cinéma-audiovisuel

Présentation des enjeux des programmes de cinéma-audiovisuel par Marie-Laure Lepetit, IGEN :

L'élève au centre

Les programmes de 2019 accordent une place centrale à l'élève, dans son rapport avec l'oeuvre cinématographique vécue comme expérience. Cette première approche est fondamentale. Elle insiste sur la découverte de l'oeuvre, du film, comme quelque chose que l'on éprouve, que l'on vit, comme une expérience d'abord et éminemment sensible. C'est ainsi qu'on peut amener les élèves à réfléchir sur ce que fait et peut le cinéma.
Il importe donc de travailler la question de l'« effet ». D'un point de vue didactique, ça implique de réfléchir à ce qui se passe non seulement quand je regarde un film mais aussi quand nous le regardons : quel impact peut avoir sur la réception le contexte de découverte ? Le cinéma est une expérience d'abord collective dans son histoire, mais les moyens actuels de diffusion des films le font parfois oublier aux élèves. Or nous ne percevons pas toujours le film de la même manière en fonction de l'importance et de la nature du public auquel nous appartenons.

Une ouverture à toutes les cultures

Pour interroger la façon dont les œuvres cinématographiques contribuent à construire les élèves, la mise en œuvre pédagogique se doit de partir de leur réception. Il importe alors d'accueillir leurs perceptions, leurs compréhensions d'une œuvre, comme de prendre en compte leurs cinéphilies.
Il faut non seulement considérer la culture de nos élèves, mais aussi leurs pratiques de visionnement et en faire un point de départ de notre enseignement. C'est en ancrant leur cinéphilie dans une histoire que nous pourrons leur ouvrir d'autres chemins.
Il est intéressant à cet égard que la liste d'auteurs incontournables ait disparu des programmes. L'école doit pouvoir devenir un lieu d'ouverture à plusieurs cinéphilies, l'endroit où l'on ouvre des goûts (cf à cet égard le programme de 1e option facultative sur la cinéphilie et les nouvelles écritures au cinéma). Il ne faut surtout pas vouloir entrer dans une hiérarchie des œuvres.
Rappelons-nous aussi que les pratiques de visionnement des élèves relèvent souvent du zapping, du morcellement. Il va donc nous falloir travailler les compétences d'attention et d'observation dans la durée, ce que la fréquentation d'une salle de cinéma rend particulièrement tangible et pertinent.

Réception collective et interprétations

Une première compétence à développer alors chez les élèves serait la compréhension d'une œuvre dans sa totalité après visionnement global. Cela passe par un entraînement régulier qu'il convient d'accompagner. Or le recueil de leurs réceptions est sans doute le meilleur moyen de leur donner accès à des œuvres intégrales. Il faut donc laisser ouverts tous les chemins de l'interprétation.
On peut mettre en place des débats, confronter les émotions, les idées, les points de vue, après avoir vu un film. Il suffit de trouver la bonne première question ouverte pour le lancer, les premières prises de parole étant toujours les plus difficiles. On peut par exemple s'appuyer sur les émotions des élèves qu'on a pu percevoir au cours du visionnement.
La discussion collective est le moyen de montrer la pluralité de la réception et de l'interprétation. Elle permet une approche anthropologique du cinéma, qui parle aux élèves d'eux-mêmes et du monde afin qu'ils apprennent à se construire eux-mêmes comme à construire le monde dans lequel ils évoluent.
Les nouveaux programme, en mettant la pratique au service du sens, ont supprimé l'approche uniquement technique, voire techniciste, du cinéma. L'enseignement de cette discipline est donc un aller-retour constant entre la pratique et l'analyse.

Didactique

L'entrée par les questionnements permet une approche spiralaire des notions et questions liées au cinéma. Les cinq axes se retrouvent chaque année, de manière plus spécifique et approfondie mais cohérente.
Un écueil à éviter : consacrer chaque période de l'année à un axe spécifique. Il faut construire un projet pédagogique annuel dans lequel les axes vont se combiner. L'objectif est de créer des ponts, des liens. Il est important de construire les séquences d'enseignement par le biais d'une problématisation. On pose un problème qu'on va traiter par la pratique comme par l'analyse. Le plus intéressant, c'est de construire ces problématiques avec les élèves, de manière à être véritablement dans une démarche active.
Le deuxième écueil lié à une pensée un peu trop formatée du cadre à donner à l'enseignement en lien avec le calendrier scolaire, serait de vouloir donner à chaque séquence la même durée quand les questionnements abordés nécessitent des temps souvent variables en fonction de leur complexité ou du public scolaire.

L'objet de notre enseignement, c'est de construire nos élèves en sujets-spectateurs en suscitant du plaisir  !
 

Travail d’élaboration de pistes pédagogiques à partir d’extraits filmiques

Les enseignants participant à cette journée ont ensuite réfléchi par groupe à la mise en oeuvre concrète de ce programme de seconde, aidés dans leur questionnement par la confrontation de trois ou quatre extraits filmiques par groupe, choisis préalablement par Anne Loiseau.
Les pistes plus ou moins élaborées,qui en sont issues sont à découvrir en bas de page dans la liste des ressources associées.