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Le Teaser comme outil pour entrer dans le spectacle vivant

mis à jour le 25/11/2019


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Dans le champ du spectacle vivant (danse, théâtre, musique, cirque, performance…), la communication se fait aujourd’hui beaucoup via des réseaux sociaux. Courte vidéo visant à donner envier d'aller voir le spectacle, le teaser tend aujourd’hui à remplacer l’affiche.

De cet outil à vocation publicitaire, pouvons-nous faire un usage pédagogique ? Et lequel ?

mots clés : éducation artistique et culturelle


Pourquoi utiliser le teaser comme support pour préparer les élèves à voir un spectacle vivant ? 

Support de communication pour la diffusion, le teaser est une courte vidéo visant à donner envie d’aller voir un spectacle. Parce qu’il donne des clés pour comprendre, tout en ménageant le suspens, et crée ainsi une connivence avec le spectacle, le teaser peut être un bon support pour préparer les élèves à apprécier la représentation.

Parce que la vidéo est un outil très utilisé par les jeunes, qui en visionnent et en produisent beaucoup, il est d’autant plus pertinent de les conduire sur la voie d’un juste rapport critique à ce support médiatique. En analyser et en produire eux-mêmes peut-être une bonne façon d’éduquer leur regard.

Le teaser fonctionne comme un système de signes qui s’enrichissent mutuellement. Souvent, il réunit plusieurs langages : texte, musique, images, jeu dramatique (corps et voix). Ce support se prête particulièrement bien à une approche pédagogique croisant plusieurs disciplines (français, éducation civique, arts plastiques, musique, technologie, philosophie, arts appliqués…). Et il permet de nombreux échos avec des œuvres issues de domaines artistiques variés (cinéma, danse, théâtre, peinture, arts graphiques…). Une approche comparatiste permettra de révéler assez facilement les choix opérés, et de sensibiliser à la question du montage.

Enfin, par nature, il se situe à l’articulation entre le monde de l’art et celui de la marchandise, ce qui conduit naturellement à une réflexion sur le statut de l’œuvre d’art : n’est-elle qu’une marchandise comme les autres ? A partir de là, la distinction entre industries culturelles et monde de l’art pourra être interrogée.

 

Développer une connivence avec le spectacle vivant, préparer son regard de spectateur

Faire visionner passivement aux élèves un teaser ne suffit pas à les préparer à voir un spectacle. Cela peut même desservir le projet : certaines images peuvent se heurter à des préjugés ou soulever des émotions, et générer une situation de refus. Pour permettre une vraie rencontre avec le spectacle au moment de la représentation, l’utilisation du teaser doit viser à mettre les élèves en situation d’observateurs actifs.

 

Pour démarrer, sensibiliser par une approche comparatiste

Les teasers étant souvent très courts (de quelques secondes à quelques minutes), on peut en faire visionner aux élèves à la suite 3 ou 4, choisis dans une palette large (varier les domaines artistiques, les types de teaser, les atmosphères et registres…). On leur demandera de noter pour eux-mêmes, une série de mots, chacun indiquant une dimension artistique montrée dans les teasers (par exemple : musique, lumière…).  

On pourra alors réaliser, avec la classe entière, un inventaire de toutes les dimensions du spectacle vivant. L’enseignant aidera à préciser leur vocabulaire, en les invitant éventuellement à choisir dans une liste distribuée le terme approprié : scénographie, création sonore, texte, chorégraphie, matière de la danse, jeu dramatique, discipline circassienne, mise en scène...

Les élèves seront invités à venir noter au tableau tous ces mots-clés, et à réorganiser la logique des idées en révisant au fur et à mesure le schéma. À la fin, ce schéma produit collectivement pourrait ressembler à une structure moléculaire, dans laquelle des liens apparaissent entre les dimensions du spectacle vivant. On aide ainsi l’élève à comprendre que l’œuvre d’art est un système de signes, complexe et dynamique, dans lequel chaque dimension prend son sens en relation à l’ensemble.  

Etudier une affiche de Théâtre

Après cet inventaire objectif, on pourra éventuellement proposer quelques couples d’adjectifs permettant de qualifier les différents registres proposés dans les teasers, et de les situer dans une palette de possibles. Quel aperçu du spectacle, chaque teaser propose-t-il 

Illustratif ou abstrait ? Réaliste ou symbolique ? Concret ou imaginaire ?...

L’intérêt de l’exercice ne consiste pas tant à mettre une étiquette sur ces teasers qu’à faire réfléchir l’élève sur le sens des termes utilisés couramment pour qualifier les œuvres et l’inviter à en faire un usage réfléchi, critique et pondéré, pour que son jugement ne se trouve pas enfermé dans des catégories étroites qui fonctionnent comme des préjugés. Il s’agit par-là d’inviter l’élève à avoir un regard personnel, actif, curieux et élargi sur l’œuvre, par-delà toute sorte de conformisme. On l’autorisera alors à inventer des mots pour dire plus précisément ce qu’il veut signifier, en l’accompagnant pour les préciser. Il est important que l’élève sente là les enjeux qu’il y a à nommer précisément les choses : mieux comprendre ce qu’il ressent ou pense, mais aussi faire justice à ce dont il parle. 

