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T.D. sur l'uniformisation culturelle

mis à jour le 24/01/2001


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Deux séquences de T.D. de deux heures chacune : « Une tendance à l'uniformisation culturelle... qui fait l'objet de résistances ».
Chacune de ces séquences comporte un certain nombre de documents et des questions.

mots clés : mondialisation, uniformisation culturelle


Une production du Graf : Atelier de recherche en Sciences Économiques et Sociales. - IUFM de Nantes -

Animateurs : DESSIOUX Jacques et GÉHANNE Jean-Claude formateurs-animateurs IUFM et responsables de la mise en œuvre du PAF.
Autres membres permanents du groupe : COLAS Jacques, GAUDUCHEAU Jean-Marc, PELLETIER Marc.

Séquence 1 :

Une tendance à l'uniformisation culturelle...

Document 1



Document  2

 

Questions :

1. Comment interprétez-vous ces photos ?

2. Questions de synthèse :

a. Comment pouvez-vous qualifier le phénomène décrit par les documents 1 et 2 ? b. Quelle définition pouvez-vous en donner ?
c. Citez d'autres exemples.

Les principaux vecteurs de la mondialisation

Document  3



Document 4


source : ¨Plantu, Le monde

Document 5

Autour de soi, chacun sent bien que l'alibi de la modernisation sert à tout faire ployer sous l'implacable niveau d'une stérilite uniformité. Un pareil style de vie s'impose d'un bout à l'autre de la planète, répandu par les médias et prescrit par le matraquage de la culture de masse. De la Paz à Ouagadougou, de Kyoto à Saint-Pétersbourg, d'Oran à Amsterdam, mêmes films, mêmes séries télévisées, mêmes informations, mêmes chansons, mêmes slogans publicitaires, mêmes objets, mêmes vêtements, mêmes voitures, même urbanisme, même architecture, même type d'appartements souvent meublés et décorés d'identique manière... Dans les quartiers aisés des grandes villes, l'agrément de la diversité cède le pas devant la foudroyante offensive de la standardisation, de l'homogénéisation, de l'uniformisation. La vitesse a fait exploser la plupart des activités et singulièrement celles liées aux transports et à la communication.
Dans l'histoire de l'humanité, jamais des pratiques propres à une culture ne s'étaient imposées comme modèles universels aussi rapidement. Modèles qui sont aussi politiques et économiques ; par exemple, la démocratie parlementaire et l'économie de marché, admises désormais presque partout comme « rationnelles », « naturelles », et qui participent, de fait, à l'occidentalisation du monde.

                                   Source : I. Ramonet, Le Monde diplomatique, mai 1993.

Questions :
1. Recensez à partir de cet ensemble documentaire les différents vecteurs de la « mondialisation culturelle » évoquée.
2. Pouvez-vous en citer d'autres ?

Les différents processus mis en oeuvre

Document  6

Pour créer une demande mondiale de produits américains, les besoins doivent être à la même échelle. Pour les grandes marques - Coca-Cola, Malboro, Nike, Hershey, Levi's, Pespi, Wrigley ou McDonald's - , vendre des produits américains, c'est vendre l'Amérique : sa culture populaire, sa prétendue prospérité, son imaginaire et même son âme. Le marketing porte autant sur les symboles que sur les biens, et il ne vise pas à commercialiser des produits, mais des styles de vie et des images : le citadin aisé, le cow-boy austère, les stars de Hollywood, un jardin d'Eden sans frontières, la conscience sociale, le « politiquement correct », un univers commercial envahi et souvent - de manière ironique - dominé par les images de la vie des Noirs dans les ghettos. Mais des Noirs genre rappeurs décontractés, à la Michael Jordan, plutôt que du type du marginal vivant de l'aide sociale et promis à la prison.
Les ventes de Coca-Cola ont peu d'avenir chez les buveurs de thé : en Asie, la firme d'Atlanta a déclaré la guerre à la culture indienne du thé. La tradition des longs déjeuners pris à la maison dans les pays méditerranéens fait des obstacles au développement des fast-foods : les chaînes qui s'y implantent actuellement y sapent les valeurs familiales aussi sûrement que les films d'action hollywoodiens. Dans la culture du fast-food, le travail est primordial et les relations humaines secondaires, le rapide prend le pas sur le lent, et le simple l'emporte sur le complexe.

Source : B.R. Barber, Le Monde diplomatique, août 1998. 

Document 7


Document 8 :

A la place des anciens besoins satisfaits par les produits nationaux naissent des besoins nouveaux qui réclament pour leur satisfaction les produits des pays et des climats les plus lointains. A la place de l'ancien isolement et de l'autarcie locale et nationale, se développe un commerce généralisé, une interdépendance généralisée des nations. Et ce qui est vrai de la production matérielle ne l'est pas moins des productions de l'esprit. Les œuvres intellectuelles d'une nation deviennent un bien commun. Le particularisme et la frontière nationale deviennent de plus en plus impossibles ; de la multiplicité des littératures nationales et locales naît une littérature mondiale.

