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Theme 5 : "individus et cultures". Séquence 4 : la socialisation, un processus différencié

mis à jour le 08/09/2010


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Enseignement exploratoire, thème 5, une dernière séquence dans un ensemble de 4 ressources.

mots clés : socialisation, valeurs, normes, famille, ecole


Séquence 4 : La socialisation, un processus différencié


1/ Une différenciation selon le genre (durée prévisible : 1h30) 


Phase de sensibilisation :

Document 1 :

Boris Cyrulnik est neurologue, psychiatre, mais aussi enseignant en éthologie*. Une [de ses] expérience[s] consistait à projeter à deux groupes distincts d'étudiants un petit film montrant un bébé de neuf mois en larmes et à les questionner sur l'origine de ce chagrin: colère, selon les étudiants à qui on avait dit que le bébé était un petit homme ; peur, pour l'autre groupe à qui on avait certifié que le nourrisson était une fille D'autres chercheurs encore ont observé que les garçons étaient davantage stimulés sur le plan moteur, manipulés avec plus de vigueur. Les pères, notamment, adorent faire sauter en l'air leur petit garçon et jouent plus délicatement avec leurs filles. Ainsi s'amorce, en fonction du sexe de l'enfant, un jeu d'attentes et de présupposés. Il ne s'arrêtera plus.

«Comment on élève les filles », Le Point, 31 décembre 1992.

*Ethologie : étude des comportements



Pourquoi les larmes d'un bébé ne sont-elles pas interprétées de la même façon selon qu'on pense que c'est une petite fille ou un petit garçon ?

Parce que chacun a une perception stéréotypée de la psychologie masculine et féminine, de la virilité et de la féminité. Les garçons sont censés s'affirmer et s'imposer alors que les filles sont supposées être plus passives et dociles.


Quelles conséquences peuvent avoir les actes des adultes envers les bébés sur la personnalité des garçons et des filles ?

Les attitudes des adultes contribuent à reproduire les attitudes stéréotypées de chaque sexe. Les garçons sont stimulés sur le plan moteur et ils vont donc apprendre à s'affirmer et à avoir confiance en eux, quitte à prendre des risques. Les filles vont être plutôt incitées à la prudence, à l'écoute et à la discrétion.


Pourquoi les parents jouent-ils un rôle déterminant dans la construction de la personnalité de l'enfant ?

Parce qu'ils agissent très tôt, dès la petite enfance, à un âge où l'enfant est très malléable car il n'a pas subi d'autres influences (socialisation primaire).

Parce que le lien parent-enfant est affectif et personnalisé.

Parce que les contacts entre les parents et les enfants sont très fréquents et durent la vie entière.


Les parents ont-ils toujours conscience de leur influence sur la construction de la personnalité de leur enfant?

Non car les pères et les mères n'ont pas nécessairement conscience de se comporter différemment avec leurs garçons et leurs filles.

De plus le comportement des parents sert de modèle pour l'enfant malgré eux. Un petit garçon observe et reproduit les comportements de son père à son insu. Dans ce cas la socialisation est plus implicite qu'explicite.


Phase d'analyse :

a. Une socialisation différenciée.....


Document 2 :

Cela nous ennuie que les petites filles apprennent à siffler, mais cela nous semble naturel chez un garçon. On sursaute d'horreur si une fillette dit des gros mots et on la punit, alors qu'on a envie de rire si c'est un garçon qui les dit. Si un petit garçon ne dit pas «merci» et «s'il vous plaît», nous nous excusons pour lui, s'il s'agit d'une petite fille, nous sommes contrariés. Si un garçon refuse d'aller nous chercher un objet, il nous semble que c'est son droit et nous allons le chercher nous-mêmes, si c'est une petite fille qui refuse, cela nous paraît être une rébellion ouverte. Nous tolérons qu'un garçon interrompe les conversations des grandes personnes beaucoup plus que nous l'acceptons dans le cas d'une petite fille. Nous tournons en ridicule un garçonnet qui a peur, cela nous semble très normal chez une petite fille. Si elle pleurniche, on lui dit qu'elle est ennuyeuse mais on lui prête attention, si c'est un garçon, on le traite de fillette. Nous incitons un petit garçon à jouer à la guerre, à grimper aux arbres, à s'endurcir physiquement, mais nous nous opposons à ce que la petite fille fasse la même chose. Si elle donne des coups de pied dans un ballon, nous lui apprenons qu'il vaut mieux le lancer à la main, alors que nous apprenons au garçon à shooter.

