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Développement durable : comment internaliser les externalités ?

mis à jour le 20/10/2012


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Réflexions suite aux Entretiens Enseignants-Entreprises (30/08/2012) sur le thème "marchés et concurrence". Intervenants :Antoine Frérot, PDG de Veolia, et Jean-Paul Fitoussi, économiste.

mots clés : développement durable, véolia, environnement, écologie, marché, concurrence


L'économie du développement durable: comment internaliser les externalités ?

Entretiens Enseignants- Entreprise, 30 août 2012


Cette fiche résume les principaux axes de réflexion entrevus lors de l'atelier "économie du développement durable: comment internaliser les externalités ?" qui s'est tenu le 30 août 2012 dans le cadre des Entretiens Enseignants-Entreprises sur le thème "marchés et concurrence". Les intervenants étaient Antoine Frérot, PDG de Veolia, et Jean-Paul Fitoussi, économiste, professeur émérite à l'IEP de Paris et directeur de recherche à l'OFCE.


L'économie du développement durable constitue la partie 3 du nouveau programme d'enseignement spécifique de SES de terminale (B.O. spécial n°8 du 13 octobre 2011), et porte à la fois sur la compatibilité entre la croissance et la préservation de l'environnement et sur les instruments économiques de la politique climatique.


Bien entendu, il n'a pas été possible d'aborder tous les aspects de cette partie du programme en une heure et demie d'entretien. M. Fitoussi a plus particulièrement développé les problèmes de mesure de la soutenabilité et du bien-être et M. Frérot a montré comment une entreprise comme Veolia pouvait à la fois réduire et valoriser les externalités négatives, mais aussi comment la création de normes et d'incitations financières pouvait accompagner la mutation de notre modèle productif vers le recyclage systématique des ressources dans le cadre d'une économie de proximité. Le contenu de l'intervention d'Antoine Frérot a été reproduit dans l'annexe n°1.


Orienter l'économie vers le développement durable implique un changement de comportement des agents économiques, et donc une prise de conscience de l'impact de notre économie sur l'environnement, que ce soit la raréfaction des matières premières ou la pollution. Antoine Frérot souligne par exemple la réticence des industriels à utiliser les matières premières issues du recyclage. De son côté, le climat doit être vu comme un bien commun, c'est-à-dire à la fois non exclusif et rival. En effet, la dégradation du climat touche tous les individus et l'émission excessive de gaz à effet de serre par une catégorie d'agents crée des dommages aux autres agents. L'économie du développement durable doit donc régler une défaillance du marché. En présence d'externalités négatives, le coût privé d'une action individuelle étant inférieur à son coût social, les individus n'agissent pas conformément aux intérêts de la collectivité, ce qui conduit à une baisse du bien-être collectif à long terme ("la tragédie des biens communs").


L'efficacité des politiques environnementales dépend du choix des instruments et de la façon de les utiliser. Une comparaison des instruments et de leurs limites est proposée en annexe n°2. La contrainte consiste à réglementer (imposer des normes et sanctionner les contrevenants) et l'incitation à faire en sorte que les coûts privés supportés par les producteurs d'externalités négatives incluent les coûts sociaux (donc à "internaliser les externalités"). Les instruments de l'incitation sont la taxation (fiscalité environnementale) ou la création d'un marché de permis d'émission, comme l'a fait l'Union Européenne en 2005 pour les gaz à effet de serre. Jean-Paul Fitoussi s'est prononcé en faveur de la taxation. Antoine Frérot a rappelé que "taxer le vice" (les pollueurs) revenait à donner un "avantage financier à la vertu" car les entreprises s'engageant dans la dépollution feront l'économie de la taxe environnementale. Si, en dehors de la taxation environnementale, on peut subventionner directement les bons comportements, il faudrait également arrêter de subventionner les externalités négatives comme on le fait aujourd'hui.


Lors de l'entretien, il n'a pas été possible d'approfondir la question de l'utilisation du double dividende de la taxation ou des permis (s'ils sont vendus). Le premier dividende est la réduction de la pollution. Le deuxième dividende est l'utilisation pertinente de la recette budgétaire générée par la taxe ou la création du marché de permis. On peut l'utiliser pour corriger les distorsions introduites par la fiscalité environnementale. En effet, la fiscalité verte a de forte chance d'être dégressive et ne permet donc pas d'assurer la justice environnementale. On peut alors diminuer d'autres prélèvements, en particulier la fiscalité sur le travail, ou réduire la fiscalité sur les premières tranches de revenus, ou encore financer des aides sociales. On peut enfin financer les investissements publics utiles à l'environnement, en particulier ceux qui offrent une alternative écologique aux consommateurs (par exemple les transports en commun) et ceux qui améliorent la R&D dans les technologies vertes.

