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Le paradoxe du bon sens ou le cartésianisme à venir par Denis KAMBOUCHNER

mis à jour le 27/11/2008


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Compte rendu de la conférence du 25/01/2008

mots clés : Philosophie, bon sens, conscience


 Conférence de LA SOCIÉTÉ NANTAISE DE PHILOSOPHIE du 25 janvier 2008

Denis KAMBOUCHNER : Le paradoxe du bon sens ou le cartésianisme à venir


    Merci, Denis Kambouchner, pour ce propos à la fois savant et vivant.

    Vous vous référez, d'emblée, au début canonique du Discours de la méthode de Descartes, qui confère une dignité philosophique toute nouvelle au bon sens comme capacité de bien juger, mais en le mettant en tension avec le sens selon Montaigne, qui s'accorde par-devers lui la certitude d'avoir raison alors que Descartes infléchit son propos vers l'exigence de bien appliquer ou mettre en oeuvre, ou en acte, sa puissance de distinguer le vrai du faux, ce qui nécessite une discipline (en reprise d'un thème stoïcien à l'accent plus aristocratique que le partage démocratique du bon sens au premier sens du terme).

    Puis vous distinguez le bon sens, qui est de l'ordre des opérations réfléchies, du sens commun, qui est de l'ordre des appréciations immédiates, le bon sens étant une qualité à la fois native et cultivée, alors que le sens commun se reçoit de l'opinion commune. Cela instaure une relation intrinsèque entre le bon sens et la méthode susceptible d'élever notre nature à sa plus haute perfection lorsque notre esprit s'applique aux plus hautes spéculations qui lui sont accessibles (ce qui trouve un écho jusque chez Auguste Comte).

    Mais n'est-ce pas là une visée présomptueuse, demandez-vous, si elle présuppose que l'on possède la raison selon toute la pureté de sa nature, indépendamment, surtout, de tout enseignement parasite ? En fait, Descartes tient; dites-vous, qu'il vaut mieux avoir étudié un peu (comme Eudoxe) plutôt que pas du tout (comme Polyandre) : l'essence de ce bon sens est donc plus complexe qu'il n'y paraît au premier abord, tendu qu'il est notamment entre la puissance et l'acte, l'innéité et la discipline, ou encore entre la nature et la culture (comme l'on dit aujourd'hui), et même entre la particularité et l'universalité de son champ d'étude tout comme de ses propres démarches. C'est pourquoi le bon sens cartésien a fait l'objet de critiques multiples et pas toujours des plus instruites ni des mieux intentionnées, et qui peuvent le reconduire, paradoxalement, à une vaine scolastique avec laquelle, précisément, Descartes a mis tout son effort à rompre.

    Mais c'est surtout en pays cartésien, insistez-vous, qu'une telle détestation du bon sens selon Descartes s'est développée, d'après le mot pascalien qui le dit « inutile et incertain », ce qui se conjugue bien avec le relativisme inhérent à notre époque, qui ne supporte plus la moindre normativité.

    Vous concluez, « sans aucun suspens » dites-vous, qu'il faut revenir de la lettre, qui parfois peut paraître dogmatique, à l'esprit qui est profondément critique de la démarche même de Descartes, qui, par delà les spéculations métaphysiques, se soucie d'une vérité pratique toujours soucieuse, elle-même, d'intersubjectivité. S'il est un lieu où une telle démarche est au plus haut point requise, c'est bien dans l'enseignement, où rien n'est plus nécessaire que la clarté et la distinction d'une parole assumant, modestement mais résolument, sa propre normativité.



Rédacteur : Joël GAUBERT
 
 

information(s) pédagogique(s)

niveau : tous niveaux

type pédagogique :

public visé : non précisé

contexte d'usage : non précisé

référence aux programmes : philosophie, conscience, nietzsche

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