porte sur aucune chose est impossible » ) et le sens (ce qu’on dit « à propos de toi »), mais aussi la conformité même qu’est la vérité puisque dire vrai c’est dire « les choses comme elles sont à propos de toi » (263b) – dire vrai c’est dire l’être, la réalité, « ce qui est » au sens de comme c’est, tel que c’est. A cela s’ajoute le tour ontologique supplémentaire que défendent les « amis des formes » (Sophiste 248a-b) qui vont chercher cette véritable « réalité existante », cette « existence réelle » (ontos ousian) identique à elle-même hors du devenir « qui est toujours différent » : les amis des formes communiquent avec l’existence réelle « séparée » (khoris) grâce aux raisonnements (logismou).

Pour mesurer ce que l’approche aristotélicienne déplace ou reconfigure, il faut donc rappeler quelques éléments de ce qui constitue une sorte de « préhistoire de la proposition » : Platon est en effet aux prises avec l’interdit Parménidéen d’un côté (comment définir le faux si le faux c’est « l’existence » énoncée de ce qui n’est pas ?) et les contradictions Antisthéniennes de l’autre (tout discours est vrai si tout logos, immédiatement, se rapporte à l’être, le désigne, dès lors qu’un nom nomme quelque chose ?) ; Aristote en élaborant ce qu’on pourrait appeler une herméneutique de la déclaration s’autorise à analyser divers contenus de jugement et diverses manières de se rapporter à l’extériorité, à une « réalité » supposée existante (mais qui, peut-être, ne l’est pas), diverses manières de déterminer « quelque chose » (ti) et de le signifier à autrui, avant de savoir si le référent dont je prétends dire quelque chose existe ou non, et de savoir par ailleurs si je que j’en dis est vrai ou non. Dire quelque chose ça n’est ni nécessairement parler d’une chose existante, ni nécessairement en dire seulement son « essence », son être le plus essentiel : le cadre « apophantique » dans lequel Aristote, dans le De l’interprétation, s’installe pour y articuler les oppositions réglées entre propositions (affirmation, négation), les fondements de la contradiction (entre proposition vraie et fausse à propos de la même chose et sous le même rapport) consiste moins à verrouiller le sens des énoncés comme on le pense souvent qu’à l’inverse à démultiplier les formes possibles de ce qui est conçu - et déclaré- comme « déterminant » les choses dont on parle, et dont on prétend faire connaître « quelque chose » à autrui. Le terrain apophantique offre à Aristote l’examen et l’analyse d’un certain protocole de la signification dans lequel il est possible de modaliser diverses manières de se rapporter à l’« être » (comme référence, sens, ou existence et valeur de vérité), et diverses formes possibles aussi de « ce qui » est visé, conçu, attribué, affirmé, délimité, déterminé par les « mots » quand ils sont articulés selon une logique ou une perspective apophantique : quand je dis quelque chose de quelque chose, je ne manipule ni des noms propres de choses, ni seulement des réalités existantes qui auraient toute la même manière d’être ce qu’elles sont – il faut se demander de quoi je dis ce que je dis, en quel sens, et quels liens existent entre ces déterminations ? Les distinctions décisives du sujet et du prédicat (hupokeimenon, katégoroumenon), le statut des distinctions que sont les « catégories » (ousia, qualité, quantité, etc.) n’ont de sens et de portée ontologique qu’à la lumière des enjeux d’une approche sémantique de cette phôné sêmantiké (voix signifiante) spécifique qui détermine diversement « quelque chose » (ti), en prétendant quelque fois porter sur/trancher la question de savoir si quelque chose « appartient ou non » à quelque chose. Les distinctions les plus décisives de l’ontologie (ce que veut dire être, l’existence, l’essence ou l’ousia comme individualité, prennent forme sur ce terrain premier)

On rappellera ici quelques traits essentiels et décisifs de ces analyses.

mots clés : langage, Aristote, logos


Enjeux  philosophiques d'une sémantique de la déclaration :


Véronique Brière

Aristote et le logos : quelques réflexions sur ce que parler veut dire

Langage, Proposition, déclaration, raison : quelques enjeux de l’analyse du logos par Aristote dans le contextes apophantique, politique (et poétique) ?


Autour du De l’Interprétation : enjeux philosophiques d’une sémantique de la
déclaration

    1). Petite préhistoire de la proposition ? archéologie de l’invention de la « phrase » et de la proposition
        rappel du contexte platonicien et des difficultés : de Parménide au sophiste de Platon, enjeux d’une définition du « plus petit logos » (énoncé, discours) : l’être est-il l’unité de mesure de référence du discours ?

    2). Aristote De Int. : une herméneutique de la « déclaration »
        Une analyse apophantique de la signification (ch. 4 et 5) : parler pour dire quelque chose à propos de quelque chose (legein ti kata tinos/apo tinos)

    3). Les « mots » : l’exigence de signification avant la référence à l’être ? (ch. 1, De Anima III,
        la fonction symbolique (et non la désignation) (//De anima III, 3-4, II, 12, III,8
        Signification conventionnelle des mots, Signification propositionnelle (« noms » ou  « rhèmes » ch.2 et 3)
        ch. 3 « en soi être n’est rien » : il ne signifie rien en dehors des compositions et des prédications

Conclusion : portée ontologique ? prédicables, catégories : de nouvelles formes de « choses » à partir des formes déterminées du « sêmainein ti » (cf. RS 22, De I 6, métaphysique ?)


Politiques, I, 2 : le logos, faculté naturelle ou politique ?
L’animal (plus) politique, est-il politique parce qu’il a un langage ou a -t-il un langage proprement parce qu’il vit politiquement (et à cette condition seule) ?

Lien pour télécharger le texte de la conférence de Véronique Brière.
 

Deux autres textes de Véronique Brière pour Langres :


Conférence de Véronique Brière : De quoi l'expérience poétique est-elle le nom ?

Proposition du séminaire pour les Rencontres philosophiques de Langres.
 

information(s) pédagogique(s)

niveau : Terminale

type pédagogique :

public visé : enseignant

contexte d'usage :

référence aux programmes :

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