espace pédagogique > disciplines du second degré > sciences économiques et sociales
mis à jour le 26/03/2007
Dossier documentaire sur le groupe
mots clés : mondialisation, culture, investissement direct à l'étranger, firme transnationale
Document 1
N°1 mondial des services à l'environnement
VE représente le seul Groupe mondial dont l'activité soit entièrement consacrée aux services à l'environnement et qui soit capable d'en décliner toute la gamme dans ses 4 composantes : l'Eau (gestion du cycle de l'eau), la Propreté (collecte, traitement et valorisation des déchets), les Services Energétiques et le Transport. Par son activité même, le Groupe répond aux enjeux majeurs de la planète en matière de développement durable.
La cohérence de ses 4 Divisions jointe à son implantation internationale, lui permet de développer pour ses clients publics et privés une offre de services intégrés apportant une réponse globale et sur mesure à leurs problèmes dans le monde entier.
Source : Rapport annuel 2002, Veolia Environnement
Document 2. Répartition du chiffre d'affaire par zone géographiqueLa charte pour le développement durable que nous avons adoptée résume nos principaux engagements, et notre système de management environnemental les traduit dans une démarche concrète de progrès et d'amélioration continue. [ ... ]
À quelques mois seulement du Sommet de la Terre de Johannesburg, et face au défi mondial du développement des services de première nécessité dans les pays peu ou faiblement industrialisés, il convient de souligner trois principes fondamentaux :
> le caractère de biens collectifs des ressources naturelles (en particulier l'eau et l'air) que Vivendi Environnement intègre dans chacune de ses missions, en partenariat avec des collectivités publiques ou des industriels, en se fixant le devoir de protéger et d'utiliser ces biens au bénéfice de la qualité de la vie des populations desservies ;
> le rôle central de l'autorité organisatrice d'un service public, car c'est elle qui définit la nature et l'ampleur des prestations, fixe les objectifs et les plans d'investissement, décide du mode d'exploitation, choisit et contrôle l'opérateur, et se réserve souvent la maîtrise des installations ;
> l'accès de tous, y compris des plus démunis, aux services de première nécessité, qui est un principe dont la réalisation nécessitera souvent des délais, mais dont la mise en œuvre est urgente ; ceci implique d'inventer des solutions appropriées, grâce à une collaboration étroite avec les autorités, les institutions financières et les organisations internationales en particulier non gouvernementales ou humanitaires , comme nos équipes ont déjà entrepris de le faire.
Ces principes, reconnus par l'ensemble de nos salariés, inspirent toujours davantage nos actions sur le terrain, jour après jour. [...]
Proglio, Henri, Pour une engagement responsable au service de l'environnement et du développement durable, Rapport 2001, Vivendi Environnement
Grâce aux nouvelles opérations privatisées de protection de l'environnement menées par CES ONYX1, la ville est en passe de devenir une ville propre. CES ONYX a déjà beaucoup impressionné les résidents par les méthodes d'entretien modernes, appliquées en premier lieu dans les secteurs municipaux de Kodambakkam, de Ice House et de Mylapore. L'opération est automatisée, utilisant des conteneurs mobiles, des camions d'une tonne, des chargeuses mécaniques et des Bobcarts (servant à ramasser le sable).
Cette entreprise française s'est vue confier un contrat d'entretien de la ville, sur une période de sept ans. L'initiative fait suite à la promesse pré électorale faite par le maire, visant à améliorer l'évacuation des déchets citadins. La rémunération de l'entreprise est basée sur le total des déchets transporté dans les deux décharges (à Perungudi et àKodingalyur). Le taux fixé est de 650 Roupies par tonne. La Municipalité, en remettant l'opération entre les mains de l'entreprise française, fait une économie de 30 millions de Roupies sur l'année.'
Pourquoi avoir choisi Chennai ?
La municipalité a fait paraître un appel d'offre général et la société Onyx a été sélectionnée. Les travaux ont démarré en mars 2000.
Quelle est la méthode employée pour l'évacuation des déchets ?
Qu'en est il de la formation ? Comment se déroule t'elle ?
Avez vous été confrontés, au début du projet à des réactions négatives ?
Qu'avez vous mis en œuvre pour permettre une prise de conscience de l'opinion vis à vis de votre projet ?
Pouvez vous nous parler de la marche de sensibilisation du maire dans trois secteurs de la ville ? En quoi a t'elle participé à la prise de conscience de l'opinion au sujet de la propreté et de l'hygiène à Chennai ?