Par le rapide perfectionnement des instruments de production et l'amélioration infinie des moyens de communication, la bourgeoisie entraîne dans le courant de la civilisation jusqu'aux nations les plus barbares. Le bon marché de ses produits reste la grosse artillerie qui bat en brèche toutes les murailles de Chine, et contraint à capituler les barbares les plus opiniâtrement hostiles  aux étrangers. Elle force toutes les nations à adopter le style de production de la bourgeoisie - même si elles ne veulent pas y venir ; elle les force à introduire chez elles la prétendue civilisation - c'est-à-dire à devenir bourgeoises. En un mot, elle forme un monde à son image.

Source : K. Marx, « Le manifeste du parti communiste », 1848.

 

Document n°9 :

Les instances internationales dans lesquelles priment les Etats-nations demeurent centrales, même si elles doivent désormais composer avec les réactions d'un nombre croissant d'acteurs, dans l'ordre de l'économie ou dans des registres nouveaux commme l'écologie, les droits de l'homme, etc. Au total, la globalisation économique ne doit masquer ni le maintien d'une hégémonie des Etats-Unis (seule véritable société monde), ni la capacité des individus et des communautés à choisir leur rapport à la mondialité, y compris dans le refus et le repli identitaire.

Source : J.C. Ruano-Borbalan, Sciences Humaines, Hors-série n°17, juin/juillet 1997

Questions :

1. Expliquez la phrase soulignée et illustrez par des exemples. (document 6)2. Quelles sont les conséquences de la mondialisation ? (document 7)
3. A quel phénomène K. Marx faisait-il référence ? Ce texte est-il toujours d'actualité ? Argumentez à l'aide de l'ensemble du dossier. (document 8)
4. Illustrez par des exemples le passage souligné. (document 9)
 

Séquence n°2 : ... qui fait l'objet de résistances.

1. Sensibilisation

Document n°1 :

La mondialisation se traduit par une certaine homogénéisation des modes de comportements , mais s'accompagne aussi d'une prolifération de toutes sortes d'identités, qui revêtent des masques forts diversifiés : national, ethnique, religieux. Car en réalité (...) la mondialisation dissout les allégeances civiques et nationales, tandis que les relations transnationales dont elle se nourrit favorisent de multiples solidarités porteuses d'identités de substitution. Ainsi , les forces protestataires - j'entends ces nouvelles identités - s'insurgent contre ce nouvel ordre universel dont elles n'arrivent pas à maîtriser les multiples rouages et, frustration et ressentiment aidant, dressent contre ce mouvement, au demeurant irréversible, le spectre des fantômes du passé.

Source : Daryush Shayegan, « Le choc des civilisations », Esprit n°4, avril 1996.

Questions :
1. Illustrez par quelques exemples les différentes formes de revendication identitaire.

2. Pourquoi ce « nouvel ordre universel » entraîne-t-il des mouvements protestataires ?

2. Les mouvements identitaires

Document n°2 :

 Source : L'Histoire, n°248, Novembre 2000

Document n°3 : 
 Dans les sociétés musulmanes déstructurées par l'industrialisation et l'individualisme de la modernité, on voit apparaître et se développer une forme régressive d'affirmation de l'identité perdue. Le fondamentaliste islamique, saisi dans son ensemble, est l'illustration actuelle la plus typique de la percée des mouvements identitaires. La montée en puissance spectaculaire de ce courant ne doit pas cacher d'autres phénomènes du même type, comme l'extrémisme brahmanique en Inde, ou les revendications régionalistes dans les vieux pays d' Europe. Tous ces phénomènes sont suscités par l'échec de la modernisation et résultent des frustrations engendrées par cet échec.[...]
Ce courant est porteur de nombreuses ambiguïtés. Il se nourrit de formidables survivances religieuses culturelles sans lesquelles il n'aurait jamais vu le jour. Il trouve dans la nostalgie d'un passé historique glorieuse, en partie mythique, une force de résistance et d'expansion.
Paradoxalement, la déculturation engendrée par l'Occident (industrialisation, urbanisation) offre les conditions inespérées d'un renouveau religieux [...]. La religion devient la base d'un projet de reconstruction de la communauté. Elle se voit attribuer le rôle d'assumer la totalité du lien social. Les mouvements islamiques intégristes touchent avant tout les villes et les bidonvilles dans les pays où la tradition a le plus souffert des projets industrialistes : l'Iran, l'Egypte, l'Algérie. Les animateurs ne sont pas des notables ruraux ou des esprits rétrogrades, mais des ingénieurs, des médecins, des scientifiques formés par les universités.
Le monde islamique n'a pas le monopole de ces phénomènes. On les retrouve sous leur forme strictement religieuse avec l'hindouisme radical, l'intégrisme chrétien, en particulier dans certaines sectes au Nord comme au Sud. [...] Le discours est égalitaire et reprend le thème de la dénonciation de la «corruption » des dirigeants. L'utilisation politique de la religion est manifeste.