E. G. Belotti, Du côté des petites filles, Édition des femmes, ,7e édition de poche, 1994(1974).


L'auteur fait référence à l'éducation des enfants dans les années 60 et 70. Comparez à l'aide du tableau les attitudes des adultes selon qu'il s'agit du comportement d'une fille ou d'un garçon.


Distinguez des sanctions négatives et des sanctions positives.

Négatives : afficher sa contrariété, tourner en ridicule, traiter un garçon de fillette, s'opposer

Positives : trouver le comportement naturel ou normal (donc laisser faire), tolérer, prêter attention.


Qu'appelle-t-on dans le langage courant un « garçon manqué » ? Une « femmelette » ? Existe-t-il alors une différence entre le sexe et le genre ?

Un garçon manqué est une fille virile et une femmelette un garçon efféminé.

Pour être reconnu comme un garçon il faut adopter une attitude virile, être « un vrai mec », pas une « femmelette » ni une « tapette ». Cette virilité est accessible aux filles (les « garçons manqués »).

Le sexe est biologique, il est de l'ordre de l'inné. Le genre est social, il est de l'ordre de l'acquis. Pour être viril(e) ou au contraire être féminin(e), il faut se conformer aux normes sociales qui déterminent chacun des genres. Celles-ci peuvent varier selon les sociétés et les époques.



b) ... qui débouche sur une forme de domination masculine....


Document 3 : Extrait du film « La squale » : http://www.dailymotion.com/video/x7yyoo_la-squale-partie-2-by-6moha9_shortfilms (en commençant à 6'18 et en finissant à 10'50, soit un temps total de 4'32)


Comment se comportent les filles du groupe au début de l'extrait ?

Comme des garçons. Elles adoptent une attitude virile (gros mots, dénigrement des filles faciles).


Comment comprendre l'attitude du petit frère à l'entrée de sa sœur ?

Il imite le grand frère. La norme familiale veut que les femmes servent les hommes. Donc il ne craint pas de sanctions de la part de sa mère.


Commentez la réaction du grand frère.

Il devient violent car sa sœur conteste les rôles prescrits et refuse de se soumettre aux ordres de ses frères. En étant violent il manifeste un des caractères de la virilité et se démarque de sa sœur.


Pourquoi la sœur finit-elle par servir ses frères ?

Pour faire plaisir à sa mère.

Pour ne pas à avoir à affronter la violence de son frère aîné.

Elle accepte son statut de femme et se substitue même à sa mère qui est alitée.


En quoi assiste-t-on à une domination masculine dans cette scène ?

Les hommes donnent des ordres et peuvent gagner du temps de loisir en faisant travailler les femmes de la famille.

La sœur a subi l'agression du groupe de filles viriles. Elle pourrait avoir besoin de la protection de son frère.


Quelle fonction joue l'existence de rôles sexués pour la famille ?

La division des tâches favorise dans une certaine mesure la cohésion sociale. Chacun reste à la place qui lui a été assignée.


c) ...et qui se retrouve à l'école.

Document 4 :

Christian Baudelot et Roger Establet* expliquent le paradoxe de la meilleure réussite globale des filles et de leur autosélection/élimination des filières d'excellence scientifique par une socialisation précoce toujours différente de celle des garçons : dès la prime enfance, elles apprennent l'obéissance, la docilité, l'attention à autrui, la persévérance dans la tâche, l'usage limité de l'espace ; ils apprennent la compétition, l'affirmation du moi, l'usage somptuaire de l'espace. Elles sont donc mieux adaptées aux exigences de l'école mais les garçons prennent le dessus quand la compétition s'avive et que se précisent les choix professionnels. Les filles seraient plus enclines à se sous-estimer et les garçons à se surévaluer dans les mathières -mathématiques, physique, apprentissages techniques- et à l'âge -l'adolescence- où s'affirment les identités sexuées. Elles tendraient donc à s'autoéliminer des filières où dominent ses matières. Les enseignants renforceraient ce mécanisme en imputant leurs difficultés dans ces matières à leur absence de dons, celles des garçons au manque de travail. L'inverse est observé dans les matières connotées comme féminines.