Parlez nous du ramassage des ordures à domicile. Quand prendra t'il effet à Chennai?
Onyx a acheté 180 auto rickshaws (cf. illustration ci-dessous), 60 véhicules lourds, 5 500 conteneurs en plastique (bacs de 600 à 1000 litres), et des outils de travail pour le personnel (balais, pelles, vélos,...).
50% du matériel a dû être importé car il n'était pas disponible sur place. Ces importations ont été néanmoins réduites au minimum en raison de l'importance des droits de douane.
Concernant les véhicules lourds, les châssis ont été achetés sur place, puis assemblés par des carrossiers locaux à des bennes importées de France ou Singapour. Pour limiter l'entretien et l'importation de pièces de rechange, le choix du matériel s'est fait en fonction de sa rusticité et de sa solidité.
Les conteneurs en plastique ont été importés d'Europe et assurés contre le vol par une compagnie d'assurance locale.
Dans les quartiers pauvres, certaines ruelles étaient trop étroites pour accueillir des conteneurs. La solution retenue a donc été le passage d'autorickshaws, qui klaxonnent pour demander à la population de descendre ses déchets.
Des vélos ont été mis à disposition des salariés pour leur permettre de se rendre sur les lieux de nettoyage.
Pour la collecte, Onyx a choisi des camions de type bennes à compaction qui permettent le levage automatique des conteneurs. A la fin de la collecte, les bennes rejoignent l'un des deux quais de transfert (mis en place par Onyx) où les déchets sont repris à la grue vers un camion de plus grande capacité et transportés vers une décharge (à 15 km de Chennai).
La mise en place d'un atelier de mécaniqueSource : Georges Valentis, Dominique Tozza, Eric Jeanneau, Veolia Environnement dans la mondialisation, Etude de cas : le contrat de propreté d'Onyx à Chennai (Inde), Groupe de travail « Mondialisation », Institut de l'Entreprise - septembre 2003,
1 Chennai Environmental Service - Onyx, nom de la filiale de Veolia Environnement à Chennai.
2 Fête des Lumières qui marque dans le calendrier hindou le début d'une nouvelle année et qui dure de quatre ou cinq jours.
3 Véhicules de ramassage des ordures.
Le système des castes est lié à la religion hindouiste, majoritaire en Inde. Après l'explosion du « grand corps cosmique » originel, racontent les plus vieux hymnes védiques, « sa bouche devint le brahmane, le guerrier fut le produit de ses bras, ses cuisses furent l'artisan, de ses pieds naquit le serviteur ». Ainsi s'explique cette vision et cette division du monde en quatre castes principales : les brahmanes (prêtres), les kshatriyas (guerriers), les vashyas (commerçants) et, tout en bas, les sudras (serviteurs). Les trois castes, ou varnas, supérieures sont considérées comme des castes dites « pures », ce qui n'est pas le cas de celle des serviteurs. Viennent ensuite les «intouchables », ou groupe au degré d'impureté maximale.
Pour les Hindous, les brahmanes exceptés, la notion de varna (caste) ne signifie pas grand chose. Un individu se définira avant tout par son jati, cette unité endogame dans laquelle il est né et qui lui assigne sa place dans la hiérarchie du système.
S. R. Kharât, publia en 1959 un roman dont l'intrigue est raconté successivement par les douze baloutédâr1 d'un village et qu'il intitula fort logiquement Bârâ Baloutédâr. La liste qu'il propose a cet avantage sur celles, plus scientifiques, des anthropologues de profession de manifester l'idée que se fait le lecteur indien moyen du contenu d'une telle liste. La voici :
1) l'éboueur, mahâr ;
2) le cordier, mâng ;
3) le garde champêtre, râmoshî ;
4) le potier, koumbhâr ;
5) le savetier, câmbhar ;
6) le porteur d'eau, kolî ;
7) le blanchisseur, parît ;
8) le barbier, nhâvî ;
9) le charpentier, soutâr ;
10) le forgeron, lohâr ;
11) l'orfèvre, sonâr ;
12) le célébrant du temple, gourâv.
1. synonyme de jati.
Source : Deleury, Guy (2000), L'Inde, continent rebelle, Seuil, « Essai », page 199
La mécanisation de la collecte a permis de diminuer de 30% les effectifs sur les 3 zones (de 3000 à 2000 personnes). Cette diminution de personnel était explicitement demandée dans l'appel d'offre.