 


u-delà des instruments, la question de fond porte, d'une part, sur la soutenabilité de la croissance et, d'autre part, sur la façon de penser notre développement à travers d'autres indicateurs que le PIB.


La soutenabilité a été définie par Robert Solow en 1993 comme le fait de conserver dans le temps "une capacité généralisée à produire du bien-être économique". Elle peut être considérée comme faible ou forte selon que l'on croit ou non à la substitution entre les différents types de capital. Doit-on compter sur le progrès technique ou faire appel à la sobriété volontaire des agents afin de limiter notre prélèvement sur le capital naturel? Autrement dit, une croissance infinie dans un monde fini est-elle possible ? On peut envisager l'existence d'une « courbe de Kuznets environnementale » en U inversé. La baisse de la consommation d'énergie ou de la pollution dans les pays développés, si elle est vérifiée, nous en apporterait la preuve, mais il faut intégrer l'externalisation de la production et de la pollution vers les PED, comme l'a rappelé Antoine Frérot, et considérer les effets rebond éventuels. Pour éviter "la tragédie des biens communs" , on peut donner une valeur à la nature en distribuant, comme nous l'avons vu, des droits de propriété. On peut aussi chercher à imiter la nature en généralisant le recyclage, sachant que la hausse du prix des matières premières augmente l'incitation à recycler. C'est ce qu' Antoine Frérot appelle "la consommation circulaire". On peut enfin valoriser les déchets pour en faire des matières premières alternatives ou les transformer en énergie (voir l'annexe n°1).


Les limites du PIB sont bien connues mais par quoi le remplacer ?William Nordhaus et James Tobin, dans leur article « Is growth Obsolete ? » paru en 1973, ont mené des travaux pionniers dans ce sens en proposant un indicateur de bien-être économique durable qui prendrait en compte l'évolution du stock de richesses. Le paradoxe d'Easterlin (1974) montre que l'élévation du niveau de vie ne se traduit pas à long terme par une augmentation du bien-être subjectif. S'il existe une telle déconnexion entre revenu monétaire et bien-être subjectif, on peut se demander si l'amélioration du premier doit rester un objectif de politique économique. Lors de l'entretien, Jean-Paul Fitoussi a illustré certaines des incohérences de nos systèmes de mesure, tout en rappelant combien il est difficile de constituer des indicateurs reflétant à la fois l'évolution du produit économique, du bien-être et de la soutenabilité. Par exemple, les dépenses réalisées pour répondre à la catastrophe de Fukushima vont probablement augmenter le PIB du Japon, alors que cela a dégradé le capital naturel, la qualité de vie et la santé de la population du pays. Il n'est donc pas concevable que les conséquences immatérielles des pertes irréversibles subies par la population ne figurent pas dans nos statistiques. Jean-Paul Fitoussi conteste également l'analyse de Robert Barro qui consiste à penser que, en dehors des pays développés, la liberté politique est un risque pour la croissance car elle conduit à une quête prématurée de la redistribution. Pour Jean-Paul Fitoussi, la liberté politique ne peut être vue comme une variable utile ou non à la croissance, mais doit figurer dans la mesure même de notre performance. Les évènements du "printemps arabe" nous ont par exemple montré combien la liberté est une composante fondamentale de notre bien-être. Enfin, l'horizon temporel de nos indicateurs doit être correctement choisi. Par exemple, la libéralisation de l'économie, si elle est efficace à moyen terme et rapproche notre PIB réel du PIB potentiel, conduit à une hausse de l'insécurité économique et à un creusement des inégalités qui diminuent le bien-être de la population. Pour Jean-Paul Fitoussi, le choix de nos indicateurs est primordial car il concerne la façon dont nous définissons démocratiquement nos buts collectifs. C'est pourquoi la prise en compte de l'environnement et du capital naturel ne peut être disjointe de la préservation de la cohésion sociale et du développement du capital humain. L'introduction d'un indicateur de bien-être subjectif, à côté d'indicateurs objectifs, mais pas seulement monétaires, est à ce titre justifiée. Comme le rappelle Didier Blanchet(1), il est important de pouvoir dissocier développement et durabilité en choisissant une série d'indicateurs(2) plutôt qu'un indicateur synthétique car, lorsqu'on cherche à mettre toute l'information dans un indicateur unique, "c'est vouloir tenir à la fois le présent et le futur dans un seul chiffre". En effet, dans ce cas, "le bien-être élevé mais non soutenable" serait mis sur le même plan que "le bien-être faible mais soutenable".


