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lire pour voir vraiment - Frac des Pays de la Loire

mis à jour le 16/09/2013


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Un outil pédagogique autour de la question des mots dans l'art, à partir de l'analyse de deux oeuvres de la collection du Frac des Pays de la Loire.

mots clés : chaarp, art et mots, mot, image, frac


 

Monica Bonvicini Not For You

Monica BONVICINI
Not For You
miroir, bois, peinture
128 x 783 x 3 cm
ou 132 x 847 x 212 cm
François MORELLET
30 chefs-d'oeuvre en 30 Figure
1988
Acrylique sur toile et applique lumineuse
100 x 73 x 19 cm
François Morellet 30 chefs-d'oeuvre en 30 Figure
 

à propos des oeuvres


Monica Bonvicini

Cette œuvre est une installation aux dimensions légèrement variables. Elle se compose de lettres d'imprimerie en majuscules, découpées mécaniquement dans un miroir en plexiglas, accrochées au mur.

L'œuvre fonctionne sur un rapport ambivalent entre le désir et la frustration. Les lettres de grand format dominent le spectateur tout en l'attirant avec une facture soignée et un matériau attirant : le miroir. L'artiste joue avec les effets de séduction et notre volonté de voir. Elle anticipe nos travers voyeuristes et narcissiques. Ce rapport au corps et à l'espace est au cœur du travail de Monica Bonvicini qui cherche souvent à révéler les enjeux de pouvoir.

La facture attirante (matériau, format, forme, installation dans l'espace) de l'œuvre fonctionne comme un piège. Après avoir été appelés, après nous avoir fait miroiter un accès aisé à l'œuvre, on en est exclu par la lecture du message composé par les lettres : NOT FOR YOU. On nous refuse l'accès à quoi ? Le guet-apens est sans appel : la société du spectacle qui nous divertit, l'art qui nous séduit n'ont que faire de nous !

Le spectateur se voit à la fois désigné, séduit, exclu et réfléchi, il est engagé dans une sorte de relation impossible et déstabilisante avec l'œuvre et avec le locuteur invisible.

François Morellet

Cette œuvre fait partie d'une série intitulée Défigurations. C'est une peinture sur toile. Un monochrome composé d'une écriture manuscrite, cursive tracée à la peinture blanche sur un fond recouvert de la même peinture blanche. La matérialité (l'empâtement, l'épaisseur du trait) et le travail de la main ( écriture manuscrite) donne à cette œuvre une facture différente, peut-être moins « froide », moins « distante » que dans les œuvres abstraites et géométriques de l'artiste. C'est apparence est trompeuse. C'est le même humour et la même soumission au protocole qui président à l'élaboration de l'œuvre.

François Morellet commande une enquête auprès d'une historienne de l'art pour voir quel est le format standard le plus utilisé pour l'élaboration des chefs-d'œuvre. Le format gagnant a été le 30 Figure vertical, soit 92 x 73 cm. « Désirant mettre toutes les chances de mon côté pour réaliser mes derniers chefs-d'œuvre, j'ai décidé d'utiliser en priorité ce format si recherché » !

L'artiste établit une liste de vingt titres (dans laquelle il inclut la présente toile!) qu'il fait recopier sur la surface de sa peinture. L'écriture manuscrite qui semblait être la trace intime de la main de l'artiste au travail, ne fait qu'accroitre la distance entre la conception, la mise au point du protocole et la réalisation déléguée de l'œuvre. La liste aux airs de « Best of » nous renvoie à notre culture visuelle et la surface blanche figure l'absence de figures, d'images. L'œuvre est surface de projection.

 

mise en relation des œuvres

le jeu de mots. Les deux œuvres fonctionnent sur le mal-entendu et le jeu de mots. Monica Bonvicini attire pour mieux exclure tandis que François Morellet a recourt à l'invisibilité (blanc sur blanc) pour évoquer une multitudes d'images. A chaque fois c'est un recours aux mots qui relève du jeu et presque de la blague (bonne ou mauvaise) qui permet à l'œuvre de produire l'impossible : une œuvre qui nous est interdite alors que nous sommes visuellement dedans ; une œuvre toute blanche qui comporte les grandes figures de l'histoire de l'art.

des œuvres à lire. Lire pour voir vraiment. Ces deux œuvres s'impose dans un premier degré : des grandes formes aux reflets attirants qui dialoguent avec l'espace ; un monochrome blanc aux effets de matière riches. Puis la lecture permet dans un second temps d'avoir pleinement accès (ou pas!) à l'œuvre.

la matérialité de l'écrit. Les mots sont formes, contours et surfaces chez Bonvicini. Ils sont matière, épaisseur et traits chez Morellet. Dans ces deux œuvres, les mots sont tracés, dessinées, sculptés, ils sont support et matière plastiques.

le mot objet et le mot image. Le format et la matérialité en font chez Monica Bonvicini, un objet dans l'espace, un objet à installer, à éclairer à faire dialoguer avec l'espace d'exposition puis un message à lire. Les mots de Morellet fonctionnent comme des fabricants d'images, ils renvoient à des images mentales, à un « musée imaginaire », une culture commune. Ils remplace les images autant qu'ils les suscitent. Le mot est autant un écran qu'une surface de projection.

