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des pistes de jeu et d'improvisation

mis à jour le 06/02/2013


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On ne naît pas spectateur, on le devient... On trouvera ici des pistes de jeu et d'improvisation à partir d'images de théâtre et de publics, de musiques, d'extraits de textes.

mots clés : école du spectateur, spectacle vivant, théâtre, théâtre-image , lecture d'images


on n'a pas toujours été, on n'est pas toujours spectateur de la même façon

Comment ouvrir avec les élèves une réflexion sur ce qu'est être spectateur, du spectateur  citoyen de la tragédie grecque à celui du vaudeville du XIXème siècle en passant par celui de Royal de Luxe aujourd'hui. 
Etre spectateur de théâtre d'appartement est une expérience très différente que  de partager une représentation avec huit cents autres personnes dans une salle. On pourrait évoquer aussi les façons très diverses d'être public dans des pays différents.
Préparer la sortie au théâtre sera donc l'occasion de lancer des recherches sur les publics à différentes époques et dans diverses cultures, de s'interroger sur l'histoire du théâtre et de ses diverses formes.
On peut partir d'images de publics dans divers lieux (on n'est pas public à un match de foot, un concert de rock ou une représentation théâtrale de la même façon).  Qu'est-ce qui est attendu alors? Quelle type de participation est requise, acceptée, provoquée ?
On fait remarquer aux élèves qu'ils font aussi, comme public, évoluer les comportements : siffler par exemple à la fin d'un spectacle comme à la fin d'un concert de rock est aujourd'hui, pour eux, monnaie courante pour traduire leur enthousiasme alors que longtemps les sifflements ont été la marque de la réprobation. En revanche lancer des pommes pourries sur les artistes pour leur signifier sa réprobation est une coutume qui a disparu, heureusement sans doute.  Pendant des siècles les spectateurs ont pu parler, entrer et sortir pendant les représentations sans pour cela que les acteurs ne le ressentent comme un affront ou une marque de rejet. Aujourd'hui, sauf si le metteur en scène vous le permet expressément, bavarder, entrer et sortir de la salle ne sont guère permis !
 


 
1-  rejouer l'histoire du théâtre

À partir d'images extraites de l'ouvrage d'André Degaine, Histoire du théâtre dessinée, (éditions Nizet), ou d'un autre ouvrage historique, on demande aux élèves répartis par groupes de 5 ou 6, de faire quelques recherches sur les espaces du théâtre antique, du théâtre médiéval, du théâtre élisabéthain, du théâtre italien... On leur demande de bien observer la configuration des lieux,  où sont placés les acteurs, combien ils sont, quel espace est réservé au public...
Puis, chaque groupe choisit une image et tente de la reproduire par le jeu, en s'efforçant d'imaginer l'entrée en scène des acteurs, les conditions de représentations, l'ambiance, etc. Les élèves peuvent utiliser des chaises, des tables,sortir des "coulisses", effectuer un petit déplacement puis figer l'image.
Cet exercice doit s'effectuer sans parole, mais un support musical peut les aider.

A charge ensuite aux autres de dire s'ils ont reconnu l'un des lieux proposés en début de séance sur les documents iconographiques et de faire des retours sur le jeu. Il est intéressant en effet de retravailler la première proposition (c'est le rejeu).

En ouverture ou prolongement, l'enseignant développe les origines religieuses du théâtre, l'histoire de l'architecture des lieux de représentation, celle de la scénographie; il offre des perspectives sur l'évolution de l'espace théâtral contemporain du Théâtre du Soleil à la Cartoucherie (hangar toujours réinventé par Ariane Mnouchkine à chaque création) au chapiteau d'Aurélien Bory pour Géométrie de caoutchouc par exemple.
Cet exercice permet aux élèves de mettre en jeu l'histoire du théâtre et des lieux de représentation tout en s'interrogeant sur la place accordée au public.
 
2-des images à (re)créer
                                                         




On s'est inspiré pour cette activité des caricatures de spectateurs que Daumier a réalisées au XIXème siècle et que l'on peut trouver rassemblées dans le livre  Les gens du spectacle, éditions Michèle Trinckvel.

Bien sûr la vision qu'il nous transmet est propre à son époque : les gens du poulailler émerveillés, le public bourgeois rempli de préjugés ...les pommes cuites jetées sur les mauvais acteurs et les ventres rebondis des spectateurs repus, le mélodrame et le vaudeville.

 Les élèves pourront ne pas se reconnaître dans ces caricatures mais pourtant sont-ils si différents ?
Et puis ces caricatures sont de petites scènes en soi qu'il va être amusant de mettre en image, de sonoriser, de faire évoluer.
Elles sont d'abord jouées sans texte, en image fixe, puis on y adjoint la lecture de la légende (écrite aussi par Daumier d'un style percutant et concis); on peut créer un dialogue entre les personnages ou faire entendre le monologue intérieur de chacun.
                                                               
Ces images  seront l'occasion de travailler en groupes  et d'élaborer collectivement un petit scénario, tout en réfléchissant de manière active à ce qu'être spectateur !
 
activité: les photos de public
On répartit les élèves en groupes. On leur demande d'observer un jeu de photos proposant toutes sortes de publics (concert de rock, manifestation sportive, récital de chansons, concert classique, théâtre de rue...) en suivant ces consignes :

« A partir des photos de publics différents, analysez ce qu'elles suggèrent du public et tenter de définir ce que signifie "être spectateur". Efforcez-vous également de trouver des critères pour classer ces photos. »
Mise en commun des réflexions et des ressentis à partir de ces photos.
On note que les contextes sont variés, que les degrés de participation, les relations entre l'artiste sur la scène et le public sont très divers. On souligne par ailleurs la notion de distance liée aux différents lieux, que les espaces soient ouverts ou fermés.