Philippe Crupaux, animateur de l'atelier, professeur de SES au lycée Ambroise Paré, Laval.


(1) Didier Blanchet, La mesure de la soutenabilité, Revue de l'OFCE n°120



Intervention d'Antoine Frérot, PDG de Veolia

Entretiens Enseignants Entreprises, 30 août 201.


Développement durable :comment internaliser les externalités ?


Partie I - Les trois principales voies de traitement des externalités à Veolia


Rendre les externalités inoffensives pour l'environnement : les dépolluer.

Notre métier de base : être un « internaliseur » d'externalités, internaliser les externalités des autres en les dépolluant pour eux.
  • Chaque jour, nous purifions les eaux usées rejetés par les villes et par les industriels dans 3 500 stations d'épuration ;
  • Chaque année, nous traitons plus de 60 millions t. de déchets solides dans le monde.

Nos objectifs de dépollution sont en général fixés par des normes :

  • elles définissent des seuils d'innocuité pour l'environnement et la santé publique ;
  • elles marquent la frontière entre ce qui est une externalité négative et ce qui ne l'est pas


Réduire au maximum les externalités négatives.

« Mieux vaut prévenir que guérir ». Cet adage vaut aussi pour les externalités négatives. De là :

  • les politiques de limitation des pollutions à la source ;
  • les politiques de zéro rejet liquide ou solide.

Les contrats de performances énergétiques incluent des objectifs de réduction des gaz à effet de serre et d'accroissement de l'efficacité énergétique.

  • Celui de Montluçon permettra d'économiser 17% d'énergie et d'éviter de rejeter, au terme de ses 10 années, 5 500 tonnes d'émissions de CO2.

Nous passons de modèles contractuels :

  • qui rémunéraient les volumes d'énergie ou d'eau vendus
  • à des modèles qui rémunèrent les économies de ressources naturelles ou les pollutions évitées.
  • En d'autres termes, nous évoluons vers des modèles qui rémunèrent les externalités évitées.


Valoriser les externalités négatives en les réutilisant.

La meilleure manière d'internaliser les externalités, c'est de les transformer en richesse !

Si ce que l'on croyait pléthorique se raréfie, ce que l'on regardait comme un déchet est devenue une ressource :

  • quand à Hong Kong nous recyclons les déchets ménagers, nous transformons une nuisance en ressource ;
  • à Windhoek, à Abu Dhabi, à Brisbane, l'eau est trop précieuse pour n'être utilisée qu'une fois avant d'être restituée à la nature. Recycler les eaux usées brise le lien entre développement économique et externalités négatives.

Détruire 1 kg de déchets, faute d'avoir su le valoriser ou le réutiliser, restera toujours un échec.

Grâce au progrès technologique et au renforcement des normes, se réduit le périmètre des déchets ultimes et donc des « externalités ultimes ». Si l'on pousse cette logique jusqu'à

son terme, l'objectif est d'éliminer le concept même de déchet


 

Le monde se trouve confronté à 2 grands problèmes écologiques :

  • celui de la raréfaction des matières premières ;
  • celui de la pollution de l'environnement.

En traitant le problème de la pollution, nous traitons - en partie - celui de la rareté. Car les déchets d'aujourd'hui sont les ressources de demain.


Partie II - Vers des modèles économiques « indépendants » de la nature, grâce à la valorisation des externalités


En recyclant les déchets et les eaux usées, on découple l'activité économique des ressources prélevées dans la nature Les matières premières employées ne sont plus des matières premières « premières » ; ce sont des matières premières secondaires.

L'impératif commercial « Vendre plus » n'entre alors plus en contradiction avec l'impératif écologique « Préserver les ressources naturelles ».

Le recyclage donne des vies supplémentaires aux eaux usées et matières « usées ». Mais il reste beaucoup à faire pour en exploiter tout le potentiel :

  • Sur 4 milliards de tonnes de déchets produits chaque année dans le monde, seul 1 milliard est valorisé.
  • A l'échelle de la planète, à peine2 % des eaux usées sont réutilisés.
  • Beaucoup de déchets valorisables ne sont pas valorisés, beaucoup d'externalités internalisables ne sont pas internalisées.