 

à partir de la question "art et mots", quelques éléments pour une réflexion pédagogique

Des mots-images.
En travaillant la bande dessinée, il s'agira d'inciter les élèves à construire un récit mais sans images. Le mot pourra bouger et animer la case autant qu'il racontera. 

L'image est dans le texte.
En travaillant sur une page de journal, il s'agira de modifier, ajouter et enlever afin de donner un nouveau sens au texte, aux images et à leurs relations. Comment faire du superflu l'essentiel 

Commen-taire/ comment-faire. De la description à la fabrication, du texte à l'image. Comment l'élève peut-il écrire un texte, s'en emparer (du sien ou de celui d'un autre) pour créer une image ?

L'objet dans la culture artistique
Des journaux comme matériaux de la représentation induisent des questionnements autour de leur statut mais également liés à la fabrique d'une image : contour, forme, fond, profondeur de champ. Qu'advient-il des lettres et des mots dans l'image ? Passent-elles au second rang ou rivalisent-elles avec la représentation ? L'élève découvrira la place de l'objet non artistique dans l'art.

Cacher pour mieux révéler.....
En partant d'une page de magazine et en travaillant le recouvrement (à l'encre noire comme Jochen GERNER par exemple), l'élève pourra par des interventions diverses détourner le sens premier de l'image imposée. Comment l'élève jouera des mots et des formes ? Comment s'effectuent les choix de recouvrement ? La notion de cadrage sera un des points à développer en verbalisation.
Un travail en deux temps est possible. Le recouvrement de l'image à partir d'un thème au choix puis la possibilité par groupe de créer une narration avec les nouvelles images fabriquées. Il y aurait autant d'images que d'élèves dans le groupe, à eux de créer un récit mêlant texte et image à l'instar de la bande dessinée. Quel rapport l'image peut-elle instaurer avec le récit ?

Ca saute aux yeux
Des mots à expérimenter physiquement ou lorsque la lettre se déploie dans l'espace et en même temps, le génère. Comment occupe t-elle l'espace ? Comment son échelle interroge t-elle dans l'environnement du spectateur ? Ce dialogue entre l'environnement et les mots permettrait-il de questionner la perception de l'espace comme un élément constitutif du travail. Le sens des mots, leurs échelles et leurs formes sont des curseurs de diffusion et d'intégration intrinsèques à l'œuvre in situ. Comment cette intervention dans l'espace dialogue t-elle avec les spectateurs ? Comment et pourquoi cela change t-il le regard porté sur un espace ? Un traitement plastique de l'écrit qui capte le lecteur-spectateur. Travail sur l'espace, la couleur, le format, la matérialité.

Ce que je vois n'est pas ce que je lis
Un travail plastique qui dissocie l'apparence plastique d'un message écrit et sa signification

L'espace de la classe murmure votre prénom
Comment le traitement plastique (format, matériaux, traitement de la ligne...) d'un mot peut suggérer un son.

Quand les mots prennent forme
Poser la question de l'aspect formel d'un mot, d'un sens abstrait, sculpter la langue ...

 

pour aller plus loin

La Frac possède une collection de livres d'artistes, dont certains sont réunis dans deux coffrets à emprunter. Ils permettent d'aborder avec vos élèves, notamment ces questions de la relation « texte / image » « art et écriture ».


 

D'autres fiches CHAARP sur "art et mots" ou sur d'autres thématiques sont consultables sur le site académique et dans les structures culturelles suivantes :
Frac des Pays de La Loire, Musée des Beaux-Arts d'Angers, Musée des Beaux-Arts de Nantes, Musée de l'Abbaye Sainte-Croix des Sables d'Olonne.


 
auteur(s) :

sandra georget Frac Pays de la Loire

information(s) pédagogique(s)

niveau : tous niveaux

type pédagogique : démarche pédagogique

public visé : enseignant

contexte d'usage : sortie pédagogique, classe

référence aux programmes :

ressource(s) principale(s)

vignette voir le murmure 31/10/2015
De l'audible au visible ... une leçon d'arts plastiques qui interroge la plasticité du mot.
texte, image, son, espace, visible, lisible sandra georget - chargée de mission au Frac des pays de la Loire

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