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Témoignage: valoriser une mise en activité rapide

mis à jour le 28/11/2023


Témoignage

Comment faire pour que les élèves soient attentifs aux consignes et se mettent rapidement en activité? 
Mme Bouferkas enseigne au collège La Coutancière à La Chapelle-Sur-Erdre, et a bien voulu répondre à quelques questions sur sa pratique et les principes éducatifs qui la sous-tendent.

mots clés : mutualisation, consignes, communication non violente, CNV, valorisation, encouragement, mise en activité


Proposition de Mme Bouferkas, professeure d'anglais

La situation

Les élèves font-ils les tâches demandées, écoutent-ils les instructions, sont-ils attentifs à suivre les demandes de leur enseignant(e)? Pas toujours, évidemment. Et il est courant de se lasser, voire de se fâcher lorsque leurs réactions se font molles ou tardives. Mais il est également possible d'aborder les choses sous un tout autre angle, en répérant les bons comportements pour les mettre en valeur: Mme Bouferkas décrit cette approche telle qu'elle la met en oeuvre avec toutes ses classes.

 

Dans de nombreuses classes de collège, certains élèves se mettent trop lentement ou tardivement en activité, ce qui peut ralentir le cours et agacer les enseignants. Plutôt que de les houspiller, vous avez choisi une autre manière de faire.
Pouvez-vous la décrire rapidement  ?

La méthode est très simple mais elle porte ses fruits: je mets toujours un point d'honneur à attirer l'attention sur l'élève ou les élèves qui ont fait ce que je viens de demander en premier. Imaginons que je demande à la classe de sortir une ardoise et un feutre, je vais faire la remarque à vois haute: "Look, Mia and Antonin are ready!". L'attention du reste de la classe se tourne vers ces deux élèves et ils savent immédiatement ce que l'on attend d'eux à cet instant précis. Cela fonctionne très bien aussi à la fin du cours lorsque je souhaite qu'il n'y ait plus rien sur les tables pour que nous fassions une dernière activité orale ou bien le bilan de la séance. "Perfect, now Louis and Emilie are ready, so is Lila etc." Bien sûr, l'idée n'est pas de faire la remarque à chaque élève mais bien de cibler les trois ou quatre collégiens prêts en premier afin de guider le reste du groupe vers ce que l'on attend d'eux. Cela évite de faire des remarques négatives aux élèves et de perdre patience tout au long de la journée.
 

D'où vous est venue cette idée? Est-elle née d'un besoin, d'une lecture? ...

Je trouvais la mise en activité très laborieuse lorsque je débutais le métier et que j'enseignais l'anglais auprès d'élèves de Segpa en particulier. Je perdais beaucoup d'énergie et de temps à attendre que les élèves sortent leurs affaires et soient prêts à commencer le cours. J'ai donc cherché une façon de faire plus motivante et efficace et cette idée a tout de suite fonctionné.

Depuis combien de temps appliquez-vous ce système? Est-ce devenu une approche systématique pour vous?

J'applique ce système quotidiennement depuis huit ans maintenant et je n'y vois que des avantages autant d'un point de vue pédagogique qu'au niveau du relationnel créé avec les élèves. C'est aussi un bon moyen de développer une posture d'enseignante qui se fait respecter sans devoir constamment prendre sur elle ou houspiller pour obtenir le climat souhaité. On croit souvent à tort que de parler fort permet de se faire entendre alors qu'en réalité, lorsque l'on parle d'une voix basse, cela demande plus d'attention et donc de calme de la part des élèves. 

Quelles réactions observez-vous chez les élèves? Est-ce très variable selon les classes?

De la sixième à la troisième, les élèves aiment sentir que l'on reconnaît leurs efforts et que l'on est prêt à les féliciter devant toute la classe; nous savons bien à quel point le regard des autres est important dans la vie d'un(e) collégien(ne).

Les élèves sont très demandeurs de ce genre d'attention et j'en surprends régulièrement à me chercher du regard pour que je constate qu'ils sont effectivement prêts à se mettre au travail. Un simple hochement de tête ou un regard complice suffit à instaurer cette relation de confiance entre eux et moi, je ne verbalise pas à chaque fois.

Les élèves apprécient beaucoup cette façon de faire puisqu'ils se sentent valorisés, cette forme de reconnaissance est un excellent moteur pour faciliter les apprentissages. L'intêret est aussi de les amener à s'observer et s'écouter davantage les uns les autres et à développer un état d'esprit d'entraide, ils ne sont pas en compétition mais, au contraire, ils progressent ensemble.

Par ce biais, je leur transmets également l'importance de se concentrer sur le positif et d'être bienveillant les uns envers les autres - des valeurs importantes, à mon sens, pour les futurs citoyens qu'ils sont.

Voyez-vous un avantage notable pour vous-même, pour votre pratique quotidienne?

Pour l'enseignant, cela permet de se focaliser sur les comportements positifs et de préserver son énergie, car nous savons tous comme c'est épuisant de se fâcher régulièrement pendant les cours. Du côté des élèves, cela contribue à créer un climat de confiance et de bienveillance basé sur la communication non violente et parfois même non verbale. Plutôt que de craindre de se faire gronder, ils montrent volontiers leur envie de bien faire et d'être encouragés et valorisés. Un élève dont le comportement positif est reconnu devant ses camarades aura forcément envie que l'expérience se renouvelle.

Est-ce une approche que vous recommanderiez dans d'autres contextes, à d'autres collègues, pour d'autres classes?

Cette façon de faire est particulièrement intéressante pour les cours de langues notamment lorsque l'on privilégie la langue cible dès les premiers jours de septembre. Imaginons que l'on demande à des élèves de sixième de sortir un crayon de bois alors que certains ne connaissent pas le mot "pencil" en anglais, il suffit de pointer du doigt l'élève ou les élèves qui ont compris "Look, Antonin is ready", "Antonin and Louiza are ready", cela évite de parler français pour des choses aussi simples que de sortir le matériel nécessaire et habitue les élèves à se regarder les uns les autres lorsqu'ils ne sont pas sûrs d'avoir compris la consigne.

C'est une approche très simple qui fonctionnera aussi dans les autres matières, l'idée est de mettre le projecteur sur ce qui est à faire à un instant précis et d'attirer le regard d'un élève qui ne sortirait pas ses affaires à temps par exemple, l'attention sera ainsi portée sur les élèves qui font de leur mieux pour être prêts à se mettre en activité en classe.

L'idée est de mettre les élèves sur la piste de ce que l'on attend d'eux à un moment précis du cours, sans se montrer plus autoritaire que de besoin. Cela me paraît également pertinent pour la gestion du bruit: en prenant une voix basse, on peut cibler un groupe et faire la remarque que le fait de chuchoter est parfait pour l'activité en cours, c'est un moyen détourné de faire comprendre aux autres camarades qu'il est inutile et contre-productif de parler fort lors des travaux de groupe.

***

Linda Bouferkas, enseigne l'anglais dans l'académie de Nantes, où elle est actuellement en poste au collège de La Coutancière à La Chapelle-sur-Erdre, au nord de Nantes. Elle s'est également formée en compétences psycho-sociales, en communication non violente et souhaite que le bien-être prenne une place importante au sein des classes et des établissements scolaires.

 

information(s) pédagogique(s)

niveau : tous niveaux

type pédagogique : scénario, séquence

public visé : enseignant

contexte d'usage : classe

référence aux programmes :

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anglais - Rectorat de l'Académie de Nantes