Nous passons d'un schéma de production et de consommation linéaire à un schéma de recyclage, qui imite le fonctionnement de la nature Les externalités des uns deviennent les « internalités » des autres :

  • le papier carton pourrait bientôt rejoindre le club très fermé des consommations humaines circulaires ;
  • en France, plus de 90 % du carton et 70 % du papier journal usagés repartent déjà dans le circuit de production papetier.

Face à la croissance des besoins, l'économie du recyclage est appelée à jouer un rôle capital dans l'approvisionnement des marchés.

  • Le secteur des déchets se convertit en industrie de matières premières.
  • Veolia devient un producteur de matières premières alternatives. Nous ajoutons ainsi un 3ème pôle à nos activités, à côté de la fourniture de services essentiels et le traitement des pollutions.
    Internaliser les externalités ne coûte pas forcément cher.
  • Au contraire, cela peut rapporter par les économies dégagées ou par les recettes supplémentaires procurées. Pour preuve, le recyclage qui redonne une valeur à ce qui n'en avait plus


Partie III - Internaliser les externalités conduit vers des modèles économiques de proximité


Des modèles croisant, autant que possible, ressources locales et usages locaux. Ces modèles s'alimentent en énergie et en matières au plus près des besoins, par des circuits courts. Ils favorisent une économie territoriale, minimisant les échanges à longue distance.

Le recyclage des eaux usées s'inscrit toujours dans un modèle économique de proximité : étant donné le poids élevé du m3 d'eau et sa faible valeur, son transport lointain est prohibitif.

Ce n'est pas le cas du recyclage des déchets : ses produits peuvent être réutilisés localement ou bien à l'autre extrémité de la terre, selon leur nature.

  • Certains marchés du recyclage se sont mondialisés. Si les gisements de matières premières secondaires se situent dans les pays à haut niveau de vie, la demande émane principalement des pays émergents.
  • Au XXe siècle, les EtatsUnis se sont construits en faisant appel aux ressources naturelles des pays en développement. Aujourd'hui, les pays asiatiques s'industrialisent en s'approvisionnant dans les pays riches. Au point que les matières premières secondaires se classent parmi les premiers postes d'exportation des EtatsUnis !


De même que s'est organisée une division du travail en fonction des avantages compétitifs de chaque nation, s'est instaurée une « division des pollutions ». Et donc une

« division des externalités ».

  • La Chine supporte chez elle les pollutions industrielles des fabrications que d'autres pays lui soustraitent. Elle pollue

« pour le compte d'autrui, pour les clients du made in China » *

L'économie de proximité cherche à boucler tous les cycles de la matière, de l'énergie et de l'eau.

  • A Val d'Europe, Veolia récupère les énergies fatales. Le réseau de chauffage est alimenté par la chaleur dégagée par le Data Center de Natixis, une chaleur qui, avant, était inutilisée et donc perdue ;
  • Autrefois, l'art du marchand consistait à prendre une chose là où elle abondait et l'amener là où elle était rare.
  • A l'avenir, il sera celui de transformer, là où elle se trouve, une chose usagée en une autre réemployable ; il sera de convertir une externalité en internalité.


Partie IV - Taxer le vice ou rémunérer la vertu ?

Comment faire pour que les acteurs économiques internalisent les externalités ?

On recommande de traiter ces défaillances du marché ou de l'action publique par la norme ou par une incitation financière. Toutes deux modifient les comportements en vigueur, voire en induisent de radicalement nouveaux.

Au plan financier, 2 familles de solution coexistent : taxer les externalités négatives ou rémunérer celles que l'on internalise. Les systèmes de bonus - malus écologique jouent sur ces 2 leviers.

D'une certaine façon, les 2 approches se rejoignent puisque « taxer le vice » revient implicitement à conférer un avantage financier à la vertu. Montesquieu conseillait déjà de « rémunérer la vertu »...


Exemples d'incitations financières

En France, les Agences de l'Eau tempèrent la rigueur du principe pollueurpayeur en le complétant d'un autre. La règle « qui pollue paie » est atténuée par une autre règle : « qui dépollue est aidé ».