Onyx a recruté 2000 personnes car elle n'a pas repris le personnel municipal qui a été réparti par la Corporation de Chennai dans les autres zones. [...]
Pour effectuer le recrutement des équipes, Onyx a fait appel à une société locale spécialisée en lui spécifiant de ne pas retenir le critère de caste, conformément à ce que prévoit la loi Indienne. Dans les faits, on retrouve cependant le schéma de cloisonnement social (tout l'encadrement intermédiaire est d'une classe donnée).
Les salariés ont été recrutés à des conditions de salaire légèrement supérieures à celle de travailleurs locaux équivalents, à plein temps. Dans un premier temps, le contrat était de 6 mois, puis à durée indéterminée avec une période d'essai de 18 mois, conformément aux textes de loi en vigueur.
Les répercussions sociales d'un travail contractualisé sont particulièrement attractives : garantie de l'emploi, accès à un compte bancaire, possibilité d'emprunt, donc de mariage et autres signes de reconnaissance sociale. Ces conditions ont attiré de nombreuses recrues, dont une partie a rapidement renoncé ou n'a pas été gardée une fois confrontée à la difficulté du métier. Ainsi durant les premiers jours du contrat, le turn-over était de 30% (il n'était plus que de 7 % en 2000 et 1,5% en 2002).
l'apprentissage de l'utilisation des outils et des méthodes de travail et, plus particulièrement, des règles d'hygiène et de sécurité ;
la valorisation du travail de la propreté et de son impact et ce notamment pour motiver et fidéliser les employés (diminuer le turn-over).
Les résultats de cette formation (qui est un processus continu) ont été très probants. Les cours de conduite ont permis par exemple de diminuer le nombre d'accidents, les dégâts matériels qui en découlaient et donc les coûts de réparation et maintenance.
En terme de sécurité et d'hygiène, les salariés ont été formés à la bonne utilisation du matériel (comme le fait de fermer le couvercle des bacs avant de les manipuler) et sensibilisés à l'utilité de leur équipement (intérêt des gants et des chaussures de sécurité). Les conditions climatiques et l'habitude des nu-pieds rendent difficile le port de cet équipement mais une équipe qualité vient régulièrement rappeler ces règles aux salariés.
Source : Georges Valentis, Dominique Tozza, Eric Jeanneau, Veolia Environnement dans la mondialisation, Etude de cas : le contrat de propreté d'Onyx à Chennai (Inde), Groupe de travail « Mondialisation », Institut de l'Entreprise - septembre 2003,
Le facteur culturel et, plus précisément, les nombreuses croyances qui ont trait aux déchets, sont déterminants pour comprendre le comportement de la population. Par exemple beaucoup de petits commerçants refusent de sortir leurs déchets le soir car la tradition dit que « la prospérité part avec les déchets », ils ne les déposent sur la rue qu'au petit matin. ). Onyx s'est adapté aux exigences locales et a organisé un mode de collecte qui respecte les traditions1.
Les déchets ménagers étaient jetés dans la rue par la population ou entreposés dans des enclos en béton souvent dégradés, dans lesquels venaient se nourrir les animaux (chiens, vaches,...).
Une campagne de communication très forte a été menée en début de contrat auprès de l'ensemble de la population, et a été suivie depuis par des interventions hebdomadaires dans les écoles pour sensibiliser les enfants (porteurs de message auprès des parents).
Les objectifs de la campagne de communication (prévue dans l'appel d'offre) étaient :
d'informer la population du changement de mode de gestion des déchets,
d'inviter la population à s'adapter au mode de collecte, notamment d'apporter ses déchets dans les conteneurs collectifs.
Pour la mise en œuvre de cette campagne, l'équipe a travaillé avec une personne de la communication d'Onyx ainsi qu'avec les associations de quartier.
Les moyens retenus étaient différents selon les groupes cibles (population des bidonvilles, petite bourgeoisie, aristocratie) : théâtre de rues destiné aux personnes illettrées, spots télé, annonces dans les journaux, affichettes en tamoul, interventions dans les écoles concernant l'hygiène et la propreté, marche de sensibilisation impliquant les autorités municipales... En parallèle, des casquettes et des autocollants portant l'inscription ONYX ont été distribuées pour faire connaître la compagnie.