*sociologues, auteurs notamment de « Allez les filles ! », édition du Seuil, 1992.

Catherine Marry, Filles et garçons à l'école in Agnès Van Zanten (dir), « L'école, l'état des savoirs, Paris, La Découverte, 2000.


Pourquoi les filles sont-elles à priori mieux adaptées au système scolaire ?

Les valeurs transmises aux filles les aident à mieux réussir à l'école que les garçons car elles ont appris à être plus disciplinées, à respecter les consignes, à travailler avec plus d'attention et de régularité. En effet les valeurs dans lesquelles sont socialisées les filles, à savoir l'obéissance, la docilité, l'attention à autrui, la persévérance dans la tâche ou encore l'usage limité de l'espace sont conformes aux attentes du système scolaire. Ces valeurs une fois intériorisées permettent de respecter les normes scolaires. La qualité de la prise de note est par exemple généralement meilleure chez les filles.


Selon les auteurs, quelles sont les matières connotées comme féminines ? Et celles connotées comme masculines ? Comment le constate-t-on en pratique ?

Les mathématiques et plus généralement les sciences et les techniques sont associées au monde masculin. Le français et plus généralement les matières littéraires (langues, sociologie, psychologie...) au monde féminin. On le constate à travers la surestimation des garçons en sciences et inversement la sous-estimation des filles dans ces matières. Et vice-versa pour les matières littéraires.


En dehors des parents, qui peut également influencer le choix scolaire des filles ?

Les enseignants car ils auraient intériorisé les stéréotypes sexués et pourraient parfois décourager inconsciemment les filles à s'identifier aux matières scientifiques au prétexte d'un manque supposé de don.

On peut aussi penser aux médias, par exemple aux rôles féminins dans les séries télévisées ou aux publicités.


Pourquoi la socialisation risque-t-elle paradoxalement de limiter la réussite sociale des filles ?

La socialisation des filles réduit leurs ambitions sociales de deux façons. D'abord parce qu'elles risquent de se sous-estimer. Les valeurs de docilité et d'attention à autrui les tournent vers les tâches d'exécution, d'autant plus que les garçons sont éduqués a contrario avec les valeurs de compétition et d'affirmation de soi. Ensuite parce que les filles intériorisent leur futur statut de mère ou d'épouse et choisissent des métiers qui leur permettront d'être facilement disponibles pour tenir les rôles familiaux attachés à ce statut : servir leurs proches. Il y a ici un paradoxe car, bien que mieux dotées scolairement que les garçons, les filles ne rentabiliseraient pas assez leur investissement scolaire.



 

2/ Une socialisation différenciée selon le milieu social (durée prévisible : 30 min)

Document 5 : A partir de quelques extraits (par exemple, les scènes de repas) du film La vie est un long fleuve tranquille, il s'agit de mettre en évidence les différences de normes et de valeurs et de montrer en quoi les modalités de socialisation diffèrent selon les milieux sociaux.

A partir de quelques exemples, opposez les normes et valeurs de ces deux familles.


Montrez que ces pratiques culturelles différentes proviennent d'une socialisation différenciée

A l'aide d'exemples, indiquez quels sont les moyens qu'utilisent les deux familles pour rendre conformes les comportements de leurs enfants ? (Distinguer entre socialisation implicite et explicite)


A partir du moment où Maurice intègre sa famille « biologique », qu'est-il obligé de faire ?


Conclusion :

Construisez un schéma d'implication à l'aide des notions suivantes :

Famille / Ecole, amis, collègues de travail / Intégration sociale / Socialisation secondaire / Socialisation primaire / Apprentissage de normes et de valeurs / Socialisation différentielles selon le genre, l'origine sociale...


 

information(s) pédagogique(s)

niveau : 2nde

type pédagogique :

public visé : non précisé

contexte d'usage :

référence aux programmes : Enseignement exploratoire de SES
Thème 5 : Individus et cultures.

fichier joint

information(s) technique(s) : Ensemble des séquences téléchargeable au format Open Office et Word

ressource(s) principale(s)

eesesvign.jpg Theme 5 : "Individus et cultures". Proposition de séquences 28/10/2010
Présentation de séquences pour l'enseignement exploratoire sur le thème 3 : "Marché et prix".
socialisation, valeurs, normes, famille, ecole

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