A Baltimore aux EtatsUnis, des bus gratuits sont financés par une nouvelle taxe de stationnement sur les véhicules particuliers. Taxer les comportements que l'on souhaite circonvenir sert ici à subventionner les « bons » comportements.

La redevance incitative sur les déchets repose sur le principe « plus on trie, moins on paie ». A partir de 2015, elle sera obligatoire en France. Elle peut réduire de 50 % les déchets ménagers résiduels et procurer jusqu'à 30 % d'économie aux habitants.

La consigne des bouteilles en verre ou des cannettes a quasiment disparu de France. En Allemagne, elle perdure, car elle séduit par ses avantages économiques : avec elle, le déchet se dote d'une valeur marchande directement bénéfique pour le consommateur


Economies des produits usagés et des produits neufs


Il y a, dans l'économie d'un produit usagé, une donnée fondamentalement différente de celle d'un produit neuf, car, en général, il n'est demandé par personne !

Il faut donc des incitations normatives ou financières au recyclage et à la réutilisation.

  • Beaucoup de pays n'ont pas encore créé les conditions d'une réintégration optimale des déchets dans les cycles de production.
  • Toutefois, l'augmentation régulière du prix des matières premières vierges y aide. Au fil des ans, elle rend plus attractives certaines matières premières secondaires (mais pas toutes, car le prix de beaucoup est fortement lié à l'activité économique, et est donc cyclique).



 

Partie V - Pourquoi les business models intériorisentils encore peu les problématiques de la pollution et de la rareté ?


Pourquoi les business models incitentils encore peu à internaliser les externalités ?


La longue durée de vie de certains équipements. Elle retarde leur renouvellement et le déploiement de technologies propres.

Les objectifs antagonistes que poursuivent les politiques tarifaires :

  • stimuler la croissance et rendre les services publics accessibles à tous, donc maintenir de bas prix ;
  • combattre les pollutions et exprimer la rareté des ressources naturelles, donc relever les prix.

Des règles qui perpétuent des systèmes économiques dépassés :

  • en Chine, on ne facture pas le chauffage aux calories ou kWh consommés, mais au m2. Ceci n'encourage pas les économies d'énergie ni à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

La réticence des industriels à utiliser des matières premières de seconde génération.

  • Pour surmonter leur défiance, il faut leur fournir les mêmes garanties de qualité, de régularité des flux et de pérennité que pour les matières premières vierges.


Des systèmes de contrôle ou de sanction insuffisants. Sans contrôle effectif, fixer des normes destinées à réduire ou internaliser les externalités est vain.

L'absence de responsable d'un territoire apte à le protéger. Une externalité négative est dure à combattre, si un bien n'a pas de propriétaire spécifique. C'est la tragédie des communaux.

  • A défaut d'une intervention publique fixant les conditions et les limites d'usage d'un bien commun, celuici est surexploité ou pollué.
  • En l'absence de plafond de rejet imposé par une norme ou de taxe carbone faisant payer l'usage de l'atmosphère en tant que « décharge de gaz à effet de serre », chacun est libre de renvoyer dans celleci des quantités illimitées de CO2 ;
  • Les 2/3 des eaux usées déversées dans la Méditerranée ne sont pas épurés ! De fait, l'eau est une grande mutuelle : tous les habitants d'un bassin hydrologique ou tous les riverains d'une mer sont interdépendants, pour le meilleur usage de l'eau ou pour le pire.


Conclusion


L'économie n'est pas l'ennemi de l'environnement mais son allié, dès lors que :

  • elle cesse de recourir à des formules qui subventionnent les externalités négatives, c'estàdire qui subventionnent les pollutions et les gaspillages. On ne peut pas faire de croissance propre avec des mécanismes incitatifs « sales » !
  • elle intègre les externalités négatives, afin de donner un coût à la pollution et un prix à la nature ;
  • elle poursuit les incitations financières positives suffisamment longtemps pour développer les technologies propres à grande échelle. Car dans bien des pays, les énergies renouvelables doivent encore prouver qu'elles peuvent s'inscrire dans un système économique viable, sans subvention. Mieux internaliser les externalités est indispensable si nous voulons relever les défis paradoxaux qui sont les nôtres :créer plus de valeur en polluant moins, faire plus avec moins.


Annexe 2

Tableau agrandi.


Ressource téléchargeable ci-dessous.

 

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De nombreuses ressources complémentaires sur ces entretiens figurent sur le site Melchior :

sciences économiques et sociales - Rectorat de l'Académie de Nantes