On peut proposer plusieurs critères de regroupement des photos :
1    le degré sonore
2    le traitement, l'aménagement de l'espace ; le nombre des spectateurs, la proximité avec les artistes
3    les attitudes des spectateurs (corps et mimiques)
4    l'époque
5    le type de spectacle.
Il s'agit alors de confronter  ces remarques avec les expériences des élèves (s'il y en a), ou leurs représentations de ce qu'est le théâtre ; puis à partir de là s'efforcer de repérer des critères variables et des critères incontournables propres à un public de théâtre.
 
3-des musiques à interpréter

On peut aussi jouer à être spectateurs en utilisant des supports musicaux divers, musiques de film par exemple, films romantiques ou d'horreur, films d'aventure ou dessins animés.
L'improvisation proposée est une improvisation de groupe dans lequel on désigne un meneur. Des chaises sont disposées en rangs, comme dans une salle de spectacle et les élèves viennent y prendre place à leur tour comme s'ils y entraient . Placement, changements de places, attente, échanges de regards, débuts de conversations, lecture du programme (on peut les aider en diffusant un enregistrement des sons de public d'une salle de spectacle).
Puis le spectacle commence, ce qui est signifié par le début de la musique. C'est le meneur du groupe qui doit donner des indications de réactions au spectacle (intérêt, peur, ennui...) ; tout cela est joué corporellement, sans mots, et tous doivent s'aligner sur « le chef d'orchestre », dont les indications corporelles doivent être claires pour être comprises de tous. Ce travail de chœur, excellent apprentissage du groupe, fait travailler et expérimenter cette écoute, cette respiration collective qui est celle d'une salle de spectacle.
On peut ensuite colorer cette improvisation par des consignes supplémentaires : les mouches (la salle est peu à peu envahie de mouches dont tous veulent se débarrasser), le pop-corn (tous mangent du pop-corn), le coup de foudre (les coups de foudre se multiplient dans le public qui se désintéresse alors du spectacle)...
Bien sûr tout cela est à jouer en lien avec ce qui se passe sur scène (et est donné par la musique et les réactions du meneur) et les actions (manger, écraser les mouches, séduire) se font en lien avec le rythme et les rebondissements du spectacle que l'on regarde !
 



4-des textes à oraliser ou mettre en scène

Bien des auteurs ont mis en scène le théâtre et les spectateurs au coeur de leurs textes et se sont joués de la mise en abyme du théâtre dans le théâtre, du théâtre sur le théâtre.
Loin de nous l'idée d'en faire ici l'inventaire. Mais en souvenir du sketch de Karl Valentin  La sortie au théâtre, on peut faire aux élèves cette proposition : jouer à lire, dire ou écrire un souvenir de théâtre bon ou mauvais.
Raconter un souvenir sera une incitation à la prise de parole pour les élèves, on veillera là encore à travailler le regard, l'adresse au public, la qualité de la voix quand chacun racontera son souvenir ou celui partagé avec un autre.

On peut ainsi privilégier un premier temps ou chacun doit raconter à l'autre son souvenir (en un temps minuté) dans un échange à deux.
Puis chacun devra raconter au groupe le souvenir de son partenaire comme s'il était le sien propre ; on aborde ainsi l'interprétation d'un texte qu'on doit faire sien ! On peut imposer aussi d'y glisser des mensonges, d'exagérer ou déformer certains détails... Bien sûr le « propriétaire » du souvenir, placé par exemple dans l'aire de jeu à côté de celui qui raconte ne doit avoir aucune réaction montrant sa surprise à l'écoute de ces "infidélités".
On pourra aussi utiliser le livre Moi, j'ai rien d'intéressant à dire de Jean-Pierre Moulères, publié aux Editions de l'Atalante, qui rassemble des paroles de spectateurs, recueillies à la sortie des théâtres, très amusantes à oraliser, et formidables "lanceurs de discussion".
Enfin on trouvera aussi des portraits savoureux de spectateurs, sous la plume de Jacques Livchine dans Griffonneries, (éditions Les solitaires intempestifs),  qu'il serait amusant et intéressant d'incarner.
 



Et après ?


Toutes ces pistes ont montré combien c'est l'alternance entre des moments ou l'élève sera acteur seul ou en groupe et spectateur de ses camarades qu'il exercera son œil, deviendra un spectateur avisé, conscient de son rôle lors de la représentation, présent et disponible, ouvert à l'expérience. Il aura aussi appris et réfléchi à l'histoire du théâtre, de ses espaces, de ses lieux, de ses enjeux.
Enfin il aura vécu cette expérience intime du jeu qui lui permettra et donnera envie de s'aventurer dans les salles et tous les espaces où s'inscrit et s'écrit le théâtre aujourd'hui.
 
auteur(s) :

catherine le moullec, coordonnatrice académique théâtre

information(s) pédagogique(s)

niveau : tous niveaux

type pédagogique : démarche pédagogique, travaux pratiques

public visé : enseignant

contexte d'usage : atelier, classe

référence aux programmes :

ressource(s) principale(s)

vignette théâtre on ne naît pas spectateur, on le devient 06/02/2013
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