On peut aussi, pour stimuler l’imaginaire des élèves et donner une place légitime à leur sensibilité, leur demander de faire un portrait chinois d’un des spectacles, à partir de son teaser :

Et si c’était un…., ce spectacle serait un…

Pour que les élèves aient à chercher en leur for intérieur, et ne soient pas tentés de simplement redire ce qu’ils ont vu, on privilégiera d’abord des entrées décalées, cherchant des correspondances entre les sens ou avec des symboles. Par exemple, selon les cas : une fleur, un goût, un animal, un film, une texture, une odeur, une figure géométrique…

 

Susciter la curiosité pour préparer les élèves à apprécier la représentation

Ensuite, on pourra aborder le teaser du spectacle auquel on veut emmener les élèves. L’approche comparatiste, permettre de faire avec eux, assez rapidement, l’inventaire des caractéristiques esthétiques du spectacle et de ses thématiques. 
L’intérêt de cette étape du travail pédagogique, consistera surtout à les inviter à s’interroger sur le sens des ellipses faites au montage. Un teaser est le produit d’un montage vidéo, il ne montre pas tout (tout comme les ellipses dans les romans graphiques, dont on peut aussi faire lire des extraits pour donner à sentir ce qu’est une ellipse, ou encore au cinéma). Les ellipses participent à créer du sens tout autant que les images montrées. 
Si le teaser est fait à partir d’images ou séquences filmées du spectacle, on pourra demander aux élèves, en petits groupes, d’imaginer et mettre en scène l’articulation ou le passage d’un moment à l’autre : que se passe-t-il entre deux moments ? Qu’est-ce que cela raconte d’après vous ? La confrontation des hypothèses formulées par les élèves avec le spectacle réel contribuera à rendre leur regard actif.
Si le teaser est plus abstrait ou symbolique, on pourra demander aux élèves de chercher des associations ou des correspondances.

Autres pistes d’exploitation :

Les élèves pourront reconstituer en théâtre-image 3 tableaux du teaser, agrémentés d’une réplique si cela est pertinent.
Une fois le teaser analysé, il peut aussi être un déclencheur d’écriture : un poème, un discours, une fable, etc. selon le propos du spectacle. Cet écrit sera mis en voix et en corps au plateau.

 
 

Expérimenter une démarche de création

On pourra demander aux élèves de tourner un teaser :

  • Proposer une autre version du teaser, après avoir vu celui de la compagnie. On aura intérêt alors à poser une contrainte formelle, qui oblige à se décaler par rapport à la version visionnée : proposer une lecture métaphorique ou symbolique, si le teaser est plutôt réaliste. Ou encore faire une version sans paroles si le teaser met en scène des dialogues, ou opter pour un autre point de vue, un autre cadrage, un autre décor, etc. 
  • Ou bien créer leur teaser pour un spectacle dont ils n’ont vu aucune communication vidéo. On pourra en ce cas, les faire travailler à partir de supports variés : la page consacrée au spectacle dans la plaquette de saison de la salle, l’affiche du spectacle, la liste des personnages de la pièce, une fiche technique, une musique, des croquis des costumes ou de la scénographie, selon les matériaux collectés et leur intérêt….
On les invitera dans tous les cas à définir dans quel espace tourner le teaser (intérieur ? extérieur ?), à varier les types de plans (larges, gros plans, travellings…). On leur conseillera de bien définir le sens de leur propos pour faire leurs choix.  
Un visionnage et une comparaison des différentes versions filmées ouvrira sans doute sur des échanges riches et permettra aux élèves de mieux comprendre le sens et les limites de leurs propres choix. 

On peut aussi imposer des contraintes formelles afin de circonscrire le temps de réflexion, en fonction du spectacle, de son champ artistique, etc. Par exemple : 
  • Les objets seuls apparaitront : ils deviennent les personnages animés du teaser, peuvent être détournés de leur fonction (cf le théâtre d’objet) ou bien ils commentent le spectacle dans lequel ils apparaitront. 
  • Jeu de mains : même contrainte avec les mains qui seront seules filmées pour le teaser. Cela peut être une contrainte utile pour un spectacle de cirque, de danse, ou pour entrer dans une création plus poétique et symbolique que narrative.
  • Les comédiens ne sont filmés que de dos, qu’en très gros plan, etc.
 

Créer soi-même des images pour développer son esprit critique

En apprenant à exercer lui-même des choix, contraints par le temps ou par un espace, l’élève est sensibilisé à la question du choix et du montage. Bien que nous ayons tendance à croire dans la réalité des images filmées, aucun support vidéo n’est le reflet absolument objectif d’une réalité, il est toujours le produit de choix opérés en fonction d’intentions précises. Ainsi, la bande-annonce d’un film comique ne donne-t-elle à voir que les moments drôles. L’intention en est très clairement d’attirer un large public. Mais cela ne rend pas justice aux autres dimensions du film, qui peuvent mobiliser d’autres palettes de l’art cinématographique. 
Il est d’autant plus important de faire expérimenter aux élèves une démarche de création d’images vidéo, que ce support permet aujourd’hui de créer de purs avatars. Ainsi, dans l’épisode IX de la saga Star Wars sorti en 2019, le personnage de la princesse Leïa était joué par l’actrice Carry Fischer pourtant morte en 2016. Les images ont été fabriquées à partir de rushs non utilisés tournés lors des épisodes précédents, ainsi que d’images virtuelles.
La puissance des images virtuelles pouvant être détournées au profit d’intentions malveillantes, sensibiliser les élèves à cette question, en leur faisant pratiquer eux-mêmes la production d’images paraît aujourd’hui nécessaire. 

 
auteur(s) :

Catherine Drouet, Coordinatrice académique Théâtre pour la Délégation Académique à l'Action Culturelle (DAAC)

contributeur(s) :

Christelle Lambert, Coordinatrice territoriale Théâtre pour la Délégation Académique à l'Action Culturelle (DAAC)

information(s) pédagogique(s)

niveau : Collèges tous niveaux, Lycée tous niveaux

type pédagogique : démarche pédagogique, production d'élève, sortie pédagogique

public visé : enseignant, non précisé

contexte d'usage : classe, EPI, sortie pédagogique

référence aux programmes :

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éducation artistique et action culturelle - Rectorat de l'Académie de Nantes