Source : Georges Valentis, Dominique Tozza, Eric Jeanneau, Veolia Environnement dans la mondialisation, Etude de cas : le contrat de propreté d'Onyx à Chennai (Inde), Groupe de travail « Mondialisation », Institut de l'Entreprise - septembre 2003
1 Une collecte supplémentaire est assurée le matin pour récupérer les déchets des commerçants.
Photo n° 2. Les engagements de Veolia Environnement
Photo n° 3. « Les vêtements de travail des femmes se compose d'une tunique et d'un pantalon traditionnels qui intègrent des bandes réfléchissantes visibles la nuit »
Photo n°4. Campagne de communication : théâtre de rues destiné aux personnes illettrées
Photo n°5. Campagne de communication : défilé avec élus locaux et personnels et matériel de l'entreprise
Onyx a du faire face à des difficultés multiples :
La compréhension de l'arsenal réglementaire et son application dans un pays à tradition orale se sont révélées particulièrement difficiles :
quand Onyx est arrivée, les références dans le domaine de la gestion des déchets faisaient défaut1 ;
la réglementation du travail était en revanche très dense et son assimilation aurait sans-doute été facilitée par une véritable joint-venture avec une entreprise locale.
Au début du contrat, les attentes de la population vis-à-vis d'Onyx étaient très élevées, sans doute plus qu'elles ne l'auraient été avec une société Indienne. Le service clientèle d'Onyx était régulièrement assailli de coups de téléphone, et de nombreux usagers n'appliquaient pas les règles d'apport des déchets dans les conteneurs. La campagne de communication ainsi qu'un dialogue régulier avec la population ont permis de lever cette réticence.
En France, le personnel d'Onyx est polyvalent, il prend en charge des responsabilités diverses, et bénéficie en contrepartie d'un encadrement assez léger : la principale fonction des managers est de distribuer le travail, non de le surveiller. En Inde, les tâches sont très spécialisées, l'organisation est plus procédurale et structurée, et les salariés accordent une grande importance à la hiérarchie et à la répartition des tâches entre les différents échelons. Les expatriés français ont dû faire preuve de compréhension pour adapter leur management à ces différences culturelles.
L'insécurité est forte en Inde et a des répercussions sur l'organisation du travail. Par exemple, les premiers versements de salaire de 1200 personnes en liquide ont nécessité l'organisation d'un transfert de fond et l'emploi de gardes du corps.
La corruption est très présente en Inde, les règles d'éthique de VE en la matière sont claires et dictent le comportement des salariés : rejeter systématiquement toute tentative de corruption.
Depuis mars 2002, Chennai est gouverné par un membre du parti opposé à celui de l'ancien maire. Lors de son arrivée au pouvoir le nouveau responsable a émis un jugement très négatif sur les actions de son prédécesseur, incluant la délégation d'une partie des services de propreté à Onyx. Grâce à son système de reporting, et à l'enregistrement précis de données telles que les tonnages, les mouvements de véhicules, ou les réponses faites aux plaintes des clients, Onyx a pu répondre à ces critiques. Le soutien de la population, acquis sur le long terme, a participé en grande partie à l'amélioration des relations entre le nouveau responsable et Onyx.
Le contrat signé entre Onyx et la municipalité de Chennai prévoyait un délai de paiement de 15 jours après réception de la facture. Dans les faits - et ce notamment à cause de la complexité administrative -le délai de paiement est plutôt de l'ordre de quelques mois.
Source : Georges Valentis, Dominique Tozza, Eric Jeanneau, Veolia Environnement dans la mondialisation, Etude de cas : le contrat de propreté d'Onyx à Chennai (Inde), Groupe de travail « Mondialisation », Institut de l'Entreprise - septembre 2003
1 Depuis « l'Environment Rule 2000» a permis de fixer un cadre plus clair.
niveau : tous niveaux, Terminale ES
type pédagogique : étude de cas
public visé : non précisé, enseignant
contexte d'usage : classe
référence aux programmes :
Etude de cas : l'implantation de Veolia en Inde | 26/03/2007 |
L'implantation des firmes transnationales dans les pays en voie de développement donne lieu à des phénomènes d'acculturation. Le dossier documentaire et les séquences pédagogiques proposées ici permettent d'étudier un exemple avec l'implantation de Veolia Environnement e ... |
|
mondialisation culture firme transnationale investissement direct à l'étranger | Jeanneau Eric |
sciences économiques et sociales - Rectorat de l'Académie de Nantes