Source : Serge Latouche, « Les dangers du marché planétaire », Presses de Science Po, 1998, pp.19-20.

Questions :
1. Comment peut-on expliquer que les langues régionales restent autant pratiquées aujourd'hui en France ? (document 2)
2. Les langues régionales sont-elles reconnues au niveau européen ?
3. Illustrez par un exemple français les manières dont les revendications régionales se manifestent.
4. En quoi « l'industrialisation et l'individualisme de la modernité » sont-ils facteurs de « déculturation » ? (document 3)
5. En quoi le fondamentalisme religieux est-il attractif et quelles réponses est-il à même d'apporter ? (document 3)
6. Pouvez-vous apporter des précisions sur d'autres exemples d'intégrisme religieux ?

3. Prise de conscience et mobilisation

Document n°4 :

Source : Box Office Guru.

Document n°5 :

Les cinéastes français ont été les premiers à réagir au projet de l'AMI. Pourquoi ? parce qu'ils redoutent qu'il ne remette en cause le système d'aides dont ils bénéficient. Prenons un exemple. Un jeune cinéaste, Paul Dupont, veut tourner un film, mais il ne dispose pas de l'argent nécessaire pour embaucher une équipe de techniciens, payer les acteurs. Il a cependant la possibilité, en déposant un dossier auprès du centre national de la cinématographie (CNC), d'obtenir ce qu'on appelle « l'avance sur recettes » .
Cet argent provient de Fonds public d'aide au cinéma, il est alimenté par les taxes perçues sur les billets de cinéma. Lorsque vous allez au cinéma, que le film soit français ou étranger, 17 % du prix du billet sert à payer les taxes, dont celle allant au Fonds du soutien du cinéma.
Grâce à ce système d'aide, le cinéma français a pu continuer à se développer. Face notamment au cinéma américain. Avec la mise en place de l'AMI , Paul Dupont ne serait plus du tout certain de percevoir cette aide et de réaliser son film. En effet une partie des fonds devrait aller aussi aux producteurs étrangers, tout le monde devant, selon les termes de l'AMI, être traité à égalité.
Les grandes maisons de productions américaines qui produisent des films à plusieurs millions de dollars (voir le Titanic ) n'ont nullement besoin d'une telle subvention pour réaliser et diffuser leurs films. Mais le déséquilibre en faveur du cinéma américain serait aggravé, au risque de voir disparaître la production cinématographique française.

Source : M.Bardel et M. Heurteaux, « Les clés de l'actualité », 26 février - 4 mars 1998.

Document n°6 :


En quelques mois, du sac d'un McDo à Milliau jusqu'au sommet de l'OMC à Seattle, offrant sur son chemin des kilos de roquefort emporté dans ses valises, le Français José Bové, 46 ans, cofondateur de la Confédération paysanne, est devenu le symbole de la lutte contre la « malbouffe ».

Source : Le Monde, Dossiers et documents n°290, Septembre 2000.

Questions :

1. Que constatez-vous à la lecture du document 4 ?

2. Pourquoi les cinéastes français se sont-ils mobilisés contre le projet de l'AMI ? (document 5)

3. Peut-on parler d'une résistance à l'uniformisation culturelle ?

4. Quel était l'objet du sommet de Seattle ? (document 6)

5. Dans quelle mesure ce sommet a-t-il été l'occasion d'une prise de conscience internationale ? Illustrez par des exemples.

Conclusion générale :

Document n°7 :

Parler de mondialisation de la culture est un abus de langage. Cette expression, bien commode au demeurant, devait être bannie de tous discours rigoureux. Cet objet se dissout à l'analyse. Tout au plus peut-on parler de la globalisation de certains marchés des biens dits « culturels » (cinéma, audiovisuel, disque, presse, en particulier les magazines). Confondre les industries de la culture et la culture, c'est prendre la partie pour le tout. C'est privilégier la vessie médiatique des pays industrialisés par la lanterne de tout ce qui n'est pas assez spectaculaire pour émerger dans la zone de captage des médias, et qui fait la substance des cultures du monde. C'est mettre mentalement hors jeu les neuf dixièmes de l'humanité, dont la vie, de la naissance à la mort, a d'autres références que ce qui gravite autour de l'écran cathodique. Que ceux qui sont enfermés dans le monde des industries culturelles ne sen aperçoivent pas n'a rien que de très normal. Ils font preuve d'un ethnocentrisme analogue à celui de toute société plus ou moins close et fortement structurée.

Source : J-P.Varnier, « La mondialisation de la culture », coll.Repères, La Découverte, 1999.

Question :

- Pourquoi ne faut-il pas confondre « industries de la culture » et culture ?

 

information(s) pédagogique(s)

niveau : Terminale ES

type pédagogique : exercice

public visé : élève

contexte d'usage : travail autonome

référence aux programmes : acculturation, différenciation culturelle

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sciences économiques et sociales - Rectorat de l'Académie de Nantes